Santhi
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« le: 09 Avril 2014 à 14:23:06 » |
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Bonjour à tous,
Je suis l'heureuse maman de Marius et Abel nés en Octobre 2012 et de Pierre agé de 4 ans. Mes petits cœurs ont maintenant 18 mois et c'est seulement maintenant que je me décide enfin à parler de leur naissance. Je pense que j'en ai réellement besoin aprés des mois sans pouvoir y penser sans pleurer. Il s'agissait d'une grossesse monochoriale bi amniotique. J'ai été allité complètement à partir de la 25ème semaine pour menace d'accouchement prématuré. J'ai finalement accouché à pratiquement 36 semaines. Les dernières semaines de grossesse ont été trés difficiles psychologiquement. Les médecins avaient de plus en plus de mal à estimer les poids des bébés, je faisais un monitoring chaque jour et une écho toutes les 48 heures. Ils suspectaient un début de STT mais comme les symptômes n'étaient pas flagrants, cette surveillance accrue permettait de pousser la grossesse au plus loin.
Finalement, passé 35 semaines, le médecin me dit qu'il lui semble qu'un bébé a moins de liquide amniotique, que sa prise de poids semble stagner et qu'à ce terme ils seront dans tous les cas moins en danger "dehors" que "dedans". L'accouchement est donc programmé pour 2 jours aprés, le temps que je me prépare psychologiquement car le gynéco voit bien que je ne suis pas convaincue. J'insiste pour accoucher par voie basse (j'en parle au médecin depuis le début de la grossesse) mais ils ont tellement de doute sur la santé du bébé qui semble en souffrance qu'il préfère programmer une césarienne
Je vis trés trés mal cette situation. Je trouve les mots du médecin trop approximatif, je ne veux faire naitre les bébés trop tôt pour rien. J'aurai voulu poser plus de question au médecin ce jour là pour sortir convaincue que c'était la bonne décision. Je me suis laissée conduire par son autorité, comme si je n'avais rien à dire. Bien évidemment, c'est l'unique rendez vous où mon mari n'était pas présent...
48 heures plus tard, je rentre donc à l’hôpital, la veille au soir de la césarienne, dans un état de nerf indescriptible. Je suis constamment en larmes, persuadée que c'est trop tôt, qu'on peut attendre encore. Mon mari tellement impuissant face à mon état de stress me dit que nous ne sommes obligés de rien, que nous pouvons revoir le médecin et attendre encore 24h. Nous passons une heure dans la chambre à discuter avec la sage femme. Cette discussion m'apaise un peu mais c'est mon mari qu'elle laisse dans le doute! A nouveau ce discours trés approximatif et l'impression d'une naissance par précaution... Nous décidons finalement de rester... Je demande un calmant et tente de dormir... Le lendemain matin, je suis à nouveau en larmes, persuadée que ce n'est pas la bonne décision. Nous parlons à nouveau avec l'équipe médicale et je descends finalement au bloc au bord de la crise de nerf. L’anesthésiste fait de son mieux pour me rassurer, il insiste auprès du gynécologue pour que mon mari entre au bloc mais celui-ci refuse... Il finit finalement par me donner un "gaz" pour me calmer. Quelques minutes aprés, mes merveilles sont là. Je les vois quelques secondes, le temps d'un regard et ils sont emmenés vers les pédiatres et leur papa. Je passe en salle de réveil et quelques minutes aprés je repars au bloc sous anesthésie générale car je fais une hémorragie. Je me réveille quelques heures aprés, je dois être transféré aux soins intensifs. Avant cela, on m'amène mon petit Abel qui pesait 2.4kg et était en pleine forme. Je passe un trop court moment avec lui, juste le temps d'une première tétée. On m'apprend également que Marius est quant à lui au service de néonat... Il va relativement bien, il pèse 1kg700 et est trés anémié, il doit donc reprendre des forces. 24h aprés, je rejoins la maternité où je vais passer 12 jours le temps que Marius (qui sera en néonat) et moi récupérions des forces. Pendant ce séjour, j'ai eu l'occasion de discuter plusieurs fois avec les médecins. C'était effectivement la bonne décision... Marius s'affaiblissait de jour en jour et il aurait beaucoup souffert si l'accouchement s'était fait par voie basse. J'ai eu la chance que mes bébés naissent en bonne santé.
Un mois et demi aprés l'accouchement, j'ai eu une nouvelle hémorragie et à nouveau j'ai été opéré et transfusé. Puis une autre quelques semaines aprés... Le placenta s'est inséré dans la paroi de l'utérus et se décroche petit à petit, provoquant des hémorragies à chaque fois. Aujourd'hui, 18 mois aprés, je vis toujours avec ce risque dans un coin de ma tête, ce qui explique certainement que j'ai du mal à tourner la page du chapitre "naissance".
Quand je lis les différents témoignages sur le forum (je me l'étais complètement interdit pendant ma grossesse), je mesure la chance que nous avons eu. Pourtant, je vis cet accouchement comme une grande blessure... Je m'en veux beaucoup de ne pas avoir su gérer mes émotions pour faire de ce jour un beau souvenir, je regrette d'avoir accueilli mes enfants dans l'angoisse et le stress. J'aimerai tellement revenir en arrière et vivre les choses différemment... Je vois mes deux merveilles aujourd'hui et j'ai l'impression d'accepter petit à petit que le choses se soient passées comme cela, j'espère que le fait d'en parler m'aidera à évacuer complètement ces émotions qui me parasitent. Merci de m'avoir lu et à bientôt sur le forum.
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