STT:comment se reconstruire après DC in utéro de T et naissance de son jumeau V
caroline85:
Citation de: Liovanie+2 le 07 Juin 2011 à 11:36:46
Bonjour
Tout d'abord une pensée à Caroline ainsi qu'à toutes les mamanges et papanges.
Je viens vers vous car j'aimerais avoir votre avis.
Il ya une semaine je sors d'un restaurant avec mes jums, un homme regarde ma poussette, je m'attend à des Ralc, il me demande simplement si ce sont des jumeaux les regarde attendris et me dis "ma fille de 4 ans aurait du avoir une jumelle", il m'explique qu il ya eu un décès in utéro à cause du STT. Il me dit qu il avait peur que sa fille ressente un manque mais que pour l instant ca ne semblait pas être le cas. Je lui ai demandé si elle était au courant et il m'a dit que non, que sa femme était pour lui dire mais lui non, je pense que c'est encore trop douloureux pour lui (mais ce n'est qu un ressenti perso). Bref je suis parti du principe que si il me parlait comme ca de qqch de si intime (et vu la facon dont il en a parlé je pense qu il doit pas en parler souvent, sa douleur était si palpable que j'en ai été toute retournée) c'est qu il souhaitait avoir mon avis en tant que maman de jumeaux. Je lui ai dit que je pensais qu il était très important qu elle soit au courant et ca le plus vite possible, que de toute facon ca ne sera jamais le moment et que si il attend un "bon moment" il ne le ferra jamais, que c'est comme ca que naissent les secrets de famille et que surtout sa fille risquait de l'apprendre fortuitement et que ca risquait dêtre pire.
Je lui ai aussi conseillé de venir faire un tour ici pour vous rencontrer, échanger avec vous qui avez vécu la même chose. J'ai beau avoir mon avis sur la question je n'ai pas perdu d'enfants et quand on se trouve face a cette injustice et cette douleur les choses doivent être bien différentes.
Bref je voulais avoir votre avis, savoir si j'ai bien fait de lui dire cela.
Je vous embrasse tous et toutes très fort, énormes pensées à tous ces anges qui vieillent sur nous :-*
Bonsoir !
Pour ma part tu as eu franchement raison de lui dire ce que tu lui as dit!
Moi même je suis à l'affût de ce que se racontent les mamans de jumeaux sur leurs jumeaux, leurs relations entre jum, leurs quotidien ...
Même qu'un jour j'ai interpellé deux maman de jums comme a fait le monsieur en question, car je me pose la question si Vincent ressent un manque par rapport à son frère Thomas décédé à 21 SA et 3 jours dans mon ventre.
Vincent a donc vécu dans mon ventre 21 SA et 3 jours avec son frère vivant et Vincent a également vécu dans mon ventre avec son frère décédé pendant plus de 12 semaines. Alors je me pose beaucoup de questions !!!
Vincent sait que son frère jumeau est décédé : Thomas n'est vraiment pas tabou à la maison !
Non franchement il n'y a pas de doute tu as bien fait !
Merci de ton aide pour ce monsieur, ce papa portant un lourd chagrin...
caroline85:
Tu sais quoi Thomas ?
Là, tu me manques à un point inimaginable...
A la fin du mois, je penserai à toi...
Une période pas toujours agréable..
Cela fera 4 ans déjà,
Que tu es né dans mon ventre...
Voilà bien, un drôle d'anniversaire...
Thomas, mon fils éphémère
Tu es mon sang, tu es ma chaire...
Et parfois je me pose cette question "mais comment faire ?"
Comment faire pour vivre sans toi ?
Alors que ton image sur l'échographie me hante...
Comment faire pour vivre sans toi ?
Alors que j'entends encore ton coeur battre...
Cela fera 4 ans déjà,
Que tu es né dans mon ventre...
Voilà bien, un drôle d'anniversaire !...
Et parfois je me pose cette question "mais comment faire ?"
J'aurai tant voulu mieux faire...
Revenir en arrière, c'est parfois tout ce que j'espère...
Avec le temps, j'apprends que regretter
Ce n'est pas avancer...
Avec le temps, j'apprends que culpabiliser
Ce n'est pas non plus avancer...
Cela fera 4 ans déjà,
Que tu es né dans mon ventre...
Voilà bien, un drôle d'anniversaire !...
Et parfois je me pose cette question "mais comment faire ?"
Pas de gâteau là, mais une bougie ici ...
Pas de cadeaux là, mais des bons souvenirs ici ...
Je garde de toi
Une vague d'Amour déferlante dans ma vie
Je garde de toi
Une grande leçon de vie...
Thomas mon fils de l'au-delà,
Voilà 4 ans que tu es né dans mon ventre
Et en cette période d'anniversaire, j'espère...
