Bon je me lance, je vous raconte mon histoire !Soyez courageuse, c'est long !
Janvier 2008, après une bonne année d?attente, ça y est, le test de grossesse est enfin positif !
Après avoir pris du Clomid (qui favorise l?ovulation) pendant 2 mois et ayant un mari jumeau monozygote, nous nous attendions fortement à avoir des jumeaux !
Première échographie au bout de 4 semaines de grossesse car j?avais des douleurs. Et là je vois 2 petits ronds sur l?écran ! Réponse du gynéco : « c?est normal que vous ayez mal au ventre et que ça travaille, il y en a 2 ! » Sur un ton très aimable bien sûr ? Heureusement que je m?y attendais et que je n?avais pas « peur » de cette nouvelle. Mais après la joie de l?annonce, viennent les mises en gardes des médecins. Grossesse multiple = grossesse à risque ! Commence alors les batteries d?examens médicaux !
La grossesse se passe très bien, je suis arrêté très rapidement en raison des kilomètres à faire tous les jours pour aller travailler. Je reste à la maison et je me repose, c?est ce que tout le monde me dit de faire alors je les écoute !
Juin 2008, viens la visite du 6ème mois à l?hôpital d?Orléans avec le gynécologue, le Dr B. L?examen gynécologique est très douloureux. Pour lui, tout est normal, le col est bien, et il faut continuer à ne rien faire.
Je ressors du cabinet en ayant du mal à marcher. Je ressens une douleur dûe à l?examen qui me gène et me fait mal. Arrivée à la maison, je me rends compte que je saigne. J?appelle mon médecin et il me dit que cela arrive parfois après un examen. Bon? J?ai eu des petits saignements pendant 2 jours.
Le 07 juin, 3 jours après cette visite chez le gynéco, c?est l?échographie. L?échographe commence à m?examiner et la il me dit : « Aux urgences tout de suite, vous avez le col ouvert et la poche des eaux engagée. J?appelle l?hôpital et je vous revois là bas la semaine prochaine si vous n?avez pas accouché d?ici la ! »
Alors là, c?est comme ci j?avais reçu une enclume sur la tête, j?étais à 24 SA et pas prête du tout à accoucher. Trois jours avant tout allait bien ! Qu?est ce qui à pu provoquer ça ? Cet examen gynécologique ? J?en reste persuadée ! Je suis donc hospitalisée d?urgence. L?équipe médicale à été formidable et ils m?ont beaucoup aidée à tenir le coup. Mon objectif était de tenir jusqu'à 32 semaines, cap de la maturité des poumons. Je suis restée 2 semaines et 6 jours à l?unité kangourou.
Le 26 juin, 26 semaines + 6 jours, je n?en peux plus, je souffre depuis 2 jours, je n?ai pourtant aucune contractions mais aucun médicament n?arrive à me soulager. Le gynécologue qui fait la visite décide de me donner un lexomil pour que je puisse me reposer un peu. Je le prends, je dors depuis 15mn et la je sens une douleur, un coup et ?une inondation dans le lit?.j?ai perdu les eaux !
J?appuie sur la sonnette d?urgence et les sages femmes arrivent, oui j?ai bien perdu les eaux. Elles m?examinent, chose qu?elles n?avaient pas pu faire durant mon séjour de peur de percer la poche.
La sage femme me dit : « vous êtes dilatée à 8 et je sens les pieds ! Au bloc tout de suite ! »
Départ à 13h05 de ma chambre, anesthésie générale, Justine est née à 13h26 mesure 35 cm et pèse 1.050 kg ; 13h27 Mathilda arrive elle mesure 33.5 cm et pèse 970g.
Les filles sont tout de suite prises en charge par l?équipe de néonatalogie. Elles sont intubées et mises en incubateurs.
A mon réveil, je ne peux pas aller les voir à cause de ma césarienne. Je dois attendre le lendemain et me contenter des photos que mon mari m?apporte. Elles ont des fils partout et des tubes dans le nez et la bouche. Je m?attendais « à pire », à ce qu?elles soient plus petites. Mais ce n?est qu?une photo?.. C?est horrible de ne pas avoir ces bébés prêts de soi. Les pédiatres restent très réservés sur le pronostic vital des premières heures. C?est très dur à entendre, et ce n?est que le début de ce parcours.
Le lendemain, je vais enfin les voir, et là c?est le choc. Les voir en vrai, dans ces incubateurs, si petites, rien à voir avec les photos. J?ai pleuré pendant 1 semaine à chaque fois que j?allais les voir. Et la culpabilité ? Je me dis que c?est ma faute si elles sont là branchées de partout, que j?aurais du tenir plus longtemps. Je savais que je n?aurais pas pu faire mieux de toute façon, je ne pouvais pas lutter contre mon corps. Mais c?est plus fort que soi et on s?en veut forcément.
Elles ont tellement subi, 1 mois d?intubation, des transfusions, des prises de sang, les désaturations, la broncho dysplasie pulmonaire, les problèmes cardiaques, j?en passe et des meilleures ? tous ces problèmes dus à la prématurité.
Mais elles sont courageuses et fortes, elles se battent, alors je dois être forte pour elles. Quand on voit tout ce qu?elles subissent je me dis que je ne dois pas craquer. Je n?ai pas le droit ! Tous les jours je vais les voir à l?hôpital et je tire mon lait que je donne ensuite au lactarium. Mais au bout de 2 mois de fatigue et de stress, plus de lait. Dur dur, moi qui voulais les allaiter, mais bon on ne va pas contre la nature, et elles en auront déjà profité !
Tout au long de ce parcours il y à des hauts et des bas. L?équipe médicale nous y prépare bien, d?ailleurs. Un jour ça va, le lendemain ça ne va pas. Ce n?est que ça : des hauts et des bas, d?une heure à l?autre et du jour au lendemain. Un pas en avant, deux pas en arrière. C?est très difficile.
Mais durant cette aventure , on créée des liens avec d?autres parents de prématurés, multiples ou non ! Et on se sert les coudes, on se soutient pour ne pas craquer ! L?important c?est d?en parler, mais pas avec n?importe qui. Les gens qui n?ont pas vécu cela on du mal à comprendre. C?est un « monde » à part. Et on en entendant des choses croyez moi ! Et ça m?énerve, « moi je connais quelque qui a eu un prématuré ? » Chaque cas est unique et différent et on ne peut en aucun point les comparer.
Justine est sortie de l?hôpital au bout de 2 mois et demi d?hospitalisation elle pesait 2.510g.
Mathilda est sortie 2 semaines plus tard, car elle a eu le fémur cassé aux soins intensifs et on ne sait pas trop pourquoi?Mais c?est une autre histoire.
Voila toute l'histoire !
Mais c'est seulement maintenant que je me rend compte qu'il reste effectivement des cicatrices encoure bien ouvertes, Dearborn à raison, mais c'est en vous lisant que je m'en suis vraiment rendu compte. Les filles ont aujourd'hui 10 mois et j'ai tjrs pas l'impression d'avoir accouché. On m'a opéré de mes BB. C'est l'impression que j'ai. Longtemps après l'accouchement j'avais même l'impression de les sentir encore bouger.
Enfin, ça fait du bien de vider son sac, et voilà je pleurs ! Bonjour thérapie

!