Parler de la mort aux enfants
PetitPoney:
Bisous à toutes celles qui ont souffert la perte de quelqu'un...
Pour les petits, vers 3-4 ans, qui commencent à poser bcp de questions, je conseille (enfin, ça a bien marché avec les miennes, et il me semble que d'autres en ont aussi parlé sur le forum) de prendre la nature pour exemple, "l'air de rien": tout meurt. L'escargot sur un côté du trottoir, un chat écrasé, une feuille tombée, etc. La nature nous en fournit des exemples au quotidien, et je trouve que ça les touche moins (en général) quand c'est une feuille ou une fourmi que s'il s'agit de leur chat ou d'une personne. Ça les aide à y voir plus clair (avec les saisons notamment, ça meurt, mais ça renaît, comme pour les hommes, il y a des morts et des naissances). Après comme dit Pat, pour gérer la peine, ce sera à eux de le faire de manière personnelle, mais je pense que c'est vraiment important de répondre à leurs questions. À mon avis, c'est plus angoissant de voir un adulte qui refuse de réponse ou qui perd les pédales face à une question que d'avoir une vraie réponse.
C'est mon avis personnel, bien sûr.
Et en ce qui me concerne, pour y être passée moi-même (perte de mon grand-père quand j'avais 9 ans), la mort touche souvent moins les enfants, dans le sens où c'est assez irréel. Attention, je ne dis pas que l'enfant ne ressent pas de peine, seulement que c'est un concept difficile à comprendre, notamment pour les tout petits. Et je pense aussi que la peine correspondra au lien que l'enfant avait avec la personne et à la fréquence des "visites". Elle correspondra aussi à la peine du parent.
patoutenette39:
Téter, j'ai pensé a toi tout a l'heure
Pelé mêle ma fille en voiture tout a l'heure
" papy tu regarderas ce que je fais a la poterie ?"
"J'aurais bien voulu qu'il meure pas tout de suite, qu'il reste avec moi encore, je l'adorais moi papy, "
"Mais c'est comme ça, il a du partir, pour laisser la place a ceux qui naissent" ( celle la, je sais pas d'où elle la tient, mais elle me l'a déjà sortie ::))
Et toi maman, tu voudras qu'on brûle ton corps, ou être enterrée. Toi aussi tu vas mourir, et je vais pleurer
Et la maintenant qu'on pense a papy, j'ai envie de pleurer, mais ça sera pas agréable, pour les autres, si je pleure a la poterie (on était en route pour son activité poterie)
J'ai eu bien du mal a ne pas laisser monter mes larmes :'(
Claire et les 3 Monstres:
C'est aussi vers 3 ans que Louise a commencé à poser beaucoup de question sur la mort de son papy. Et des questions parfois très précises et "terre à terre".
Aujourd'hui encore, Philippe (un hypersensible) pleure souvent (y compris à l'école) en pensant à mon père.
Je crains vraiment le jour où les parents de Paul mourront, ils sont très proches des Monstres... Même s'ils ont déjà été "touchés" par la mort d'un proche, leur peine risque d'être compliquée à gérer... :-\
P'tite Lilli:
Citation de: tetef le 03 Avril 2014 à 10:45:51
je faisais référence à différents médecins et à une psychologue à qui j'ai demandé conseil et qui m'ont tous dit qu'elles étaient protégées par leur âge et qu'en gros pour elles ça ne représentait pas grand chose.... Je crois que c'était vraiment minimiser leur peine.
Je rajouterai: c’est aussi mettre en dualité le "çà ne représente pas grand chose" et ta peine à toi qui est juste énorme. Si ce n'est pas grand chose pourquoi ma maman est-elle si affectée?
C'est très déstabilisant, où doit se positionner l'enfant?
mattmalou:
Nos enfants n'avaient pas 3 ans lorsque mon beau père est décédé d'un cancer. C'était en novembre 2013 (3 ans en janvier 2014).
Sur la fin, il était plus que faible et les enfants ne l'ont pas vu à l'hopital.
Mon mari allait le voir chaque jour/soir et on n'expliquait pas nécessairement aux enfants pourquoi leur père allait voir son père. On disait juste "il va voir papayou" (et eux n'ont jamais posé la question). Jusqu'au jour où l'équipe nous a prévenu que sa mort était imminente.
Je leur ai alors expliqué pourquoi ils ne le voyaient plus depuis quelques temps et pourquoi ils ne le verraient plus.
Au préalable, avec mon époux, nous avions fait le choix de ne pas parler de maladie, d'hôpital, de vieillesse....pensant qu'on peut tous être malade un jour, qu'on peut être amené à aller à l'hopital et qu'on vieillit...tout ça, pour nous, ne devait pas être associé de façon systématique à la mort.
Du coup, je leur ai dit qu'en sortant de mon ventre, ils étaient des bébés, qu'ils étaient maintenant des petits garçons, qu'un jour ils seraient des papas et ensuite des papys. Après avoir été un papy, c'est "la fin de la vie". J'ai ajouté que "papayou" était arrivé à la fin de sa vie et qu'on ne pourrait plus le voir, lui faire des câlins ou des bisous. J'ai dit aussi qu'on avait le droit d'être triste de ne plus le voir et qu'on pouvait pleurer. L'un d'eux m'a répondu que si je pleurais alors il me ferait des câlins. L'autre a demandé ce qu'il allait devenir puisque sa vie était finie. J'ai été prise un peu de court... c'est son frère qui lui a répondu qu'il allait devenir un ange. Le premier lui a alors dit "mais comment il va faire pour voler dans le brouillard du matin?" ce à quoi son frère à dit que peut-être il deviendrait une étoile, comme ça, il pourrait briller la nuit et il ne serait plus question de voler dans le brouillard.
Et ils s'en sont tenus là.
Le jour des obsèques, ils ne sont pas venus avec nous. Ils ne sont pas encore venus au cimetière.
Récemment, c'était l'anniversaire de mon beau-père. Nous avions choisi une lanterne volante en forme de cœur rouge. Les garçons étaient heureux d'envoyer une bougie géante à leur papy. Ils ont été émerveillés de voir que le cœur montait si haut dans le ciel, qu'il brillait et allait rejoindre les étoiles. L'un d'eux nous a dit "il doit être content d'avoir reçu tout notre amour".
Cela ne fait que quelques mois....l'absence semble plus difficile pour nous que pour eux. Ce n'est pas du tout "tabou" d'en parler et ils parlent leur grand-père assez souvent, plusieurs fois par semaine. Je ne ressens pas de tristesse de leur part, ils évoquent souvent des souvenirs de bons moments que nous avons partagé. Souvenirs ancrés mais aussi souvenir construits étant donné leur jeune âge.
Voilà pour notre petite expérience...et pour tout dire, je suis épatée de voir que mes garçons élaborent si bien et parviennent, à leur manière, à intellectualiser la mort de leur papy.
Je vous souhaite à toutes/tous beaucoup de courage pour traverser votre épreuve et trouver les mots que vos enfants trouveront justes. La mort est bien difficile à expliquer...nous avons fait le choix de dire "fin de vie" parce que cela nous paraissait plus concret vu leur âge (ils savent que qque chose peut commencer et finir). C'était une façon de faire parmi d'autres.
Plein de bisous :-* :-* :-* :-*
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