Merci, vraiment. Je suis tellement désolée pour vos anges, quelque soit les circonstances de leur disparition, ce sont des drames absolument terribles qui gâchent notre vie à jamais

Je me sens nulle avec mes autres enfants, enfin mes deux aînés. Je manque cruellement de patience, je n'ai plus envie de jouer avec eux. Je trouve ça difficile d'avoir une maman comme ça, alors qu'avant, j'étais le contraire. Je ne vois pas le bout du chemin.

Ma petite va bien oui, mais elle est fragile, elle a déjà eu plusieurs bronchiolites, dont la première quelques semaines après la mort de son frère, qui lui a valu 10 jours à l'hôpital, je ne l'ai pas quittée, même en réa et aux soins intensifs. La première nuit à l'hopital fut un véritable cauchemar. Elle a fait un malaise pendant la nuit, à cause d'une poussée de fièvre. Le scope s'est affolé, ses yeux partaient dans tous les sens, elle n'arrivait pas à me fixer, personne ne venait, j'ai sonné les infirmières, mais toujours personne. Le bureau était vide, le couloir aussi... j'ai attendu bien 10 minutes que quelqu'un vienne. J'ai eu tellement peur, je me voyais la perdre elle aussi. C'est suite à ça qu'elle a été transférée en réagir, et branchée de partout, oxygène, perf, scope...
Je gardais en mémoire la fille d'une amie, qui était restée entre la vie et la mort plusieurs jours pour une bronchiolite.

tous tes sentiments sont normaux!
je ne peux pas m’empêcher d'avoir une pointe de jalousie quand j'entends des mamans se plaindre de leurs enfants parce qu'elles sont fatiguées par exemple... qu'est ce que je donnerai pour être sur les rotules moi aussi et pas fatiguée nerveusement par la peine et le chagrin!
je ne peux pas non plus m’empêcher d'avoir une pointe au cœur quand je vois des jumeaux... c'était naturel pour nous donc très peu de chances que ça arrive une seconde fois... et c'est dur....(même si pour moi le plus important maintenant c'est un bébé en bonne santé avec nous!)
et les "pourquoi nous?" sans réponses.... je me pose la question tous les jours!

Pour la réa , c'est quelques chose d'horrible... j'en garde un souvenir horrible...c'est froid , stressant , toutes ces machines...
j'espère ne plus jamais y remettre les pieds

Oui tout ça est complètement normal. Et moi aussi, moi qui étais pourtant si tolérante, j'ai maintenant beaucoup de mal à entendre des gens se plaindre...Le pire c'était aux urgences, la veille de l'accouchement quand on m'a dit qu'on me gardait hospi avec alitement et tout pour tenir, et qu'à côté une nana disait qu'elle commençait le 8ème mois mais qu'elle en avait marre mais marre et qu'elle voulais qu'on lui sorte son gamin du bide. Je crois que j'avais jamais serré mes poings si fort.

Oui pour l'entourage tout ce raz de marée de sentiments et d'émotions peut être difficile mais c'est tout à fait normal. Comment peut il en être autrement....

En fait je disais que je n'oserai comparer ma peine à la tienne parce que il y a des filles qui ont fait des fausses couches et qui m'ont dit "j'ai fais une fausse couche, je comprends ce que tu ressens". Et ca m'a mise hors de moi... Je ne dénigre pas du tout la douleur qu'une fausse couche peut provoquée, je serai anéantie si ca m'arrivait là bien sûr, mais je trouve quand même que c'est bien différent comme épreuve. Alors je me disais qu'une maman qui avait ramené son petit bout chez elle, c'était quand même encore autre chose. Mais bien sûr, je ne disais pas ça dans le but de faire "un concours" pour savoir qui est la plus malheureuse. On l'est toutes, ca c'est sûr.

Bref Comment vas tu aujourd'hui ?

Je t'embrasse

Mon dieu mais ce que les gens sont cruels, j'en reviens pas qu'on puisse dire des choses comme ça...
Moi une vieille dame qui avait perdu son fils de 8 ans m'a dit "a 8 ans c'est pire car a un mois, on n'a pas encore appris a les connaitre. Moi quand mes enfants sont nés, je les ai regardés sans vraiment les aimer".
Je l'ai remise à sa place, en lui disant que moi j'aimais chacun de mes enfant même bien avant leur naissance, dès que j'ai su qu'ils étaient là). Elle a pris une autre maman à témoin, qui lui a dit la même chose que moi.

Dans un registre moins grave, en PMA j'aurais tout donné pour être enceinte, et j'avais des copines qui l'étaient sans difficulté, et qui se plaignaient sans arrêt, c'était insupportable...

Aujourd'hui, ça ne va pas mieux que les autres jours. On se rapproche de la date d'anniversaire de mes amours. C'est début octobre. Je vais être à ramasser à la petite cuillère ce jour-là...

Merci Nanou.
Mon mari ne comprend pas que je sois malheureuse je crois. On dirait qu'il pense que j'en fais trop, je ne sais pas, et pourtant je ne me confie pas à lui
Hier soir, j'ai répondu à une de ces questions par un "c'est parc que je suis malheureuse". Sa réponse : "oh Ben écoute hein... Bouuuuuuh".
Il manquait plus que "tu me fais chier, ça aurait été le pompon...

Je crois que je vais prendre rendez-vous avec une dame que ma sage-femme m'a conseillée pour discuter...

Merci de cette info, maintenant que tu le dis, il me semble avoir reçu un courrier à ce sujet mais je pensais que c'était juste une aide pour les funérailles, je ne savais pas que c'était aussi pour discuter.

Il y avait la psychologue de l'hôpital aussi. À l'époque, je n'avais pas trop accroché, car autant elle avait été bien tout de suite après le décès de mon fils, autant quand je l'ai revue 15 jours après, je me suis sentie jugée sur le comportement que j'avais avec ma fille (ne pas la poser, ne pas la lâcher, même la nuit). D'une part ma fille n'avait qu'un mois et demi mais ça faisait seulement 15 jours que mon fils n'était plus là, donc mon comportement était normal je pense, et je n'avais pas envie d'entendre des conseils sur ma façon de faire. Au final nous n'avions pas parlé du deuil lui-même.

Bof comme d'habitude, je rumine, j'ai encore eu des insomnies... Je pense à ma reprise bientôt et au fait que je ne suis pas prête à ça.

Je te remercie de ton soutien. J'ai vraiment pas le moral. Mon mari ne comprend pas que je ne suis pas du tout en état de reprendre le travail. Je lui ai dit que j'allais demander un arrêt de travail, je voudrais qu'il réalise que c'est sérieux.

Je crois que notre couple ne se relèvera pas de cette épreuve.
Perdre son enfant brise une vie.

Parfois je rêve que j'accouche d'autres jumeaux et je ressens l'apaisement. Mais j'ai peur que ça reste un très beau rêve.