la femme et la mère

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Atrabile:
coucou,
je découvre ce fil, je suis ravie tout comme Emmanuelle ravie des echanges de points de vue paisibles.
J'ai posté sur ce sujet sur divers forums qui n'avait pas du tout la même serenité qu'ici, bravo les filles, oui, ça fait du bien!

Je sais que EB est la fille et héritière de Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, et est aujourd'hui la deuxième actionnaire, et la présidente du conseil de surveillance de la multinationale publicitaire et qu'on peut en effet légitimement se dire que si les femmes n'allaitent pas ou plus  elles achèteront du lait en poudre vendu à coup de millions de pub, et feront marcher son business, et nananan....bref, je comprends donc la polémique.

Cependant, là où j'ai l'impression que cette polémique est injustifiée, c'est qu' il me semble que les propos d'EB sont mal compris.  Ce qu'elle dénonce, ce n'est pas de consacrer du temps à ses enfants, mais de s'y sentir obligée par une pression sociale qui est de plus en plus grande et qui, d'une part, se confond avec la pression "bio/écolo", d'autre part, se concentre exclusivement sur la femme, au détriment de sa vie professionnelle ou personnelle.

De plus, je vois que les propos de Chimpanzé choquent: attention, EB ne traite pas les mères qui allaitent de chimpanzé, elle dit qu'imposer l'allaitement à toutes les mères sans tenir compte de leur propre choix revient à considérer les femmes comme des animaux.

Là, où je suis en accord total avec EB, c'est quand elle affirme qu'on laisse de moins en moins le choix aux femmes. Que la société incite désormais les femmes à passer plus de temps à la maison et à s'occuper des enfants. Cela ne veut pas dire que celles pour qui c'est un choix ont tort, cela veut dire que notre époque laisse de moins en moins le choix, et c'est ça qui est grave.

Sur ce, bonne nuit les filles!



CHRISTINE:
Citation de: P'tite Lilli le 13 Février 2010 à 15:02:56

Que préconisez-vous pour régler ce conflit entre la femme  et la mère?

Accepter d?abord qu?il n?y a pas de maternité parfaite ni d?enfant idéal. Et puis garder un pied dans l?emploi à tout prix. Le retrait du monde du travail est très dangereux. Aujourd?hui, un couple sur deux divorce et les femmes se retrouvent parfois dans une grande précarité. Et s?il faut rester avec un homme que l?on n?aime plus pour des raisons financières, c?est terrible.

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In Tribune de Genève

Je suis d'accord avec elle. Et c'est très difficile de faire un choix. Mais quand on a 3 enfants dont 2 en bas âge, et un travail génial, mais avec des horaire de fou, on est bien obliger de choisir entre le bien être des enfants qui n'ont rien demandé à personne, et notre carrière.
J'ai fait mon choix en connaissance de cause, pour eux, et mon travail me manque, mais j'estime qu'ils passent avant puisque je les ai voulu, même si c'est pas toujours facile.

Notre société est compliqué, on pense être obliger de se juger les un les autres. Mais laissons nous vivre chacun à notre manière, soyons heureux pour nous et les autres.

J'avoue que je n'ai pas allaité mes enfants, et alors ? Sont ils plus malheureux, plus malades ? Non, ils sont comme tous les enfants de leur âge. C'est mon choix et si c'était à refaire je recommencerais à l'identique.

Il ne faut pas créer de polémique autour de se livre, et de cette dame. Chacun ses choix.

loustic:
Citation de: CHRISTINE le 20 Février 2010 à 11:44:18


Il ne faut pas créer de polémique autour de se livre, et de cette dame. Chacun ses choix.


Je crois au contraire que tout débat est sain, tant qu'il est mené calmement et avec des arguments. Tout le monde ici a son point de vue et personnellement je trouve très intéressant de voir les réactions de chacune, qu'elles soient en accord ou en désaccord avec cette dame. D'ailleurs personne ici n'a dit autre chose que "chacun ses choix".
Je tiens aussi à dire que c'est la polémique que ce livre génère qui fait que E. Badinter passe en ce moment sur toutes les chaînes, ce qui n'est pas du tout mauvais pour sa promotion.... Ne demandons donc pas aux gens de se taire, mais au contraire de continuer à faire avancer le débat !

Et n'oublions quand même pas qu'il y a, à l'opposé des femmes qu'E. Badinter considère comme opprimées (qui, je suis d'accord n'ont pas à être forcées à quoi que ce soit) d'autres femmes qui voudraient bien allaiter, materner, élever à la maison, et qui non seulement ne sont pas aidées par le système français mais en plus sont aussi culpabilisées tous les jours (j'en sais quelque chose, moi qui fait l'énooooooooorme erreur de dormir avec mes enfants et de ne pas céder à leurs soit disant "caprices" quand ils pleurs)

Kathryn2:
C'est toujours avec nos tripes que nous répondons à ce genre de débat...

mon expérience personnelle c'est plutôt une pression sociale et familiale inverse de celle indiquée par Mme Badinter.
Ma famille et mes ami(e)s ne comprennent pas forcément l'allaitement (long de surcroit), le congé parental et aujourd'hui mon statut de femme au foyer, le cododo... et les remarques étaient surtout dirigées pour que je file des bibs (on m'a quand même parlé d'inceste  ::) à propos de notre allaitement long), reprenne le boulot et laisse mes enfants pleurer dans leur chambre seul la nuit...

Donc oui, je conçois que certaines femmes n'ont pas le choix, mais certaines (je me répète) n'ont le choix que de bosser, d'autres que de rester à la maison... et tous ces problèmes de choix sont posés par un monde du travail inégalitaire pour les femmes, c'est ça le combat, pas le "naturalisme" ou l'écologie...
C'est pourquoi je pense qu'elle se trompe de combat en continuant à se focaliser sur l'allaitement ou les couches lavables...

