un autre article (toujours pas de précision sur la question mais le texte donne bien à penser que de toutes façons, le lait maternel est le mieux adapté à nos bébés
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FEUILLET 13 DE LA LECHE LEAGUE FRANCE
Allaiter un bébé prématuré
Lorsqu'on demande à de futures mères si elles pensent allaiter leur bébé, certaines répondent ? oui ? sans aucune hésitation, d'autres ajoutent : ? surtout s'il est petit ?. Pourtant, peu de prématurés sont réellement allaités en arrivant enfin à la maison, car la route est jalonnée de multiples obstacles qu'information et soutien pourraient aider à surmonter.
Le moment et le lieu de l'accouchement
On dit du bébé qu'il est prématuré s'il naît à moins de 37 semaines d'âge gestationnel. La situation sera bien différente si la mère accouche à 36 semaines d'un nouveau-né de 2400 g en bonne santé qui reste auprès d'elle, ou si le bébé, né à 28 semaines, est hospitalisé à plusieurs kilomètres.
Les sentiments des parents
Ils varient selon les circonstances et sont d'autant plus intenses que le bébé est petit. Parfois, la mère est terriblement choquée de sa grossesse écourtée, de ce bébé si petit, si différent du bébé rêvé que son imaginaire avait construit. Se rendre compte que la grossesse est terminée est parfois difficile, surtout si la mère était endormie au moment de la naissance et que le bébé a été éloigné. Une phase de sidération, de désorientation (pendant laquelle la mère se repère difficilement dans le temps) est possible. D'autres sentiments et sensations assaillent les parents : peur, inquiétude, anxiété, colère, déni, découragement, culpabilité, tristesse... Les deux parents peuvent vivre les événements de façon différente. Et même si leurs sentiments sont semblables, ils sont souvent vécus à contretemps par l'un et l'autre, d'où une difficulté de parler et de communiquer.
Au milieu de cette période si tourmentée et difficile, l'allaitement maternel peut tout à coup paraître bien peu important à certaines mères. Elles ont, plus ou moins consciemment, si peur de s'attacher à ce bébé qui pourrait mourir, la situation est émotionnellement si douloureuse, qu'elles craignent d'être vulnérabilisées par ce don d'elles-mêmes à leur bébé. D'autres mères sont impressionnées par l'aspect technologique de la situation et se sentent démunies, inutiles. Elles ont l'impression que les professionnels entourant leur bébé, occupés à régler les machines, vérifier les examens sanguins, ajuster le contenu des perfusions, sont seuls capables de faire quelque chose à ce moment-là.
A l'inverse, nombreuses sont les mères qui avaient ou non prévu d'allaiter et qui, en donnant leur lait puis en allaitant, se sont senties plus proches de ce petit enfant.
Les avantages du lait maternel pour le prématuré
Sait-on assez que le lait maternel présente de nombreux avantages pour l?enfant né avant terme ?
? le lait maternel est plus facile à digérer et mieux toléré, car les protéines du lait humain sont complètement fractionnées et absorbées par le système digestif du bébé, contrairement aux protéines des préparations spécialisées ;
? le lait maternel contient une enzyme, la lipase, qui facilite la digestion des graisses, importante source d'énergie pour un enfant prématuré qui doit grandir et grossir. Il contient des graisses complexes qui entrent dans la composition des membranes des cellules du cerveau et qui contribuent à une meilleure vision chez le prématuré ;
? le lait maternel contient des moyens de défense contre les infections. Le système immunitaire du prématuré est immature et les anticorps et substances contenus dans le lait lui apportent une protection contre des infections bactériennes potentiellement graves ;
? des recherches récentes montrent que le lait humain contient de nombreuses hormones et enzymes dont des facteurs de croissance. Les chercheurs suggèrent que ces éléments sont importants pour la maturation des systèmes digestif et nerveux du bébé. Par ailleurs, certains travaux laissent à penser que le développement du système immunitaire lui-même serait favorisé par l'allaitement maternel ;
? le lait maternel contribue à une plus grande intelligence et à l?amélioration du développement moteur plus tard dans la vie. Dans l?étude de Lucas (1992), les prématurés qui avaient reçu du lait maternel avaient, à l'âge de 7 1/2 - 8 ans, un quotient intellectuel supérieur de 8,3 points par rapport à ceux qui n'avaient pas reçu de lait maternel.
Le lien mère-enfant-père
Julie nous dit : ? Il y a six ans, j'ai accouché à 2 heures du matin de mon premier bébé, un beau mais petit garçon de 1600 g. Pas question de le garder à la maternité, il devait partir à l'autre bout de la ville, en service de néonatalogie.
