Thomas,
Tu as vécu plusieurs mois dans mon ventre, auprès de ton frère Vincent.
J'étais très émue et fière de vous voir tous les deux grandir en moi.
Notre rêve allait se réaliser : nous allions avoir 4 petites têtes brunes à la maison!
Mais la maladie est venue bouleversée notre émerveillement.
Je t'ai soutenu du mieux que j'ai pu dans ton illustre combat permanent contre ce fichu STT mais malgré ton courage, il a eu raison de toi.
Au petit matin du 11 mars 2008, tu nous as quitté alors qu'Evan et Laura venaient juste de partir pour leur journée d'école et moi, je m'apprêtais à partir en ambulance pour l'échographie de contrôle hebdomadaire à l'hôpital de Nantes.
Ce jour-là a été je crois le plus douloureux de ma vie : alors que la vie ne t'animait plus, Vincent ne m'a jamais autant donné de coups de pied qu'à ce moment-là, comme s'il voulait me faire comprendre que lui était toujours là plein de vie et qu'il fallait que je m'accroche à celà...
"Vole, vole petit ange
Mon fils, je t'aime tant
Va t'en loin, va t'en serein
Ici tu n'es pas bien
Rejoins le ciel et les airs
Laisse-moi, laisse ton frère
Quitte ton corps de misère
Change d'univers...
Vole, vole petit coeur
Mon Thomas, ma douleur
Quitte mon ventre et nous laisse
Qu'enfin ta souffrance cesse
Va rejoindre l'autre rive
L'au-delà, l'autre vie
Je t'aime tendrement
Mon cher enfant...
Vole, vole mon Amour
Puisque le mien est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage
Lâche tes heures épuisées
Vole, tu l'as pas volé
Deviens souffle, sois colombe
Pour t'en voler...
Vole, vole petite flamme
Vole mon ange, mon âme
Quitte ta peu de misère
Va retrouver la lumière..."
Chanson "Vole" de Céline Dion remaniée avec mes mots,
pour toi Thomas lorsque tu es décédé...
Durant les semaines qui ont suivi, j'ai du me faire violence pour ne pas sombrer et faire face à la dualité et à l'ambivalence de mes sentiments si contradictoires. Comment continuer à investir Vincent qui grandissait alors que je te portais sans vie dans mon ventre? Comment continuer à m'attacher à Vincent alors que sa vie était aussi en péril?
J'ai du moi aussi entamer un combat permanent, tant physique que moral, pour maintenir Vincent au plus loin dans la grossesse et lui permettre de pousser son premier ci, ce fameux 5 juin 2008.
Ce jour-là marque donc la naissance miraculeuse de ton frère maus aussi, mon déchirement et ma séparation physique définitive avec toi.
Durant les jours qui ont suivi, je me suis focalisée sur Vincent.
Le jour de ton incinération, j'étais encore tiraillée par la dualité de mes émotions. Je pense que je n'ai pas vraiment réalisé cet évènement...
Ce n'est qu'une fois rentrée à la maison avec Vincent en bonne santé, que je me suis mise à te pleurer et à commencer mon deuil.
Entre colère, culpabilité et déprime mais aussi joie, geaité et vie, je suis passée par de multiples états d'âmes pendant de longs mois...
Portée par l'Amour de ton père, de Laura, Evant Vincent mais aussi le soutien de notre proche famille et amis, j'ai su gardé la tête hors de l'eau et ne pas noyer dans mon océan de larmes.
T'écrire est mon éxutoire. Je t'ai effectivement écrit plusieurs longues lettres et quelques poêmes, comme celui-ci que j'ai couché sur le papier en quelques minutes à l'occasion du premier anniversaire de ton décès, le 11 mars dernier :
A toi, Thomas...
Lorsque ton frère Vincent dort,
Je pense à toi mon Thomas....
Mes bras sont vides de toi,
Le manque de toi est si fort...
Je sais que tu n'es pas loin pourtant !!!
C'est juste que je ne te vois pas,
Que je ne te touche pas
Et que je ne sens pas ton odeur...
Je sais que tu vis autrement,
L'autre monde est là tout près...
Tu es parmi nous, à jamais...
