J'ai pris le temps de lire tous vos messages, je me sens bien petite à coté de vos épreuves.
vous êtes vraiment courageuses, bravo pour avoir réussi à traverser ces épreuves mais également d'avoir réussi à en parler, chose qui n'est pas toujours évidente. On a toutes plus ou moins vécue des situations bien rudes, et je vois que l'on peut toujours compter sur vous pour s'entraider.
Je me décide à poser également ma valise.
J'ai fais mes études jusqu'à l'âge de 19 ans (BTS) à la fin de mes études j'ai ressentie de vives douleurs à l'épaule droite, j'ai consulté un médecin qui m'a fait une infiltration mais sans plus d'explication. A cette époque un nouveau chirurgien Orthopédique débarque à Nouméa, tout le monde en parle comme un Dieu, le chéri avec qui j'étais à l'époque me dit d'aller le voir pour un avis, c?est ce que je fais, et là il m?annonce que j?ai une malformation à la clavicule (point où j?avais mal), que mes os se touchent (clavicule et accromion) qu?une simple intervention suffit à remettre tout cela en ordre ?. Et là commence mon cauchemar, il s?en ai suivi 6 autres interventions par la suite ?.. qui ont abouti à une résection des 2/3 de ma clavicule droite et en totalité de ma clavicule gauche ?.. quand il a fallu m?enlever le petit bout de clavicule qui me restait à gauche (qui me perçait la peau et me faisait horriblement souffrir) le médecin m?a dit « t?inquiète pas, c?est une opération aussi banale que l?appendicite, comment ils font les gars des moto cross qui se casse très souvent la clavicule » Hé oui vous lisez bien !!! Que vouliez vous que je dise du haut mes 21 ans ! je n?y connaissait rien et surtout pour moi il était chirurgien et donc forcément savait ce qu?il faisait. Quelques mois après m?avoir quasi tout enlevé, j?ai recommencé à avoir mal même plus mal qu?avant et là je n?ai rien dit à mes parents, à mon chéri et ses parents (qui me soutenaient beaucoup) je pensais qu?ils n?allaient pas me croire et tout le monde semblait content et se disait « ouf ca y est c?est terminé elle ne souffrira plus ». Avec toutes ces opérations je n?ai pas réussi à trouver du boulot, à chaque fois que je commençais à bosser je me faisais opérer et j?étais souvent en arrêt maladie ?. Donc difficile de faire ses preuves comme cela. Bref après ces opérations je commence un nouveau poste et ici (je ne sais pas si c?est identique en France) on doit passer une visite médicale pour voir si on est apte ou pas. Le médecin conseil m?ausculte voit mes opérations, me fait faire des mouvements regarde tout cela de plus près et bien sur je n?ai pas réussi à tricher ?. Il a bien vu que j?avais super mal ! Donc résultat INAPTE et mon dossier et parti chez un autre chirurgien de Nouméa et là tout s?est enchainé (encore une fois), ils ont fait un dossier et m?en envoyé chez vous en France, à Paris plus précisément, à l?hôpital BICHAT, j?ai rencontré le Pr ALNOT, plus inhumain je n?ai jamais rencontré, qui au vu de tout mon dossier m?a clairement dit « je ne peux absolument rien faire pour vous, comment voulez-vous que je rattrape un tel travail » je suis repartie d?où je venais avec la sensation d?avoir pris la baffe de ma vie, en + de cela il m?a fait deux infiltrations dans l?épaule histoire que je sois tranquille quelque temps !
De retour à Nouméa, je suis allée faire un compte rendu à mon médecin conseil, qui lorsqu?il a vu le rapport du Pr était à la fois découragé pour moi mais également révolté, on venait de mettre le doigt sur une erreur médicale ! Il m?a alors conseillé d?aller consulter un avocat, et m?a également conseillé de me faire suivre sur place par d?autres médecins (rhumato + orthopédiste + médecin anti douleur.
Pour ce qui est des médecins, j?ai été beaucoup mieux suivi et je le suis encore, j?ai de la kiné toutes les semaines, des médicaments contre la douleur (que je prends maintenant que lorsque je ne supporte plus la douleur car marre d?être gavée comme une oie par tous ses médocs). Un jour je n?en pouvais plus, je souffrais vraiment depuis pas mal de temps, je suis allée voir mon spécialiste et là il m?a bien fait comprendre que ma situation était DEFINITIVE, que j?allais devoir apprendre à vivre avec cette douleur tout ma vie et surtout que cela n?allait pas s?arranger avec la vieillesse ? et pan 2ème grosse baffe !!!!! j?ai pris du recul et décidée de me battre, je suis donc allée voir un avocat. Après quelques semaines il m?a recontacté et m?a dit ON FONCE, c?est un dossier de fou, ce médecin il ne faut plus le laisser faire. Après 2 ans de bataille j?ai gagné mon procès, il a été rendu par le tribunal que ce chirurgien avait fait des interventions médicalement imparfaites, qu?il n?aurait jamais du enlever mes clavicules, qu?il aurait du faire des exams plus approfondies (jamais de scanner, ni d?IRM sauf quelques radios?), que le souci que j?avais était : une mauvaise masse musculaire d?où l?affaissement des mes clavicules, de la kiné sur un an aurait suffit. Mon affaire a fait jurisprudence.
Aujourd?hui, je vis avec des douleurs de l?épaule bien sur, mais également cervicales, lombaires, neurologique (parfois du petit doigt de main jusque derrière l?oreille, cela me remonte dans le bras), une impossibilité de lever mon bras complètement, et bien sur des difficultés à lever un certains poids.
J?ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi ce chirurgien m?a bousillé 2 épaules en sachant très bien qu?une clavicule ne s?enlève jamais (sauf si cancer), je me demande si je n?ai pas servi de cobaye, a-t-il voulu faire une expérience.
J?ai beaucoup souffert d?avoir été inspectée sous toutes les coutures par une quantité de médecin qui voulait voir cette jeune fille sans clavicule, qui m?ont passé un tas de tests physique, je me sentais comme une créature venue de l?espace.
Aujourd?hui le plus dure est : la douleur physique, chaque jour que Dieu fait elle m?accompagne a des degrés différents. Mais la douleur morale que j?ai, grandi chaque jour, car j?ai de plus en plus de mal à porter mes enfants, ils grandissent, pèsent de + en +, et donc je commence à avoir des difficultés. Quelle déchirure pour moi de savoir qu?il va m?être impossible de les porter ? pour moi c?est le propre d?une maman de serrer ses enfants dans ses bras et ben (sauf assise), je ne pourrais pas le faire. Je dois continuer à vivre avec çà, je n?ai pas le choix, et je dois sans cesse me battre !
Parfois j?ai vraiment mal mes loulous pleurent, et ben je me dis tant pis, je les serrent contre moi et je peux vous garantir que j?en paye les conséquences ? tant pis j?ai mal mais eux retrouvent le sourire, je peux encore le faire un peu.
Pour info : ce chirurgien a quitté le territoire, il est en France, il ne peut plus exercer la chirurgie, il est devenu
.. médecin légiste
. Peut être continue t?il à enlever les clavicules sur ses patients qui eux ne pourront jamais porter plainte
Désolée d?avoir été aussi longue, beaucoup de personnes autour de moi savent ce qui m?est arrivée, mais je n?avais jamais parlé de la suite, de ce que je ressent au fond de moi
Merci d?avoir ouvert ce fil, merci d?avoir pris le temps de me lire et d?avance merci pour votre soutien
Gros bisous à vous toutes.