Malgré ces débuts difficiles, j'ai pu l'allaiter presqu'un an. J'ai le sentiment d'avoir été beaucoup aidée par le contact corporel avec lui avant son transfert en ambulance. Pour moi, il a été très important de voir, et plus encore de toucher, caresser, avoir mon bébé sur moi, ne serait-ce que quelques minutes. ?
Même si l?enfant est de petit poids, cela peut faire toute la différence pour l'établissement du lien mère-enfant et la mise en route de la lactation.
? Samuel a tété avant de partir. Il a quand même pu recevoir un peu de ce précieux colostrum, concentré d'anticorps, et ne pas s'en aller à jeun ! Ce contact corporel m'a permis de réaliser que nous avions vraiment un enfant, et m'a motivée à poursuivre l'allaitement. ?
Même si l'enfant, trop petit, ne peut pas téter, il semble primordial, sauf en cas d'urgence vitale, de favoriser cet instant de contact peau à peau, temps d'une photo polaroïd par l'équipe médicale pour que chacun, mère, père et enfant, se ? reconnaisse ?.
Dans de rares centres, la mère et son bébé peuvent rester ensemble dans des chambres spécialement aménagées. Moins rarement, il existe une unité mère-enfant couplée avec un centre de néonatalogie. La mère est alors séparée de son bébé par quelques étages, ou hospitalisée dans un bâtiment différent du sien. Dans la maternité où a accouché Julie, une ambulance conduisait les mamans dont l'enfant était hospitalisé pour qu'elles passent l'après-midi à ses côtés. Julie a la certitude que ces visites précoces, quotidiennes, voire biquotidiennes, ont été très importantes pour Samuel et elle. Si la maternité n'a pas de système d'ambulance pour conduire les mères voir leur enfant, il est toujours possible de demander à l'obstétricien une permission de quelques heures pour se rendre en voiture particulière au centre des prématurés. En ayant prévenu à l'avance le personnel de cette visite, et en ayant demandé les heures des repas du bébé, la mère pourra éventuellement mettre son bébé au sein, sinon elle pourra lui parler, le caresser, lui faire un câlin ou mieux du peau à peau.
Bien souvent, le père l'aura devancée, surtout si la naissance s'est compliquée d'une césarienne ou si la mère a besoin de soins qui l'empêchent de se rendre au centre des prématurés. La plupart du temps toutefois, il est possible de trouver un arrangement car, à l'heure actuelle, la majorité des centres de prématurés ouvrent leurs portes aux parents pratiquement 24 heures sur 24, afin de minimiser les effets de la séparation. Cela est particulièrement utile quand le couple a d'autres enfants à la maison et que les parents doivent se relayer pour rendre visite à leur dernier-né.
Les parents seront informés des précautions d'hygiène à prendre pendant les visites (mains lavées, port d'une blouse spéciale). Au début, ces entrées dans les services perturbent un peu l'organisation habituelle mais, à long terme, elles ont des bénéfices inestimables. Et l'on est maintenant bien conscient qu'en général, ce ne sont pas les germes portés par les parents qui sont à redouter, mais les microbes hospitaliers.
Au-delà du lait, l'allaitement
L?allaitement rapproche la mère et l'enfant. Même si au début, le bébé le reçoit par une sonde de gavage, donner son lait peut permettre à la mère de se sentir comme ? reliée ? à lui. Une fois que le bébé peut être allaité, beaucoup de mères expliquent que ce ? lien du lait ? les a aidées à combler le temps de la séparation.
Le bébé de plus de 1500 g en bonne santé
C'est souvent un bébé né à plus de 30 à 32 semaines de gestation et il y a de fortes chances pour qu'il puisse prendre le sein efficacement, même si certains de ces bébés, parmi les plus petits, ont une succion faible.
Julie nous dit : ? Ce qui m'a aussi beaucoup aidé, c'est d'avoir pu faire téter mon bébé alors qu'il était hospitalisé. Chaque jour je pouvais donner une tétée sur place. Ensuite, avec le tire-lait électrique que j'apportais (car le service n'en avait pas), j'arrivais à tirer suffisamment de lait pour assurer le repas suivant. ?
Tirer son lait : où, quand, comment ?
Certaines mères se sentent au départ vraiment mal à l'aise d'avoir à utiliser un tire-lait. Il leur faut faire un réel effort pour visualiser que ce lait qu'elles tirent est pour leur bébé. D'autres, qui restent à la maternité, disent quand elles sont loin de leur bébé : ? C'est la seule chose que je puisse faire pour lui ?.
Les seins se sont préparés pour l'allaitement dès les premiers jours de la grossesse et, quel que soit le terme, ils sont prêts à produire du lait dès la naissance du bébé. Si le bébé n'est pas capable de prendre le sein, la mère a besoin de tirer son lait pour stimuler la lactation. Si l'on se sent suffisamment bien, le plus tôt est le mieux. Ainsi, il peut très vite être donné au bébé.
