J'avais oublié de te répondre
Anne, mais je savais déjà que tu comprendrais très bien ce que je ressentais car je sais que des fois tu bosses 15h par jour, parfois jusqu'à minuit, et qu'à ce rythme-là on ne tient pas bien longtemps... J'étais dans le même état que toi il y a une semaine, je pleurais sans arrêt, j'avais moi aussi envie de partir loin pour voir comment tout le monde se démerderait sans moi, et j'avoue que j'étais très très déçue. Nous n'avons pas encore mis toutes les choses au point (il faut que je fasse mon petit document Excel avec la liste des tâches

) donc je sais que si je dois recommencer à bosser comme une dingue cette semaine ou même celles qui suivent, rien n'aura changé. Enfin, mon chéri s'est quand même excusé ce weekend sur un truc sur lequel il ne se serait jamais excusé ("je finis un mail j'arrive tout de suite pour t'aider pour le goûter" et c'est Bibi qui prépare tout avec les petites qui braillent pendant que monsieur ne se décollent pas de l'ordinateur), j'avais les larmes aux yeux, mais bon le fait qu'il s'excuse m'a fait du bien, rien que ça...
Tes paroles m'ont beaucoup aidée la semaine dernière car je sais que l'on se comprend sur ce chapitre alors je vais essayer aujourd'hui de te donner un peu de douceur...
Déjà je pense que tu as bien fait de t'arrêter et de prendre du temps pour toi car sinon c'est clair que c'est le burn-out total ou la fin du couple... Ce qui est dur c'est que je pensais que les choses deviendraient plus facile avec le temps, mais depuis 2 ans et demi, c'est toujours aussi dur. On est constamment épuisés et souvent la tête dans le guidon, ce qui veut dire peu de temps pour le couple mais aussi peu de temps pour soi. Je crois qu'on est un peu pareilles sur ce point, j'ai moi aussi un besoin vital de solitude choisie, car ça me permet de me ressourcer, j'ai besoin de calme, de penser à moi... Le problème c'est que ces moments sont rares, alors la semaine dernière j'ai levé le pied, je me suis dit que je me mettais une pression de malade pour réussir, mais je me suis donné 2 ans, pas 2 mois... Donc je vais y aller plus doucement car sinon je ne vais pas tenir sur le long terme. C'est dur, car j'ai du refuser des contrats, mais c'est comme ça, c'est un choix que j'ai fait pour moi et ma santé, mon équilibre vital. Ensuite, j'ai décidé de toujours négocier les deadlines car je ne suis pas Super Jaimie... Après c'est vrai que j'ai une femme de ménage qui vient toutes les semaines donc ça me soulage énormément, mais ça, je l'ai négocié avec petit chéri car il ne pouvait pas le faire (trop de taf), donc je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de me le farcir.
Ensuite, le fait de lever le pied m'a permis comme aujourd'hui de travailler tout en me reposant, ou carrément je me prends une journée entière dans la semaine de temps en temps, après une période difficile, dans le silence, en pyjama. Je lis Elle, je me fais les ongles, je regarde des séries débiles, j'appelle mes copines, et je me commande une bêtise sur Internet. Si je n'avais pas ça, je deviendrais folle, car ma vie se partage vraiment entre ma vie de famille et ma vie de mère. Je ne sors pas, je ne fais pas de sport, rien, et je sais qu'on est toutes dans cette situation. Je n'ai aucun regret, aucun, je suis la plus heureuse au monde, mais ce que les hommes ne comprennent pas, c'est que même si le bonheur d'être mère dépasse de loin tous les bonheurs,
cela ne veut pas dire que c'est facile. Presque 3 ans d'épuisement, jouer sur tous les tableaux, jongler entre les tâches quotidiennes, le travail qui nous bouffe et les allers et venues chez les toubibs, je sais que nous faisons toutes d'immenses sacrifices. J'ai même fondu en larmes la semaine dernière car je me suis dit que la seule personne qui pensait vraiment à moi c'est ma mère, et que le jour où elle ne sera plus là je pourrai bien pleurer dans mon coin... C'est vrai que dans les moments de fatigue intense on voit tout en noir, ou alors on se prend un contrecoup de malade, mais je pense que c'est important de le vivre, de craquer, de pleurer, de se plaindre et d'en parler car ça permet d'évacuer et de faire avancer les choses. Je ne râle pas pour me plaindre, je le fais pour faire avancer les choses et aussi pour me défouler.
Avec un peu de recul, de repos et plus de travail pendant les weekends, j'ai pu remonter la pente assez rapidement, tout n'est pas réglé, mais je peux à nouveau apprécier les moments en famille, même si des fois j'avoue que j'ai une surdose de tout ça...
Je pense écrire un truc là-dessus, sur la grande injustice du partage des tâches, je ne vais pas me faire des amis avec les papas, mais franchement, il n'y pas pas une femme à qui j'ai parlé qui ne m'ait pas dit que c'était pareil chez elle.
Repose-toi, pense à toi, moi tu vois ce matin j'ai soufflé quand tout le monde est parti, j'ai travaillé doucement en pyjama, je me suis fait les ongles, j'ai reçu un joli jean flare de chez Mango, je vais me foutre devant la télé pour finir la journée, et je te promets que ça va beaucoup mieux!
Gros bisous
