Pat, si je te dis à quel point je te comprends, tu me crois ?
En ce qui concerne ton fils (tu ne parles pas de Solène ?
), pour moi c'était clair, il était hors de question que je "force" mes enfants ; dès que Roxane a exprimé qu'elle ne voulait plus voir grand-père, je n'ai absolument pas insisté ; et rappelles-toi, malgré sa demande, je n'ai pas emmené Axel voir mon père sur la fin.
Quand ma mère est tombée malade, Roxane avait à l'époque des séances chez la pédo-psy, et j'avais évoqué mon angoisse vis-à-vis de son éventuelle mort qui se profilait à l'horizon.
La psy m'avait dit, et j'ai retenu ça ensuite : "pour vos enfants, ce ne sont "que" leur grand-mère ; bien sûr que votre fille a un lien affectif fort avec votre mère, mais sa mère à elle, vous, êtes là et bien là, et c'est ce lien-là qui est essentiel pour elle."
Pour Louis, pour Solène, ton père est leur grand-père, oui, mais qu'ils restent sur de bons souvenirs plutôt que de vivre quelque chose de difficile ; et effectivement, ce n'est "que" leur grand-père .....
Quant à toi .....
Je pense que certes, nous avons un devoir vis-à-vis de nos parents ; ils se sont occupés de nous, nous ont amené à l'âge adulte ; mais ce devoir a des limites.
Etre proches et présents, oui, dans la mesure du possible ; devenir des béquilles sur lesquelles nos parents s'appuient.....
Tu n'as pas envie d'appeler ? Ben, ne le fais pas, ou moins, ou de temps en temps.
Tu te rappelles que j'ai eu une période où je disais ici que je n'avais pas envie d'aller voir mon père ? Je n'y suis pas allée pendant un moment, deux mois de mémoire ; parce que je n'y arrivais pas, parce que ça me pertubait plus qu'autre chose, parce que j'avais d'autres choses à vivre et que je ne pouvais pas gérer ça.
Un parent malade, c'est difficile à gérer ; mais ta vie à toi continue, et elle continuera après qu'il ne sera plus là ; c'est dans l'ordre des choses finalement .....
Tu en as marre, oui, je sais ....
Tu ne ressens plus rien, ou, dis-moi si je me trompe, tu ressens une sorte d'envie que ça se termine, et ça te fait culpabiliser dans le même temps .....
C'est ce que j'ai ressenti ..... je me disais parfois "qu'on en finisse, il est malade et de toute façon il va mourir, ben ....."
Perso, j'ai eu un laps de temps (court) de culpabilité d'avoir eu ces pensées-là ; mais mon père n'est mort que depuis 2 mois 1/2, et je t'assure que la culpabilité s'est évacuée.
Chacun a sa vie à vivre, son "destin" ; la vie qu'a eu mon père et sa mort lui appartiennent, que j'ai été plus présente auprès de lui ou pas n'aurait strictement rien changé à ça.
Je lui ai apporté du réconfort et de la présence quand j'ai pu, comme j'ai pu ; mais sa fin de vie était à lui, pas à moi.
Après reste les mots à trouver pour faire comprendre tout ça à l'autre parent, en l'occurrence ta mère ; mais elle aussi, cela fait partie de sa vie, de son destin ; tu es sa fille mais pas sa béquille de vie ; que son mari soit malade, et bien, ça fait partie de ce qu'elle vit, elle .....
Quant à la colère de ton père vis-à-vis des médecins, je l'ai connu avec ma mère, qui pendant de longs mois, s'est énervée parce que le cancer ne reculait pas ; jusqu'au moment où elle a admis que c'était ainsi, qu'elle ne guérirait pas, et qu'elle-même a opté pour l'arrêt des chimio, parce qu'elle était prête .....
Et ça, c'est toute seule qu'elle a fait ce cheminement ..... mon attitude était "juste" de la rassurer, de lui dire que j'étais là, que je l'aimais.....
Courage Pat, ce sont des moments difficiles ; ne t'en demande pas plus à toi-même que tu ne peux donner......