Coucou tout le monde
je profite d'une pause entre deux sessions de biberons pour vous écrire, et raconter un peu mon accouchement. (Je crois que ça va être long, désolée
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).
La veille (un samedi soir) j'étais bien fatiguée, et pendant le dîner je me suis rendue compte que je n'avais pas faim, et qu'en fait je n'avais pas eu faim depuis le matin, ce qui était très bizarre, après tous ces mois passés à dévorer...
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J'ai dit à mon homme: "Hum, et si c'était pour ce soir?" mais je n'y croyais pas vraiment. Dans la soirée j'ai commencé à avoir des contractions, mais pas très fortes ni très douloureuses, ni très régulières. J'ai essayé de noter les intervalles, c'était toutes les 8 minutes, puis toutes les 9-10 minutes, de temps en temps toutes les 7 minutes, et parfois je n'en avais pas pendant un quart d'heure. Bref, j'étais indécise - alors je suis allée boucler ma trousse de toilette, je me suis lavée, et puis... je suis allée me coucher! En me disant que de toute façon, à mon terme, on n'essayait plus d'arrêter le travail, et donc autant me rendre aux urgences en ayant plus de certitudes. J'ai bien dormi, je n'ai pas été réveillée par les contractions, mais par un cauchemar à 7h le matin: j'ai rêvé de mon fils, je le voyais au loin dans la rue, j'essayais de le rattraper mais une sorte de vague l'éloignait de moi sans que je puisse le rejoindre, et je pleurais parce qu'il me manquait. Je me suis réveillée en sursaut, et là, en me redressant dans mon lit, j'ai senti quelque chose couler un peu entre mes jambes - j'ai réveillé mon mari en lui disant qu'il se passait quelque chose - j'ai voulu me lever pour aller aux toilettes, en fait je pensais que je perdais le fameux "bouchon muqueux" (glamour), mais dès que je me suis mise debout ça a été les chutes du Niagara - splash! par terre, il y avait de l'eau partout sur mes pieds et sur le sol, j'ai filé aux toilettes en laissant une rivière derrière moi, splish, splash! "Je perds les eaux! Je perds les eaux!" Mon mari saute du lit, s'habille et va déposer notre petit garçon chez sa mamie (qui habite dans l'immeuble, Amen!). Je me dis que je n'arriverai pas à aller jusqu'à la voiture, car je suis obligée de marcher avec un énorme drap de bain plié entre les jambes, drap de bain entièrement trempé en trois minutes... j'appelle le SAMU, qui nous envoie une ambulance.
C@millou, tu as dit dans un post que tu te demandais ce que ça faisait de perdre les eaux, personnellement c'était la deuxième fois (c'est ma spécialité on dirait) et je n'aime pas tellement ça, c'est un peu déstabilisant de tout inonder autour de soi, je disais aux ambulanciers "Désolée, je vous mouille tout partout, désolée!" et à la maternité il a fallu emballer mes affaires dans des sacs poubelle tellement mes habits étaient détrempés...
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Mais bon au moins, c'est un message clair: le travail a commencé.
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Voilà comment je suis arrivée en brancard directement en salle d'accouchement.
Et là, je découvre ma super-chance: c'est mon obstétricienne qui est de garde... et c'est une spécialiste des grossesses multiples
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Elle vient me voir avec le petit appareil à échographie et évalue le poids de J1 (Iris) à 2,9 kilos et J2 (Rose) à 2,4 kilos.
Rose s'est retournée en tête, donc j'ai le feu vert pour un accouchement par voie basse, malgré les mesures un peu justes de mon bassin. Mais le monito montre que mes contractions sont riquiqui et mon col est fermé. On décide de me monter dans les chambres. La gynéco me dit qu'elle ne va pas essayer de déclencher mais voir ce que fait Dame Nature (elle est super ma gynéco
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). Bref, chambre. Zut, me dis-je. Je suis un peu déçue en fait. Il est environ onze heures du matin. Je me rappelle de ce que m'a dit ma SF pendant la préparation: accompagner les bébés dans ma tête et dans mon coeur, visualiser le chemin de la naissance et le faire avec eux. Je ferme les yeux, je dis à Iris dans ma tête: tu vois, tu descends, tu passes comme ça, puis comme ça... Je me concentre vraiment très fort. Et, au bout de quelques minutes, énorme contraction qui dure, dure, dure... je sens qu'Iris est en train de descendre, pour de vrai. Les contractions se multiplient, à 11h45, j'en ai une toutes les quatre minutes, à midi et des poussières, une toutes les trois minutes, elles font mal. J'appelle la SF avec la petite télécommande de la chambre, et quand elle arrive je lui dis: "Vous m'aviez dit que vous repassiez me voir en début d'après-midi, mais en fait je crois que je vais bientôt accoucher" et elle me dit: "C'est un petit peu tôt, à mon avis" mais elle m'examine tout de même et là, col ouvert à 6, on me redescend vite en salle d'accouchement sur un petit fauteuil roulant!