Tu vis là dans nos coeurs...
Tu fais parti de notre histoire....
Tu fais parti de notre vie...
Tu es notre étoile qui scintille le soir...
Tu es l'ange gardien qui veille sur nos vies...
Et lorsque ton frère Vincent se réveille,
Le chagrin s'efface...
Ton jumeau s'émerveille,
Et c'est la geaité qui prens sa place...
Je mesure alors, cette incroyable chance,
Cette joie indicible d'avoir Vincent...
Il est notre miracle, ton frère de sang....
Quel bonheur de faire sa connaissance !!!
Mes bras ne sont plus vides...
Ils sont maintenant, à moitié vides...
Mais je sais que tu es là
Tout près de moi...
Je t'aime mon enfant...
Je t'aime comme ton frère Vincent,
Affectueusement, tendrement et infiniment...
Je suis à tout jamais, ta chère maman...
Il est vrai Thomas que parfois je me surprend à penser à toi et à t'imaginer rien qu'en regardant Vincent : je vois dans celui de Vincent, ton sourire...
Frères jumeaux à jamais, vous êtes tous les deux semblables à deux gouttes d'eau, ce qui rend justement la complexité de mon deuil.
Ton image ne se dissipe pas, elle est toujours présente avec la présence de ton frère. Il est donc plus difficile de tourner la page et cela me rend triste...
Mais lorsque Vincent s'anime, rit, discute, s'épanouit auprès de Laura et Evan, mais aussi lorsqu'il me fait de tendres câlins et nous appelle "papa" et "maman", les sentiments de vie, de bonheur et de joie me remplissent le coeur et me rendent heureuse.
La personnalité, l'individualité et le caractère de Vincent s'affirment et mon chagrin s'efface... Je ne pense plus à toi...
C'est alors que je me suis rendu compte que je peux de nouveau rire, chanter et danser...
"rire avec un coeur qui aura toujours un petit à pleurer,
chanter avec une voix qui gardera une tendresse pour lui,
danser avec des bras qui auraient aimé le bercer (...)
Mais en même temps, aimer la vie pleinement..."
Citation d'Isabelle MEZERAC
Les étapes de l'acceptation de ta mort et de la réparation ne sont pas très loin...
Papa et moi, nous nous tournons alors vers l'avenir et refaisons des projets.
Nous nous rendons compte que nous ne sommes pas prêts à faire le deuil de maternité et de paternité. Le projet d'un cinquième enfant nous trotte dans la tête et ce n'est certainement pas pour te remplacer Thomas.
Nous souhaitons simplement accomplir notre rêve d'avoir nos 4 chambres d'enfants remplies de vie, avec toi parmi nous, mais différemment...
C'est alors que le printemps 2009 pointe son nez...
Une nouvelle période difficile pour moi et Vincent de dessine...
Je suis usée physiquement par le deuil et l'allaitement.
Je suis tiraillée entre mon envie d'avancer dans mon deuil, de reprendre ma vie de femme et de continuer à aider Vincent en l'allaitant mais qui n'est pas bien...
Son anémie en fer l'a beaucoup affaibli et je le sens très demandeur, accroché à moi, à mon sein.
Pourtant, j'ai besoin à ce moment-là de me séparer fusionnellement de lui pour m'en sortir psychologiquement...
C'est alors que je culpabilise et j'ai peur, le mot "anémie" me fait peur et tu sais pourquoi Thomas, puisque c'est l'une des conséquences de ton propre décès.
Vincent a du mal à se diriger et à s'intéresser à une autre alimentation que le lait maternel. Malgré l'aide de papa, c'est une atmosphère de stress qui s'installe, une impasse... Je suis au bout du rouleau et Vincent décline...
C'est alors qu'un message de toi m'est livré : "Ne t'inquiète pas, Thomas est là et il va aider Vincent. Il le protège."
Ces mots viennent me rassurer dans ma tourmente...
Quelques jours plus tard, je tombe malade et je reste allitée 3 jours.
Papa reste à la maison pour s'occuper des tes frères et soeur, et c'est là qu'un autre miracle se produit : Vincent prend ses biberons de lait de croissance riche en fer et commence à manger des solides. Il refuse du jour au lendemain mon sein et le fait avec une sérénité qui me surprend...