J'espère que dans mes rêves tu entres
J'espère que tu viendras me parler à moi.
JE T'AIME ,
Ta Maman
Izaza:
c'est magnifique Caroline ...
:-*
ChloeAlex:
Comme promis, j'ai pris un peu de temps et je viens de lire tes messages...
Je me retrouve dans tous tes questionnements, tes paroles... Les mêmes pour moi... C'est très beau Caroline....
Quand Marc est mort, j'étais anéantie, mais pour moi, il était déjà "mon étoile filante", mon petit astre... Par contre je n'ai jamais pu dire ange, et me dire Mamange... Je n'y arrive toujours pas... Mais c'est simplement parce qu'un jour des "Mamanges" un peu trop pressantes et envahissantes on essayé de me dire que je vivais tout comme elles, que se sera toujours pareil et que les autres ne nous comprenaient pas... ça m'a profondément blessée, et j'ai besoin d'aller vers l'avant malgré tout. Ça me faisait penser à une secte dont on ne sort pas...
Ici, même si ça m'a fait très bizarre de me glisser dans le coin des anges... Je sens les choses douloureusement douces... C'est très étrange à décrire, mais c'est sain... Je m'y sens bien. Il n'y a pas l’oppression que j'ai pu ressentir, des gens qui me disaient être "fières d'être mamans d'ange".... Moi je ne le suis pas... C'est ma douleur.
comme je dis sur mon fil de discussion... Il a rassemblé des gens, il a en 36 heures fait des petits miracles mis des galets incroyables pour que nous trouvions notre chemin malgré la douleur... C'est ça mon positif ! C'est aussi tous les gens qui m'ont entouré, des parents d'amis, des gens qui ont fait des kilomètre pour être avec nous... C'est aussi la force qu'il a mis en nous pour nous aider à avancer... Même quand on n'a pas envie.
Oh que oui des gens ont eu des mots désobligeants, maladroits, blessants. Personnes qui ne pouvaient pas toucher du doigt cette douleur (ce que je ne demande à personne) mais grâce à ces gens... J'ai enfin, après, à 33 ans, réussi à apprendre à répondre du tac au tac, à faire se taire certains... Ce que je n'aurais jamais su faire avant.
Mon mari et moi ça a été en dent de scie au début, celui qui coulait était rattrapé par l'autre, puis il y a eu 6 mois un an de chaos ! La guerre froide, les mots durs, les cris... La douleur qui sortait chez chacun. Et c'est notre grande qui a su nous faire nous rassembler, par la douleur qu'elle a laissé échapper à l'école, jamais chez nous... Mes parents ont pris Chloé et Alexandre en vacances d'été cette année-là, plus d'un mois pour nous faire un ballon d'oxygène, pour nous laisser nous affronter sans que les enfants soient là. Il a fallu un soir, des cris, des larmes... Et enfin à la fin de la soirée... les malentendus, la douleur de chacun étaient sortis... Et chacun a enfin compris l'autre. Nous avons passé ce mois à nous reconquérir, à reprendre tout cet air qui nous manquait.
Maintenant nous sommes attentifs à chacun et à nos enfants. Ils viennent avec nous sur la tombe de Marc, et Chloé petite avait déposé une énorme pomme de pin, là Alexandre l'a fait il n'y a pas longtemps. Nous avons mis du lierre, un Hortensia blanc... je n'ai pas pu mettre de plaque ou autre, trop besoin que cela reste doux malgré la tristesse, intime. Nous n'y allons pas souvent, mais quand nous avons besoin.
Nous avons choisi de parler à Alexandre de son frère dès sa naissance... Dès que nous avons enfin pu l'atteindre... Je ne l'ai vu que le lendemain de sa naissance, après la mort de son frère (cf mon post sur le syndrome du stt). Je vous promets... je n'ai jamais assisté à quelque chose d'aussi... émouvant... Et douloureux évidemment.... Quand j'ai enfin pu atteindre la néonat' et sa couveuse... J'ai juste dit en même temps que mon mari "Alexandre, maman est là, nous revenons d'avoir accompagné Marc vers sa mort"... Et au moment où j'ai timidement... Avancé ma grande main vers sa toute petit main (il faisait 44 cm pour 1,800 kg), on l'a vu, d'un coup, se détendre, comment dire... Il était calé dans un petit nid de langes, et il avait l'air limite en apesanteur... Et là je l'ai vu d'un coup se détendre et s'enfoncer dedans tout en enroulant ses doigts touts petits autours de mon index.
J'ai souvent cette impression d'avoir touché un rêve du bout des doigt... En parlant de mes jumeaux.
