J'ai lu toutes vos histoires, et malheureusement je n'ai pas le temps de répondre à chaque fois.
Alors je vous le dis à toutes : vous êtes toutes plus courageuses les unes que les autres, vous allez de l'avant avec vos petits, votre famille.
Vous nous donnez, à nous qui n'avons que de petits problèmes quotidiens, de belles leçons de courage.

Bon, je tournicote autour de ce fil depuis des semaines, en me disant que vous allez sûrement pouvoir m'aider. Alors il est temps et je me lance.
Voilà mon histoire.
Nous nous sommes mariés en Aout 2002, j'avais arrêté la pilule en Mai en espérant que ça marche rapidement. A peine avons nous eu le temps d'essayer que le diagnostic a été fait : plus de règles donc plus d'ovulation donc pas de bébé. Nous commencons rapidement les stimulations ovariennes, difficile de gérer un boulot en 2/8 + écho, prise de sang et infirmière. Je me suis mise tous mes collègues à dos car je me débrouillais pour trouver des postes de jour. Bref, des années de galère, aucune stimulation n'a fonctionné. Là, le gygy décide de passer aux FIV, sans passer par la case insémination. C'était sans compter sur des fibromes qui m'ont fait perdre du sang pendant 4 mois non stop, donc curetage. Là on commence le traitement pour une FIV. Ponction super bien passé, replacement nickel et résultat au bout de 10 jours : positif!! C'était en mars 2005. J'ai passé ma 1ère grossesse heureuse, épanouie, comme quelqu'un qui attendait ça depuis presque 3 ans, qui encaissait les grossesses des copines, des belles soeurs, des cousines, et qui pleurait le soir en se disant que ça n'arriverait jamais.
En juin, des saignements apparaissent, vite urgences. Mon gygy est en congé. J'en vois d'autres: rien d'inquiètant, ça peut arriver. Juillet re :  col ouvert à 1, mais écho nickel, pas de contractions donc je rentre chez moi. Et puis le 7 aout, beaucoup de glaire accompagné de sang: on y retourne mais je n'ai pas un bon pressentiment. On est accueillis par un gygy horrible et méchant, qui après m'avoir examiné, nous dit :bon, pas d'espoir, les membranes sont rompus, vous perdez le bébé. Et là, tout s'est écroulé, mes rêves, notre avenir, ma joie, et la vie de mon bébé me filait entre les mains. Je perds les eaux quelques heures après. Là, il revient en me disant  : vous referez d'autres fiv et puis c'est tout!". Le lendemain matin, un autre gynéco passe et me dit " tant qu'il n'est pas sorti on va y croire". Nous reprenons donc espoir, nous nous efforçons d'y croire.
4 jours s'écoulent. Le jeudi 11 aout (lendemain de notre anniversaire de mariage), le gynéco m'examine et me dit " c'est fini je sens son pied".
J'étais seule, ils m'ont laissé, j'avais envie de sauter par la fenêtre. Mon mari arrive, c'est à moi de lui dire que tout était fini. Ils me laissent encore la journée dans ma chambre, et à 16h je dis à mon mari que je ressens des contractions. Ils m'emmènent en salle d'accouchement, péridurale et on attend. On en sait pas ce qu'on doit faire, notre bébé va t'il être enterré, doit on le mener quelque part? bref, tout se bouscule dans notre tête, les sages femmes et infirmières nous disent qu'il ne vaut mieux pas le voir car ce n'est "qu'un foetus, et que pour une prochaine FIV on serait traumatisés", bêtement on les écoute, on pleure, j'ai envie de m'endormir et de ne pas me réveiller. Avec mon mari on décide de l'appeler Camille (juste pour nous 2) car c'est mixte et on aimait beaucoup ce prénom. A 21h, je vois l'aide sage femme qui part avec un drap dans ses mains, je n'ai pas compris de suite qu'elle avait pris mon bébé (je n'avais pas besoin de pousser). On m'endort car le placenta pas mûr ne vient pas, mon mari doit sortir. Je me réveille à minuit, mon mari est là, démonté. Il me dit "ça y est c'est fini". Et là je pleure en demandant à tout le monde où est mon bébé, ce qu'ils vont en faire. Réponse brutale d'une aide soins : il va être incinéré!" Si vous saviez la douleur que j'ai ressenti, je n'avais plus rien , plus de bébé, j'étais là sans rien. Ils m'ont mis quelque chose pour dormir, je me suis réveillée le lendemain, une gentille infirmière m'a dit qu'elle avait pris une photo de mon bébé, et qu'à tous moments je pouvais la demander.
Je suis complètement déconnectée, je ne fais plus rien, mon mari est dans le même état que moi. 1 mois plus tard mon gynéco me reçoit pour nous expliquer ce qui a causé tout ça. Le streptocoque B s'est inflitré et a fait rompre prématurément les membranes, ce qui a déclenché le travail. On aurait pu éviter tout ça lors de ma 1ère hospitalisation en juin. En partant, il nous dit " votre petit garçon pesait 450 grammes". Tout s'est écroulé une nouvelle fois autour de moi, je ne savais pas le sexe de mon bébé, là je me suis dit que j'aurai eu un petit garçon à moi, je l'imaginais dans ma tête. On a eu beaucoup de mal à remonter la pente, et aujourd'hui moi je ne suis pas guérie, je peux encore pleurer tous les jours en pensant à lui.
Les filles sont nées, mais mon petit garçon reste dans ma tête. Le mois dernier, j'en ai parlé à une amie psychologue. Elle m'a dit que le personnel à ce moment là n'a pas été bon. J'aurai dû voir mon bébé, j'aurai dû le serrer dans mes bras. Mon deuil n'est pas fait à cause de ça. J'ai donc récupéré la photo de mon fils. Elle est dans mon sac, mais je n'ose pas la regarder. J'ai très peur. je me demande s'il ressemble à Ambre ou Manon, ou à aucune des 2. je me demande si cela ne va pas être pire. Je ne sais pas quoi faire.
Tout est douloureux, même rien que le fait d'entendre parler de cette loi qui fait rconnaitre les enfants nés sans vie, jaurai tellement aimé pouvoir inscrire mon fils sur mon livret de famille. Là c'est comme s'il n'avait jamais existé alros que je l'ai senti en moi, c'est à vous rendre dingue.
Comment prendre la bonne décision pour cette photo? Aidez moi les filles.
mon récit est long mais je ne pouvais pas faire plus court

