Hello les filles,
Ca fait un bail que je ne suis pas venue… Ca faisait parti de mon « deuil » je pense, du rite de passage de la choquée à l’ex-choquée…
Donc non, contrairement aux rumeurs (Edeltraut
), je ne fais pas parti de celles qui sont passées par la case IVG parce qu’elles étaient trop choquées… Même si bien-sûr que l’idée m’a traversé l’esprit… enfin traversé… l’idée m’est restée coincée en travers de la tête pendant de longs jours… Celle là et celle de la réduction, de l’abandon, de l’espoir de la fausse couche, de la découverte d’une trisomie, du cauchemar dont j'allais me réveiller, bref, des choses horribles.
Aujourd’hui… finalement les choses ont été assez vite, je suis tombée très bas puis j’ai remonté vigoureusement la pente… Comment ? Comme on fait un deuil je pense, d’une personne, d’un membre de son corps (eh oui…) : on fini par faire face à la tristesse, et on apprend à vivre avec cette nouvelle donnée. Bien entendu la tristesse n’était pas aussi forte que pour un deuil ou l’arrivée d’un handicap, mais il y a là vraiment quelque chose de semblable : le passage du refus à l’acceptation d’une information qui changera pour toujours notre vie. Quant au « quand »… le vrai choc a eu lieu lors d’une écho aux alentours de 9 semaines de grossesse… ils avaient déjà têtes et bras et jambes… ca m’a fait un choc… ils étaient là, ils étaient beaux (oui oui !), et désormais, ils étaient ma vie…
Aujourd’hui si j’en perdais un… ou les deux, je serais la plus malheureuse du monde. Je me marre et/ou j’essaye de prendre de la distance par rapport aux réactions et RALC des gens, parce que si je devais m’effondrer à chaque fois qu’une personne me répond « oh mon dieu, des jumeaux… ohlala… comment vous allez faire… Bon courage ! », je serais depuis longtemps au 36ème dessous…
Je refuse les lectures consacrées aux jumeaux, les bouquins, j’évite les sites, les avis de famille « mono-enfant », je n’écoute que les mères de jumeaux, et ça me va bien comme ça. J’ai hâte de les avoir, pour les connaître, les voir grandir, mettre en pratique les conseils que l’on m’a donné… Je prends la grossesse comme une période de latence un peu inquiétante finalement. Dans mon entourage, des couples viennent d’avoir un bébé… l’un des petits a un handicap visible… l’autre est très difficile et ses parents sont en mode survie depuis 2 mois sans dormir… Ca me fait relativiser… je sais que c’est terriblement dur pour eux, même avec un seul alors, un de plus, un de moins…
J’ai conscience que ma vie va changer du tout au tout… mais elle aurait aussi changé avec un seul enfant ! J’essaye de me faire confiance, j’admet qu’il y aura sans doute des moments ou je pleurerais toutes les larmes de mon corps en me disant « mon dieu pourquoi n’ai-je pas avorté », mais les épreuves du passé m’ont prouvé qu’on était bien souvent toutes dotées d’une force que l’on ne se soupçonnait pas avoir.
Voilà mon chemin... je suis la preuve vivante que l'on peut passer de l'envie d'IVG, de meurtre et de congélateur à l'acceptation et la hâte de voir arriver des jumeaux...