Déjà 1 an, et tellement difficile de se reconstruire...

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sophie64:
Aurelie et Sandra, ça fait plusieurs jours, semaines que je lis vos échanges. C'est un peu compliqué pour moi d'exprimer ce que je ressens mais lire vos ressentis me permet d'avancer un peu.
Mes petits trésors sont nés à 25 S.A + 3 et mon beau Mika est décédé à 1 semaine de vie.  Son frère et sa soeur se sont battus comme des champions et même si Mika a toujours été en permanence dans mes pensées le tourbillon de l'hospitalisation de Tom et Leïa puis leur retour à la maison ne m'ont pas permis de ''poser'' mes émotions.
De douces pensées à vos trésors.

flo31:
C'est en tant qu'instit que je viens vers vous.
Effectivement, il n'est pas forcément nécessaire d'en parler à l'enseignant(e) de l'enfant. Mais je vais nuancer ce propos: s'il arrive à votre aîné de parler du / des bébé(s) décédé(s), il peut tout aussi bien en parler à l'école. Si la maîtresse est au courant, c'est plus facile.
J'ai eu plusieurs élèves qui étaient dans le cas de la perte d'un frère / d'une soeur en période périnatale ou un peu plus tard (mort subite).
Dans un cas, il s'agissait de l'aîné, que mon élève n'avait jamais connu. Cete aîné était mentionné sur la fiche de renseignement. La petite n'en paralait jamais. Ce grand frère n'a été évoqué qu'une seule fois par la maman, mais je ne sais plus en quelles circonstances.
Autre cas. Un petit garçon pour qui tout allait nickel. Vers le mois d'avril / mai, la maman vient me voir, elle souhaite me parler. Elle veut savoir comment ça se passe avec J, s'il est triste ou pas. Elle m'apprend alors qu'elle est enceinte et que cette grossesse risque raviver des choses chez son fils car elle a perdu un bébé in utéro juste quelques jours avant la naissance, il y avait de cela un an. On a beaucoup parlé, elle en avait besoin. Je l'ai aussi bien rassurée concernant J et lui ai dit que je la tiendrai au courant si j'observais quoi que ce soit.
Dernier cas. Une petite fille en GS. Gentille, discrète. Un appétit de moineau... et encore. Un jour, je reçois la maman, comme cela se passe tous les ans avec les parents de la classe. Cette maman sait que j'ai des jumeaux. Elle me parle alors de la soeur jumelle de L, décédée in utéro du STT. Elle me dit que cela ne fait que très peu de temps qu'elle arrive à voir  des jumeaux sans pleurer... et à en parler. Elle s'inquiète pour L car elle prend conscience que ses problèmes alimentaires viennent peut-être du fait que ses parents ne lui ont jamais parlé de cette soeur décédée. La maman voudrait lui en parler mais n'y arrive pas. Le papa ne veut rien dire. Mais L, au fond, est au courant: un jour elle a demandé à sa maman pourquoi elle n'avait pas de soeur jumelle ( ça ne venait pas de n'importe où: une de ses copines de classe avait un frère jumeau)... mais la question n'est pas anodine. Les parents souhaitaient ne pas lui en parler avant le CP, ils avaient peur que ça la perturbe au point de l'empêcher d'apprendre. J'ai quitté cette école maternelle pour d'autres cieux. Je reviens sur le groupe scolaire cette année. L est maintenant en CE2. Elle est très attachée à moi, même si elle n'est pas dans ma classe. Mais je ne sais pas si ses parents lui ont parlé...