ama : je sais pas quoi dire je n'ai jamais connu ce genre d'épreuve si terrible. la seule chose que je pourrais faire c'est te dire que j'aimerais te serrer très fort dans mes bras pour que tu puisses pleurer jusqu'a ce que ça aille mieux. puis t'aider a regarder cette photo. je crois que c un pas important pour toi et ton mari. peut etre devrais tu en parler à ton gynéco pour qu'il te "brief" avant sur ce que tu vas voir. je suis sure que ton fils Camille est magnifique.

Ama, ton histoire m'a fait pleurer, j'ai mal pour toi.  Je n'arrive pas à croire que tu as traité comme ça dans un moment pareil.  Je voudrais pouvoir enlever une partie de ta souffrance qui doit etre énorme.  Tu as eu d'autres enfants depuis, mais rien ni personne remplacera jamais Camille.  Pour la photo je pense que ça peut te faire du bien de voir ton fils enfin.  Comment faire le deuil en effet de qq qu'on n'a jamais vu?  Ca sera certainement dur, et je pense que ça serait peut-etre bien de faire ça avec tom mari.  A deux on a plus de forces.  Je dois y aller, faut bien chercher ma grande à l'école (je sais c'est tot, mais l'école est à 30 km, temps d'installer les 3 démons ....)  Je réfléchis encore pour trouver des mots pas creux, éviter des phrases toutes faites.  Je t'embrasse, accroches-toi ma grande

Ama, qu'elle est triste ton histoire, et qu'elle est pénible ta question !! J'aimerais pouvoir te dire "regardes-la" ou "ne la regardes pas", et qu'après tout ailles mieux, et que tu fasses enfin ton deuil... mais ce n'est pas aussi simple...
T'es-tu représenté ton petit Camille ? As-tu déjà essayé de l'imaginer ? Parce que si c'est le cas, peut-être seras-tu déçue ?
Et sinon, si vraiment tu n'arrives pas à lui dessiner une image dans ta tête, peut-être que regarder cette photo pourrait t'aider...
Il faudrait que tu saches quel est ton rapport avec la mort. Je m'explique : Avant, la mort était quelque chose pour moi de très abstrait. Et puis j'ai fait l'école d'infirmière, j'ai croisé de nombreuses personnes que j'ai vu décéder ensuite, et je me suis rendue compte que pour accepter la mort, il fallait que je la vois. Et ma grand-mère est décédée. Et sa volonté était que nous, ses petits-enfants, nous ne la voyions pas ainsi. Donc nous avons respecté sa décision.... mais encore aujourd'hui, j'ai du mal à accepter sa mort. Pourtant, c'était en 1995 !! Avec le temps, cela va mieux, et j'ai compris le pourquoi de ce deuil difficile. Depuis, j'ai toujours essayé de voir les personnes qui me sont chères, si ce n'est une fois morte, au moins peu de temps avant. Voilà. C'est le rapport que j'ai avec la mort. Et je ne vais presque jamais dans les cimetières.
Mais toi ? Comment réagis-tu en général, avec les personnes que tu as connues, et qui sont parties... Tes souvenirs et les photos te suffisent-ils à en faire le deuil ? Dois-tu aller te recueillir sur une tombe ?
Au fur et à mesure que j'écris, j'ai envie de te proposer une solution : essaie de lui écrire une lettre, à ton petit Camille. Joints-y un dessin de lui, tel que tu te l'imagines, tel que tu le vois dans ton coeur. Ajoute un petit objet que tu aurais pu acheter rien que pour lui. Mets le tout dans une boite, avec la photo. Et "enterre" là. En réel ou en virtuel. Quelque part, sous terre ou dans un placard. Un endroit où tu pourras te recueillir si tu en as le besoin. Pas dans un endroit que tu regarderas avec un pincement au coeur, sans oser sortir la boite. Mais dans un endroit où tu aimeras aller, pour lui, pour cette boite, pour être un peu avec lui, partager un peu de ta vie avec lui. Et pourquoi pas sur le buffet du salon ? Histoire de pouvoir regarder cette boite avec un sourire, en disant "Tu vois Camille, ce soleil aujourd'hui ?nous allons te le faire partager"

Voilà ce que je voulais te dire Ama. Et je t'envoie tout mon soutien, et toute mon affection.


Sushy, je suis indignée par ton histoire. Et chapeau pour ton courage !! Aujourd'hui, tes enfants sentent ton amour, dans les bras ou non, ils sentent que tu te bats aussi pour eux. Ça s'appelle l'Amour...

Oscar, je pense que j'aurais pu t'écrire la même chose.... Gros à toi aussi.

Ama, Doudou, vos histoires me font pleurer...
Quelle souffrance pour une maman de vivre ce que vous avez vécu...

L'idée d'Isazou est très bonne je trouve. Et j'espère qu'un jour tu trouveras la paix avec des filles et Camille dans ton coeur 

Sushy...Waou...Tu es une maman courage