Merci P'tite Lilli pour le up
Pas été très efficace cet après-midi au travail...
J'ai lu attentivement tout le fil. Tous vos témoignages m'ont beaucoup touché, je me suis retrouvée dans certains...
Mes enfants ont été confrontés à la mort très (trop) tôt : mon Papa est mort alors qu'ils n'avaient pas 2 ans.
Dès le départ, on leur a expliqué que leur Papy était mort, qu'ils ne le reverraient plus, que Maman allait devoir partir quelques jours (je suis sur Lyon, les obsèques dans la région toulousaine) mais que j'allais revenir très vite. Ils ont vu que j'avais beaucoup de peine : j'adorais mon père et il m'était impossible de ne pas pleurer.
Dès mon retour, j'ai attendu de voir comment ils réagissaient : rien.
Puis, j'ai été surprise de m'apercevoir qu'ils ne reconnaissaient plus leur grand-père sur les photos (ils reconnaissaient ma grand-mère alors qu'ils ne l'avaient pas vue depuis plus longtemps) : je pense qu'ils se sont dit que puisqu'ils ne le reverraient plus, ce n'était "pas la peine" qu'ils se rappellent de lui. Régulièrement, ils nous demandaient qui était le monsieur sur la photo...
J'ai eu beaucoup de mal à entamer mon travail de deuil (je ne suis d'ailleurs toujours pas très avancée sur ce sujet...
, ça ne fait pas 6 mois que je peux penser à mon père sans fondre en larmes immédiatement). Mes Affreux l'ont ressenti et me l'ont un peu fait payer : "pas maman" était devenu un véritable cri de guerre, pour changer les couches, faire manger, donner les bains (bizzare, ça ça ne me gènait pas
), mais aussi pour les calins, lire les livres, les jeux (et ça c'est dur dur...
).
Tout ça a duré un peu plus d'1 an. Puis ont commencé les interrogations sur la mort, de façon irrégulière, je dirai presque superficielle. Puis plus rien. Je savais que ça allait revenir, alors je leur ai acheté un petit livre de Dolto sur le sujet. Ils l'ont lu 1 fois avec moi et l'ont "oublié".
Depuis quelques mois, le sujet de la mort est revenu, beaucoup plus régulièrement et plus particulièrement de la part de Louise : où on va quand on est mort ? (mes BP leur ont dit que leur Papy était avec les anges... j'ai un peu de mal avec ça...) Est-ce qu'on souffre (nombreuses référence à mon mal de dos récurent
) ? est-ce qu'on meurs quand on est vieux ? Qu'est-ce qu'on fait des morts ?...
J'ai essayé de leur expliquer qu'on ne savait pas ce qu'il y avait après la mort, qu'on pouvait croire des choses différentes (vie après la mort, le néant
, la réincarnation...
Que quand on meurt, on nous met dans une boîte et on est soit brûlé soit enterré dans un cimetière.
Puis sont venues les questions plus personnalisées : est-ce que tu vas mourir Maman ? Et moi aussi je vais mourir ?
J'ai parlé des fleurs qui poussent, ont des boutons puis deviennent des fleurs et meurent (la nature faisait partie de leur projet pédagogique à l'école
). Oui Maman mourra un jour, et toi aussi, mais j'espère que ce sera le plus tard possible et que je serais très vieille et que je pourrais voir tes enfants. Et pour toi aussi j'espère que tu seras très très vieille.
Mais je leur ai aussi expliqué que parfois il pouvait y avoir des accidents et qu'il n'y avait pas que les personnes âgées qui mouraient (c'est sûrement là que j'ai "merdoyé"...
), même si c'était une grande majorité des cas.
En ce moment, le questionnement est quasi quotidien de la part de Louise, au moment du calin du coucher, mais je ne ressens pas de crainte de sa part, c'est comme si c'était une question qu'elle a compris importante, mais pas angoissante ou traumatisante.
Dans les jeux de rôles de mes enfants, le mot mort revient très souvent, mais sans côté dramatique (même si la tristesse est reproduite dans la voix), et surtout définitif (le mort fini toujours par revenir).
Mes BP leur ont parlé du Jugement Dernier, et cet été chez ma mère, ça a été un peu lourd (déjà que nos relations sont pour le moins tendues...
) : dès qu'on sonnait chez elle, ils s'écriaient "c'est Papy qui revient". Je leur ai expliqué que ce n'était pas possible, que Papy ne reviendrait jamais, je crois qu'ils ne l'ont pas compris. Ils ont associé leur Papy à leur Mamie (ils ne nous font pas du tout la même chose chez nous ou chez mes BP), donc c'est forcément dans SA maison qu'il va revenir.
Je m'aperçois que je vous ai fait un véritable roman-fleuve : je vais m'arrêter là pour aujourd'hui