Le problème, ce sont toutes les commissions trucmuche ou machinchouette et les enquêtes hyper-internationales-qui-te-classent-la-France-en-position-super-méga-nulle qui sont aussi en cause.
Tout tourne autour de ces fichus classements. Du coup, chaque nouveau "top 10" qui sort amène les ministres de l'E.N à pondre une Xième réforme, toujours la meilleur qu'on puisse voir pour en foutre plein la vue et faire croire que d'un coup de baguette magique tous les problèmes seront réglés.
Ces dernières années, il y a eu des nouveaux programmes, des nouveaux-nouveaux programmes (...) qui ont fait beaucoup de mal.
Je trouve qu'on se disperse beaucoup trop. On met la pression sur les écoles pour monter une multitude de projets. L'école est devenue un immense laboratoire où on teste tout et n'importe quoi. L'enseignement est en train de devenir accessoire. Il faut que ça brille, on veut du clinquant; par contre, pour ce qui est de l'efficace...
17 ans que j'enseigne et les changements je les ai vus et je les vois encore.
Il fut un temps où on avait le temps de faire français-maths-histoire-géo et le reste sans être dans l'urgence. On faisait des sorties utiles aux apprentissages. Oh, elles le sont toujours mais elles doivent être tape-à-l'oeil pour que ça passe. Il faut de l'extraordinaire... parce que dans l'école bidule ils font ceci et dans l'école machinchose ils font cela.
A la fin de l'année, on faisait une "sortie de fin d'année". On avait le droit de faire une sortie "pour le plaisir", parce qu'on avait bien bossé tous ensemble, parce que c'était presque le moment de se quitter. Le projet pédagogique de la sortie ? On s'en foutait, y en avait pas. On passait juste un bon moment avec nos élèves.
Maintenant, ça, ça a disparu. Tout, jusqu'à la dernière seconde doit être carré pédagogiquement. On n'a plus le temps de prendre le temps. On est perpétuellement dans l'urgence. Finir les programmes, finir les programmes, finir les programmes... Et ces fichus programmes sont toujours plus lourds... comme les classes d'ailleurs ! Et les élèves vivent dans une société toujours plus speed... même l'école n'est plus une bulle protégée de la folie des hommes. L'école doit courir elle aussi.
Et moi, là-dedans, je ne m'y retrouve plus. Je suis fatiguée de courir après le temps qui passe. C'est un rythme que je ne supporte plus. Vivre une journée de classe avec toujours un oeil sur la pendule: mon enfer à moi !
Le temps d'apprendre ? C'est quoi ça ?
Et on voudrait me faire croire que c'est ainsi que l'on va combattre les inégalités ? Tous ces gamins qui ont besoin de temps pour apprendre, pour cheminer dans les apprentissages, on ne les sauve pas plus qu'il y a quelques années malgré tous leurs "beaux" programmes, malgré toutes leurs belles enquêtes...
Voilà, c'était ma tribune à moi, mon coup de gueu** contre une E.N que j'ai choisi de rejoindre parce qu'enseignais, ça me plaisait énormément. Aujourd'hui, voyant ce qu'elle est devenue, mon choix serait sans doute différent.