Voilà pour mon expérience de maîtresse.  ;) :-* :-* :-*

aurel28:
Merci Sandra , de toujours prendre le temps de me répondre.
Il est bien dommage, que je n'ai pas connu ce site plutôt, j'ai passée tellement d'heure sur internet pour trouver des réponses à toutes mes interrogations( j'en ai toujours beaucoup d'ailleurs),sur la grossesse, le devenir de mon jumeau esseulé, les répercussions,et puis arriver à trouver de l'apaisement après une telle épreuve.
J'ai voulu participer à des groupe de paroles sur le deuil périnatal, mais pas de chance , habitant à 1h30 de Paris, je n'ai pas trouver.
Comme tu dis dans ces moments tu attends beaucoup de tes proches et de ta famille, c'est là aussi que tu vois "tes vrais amis", apres cette expérience j'ai l'impression d'avoir fait comme un "tri".
Je ne supporte plus les gens qui se plaignent toujours, j'ai une amie lorsque mon fils avait deux mois qui me dit:" je suis au fond du gouffre, ma fille ne fait pas ses nuits".J'avais envie de lui répondre:"secoue toi, tu sais ce que c'est de perdre un enfant".
Je serais tellement heureuse qu'il soit là , et prête à me lever la nuit....
C'est vrai que nous apprenons les vrais valeurs de la vie, par la force des choses, ça m'a vraiment métamorphosée.
J'ai également ma meilleure amie, le jour des 1 ans de mon fils, qui m'a dit tu ne peux pas toujours vivre  avec le passé, cette réflexion m'a fait très mal.
L'entourage pense pouvoir t'aider, certe tu peux compter sur eux, mais leurs paroles ne sont pas toujours adaptés.
Ma mère a compris qu'il fallait qu'elle me parle de cet enfant, le jour de la ceremonie, il y avait une association sur le deuil perinatal, qui lui a dit de me laisser parler librement de Camille, et de ne pas dire:"passe à autre chose"...

Enfin, je crois qu'il y aura toujours des réflexions désagréables...

Pour le travail sur toi, la psy t'a guideé?
Je comprends ton stress face à cette hypoxie placentaire, c'est quoi exactement?tes enfants sont nés prématurément?

Sophie,
Je suis contente qu' à travers nos échanges avec Sandra, nos ressentis t'ont permit t'avancer.
Comment as tu vécu la grande prématurité de tes enfants, ça doit être très dur, surtout avec le deces de Mika?
Pour moi pouvoir partager, écrire et parler librement de mon histoire me fait je crois, chaque jours avancer dans mon cheminement, c'est tellement réconfortant de trouver de l'aide et de l'écoute  d'autres  mamans...

Et je voulais également remercier Flo, en tant qu instit qui m'a fait partageé son expérience avec des mamans et enfants qui avaient connu le deuil perinatal.
C'est toujours intéressant de connaître le comportements de ces enfants lorsqu'ils sont scolarisés, j'aurais peut être d'autres questions dans un an et demi!

Je suis bien consciente qu'il faut dire les choses, qu'il ne faut pas de" non dit", maintenant il faut juste que je trouve le courage de lui raconter son histoire.
L'école étant petite , je pense que les instits connaîssent déjà  sont histoire, de par mon aîné .
Mais j'ai tellement entendu de choses depuis sa naissance par rapport à cette gémellité;comme mon médecin qui ne me prenait pas au sérieux sur son reflux, à chaque fois il me disait que cela était dû à la grossesse, et que je stressais inutilement, alors que mon fils avait bien un reflux!
De même un jour, nous sommes allés au urgence, et lorsque la pediatre a su son histoire, elle a trouvée qu'il avait une tête anormalement ronde( je lui avais parlé de cette hydrocéphalie), et qu'il était trop fusionnel avec moi, qu'il fallait le mettre en nourrice, mon fils n'avait que 3 mois...il n'a jamais eu de soucis d'adaptation...
Bref , et j'en passe, j'en ai déjà tellement entendu.

Bon je suis désolé pour ce roman, mais parfois ça fait du bien de vider son sac!

Bon courage à vous toutes, et de gros bisous à vos petits anges

sandra6172:
Bonjour Aurélie

Après une telle épreuve, il faut surtout pas suivre les conseils des gens qui n'ont jamais vécu la mort d'un enfant quand ils te disent "d'oublier". Il est impossible d'oublier une telle épreuve. Elle  fait partie de ton histoire, de l'histoire ton fils (le co jumeau) et de l'histoire de la famille. Il n'y a pas de recette miracle, il faut apprendre à se reconstruire sur ce que j'appelle l'impensable, l'inacceptable, pour cela il faut du temps beaucoup de temps, y aller avec ses propres valeurs, ses propres croyances et à son propre rythme. Au début du deuil, j'ai beaucoup travailler sur ma colère. J'en avais déjà de part mon infertilité. Après la mort de Guillaume, elle s'est aggravée et je ne pouvais pas l'exprimer parce que Laurent était à côté. Quand je pouvais, j'allais crier sur une colline, c'est une vraie délivrance, çà me permettait de garder un pied dans la réalité: que ce n'est pas un cauchemar, mais bien la réalité. Ensuite, chaque fois que j'étais submergée par l'émotion, je n'hésitais pas à pleurer pour pouvoir lâcher prise. Je faisais juste attention que mon fils ne soit pas présent quand j'étais triste. Par la suite, quand mon ambivalence refaisait surface, si par exemple je vais bien et je me sens heureuse, je n'essaye pas de me culpabiliser sur le fait que je ne devrais pas ressentir ses sentiments parce que Guillaume est mort. Je considère que c'est un moment de répit dans le deuil. Si je suis carrément en bas de la vague du deuil, j'essaye de cultiver toutes les petites lumières de la journée, d'essayer d'être dans l'instant présent et surtout je n'essaye pas de me raisonner et de me culpabiliser que je ne devrais pas ressentir cette tristesse parce que Laurent est vivant. Il faut apprendre à vivre avec... bien se connaître cad réapprendre à se connaître car on est devenu une autre personne mamange et maman en même temps dans un temps très court.