Mais que s'est-il passé ?
Nous comprennons plus tard, qu'un nouveau petit être se loge au creux de mon ventre... Vincent a su avant nous, que quelque-chose avait changé en moi !
Papa et moi sommes sous l'effet de surprise : notre projet à moyen terme s'est précipité sans le vouloir et il est devenu un projet actuel. Nous avions du mal à réaliser!
Papa est heureux et moi aussi, mais je vis cette nouvelle grossesse avec du recul. J'ai du mal à investir ce bébé car j'ai peur de souffrir.
J'avances donc pas à pas, semaine après semaine, mon attachement grandit en même temps qu'évolue ce bébé encore en fabrication.
Puis l'été est là !
Vincent va beaucoup mieux. Son traitement en fer et son alimentation diversifiée le revigore.
Le bébé qui grandit en moi est toujours là, j'ai toujours du mal à le réaliser.
J'attends patiemment l'échographie des 22 SA, pour peut-être m'investir davantage.
Mais c'est en même temps, le terme de la grossesse qui me bouleverse et me tracasse. Tu es décédé peu de temps avant cette même échographie et j'angoisse...
Je déprime de nouveau et je repense à toi qui me manque terriblement.
C'est alors qu'un évènement se produit : tu es venu me parler dans mon sommeil et me livrer un message. C'était le 5 septembre dernier.
Ce poême exprime l'effet qu'a eu ton message sur moi :
A toi, mon Thomas...
Mon fils, mon bébé de l'au-delà...
J'ai compris ton message...
J'ai entendu tes mots et j'ai vu ton visage...
Sois heureux dans ton monde...
Je serai heureuse dans mon monde...
Dans mes rêves et mon sommeil,
Reviens me parler et me voir
Pour me raconter ton monde et tes merveilles,
Je serai apaisée et pleine d'espoir...
Je te laisse partir
Et je m'apprête à l'acceuillir,
Ce bébé qui grandit en moi
Et que j'investis avec plein d'émoi...
Ce n'est qu'un Aurevoir mon Thomas
Car je sais qu'un jour, on se retrouvera
Dans ton monde, dans l'au-delà...
A jamais, je suis fière d'être ta maman...
Je t'aime infiniment...
Thomas, tu as eu donc les mots qu'il fallait, les mots qui m'ont libéré.
Je suis apaisée et sereine. Je peux maintenant te laisser partir, tu m'as rassurée. Tu es bien là tu es, tu es heureux.
Je sais aussi que lorsque Vincent a besoin d'être aider et soutenu, tu es là près de lui. Tu es son ange gardien, tu es sa bonne étoile.
Je sais aussi que tu es là, à ta manière, pour vivre avec nous nos évènement familiaux.
Aujourd'hui, mercredi 5 Novembre 2009, est un grand jour pour nous, un cap à franchir qui n'est pas si facile que çà!
Ton reliquaire est la preuve matérielle de ta brève existance qui nous à tous bouleversé et transformé à jamais, et il m'est difficile de m'en séparer.
Pourtant, il est grand temps de réunir tes cendres et ton âme, pour ton repos éternel et ton bien-être.
Il est temps de vivre cette dernière étape et je prends mon courage à deux mains.
Tu me manques mais ton absence est moins lourde et pesante, car je sais qu'un jour nous nous reverrons...
Jamais je ne pourrai t'oublier. Fruit de mon Amour pour ton père, enfant désiré et attendu, tu es à jamais gravé dans mon coeur.
J'ai accepté que ta vie soit différente de la nôtre. Sois heureux là tu es...
Pour moi maintenant, ma vie continue ici avec ton père, tes frères et soeurs.
Aujourd'hui, je me libère de ma douleur pour de nouveau acceuillir dans la plus douce sérénité, ta petite soeur.
Un jour, le prêtre de l'hôpital de Nantes m'a dit qu'il y a une raison positive à ton décès!
Aujourd'hui, il me semble avoir trouvé cette raison...
Ta maman qui t'aime à jamais.
- Lettre à Thomas que j'ai lu pour l'inhumation de ses cendres, le 11 Novembre 2009.-