Les livres... pfff... J'ai du mal avec la théorie depuis... déjà en général je plaisantais depuis ma première grossesse en disant que toutes les grandes certitudes s'arrêtent à la porte d'entrée de la maternité... Je me rends compte... Qu'elles sont toutes parties et que j'ai de plus en plus de mal avec les théories des uns des autres... J'ai assisté à une conférence débat sur le développement de l'enfant jusqu'à l'âge adulte... les parents posaient des questions en attendant des réponses limites hallucinantes... Ils n'avaient, pour beaucoup, que des théories précises en tête... Depuis Alexandre et Marc... Je fais enfin confiance à mon "feeling"... Et j'avoue... Je n'ai jamais aimé les grandes théories à l'école ;) ... Donc déjà je n'étais pas faite pour ça... Mais je lutte du coup contre une grosse perte de confiance en moi... Aussi paradoxal que cela puisse paraitre. Les mots blessants de médecins... ça laisse des traces.
Il y a des livres oui... Mais j'ai trouvé plus facilement des réponses (voir même de grandes claques) Dans des livres comme "la caresse du papillon", et "les perles de la tigresse"... Pour m'occuper de ma grande par exemple, et le premier livre pour Mon petit bonhomme de 4 ans... Les théories de la fille Dolto je ne peux pas... Son livre sur la mort raconté aux enfants me débecte... Je le trouve violent et mal adapté (et ce n'est pas la colère qui parle !!! Promis !)...
je suis désolée, je suis un peu brouillon...
Pour moi si on ne parle pas c'est comme si on parle trop... Et le plus dur c'est ce juste milieu... Trouver les mots... Sont-ils bons ?.. Etc... Et je crois qu'il vaut mieux en parler que cacher. Parce qu'en parler, c'est toucher du doigt le manque qu'on apprivoise sans le laisser s'imposer.
J'entendais je ne sais plus qui qui disait que maintenant on était dans une société où on ne veut pas qu'un enfant aille mal, qu'on ne laisse pas de place à la douleur parce qu'on ne veut pas voir un enfant aller mal... Il faut toujours aller bien, c'est préférable... Mais pour moi, si on veut aller mieux, voir bien... Il faut laisse la douleur parler... Si on met un bâillon dessus... Le jour où celui-ci craque... Se sera des hurlements et ça n'aura pas aidé, bien au contraire.
Mon mari, qui ne savait pas dire les choses avant, les ressentais, je le connais et je le sentais... Mais je ne pouvais pas lui dire "tu vas mal, je le vois"... j'avais peur d'appuyer sur sa douleur... Et lui me disait "tu vas mal" à des moments où je me sentais mieux"... c'est en partie pour ça que nous n'arrivions plus à communiquer... Et quand nous nous sommes expliqués... C'était encore une belle preuve de Mars et Vénus...
Maintenant nous avons pris le parti de nous parler. On ne ressent jamais la même chose que l'autre vraiment, du fait que chacun a eu un vécu différent avant de se rencontrer.
quand tu dis "pas de gâteau là mais une bougie ici"... et la suite... ça me parle tellement. Et cette "leçon de vie"... c'est ça mon positif...
Quand l’aumônière m'a dit "Dieu est venu cueillir sa rose dans le jardin"... J'ai ressenti une grosse colère, j'étais partagée entre l'envie de me dire "mon fils est bien accueilli" et "rendez-le moi, qu'est-ce que vous en savez ?"... mais peu de temps après je me suis souvenue que cette phrase m'avait été comme imposée comme une évidence... Que je trouvais ça (à 15 ans) rassurant...
Maintenant, il va falloir que j'apprenne à dompter ma colère contre le monde médical (une partie... !), que j'apprenne à ne pas m'enflammer si j'entends des mots de médecins cruels et maladroits... Et ça c'est encore pas tout digéré... Il faut que je travaille dessus...
kelowna:
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"bulles, vagues et nausées,
quotidien de ce ventre plein de bébés
energie de vie,océan d'amour
cette forme arrondie,
nous l'aimons un peu plus chaque jour
un peu plus nous doutons, nous tremblons
aussi parfois,
lorsque les bras vides nous avons le resultat
qu'est ce t-il passé ?
que n'avons nous pas fait ?
remord tu empoignes et emprisonnes
culpablité en doublons tu raisonnes
les entrailles trop fragiles
c'est le drame
l'océan s'écoule et emporte toutes ces larmes
celles qui coulent aujourd'hui et à jamais
pleure l'absence , la non vie de ces bébés .
mères nous sommes, avec ou sans eux
leurs empreintes en nous pour toujours laissent leurs traces
ils soufflent avec le vent pour caresser nos visages
se glissent avec le soleil pour marquer nos corps de lumière
coulent avec la pluie et se glissent dans nos cous
ces enfants de l'amour sont toujours avec nous.
force impalpable , à jamais nous unis
amour etrange pour nos anges si petits....
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