Comment parler des choses sérieuses avec un enfant?

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Bambinette:
Alexandra :  :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-* :-*


Chez nous : "travaux pratiques" sur le thème de la mort ....  :'( :'( :'(

Samedi après-midi, message d'une amie ; le ton de la voix m'inquiète, je la rappelle aussitôt ; elle m'annonce au téléphone que son mari est décédé .... cancer du poumon ....
On ne savait pas qu'il était malade, ma copine n'a pas voulu nous appeler, pensant que ça irait mieux, et qu'ils nous appelleraient quand "tout irait mieux" ; il est mort le 21 décembre, et elle n'a pas eu le courage depuis de nous appeler.

Bref, donc on se prend la nouvelle "dans les dents" ; les enfants étaient avec nous dans la pièce.
On se met à pleurer tous les deux, zhom et moi ; je parle un peu avec ma copine.
Zhom part pleurer dans une pièce à côté, je réalise que mes enfants me regardent, inquiets.
Donc, je prend sur moi, et je leur explique : "c'était Annick au téléphone, Jean-Pierre est mort, il était très très malade, et les docteurs n'ont rien pu faire."

Les réactions des enfants ont été très différentes :
- Roxane n'a strictement rien dit, mais elle est venue me prendre dans ses bras, elle a essuyé mes larmes ....  :'( :'( :'(
- Axel a répété en boucle (pendant 2 jours) : Zan-Pierre ? L'est mo', Zan-Pierre, docteurs y zont rien pu faire, l'es mo'

Le lendemain, Axel en a parlé aussi, en me disant : Zan-Pierre, on le revoit p'tête l'année prochaine ?

Depuis, plus un mot là-dessus.

laulesar:
  :-[      :-* Bambinette

que lui as tu répondu à Axel quand il t'as posé cette question...

Bambinette:
La réalité : que non, on ne verrait pas Jean-Pierre l'année prochaine, qu'on ne le verrait plus jamais ; qu'il resterait dans nos coeurs .....

Je leur ai bien dit aussi qu'ils ne s'inquiètent pas de nous voir triste (d'autant plus qu'on a vu notre copine le dimanche), que les adultes étaient tristes, mais que les enfants n'avaient pas besoin d'être tristes.

Axel a répété ça aussi : papa l'est triss, mais c'est les adultes, les zenfants, zont pas besoin ....

laulesar:
La psy aujourd'hui me disait que si je ressentais ces angoisses là , c'est que durant mon enfance c'est un sujet qui n'as certainement pas été assez parlé, expliqué... du coup j'ai vécu en ayant que très peu conscience de ce qu'était la mort...Elle me disait aussi qu'il est sain et préférable de verbaliser dés le plus jeune âge...même si cela n'empêchera pas les inquiétudes (qui sont aussi légitimes);

Moi aussi quand un coup de cafard et que les larmes montent, j'explique aux filles que tout comme elles, il m'arrive d'être triste et de pleurer, mais qu'il ne faut pas qu'elles s'inquiètent.

Isazou:
Bambinette, ton récit m'a fait pleurer... :'(

La lecture de vos témoignage me fait penser à quelque chose : nous avons tous une réaction qui nous est propre face à la mort. Et ce, je pense, dès l'enfance. La difficulté, pour nous parents, c'est d'accepter la réaction de l'enfant, et ne pas exiger de lui une réaction différente (qui nous semblerait, à nous, plus appropriée)
Après, cela ne veut pas dire qu'il faut laisser l'enfant seul se débrouiller avec ça... le mieux est de rester attentif aux réactions, car ce n'est pas parce que la réaction semble douce qu'elle l'est réellement.

Je vais vous parler un peu de moi. Il me semble que j'ai toujours cotoyé la mort. Mes parents ne m'ont jamais mis à l'écart lors d'un décès, ils disaient les choses simplement, mais les disaient : untel est mort.
Alors que j'avais 11 ans, mon grand-père est décédé. (le seul que j'avais). Je me souviens de cette annonce comme d'un coup de massue. Je suis allée au collège l'après-midi, mais pendant une semaine, je n'ai pas décroché un mot (moi, si bavarde d'habitude). Et puis j'ai pleuré, pleuré, pleuré pendant des heures et des heures.
Ma soeur, de 5 ans plus âgée, avait pleuré tout de suite, et après, ça allait mieux.

Puis, alors que j'avais 13 ans, un prof de musique que j'adorais est décédé brutalement d'un accident de voiture. Pareil. Pendant 10 jours, je ne disais plus rien, ne mangeais plus. Et à nouveau, j'ai pleuré, pleuré, pleuré, toutes les larmes de mon corps pendant des jours et des jours. Plus rien ne pouvait m'arrêter. Et puis... peu à peu, c'est allé mieux.

Quand j'ai fait mon école d'infirmière, j'ai cotoyé la mort lors de chacun de mes stages. J'ai appris à regarder les personnes mortes. Cela m'a aidé à accepter. Au final, je le vis bien.

Quand j'avais 21 ans, ma seule et unique grand-mère est décédée à son tour. Par respect pour elle, suite à sa volonté, je ne l'ai pas vue. Mais pourtant, je ne l'ai toujours pas accepté totalement. Je suis restée silencieuse pendant les jours précédent l'enterrement. Et puis les larmes sont arrivées aussi. Mais au fond de moi, je sais que quelque chose n'est pas encore fini dans ce deuil. Il me semble, avec le recul, que si je l'avais vue, cela aurait été plus facile.

Il y a 4 ans, une de mes tantes est décédée d'un cancer. Son corps a reposé chez elle jusqu'à l'enterrement, donc j'ai pu la voir... et si l'épreuve a été pénible, je sais que pour elle, j'ai fait mon deuil.

L'année passé, mon oncle préféré est décédé d'un cancer. Je l'avais vu peu de temps avant. Cette fois, ma vie avait changé, j'étais ce que je suis maintenant : une maman, soucieuse de ne pas traumatiser ses enfants avec sa propre douleur. J'ai pleuré assez vite, curieusement. Mais la douleur, elle est toujours là. Elle me ronge. J'ai besoin d'avoir sa photo chez moi, chose que je n'ai fait pour personne d'autre. Mais il y a, là aussi, quelque chose qui n'est pas fini dans mon deuil. Je reste avec une image de lui en souffrance, ... et j'aurais sans doute été aidée de le voir aussi, dans le repos de la mort.

J'espère ne choquer personne par mes paroles.
Mais c'est juste pour vous aider, j'espère, à comprendre que nul ne pourra vous dire comment se comporter face à la mort. Il n'y a pas de règle. Il n'y a que de la souffrance, de la tristesse, et un grand manque. Certains vont crier leur douleur, d'autres vont la taire. Laissez votre coeur s'exprimer. Acceptez d'être ce que vous êtes, face à la détresse.

Car il me semble que c'est en acceptant ses propres réactions, ses propres craintes que l'on pourra aider nos enfants à accepter les leur.

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