Moi quand je l'écoute, j'entends une femme qui milite pour un système économique libéral. Elle parle d'aliénation des femmes au foyer en oubliant l'aliénation par le travail...

Tout le monde n'est pas actionnaire, président de conseil de surveillance d'une grosse boite ou philosophe... tout le monde n'a pas un demi milliard d'euro de patrimoine...

La caissière de supermarché, l'ouvrière à la chaine, je ne suis pas sûre que leur boulot soit leur priorité et la source de leur épanouissement personnel...

C'est ça que je reproche à Mme Badinter, j'ai l'impression qu'elle vit en dehors de la réalité de la majorité des gens... de la même façon que nos politiques d'ailleurs, ce qui leur donne une fausse image de la société et donc les empêche de proposer de vraies solutions, réalistes...

Moi ce que j'entends dans son discours est plein de contradiction : elle veut laisser le choix mais stigmatise certains choix en niant le libre choix des femmes qui les ont fait...

Citation de: CHRISTINE le 20 Février 2010 à 11:44:18

Il ne faut pas créer de polémique autour de se livre, et de cette dame. Chacun ses choix.


Et par ailleurs, les philosophes sont justement là pour créer la polémique et faire avancer les choses, sinon quel intérêt ? ;)

Biz

Lenagcn:
Très intéressant, tout ça. Merci les filles!

Plusieurs réflexions en cours de lecture:

- Philosopher c'est réfléchir aux réponses possibles à une question; curieusement on appelle philosophe quelqu'un qui ne propose qu'une seule réponse à cette question (A. Sénik, 1er cours de philo, 1989)

- la France est un pays qui au contraire des idées reçues aide fortement les femmes à être travailleuses-à-l'-extérieur et mères dans des conditions pas totalement désastreuses. Ca n'est pas idéal, ça n'est pas suffisant. Mais ça existe.
Demandez à une Anglaise, demandez à une Suisse, demandez à une Italienne, une Espagnole ou une Allemande (où être mère et travailler c'est être une "mère corbeau"  ) ! Les 1ères peuvent survivre à coup d'aides sociales car être mère leur donne un statut (valorisation sociale) à  défaut de les laisser travailler décemment avant l'entrée à 5 ans révolus à l'école du dernier; les autres ne font tout simplement pas d'enfants. Par absence de choix.
Méfiez-vous, avec la dernière mouture de la page "école maternelle" du site de l'EN, des choses vont évoluer dans le mauvais sens, d'ailleurs... (http://www.education.gouv.fr/cid161/inscription-a-l-ecole-maternelle.html  ; le détail qui tue: "Les enfants français et étrangers peuvent y être accueillis à 3 ans." donc nés le 2 septembre, ça va devenir aléatoire, comme pour les TPS... ça commence déjà: Marseille, au moins une ville de la Somme, ...)

- oui oui et re- oui au choix!
Mais oui aussi avec Bambinette et P'tite Lili quant à la préservation d'un revenu personnel, en cas de pépin ( séparation, décès, mais -plus fréquemment encore- chômage hélas : nos conjoints ne rajeunissent pas, et avec la 40aine, on est déjà un "vieux machin" à poubelliser, dans certains métiers... sans compter les restructurations et autres joyeusetés - parole d'une des 300 sur 1 000 licenciés d'une boite qui gagnait de l'argent... ).
La solution que j'utilise pour l'instant c'est un travail à temps partiel au long cours. Ca vaut ce que ça vaut, n'est pas souvent possible après le congé parental...

- Nous pouvons faire la fine bouche sur un combat qui ne semble plus être le nôtre. Mais attention, rien n'est acquis. Ainsi, le choix de ne pas être mère se trouve réduit par la diminution constante des services d'orthogénie: dépassement de limite faute de rdv à temps, impossibilité d'avorter. Mais aussi la quasi disparition des "gynéco de ville". Toute cette génération de médecins militants part à la retraite. Personne n'a repris le flambeau ... pour partie car distribuer la pilule et pratiquer des IVG ne sont intéressants ni intellectuellement ("on a gagné") ni financièrement (ça aurait compensé...) .

- les pressions de la Société sur les (femmes? mères? ) ont toujours existé; elles changent avec elle ...

-Miracle de la psychologie, les personnes qui sont d'accord avec vous vous le disent rarement finalement, celles que vous choquez vous le disent ou montrent, souvent; pendant que les 1ères ont des propos "normaux" (qu'on oublie) , les dernières ont des propos qui nous enquiquinent (et qu'on mémorise).



- Où sont les (hommes ?pères?)  dans tout ça?
Les enfants, on les fait à 2! Alors pourquoi ne pas s'en occuper à 2?
Ils me semblent bien absents de nos considérations. Comme si... nous acceptions de faire sans eux. En restant à la maison-et-en-faisant-attention. Ou en travaillant à l'extérieur-et-en-jonglant (je caricature à peine).
Le "modèle nordique" existe parce que les humains masculins là-bas ont une place importante dans l'intendance des familles .
C'est une pression ... de la Société (  ;)) chez eux .
Jusqu'au congé paternité obligatoire, après le congé maternité en Norvège, il me semble!
Alors que prendre deux congés parentaux à 80%, c'est "méritoire" de la part... du père  ::)  (seulement lui!) actuellement en France .



Je me retrouve pas mal dans les avis de Bambinette ( léger déviage: Blédin@ était, Liebig et Picard sont mes meilleurs fournisseurs   ;) ;D  mais le pain est "maison"   :P) , P'tite Lili et Atrabile.

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