Bonsoir Sabrinaab,
Je suis ton fil depuis le début en sous marin.
J'ai accouché à 24sa de mes triplés, j'ai moi aussi perdu mon petit Charly.
J'ai voulu de laisser des messages à maintes reprises mais je me suis abstenu parce que les choses que j'aurais pu te dire n'était pas forcement agréable à entendre à ce moment là (comme le ras le bol du fonctionnement du service réa, l'avenir incertain d'Aurélien) parce que moi aussi je suis passé par là et que les choses que l'on voit en réa sont plus horribles que belles (mais ça tu le sais).
Maintenant, ton petit champion est rentré et je sais qu'Armand te manque terriblement.
Je voulais juste que tu saches que pour moi, ça été la même chose.
Alors que ça faisait 3 mois que j'attendais le retour de mes petits bouts, je n'étais pas la plus heureuse (bien sûr je l'étais mais pas complétement) à leur retour à la maison parce qu'il me manquait Charly.
Je crois que je me suis réelement rendu compte que j'avais perdu mon bébé à ce moment là. Parce que tant que tu es dans le monde de la réa, tu vis au rythme de ton bébé qui se bat de toutes ses forces pour vivre.
Mais au retour à la vie "normale" c'est différent parce que la vie que tu t'étais projeter avec tes bébés, elle avait lieu à la maison et pas à l'hopital. Et le fait que tu ne vis pas ce que tu aurais du vivre est plus flagrant au retour à la maison.
Pour ma part, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire "c'est 3 biberons que je devrais donner en ce moment pas 2 mais 3" et ça pour absolument tout ce que je pouvais faire avec mes bébés.
Dans les premiers mois, je ne pouvais me resoudre à acheter les choses par 2 et continuer à acheter par 3.
Puis avec le temps, j'ai appris à ne plus me dire "je devrais être en train de m'occuper de mes 3 bébés" au quotidien.
Bien sûr cette pensée me traverse l'ésprit et le plus souvent c'est quand je passe un trés agréable moment avec mes bébés un peu comme une piqure de rappel qui m'interdit un bonheur total et absolu (parce que malheureusement je ne crois pas que je puisse un jour être pleinement heureuse comme avant...)
Mais le temps est notre meilleur allié. Même s'il n'apaisera jamais notre souffrance, plus il passe et plus tu apprivoise ta douleur.
La perte d'Armand est encore trés récente et tu as besoin de pleurer alors il faut que tu le fasse.
Tu ne dois pas te sentir obliger d'être forte (parce que oh ! que oui tu l'es) tout le temps.
Si tu ressents le besoin de craquer, il faut le faire sans aucune retenue et sans aucune culpabilité.
La situation que nous vivons est extrement difficile, être partager entre le deuil de son enfant et la vie de l'autre est un combat trés difficile. Mais pourvoir pleurer toutes les larmes de ton corps pour Armand est tout aussi important que de t'occuper d'Aurélien.
Quant à la méchanceté des gens, malheureusement tu devras encore y faire face et parfois même le part de personne que tu ne soupçonnais pas (tu ne peux pas savoir les horreurs que ma mere m'a sortie). Mais je te rassure, si dans les premiers temps tu reste bouche bée devant une telle situation par la suite, tu ne te gêneras pas à dire le fond de ta pensée à ces personnes et tu en profiteras peut être même par vider ton sac par la même occasion et tu verras ça fait un bien fou
Je te fais pleins de
ainsi qu'a ton petit champion
et ton petit ange