Ton amie, elle n'a rien compris quand elle t'a dit "tu ne peux pas toujours vivre dans le passé". Pour pouvoir passer à autre chose, il faut du temps beaucoup de temps, verbaliser, raconter encore et encore jusqu'à ce que la charge émotionnelle s'atténue et s'estompe au fur et à mesure. Lorsque la personne endeuillée ne peut pas en parler, les mots restent coincer au fond de soi, se cristallisent voir se somatisent ce qui a long terme créent des maux physiques. Le corps essaye de se libérer de ses émotions et il ne trouve que ce moyen pour s'en libérer. C'est la raison pour laquelle des groupes de parole se sont créés pour mettre des mots sur les maux.

Citation

Il est bien dommage, que je n'ai pas connu ce site plutôt, j'ai passée tellement d'heure sur internet pour trouver des réponses à toutes mes interrogations( j'en ai toujours beaucoup d'ailleurs),sur la grossesse, le devenir de mon jumeau esseulé, les répercussions,et puis arriver à trouver de l'apaisement après une telle épreuve.

Je peux te donner la référence de 2 livres sur les répercussions (par rapport à l'enfant restant) seulement en mp si tu veux car je sors des informations du forum des jumeaux esseulés. 

Citation

Pour le travail sur toi, la psy t'a guideé?
Je comprends ton stress face à cette hypoxie placentaire, c'est quoi exactement?tes enfants sont nés prématurément?

Le psy m'a beaucoup guidé au tout début. Il m'a dit de travailler la mamange qui est en moi. Encore aujourd'hui je continue mon travail de deuil et mon cheminement même si j'ai trouvé l'apaisement. Il n'y a pas de fatalité on peut surmonter la mort d'un enfant mais ce travail, il faut la faire tout le long de sa vie jusqu'à sa mort. Il y a toujours des rechutes, il faut aussi se pardonner, la mort est quelque chose qui nous dépasse, nous ne pouvons pas être responsable de çà, se donner de l'amour et retrouver l'estime de soi. Je suis toujours ouverte à toutes sortes de conseils à condition que cela soit constructive et non déplacé. Je lis énormément pour reconstruire toutes mes valeurs car elles ont toutes éclatées quand mon fils est mort.

Mon fils Guillaume est décédé à terme (38SA pour un jumeau) d'une hypoxie placentaire dûe à une préclampsie en fin de grossesse cad ma tension artérielle a augmentée de façon anarchique ce qui a provoqué une ischémie de 1 cm sur le placenta de l'un des jumeaux  donc une infractus placentaire. Le bébé n'étant plus vascularisé par le placenta, il meurt par asphyxie donc arrêt du coeur. Je l'ai su 3 ans et 3 mois après quand j'ai fait l'écho du premier trimestre de mon bébé. Je suis sous traitement (aspégic nourrisson) jusqu'à 35SA pour éviter la récidive. Ce con de médecin m'a laissé dans l'ignorance  pendant tout ce temps alors que nous avons fait l'autopsie pour cela, comprendre ce qui s'est passé. Ne pas connaître la cause peut empêcher la maman endeuillée d'avancer dans son travail de deuil, sans parler de la culpabilité qui peut exister de ne pas savoir cette information et les conséquences sur la grossesse suivante.

sandra6172:
J'ai trouvé une vidéo qui t'explique les différentes phases de reconstruction. Il ne parle pas du deuil périnatal mais de la perte d'un enfant. Il est étonnant de voir que ces mamans ont les mêmes émotions que nous alors que les circonstances sont différentes. Je te laisse la visionner.

http://www.dailymotion.com/video/x178385_toute-une-histoire-se-reconstruire-apres-avoir-perdu-un-enfant-14-11-13_tv

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