Juline, Je vais en remettre une tartine, mais cette fois ci pour te parler de moi ...
J'ai trois filles, que j'aime différemment les unes des autres mais que j'aime immensément. Je ne leur donne pas le même amour, pas la même part de temps, pas la même part de câlins, il y a des choses que je fais avec l'une et pas avec les autres .... bref, elles ne sont pas traitées à égalité, MAIS je les aiment ... beaucoup, ... haut jusqu'à l'espace comme dirais mon ainée.
Ensuite je vais te reparler de mes grossesses.
Ma première grossesse a été déclarée grossesse à risque lors de l'écho morpho du 5 ème mois, coup de massue, tout d'un coup moi qui me sentais si bien, voir même pas trop enceinte (ni même très investie) on m'annonce que ma fille risque de trouver la mort intra_utéro et que je n'y peux rien; s'en suivent toute une batterie de tests : prise de sang, amnio ... échos tous les 15 jours ... Comme toi j'ai mis ma grossesse entre parenthèse. J'étais partagée entre le désengagement total (pas de sentiments, pas de souffrance) et l'engagement total (lui parler, l'encourager, faire de l'hapto .... peut être des souffrance mais lui donner au moins tout l'amour dont j'étais capable). Finalement tout a bien fini, ma fille est née en bonne santée. Cet enfant que j'avais conçu sans trop savoir si je serais capable de l'aimer, je l'aime aujourd'hui de tout mon cœur.
Ma deuxième grossesse: des jumelles, mono-bi. Dès le départ, j'ai su que ce serait à nouveau une grossesse à risque. Mais cette fois ci je savais aussi dès le départ que j'aimerai ces enfants. Que je serais capable de leur donner tout l'amour d'une mère. Je savais aussi qu'à tout moment la grossesse pouvait basculer. J'ai impliqué ma fille dans cette grossesse: on a bouquiné des livres sur les frères et soeurs, elle a touché (et sauté
) sur mon ventre, elle était encore allaitée. Je l'ai allaité tout du long de la grossesse (un peut moins sur la fin car cela déclenchait des contractions). Si ma grossesse avait du se terminer, j'aurais été obligée d'expliquer à ma fille cette perte, et elle aurai aussi souffert de cette perte. A la naissance des petites, j'ai continué à allaiter la grande. (bien sur elle avait 2 ans et demi et était déjà autonome d'un point de vue alimentaire).Mais elle tétait quand même 1 fois par jour. Je lui ai toujours expliqué que ses soeurs avaient la priorité sur le sein parce qu'elles ne mangeaient QUE cela et que elle elle mangeait d'autres choses qu'elle aimait. Mais aussi qu'elle avait été allaitée comme ses sœurs et donc que c'était le tour "des soeurs" d'avoir le sein.
Lors de la naissance de ses soeurs, ma fille a donc vu débarquer à la maison 2 bébés, a commencé à aller à l'école et a du devenir propre, le tous en moins de 3 mois .... Nous avons traversé des moment difficiles, et nous avons trouvés, tous ensemble, des solutions. Lors des tétés doubles je lisais des bouquins à mon ainée. Mon compagnon a fait beaucoup de sorties uniquement avec ma file ainée. Moi je me suis réservée quelques heures (2 à 4) chaque dimanche matin pour faire des choses uniquement avec elle..... Mais aujourd'hui 22 mois plus tard, j'ai 3 filles extraordinaires et épanouies.
Juline, les enfants que l'on aime ne sont pas malheureux. (ce n'est pas une question de temps (crois moi: je travaille), si le "peu de temps" que tu consacre a tes enfants est bienveillant et sincèrement attentif, alors tes enfants connaitront ton amour pour eux, il y a mille façons d'aimer.)