Re-monito. Pose de la péridurale qui ne fait effet que du côté droit au départ ce qui me fait paniquer "Euh, si vous faites un césarienne, surtout, faites-là à droite, hein!" ("Vous savez madame, on les fait au centre hein
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"). Au bout de vingt minutes le monito fait bip bip bip, il a perdu le rythme d'Iris, les SF essaient de la retrouver mais n'y arrivent pas. J'angoisse un peu mais je sens qu'elle est là tout de même, et je demande aux SF de voir si par hasard elle ne serait pas vraiment descendue. La SF regarde et décide de poser une électrode sur la tête d'Iris pour un monito direct. Elle va chercher une électrode, et quand elle revient, deux minutes après, elle me dit: "Euh finalement je crois que ce n'est pas la peine, poussez un peu pour voir? Hum!". Elle ouvre la porte de la salle de surveillance et je l'entends dire "Mme G. (c'est moi) est en dilatation complète, le premier bébé est là, il faut aller préparer le bloc...". Je vous jure, j'entends des cris! "Déjà!". Ma gynéco n'est pas là, on lui téléphone, elle demande si je peux attendre encore un peu le temps que tout soit prêt et surtout que ma puce soit aussi basse que possible pour que j'aie à pousser au dernier moment seulement. Je demande intérieurement à Iris d'attendre un peu.
Je crois que ça a marché. Hop on m'emmène au bloc, et effectivement, je confirme le caractère intime de l'expérience, il y a dans la salle deux anesthésistes, trois sage-femmes, un infirmier, et mon médecin, ça fait sept personnes.
Iris naît en trois poussées, je l'entends crier et on la pose sur mon ventre quelques instants pour que je la voie. Elle est si petite! Et toute couverte d'un enduit blanc, on me dit (je crois) que c'est le vernix.
Deuxième étape, J2, ma Rose. Là on ne me demande rien, je vois juste les yeux de mon médecin concentrés derrière sa visière, et je sens des choses se passer dans mon ventre, comme des chaînes de montagne qui naissent de tremblements de terre et qui se déplacent en roulant à la surface de mon ventre et tout au fond de mon bassin. J'entends aussi un monumental SPLOUSH! comme si on renversait un seau d'eau par terre, décidément c'est ma journée, la poche de Rose est allée arroser tout le bloc y compris les pieds de l'équipe médicale, mon mari me dira après qu'il y avait même un peu d'eau dans la salle de soins des bébés à côté... la classe. Je sens que Rose sort... par les pieds! Ca s'appelle, on m'a dit, une manoeuvre de grand retournement: le médecin a retourné Rose dans mon ventre pour la sortir en siège. Elle est hypotonique pendant quelques instants car la manoeuvre l'a secouée, mais elle va bien. Elles ont toutes les deux un Apgar à 10 au bout d'1 minute
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On a emmené mes puces et la SF vient annoncer les poids: 2,2 kilos chacune, ma gynéco est déçue "Zut, ce n'est pas aujourd'hui que je vais me dire que je suis bonne en échographie!"
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(700 g d'écart avec les pronostics)
Je sens qu'on me recoud, j'ai eu une épisiotomie pour sortir Rose.
Là, grand moment de bizarrerie: à côte de moi, une SF examine sous toutes les coutures une masse rouge sanglante de laquelle s'échappent deux cordons violacés... beuh, ce sont les placentas! Au final on les emmène dans un seau. Glamour.
C'est tout fini. Les anesthésistes et les SF viennent me présenter leurs félicitations, c'est gentil, cela dit encore sanglée avec les jambes écartées je trouve la scène bizarre. Mais je suis si contente, et j'ai envie de voir mes bébés.
Retour en salle d'accouchement, plus intime, où mon mari me rejoint - il n'a pas voulu aller au bloc, et franchement, c'était mieux comme ça, entre la perte des eaux, le placenta dans un seau, et les giclures de sang sur la blouse de ma gynéco...beuh. Je suis bien contente de le voir, mais il repart vite fait pour faire des photos des puces, il a l'air tellement heureux et me dit qu'elles sont si belles. Et surprise: il me dit qu'on va les habiller!
Je m'attendais tellement à ce qu'elles partent en couveuse!
Effectivement, au bout d'une demi-heure, on me les amène dans leurs jolis petits bonnets et leurs belles turbulettes, et je les trouve si jolies - mais si petites.
Je vais arrêter là je crois, bonne nuit tout le monde et plein de bisous!
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