Le moyen le plus efficace et le plus commode de tirer son lait sur une longue période, est le tire-lait électrique. De nouveaux modèles de tire-lait électriques existent sur le marché, mieux adaptés, plus efficaces, moins bruyants, qui permettent de tirer les deux seins en même temps, ce qui augmente le taux de prolactine (l'hormone responsable de la fabrication du lait) et diminue de moitié le temps passé à tirer le lait.
Dans l'idéal, la mère devrait tirer son lait toutes les deux ou trois heures. Une étude a montré que les mères avaient besoin de tirer un minimum de cinq fois par 24 heures, pour une durée totale de 100 mn, pour entretenir la lactation en l'absence de succion du bébé. Tirer fréquemment est plus efficace que tirer longtemps à intervalles espacés. Par ailleurs, tirer au moins 10 mn à chaque sein, permet d'obtenir un lait plus calorique car plus riche en graisses.
Au début, c'est du goutte à goutte et, en cas de tire-lait simple pompage, il ne faut pas hésiter à passer d'un sein à l'autre, et à tirer chaque sein deux ou trois fois. Faire un massage prolongé des seins auparavant, aidera le lait à couler. Ecouter de la musique relaxante, penser à son bébé, regarder une photo, une cassette vidéo prise à l'hôpital, sentir, toucher une petite chemise qui porte son odeur, permet d'augmenter la quantité recueillie.
Certaines mamans préféreront l'expression manuelle - qui demande un temps d'apprentissage - ou un tire-lait manuel. Quelle que soit la méthode employée, il est important de bien se laver les mains avant de tirer, et d'utiliser un récipient stérile. Le lait sera réfrigéré et rapidement porté au bébé, en prenant soin de ne pas rompre la chaîne du froid.
Rien ne vaut pour un prématuré le lait cru de sa propre mère, c?est à dire non chauffé pour être pasteurisé. En effet, ce procédé détruit une partie des cellules vivantes qui sont destinées à protéger le bébé. Si les tests sérologiques chez la mère ont été effectués depuis moins de trois mois (recherche HIV, hépatite B et C, HTLV pour les mères à risque), si les conditions d?hygiène sont respectées, si le lait a été recueilli depuis moins de douze heures, il peut être donné directement à l?enfant, sans contrôle bactériologique ni pasteurisation préalable (Circulaire DGS/SP2 n° 698 du 13.11.1996).
Le 1 er choix pour un enfant hospitalisé devrait toujours être le lait de sa mère. Il ne devrait recevoir du lait de donneuses, pasteurisé, que si sa mère ne peut absolument pas fournir de lait maternel.
Julie considère qu'elle a eu de la chance car, dès 7 heures, le matin de la naissance de son bébé, on lui a apporté un tire-lait. Elle a pu ainsi avoir une production qui couvrait la totalité des besoins de son bébé (entre 60 et 160 ml par jour les premiers jours). Toutefois, pour certaines femmes, il y a des jours où le lait coule moins : parce que le bébé ne va pas bien, parce que le temps de séparation semble long... Dans ces moments-là, le soutien de quelqu'un qui ? y croit ? (mari, professionnel de santé, animatrice LLL) aidera à passer cette phase de découragement.
De nombreux prématurés grossissent et grandissent très bien simplement avec le lait de leur propre mère. Des examens sanguins et urinaires de routine diront si le bébé a besoin d'un supplément de vitamines, de sels minéraux, de protéines. Ceci est particulièrement valable pour des enfants pesant moins de 1500 g.
Donner le lait : comment ?
Certains enfants, après avoir bu au biberon, ne savent plus comment prendre le sein. Ils développent une confusion entre le sein et la tétine qui peut compromettre l'allaitement. C'est pourquoi, dans certains centres, quand la mère désire allaiter, le personnel continue soit de nourrir l'enfant par sonde pendant la période d'apprentissage de l'allaitement soit, après la tétée au sein, de donner aux bébés un complément alimentaire à la tasse ou à la seringue à médicament.
Si la mère est sur place, il est possible de donner le complément pendant la tétée même, grâce au Dispositif Auxiliaire de Lactation (DAL) : un flacon en plastique spécial contenant le lait tiré (ou un complément si la mère n'a pu tirer assez de lait) est suspendu au cou de la mère. Les deux fins tuyaux qui en sortent ont leurs extrémités fixées sur les mamelons avec du ruban adhésif. L'enfant tète en même temps le sein et le tuyau. Le risque de confusion sein-tétine est évité et le bébé stimule la sécrétion lactée de sa mère tout en recevant son lait au sein et le complément contenu dans le flacon.
Les prématurés de 1500 g ou moins
Au sujet de ces bébés, qui sont souvent nés à moins de 35 semaines de gestation, beaucoup de mythes perdurent et empêchent l'allaitement. Des études de plus en plus nombreuses viennent bousculer les vieilles notions. Elles ont montré que :
? l'allaitement est moins stressant pour le prématuré que la prise du biberon. Des bébés prématurés pesant environ 1300 g ont été observés individuellement lors de leurs tétées au biberon et au sein. Ainsi, chaque bébé devenait son propre contrôle. Les signes de stress physique étaient mesurés en vérifiant la température du corps et la pression d'oxygène transcutanée. La température du corps des bébés augmentait légèrement pendant l'allaitement, ce qui évitait qu'ils ne se refroidissent, et la pression transcutanée d'oxygène restait à des niveaux élevés. En revanche, pendant la prise du biberon, la température et la pression d'oxygène baissaient ;
? les bébés ont une meilleure maîtrise de la succion/déglutition au sein qu'au biberon. Les études confirment maintenant que certains bébés de 1200 g ont la possibilité de téter le sein efficacement dès 32 semaines de gestation, bien avant d'être capables de supporter les tétines des biberons qui génèrent chez eux hypoxie (baisse de l'oxygène) et bradycardie (ralentissement du c?ur) ;
? la quantité de lait bue pendant les tétées peut être déterminée avec précision si l'on se sert d'une balance électronique.
Les premières tétées
L?allaitement d?un prématuré commence par de longs moments de peau à peau et progressivement l?enfant va s?intéresser au sein.
Déjà, pendant la phase où le bébé est nourri avec une sonde de gavage, il est possible de le mettre au sein, quitte à avoir tiré le plus possible juste avant, afin d'éviter une fausse route. Des travaux ont en effet montré que la tétée pendant le gavage augmente l'amplitude gastrique et la prise de poids.
De même que tirer son lait au jour le jour, pour démarrer et entretenir sa lactation, n'est pas toujours facile et demande soutien et encouragement, de même les premières tétées sont un temps d'apprentissage pour la mère et le bébé. Bien connaître le B A Ba de l'allaitement facilite cette mise en route (positions les plus favorables pour que le petit prématuré prenne bien le sein ? ? ballon de rugby ?, par exemple - réflexe d'éjection du lait, composition plus calorique du lait en fin de tétée, etc.). Les mamans de prématurés sont accueillies avec beaucoup de chaleur dans les groupes de soutien à l'allaitement.
Les premières tétées demandent du temps et de la patience. De l'intimité, l'aide d'une personne expérimentée et une attente réaliste de ce que peut faire le bébé, aideront tout le monde à être plus détendu. Le bébé doit apprendre à ouvrir grand la bouche comme s'il baillait, avec la langue en bas et à plat. Il faut souvent l'aider ou lui tenir la tête.
Certains petits prématurés ont besoin de beaucoup de temps pour téter correctement au sein. Les tétées sont entrecoupées de nombreuses pauses. Il est préférable de ne pas limiter arbitrairement leur durée, mais plutôt d'observer chaque bébé individuellement. La maman arrivera vite à reconnaître les signes de fatigue ou de stress.
Dès que le bébé tète un peu mieux, la mère peut être tentée d'abandonner le tire-lait. Il est toutefois prudent de vérifier que le bébé tète suffisamment efficacement au cours des 24h pour pouvoir se nourrir entièrement au sein.
La sortie de la maternité
Tout en étant heureux, les parents peuvent appréhender ce moment. S'occuper de plus en plus de son bébé augmentera la confiance en elle de la mère. Apprendre à reconnaître les signes montrant qu'il a bien tété, l'aidera à être plus rassurée à la maison. Encore plus qu'avec un autre bébé, il sera bon qu'elle reçoive de l'aide pour le ménage, la cuisine, les soins aux autres enfants. Elle devrait pouvoir se consacrer à son bébé pendant quelques semaines, et veiller à bien manger et dormir pendant le sommeil de son bébé.
Bien que certains prématurés aient besoin souvent et pendant longtemps d'encouragement pour se nourrir au sein, de nombreuses mères trouvent quelles sont capables de bien allaiter rapidement après le retour du bébé à la maison. S'il n'est pas entièrement allaité ou si sa succion est faible, la mère continuera à tirer son lait.
Cela peut durer quelques semaines. Cependant, la mère doit garder à l'esprit que c'est temporaire et que plus les bébés, prématurés ou non, tètent souvent et efficacement, plus leur mère aura du lait.
Marie Courdent en collaboration avec Laure Marchand-Lucas
source pour les 3 textes ci dessus :
http://www.lllfrance.org/allaitement-information/premature.htm#Biz