Salut à toutes.
Un petit passage (en fait un long passage).
Dragon dort.. (dragon d’or).
J’ai annulé tous mes impératifs pour cette semaine. Mercredi biopsie... pour les résultats.. ben on ne sait pas.. un jour après l'autre...
Du coup, choupi à l’école, me voilà tout seul à tourner en rond. Et comme je n’ai pas envie de ressasser, je me suis dit.. allez, pourquoi pas un petit post (certaines auront la délicatesse de ne pas relever le terme
petit hein… une fois de plus, je ne suis pas bavard… mais j’ai un peu besoin de m’épancher parfois).
Comme je n’ai pas envie de rajouter du pathos à notre situation… et que je n’ai pas envie de plomber l’atmosphère, je fais un pas après l’autre, nous vivons un jour après l'autre. Après tout, aujourd’hui tout va bien. On verra demain.
J'en profite pour vous remercier pour vos pensées qui me touchent profondément.
Un jour après l'autre en se disant que pour le moment tout va bien, c’est une sorte de déni mais c’est le moyen que j’ai trouvé pour ne pas totalement devenir dingue…un jour après l’autre…et encore un autre jour, et un autre...
Tiens, hier, je suis allé à l’église de Sainte Rita. Je ne pensais pas aller un jour dans une église pour un autre motif que celui de profiter de la quiétude et de la beauté du lieu (j’aime bien les églises mais pour des raisons personnelles, Dieu et moi avons convenu d’un commun accord de nous ignorer. Il ne croit pas en moi et réciproquement).
Bref.
Hier, c’était l’anniversaire de Crockamande… alors je voulais lui faire un cadeau (et à toutes par la même occasion).
Comme les gateaux ne passent pas par l’intermédiaire d’internet, je me suis dit que j’allais lui offrir le récit d’une naissance vue par un papa.
Vous l’aurez toutes compris (et oui, malgré le SNU, la femme enceinte peut parfois faire preuve d’un sens de l’observation et de la déduction hors du commun), il s’agit de la naissance de mon fils, vue par moi.
Mon fils… Il n’est pas le plus beau, pas le plus intelligent, pas le plus grand, pas le plus sportif.
Il n’a pas fait ses nuits très tot… il ne sait pas lire ni écrire.
Il n’a pas été précoce dans la marche… ni sur quoi que ce soit d’ailleurs (ce qui, si il garde cette caractéristique, sera plutôt un point positif dont ses futures copines lui seront gré… mais bon,, je m’égare –du Nord puisque je suis proche de Lille-)
Il n’a rien d’extraordinaire… mais il est mon alpha et mon oméga, mon petit soleil, le petit bout de tendresse qui remplit ma vie. Je l’aime quoi… rien de plus normal pour un papa.
Donc
Rapide résumé des épisodes précédents.« Dis papa, comment on fait les bébés »…?Ben alors c’est facile, après avoir rendu visite à un gynéco –toucher rectal – et fait plusieurs examens où tu as des tête à tête torrides avec des éprouvettes, une dame arrive avec une seringue avec de l’eau et des embryons dedans et hop, ensuite on met tout ça à mijoter dans maman en croisant les doigts.
Pour information, ma compagne (qui alors n’était encore qu’un dragon en devenir) ne voulait pas connaitre le sexe du bébé.
Moi, j’avais très très envie d’avoir une fille… (probablement pour être son héro, qu’elle soit ma princesse… probablement aussi que j’aime tellement sa mère que j’avais envie d’une mini-elle). Probablement aussi que mes frénésies de shopping compulsive (en ce qui concerne mon bébé en tous cas) auraient trouvé beaucoup plus de façons de s’exprimer dans les magasins de vêtements… Ben oui, c’est fou comme ils font des trucs mimi pour les filles dans les magasins… alors que c’est plus compliqué d’habiller les garçons.
Je digresse ? oui, c’est probable, ce sont mes gènes italiens qui s’expriment.. le coté un peu volubile, les parenthèses, les tours et les détours… peut être que c’est ma façon à moi de prolonger le moment avec vous aussi…
Au fait, je vous ai déjà dit que vous êtes formidables ? Si si, je le pense…
Bref où en étais je (ce qui est pénible avec le coté italien, c’est que quand on fait un mix entre le coté volubile plus l’age avancé, on finit par ne plus se rappeler où on en était… pfff c’est nul de perdre des neurones… surtout de la mémoire).
Ah oui... Donc elle ne voulait pas connaitre le sexe… Moi oui. Du coup à l’échographie, on l’a dit au docteur…
Dragon en devenir (ma compagne) est sortie pour aller aux toilettes… (comme toutes les femmes enceintes, les toilettes étaient pour elle le second lieu le plus visité juste après la cuisine)...
Du coup j'en ai profité pour demander le sexe au docteur. Au sortir des toilettes, elle m’a demandé si je savais et je ne lui ai jamais répondu.
Donc pour faire simple (c’est une figure de style, j’ai du mal à faire simple en fait), elle ne savait pas si j’avais demandé et à aucun moment elle savait si je savais ou pas… J’ai donc joué le jeu pendant les mois qui ont précédé la naissance (c'est d'ailleurs plus facile quand c’est un garçon parce qu’on dit par convention IL « le bébé », quel que soit son sexe).
Bref, j’ai voulu savoir parce que je ne voulais surtout pas être déçu à l’accouchement (dans la mesure où j’avais une préférence)... Je vous rassure, la mini déception de cette annonce est oubliée et enterrée.
DPA 20 juin 2009… grossesse sans problème. Dragonnet se transforme en baleineau... accariatre certes mais Ô combien meugnonne…
A cette époque bénie, tout s’est passé comme sur des roulettes. A aucun moment, nous n’avons eu de peurs… à tel point qu’on a oublié qu’il pouvait survenir parfois des problèmes… Bref, ce n’est pas ici le propos (malheureusement, j’ai beau repenser à cette période, parfois le présent me rattrape).
A l’époque je faisais des formations pour une chaine d’hypermarchés. Souvent en déplacement donc.
Je m’étais organisé pour ne pas avoir à bouger ou à travailler un mois avant l’accouchement (comme ça, pas de soucis et je pouvais avoir l’esprit tranquille).
Le 19 mai, c’était un mardi (je m’en souviens très bien), au retour du boulot, j’ai trouvé la valise de ma moitié (qui à l’époque était plutôt mon double rapport au volume de son gentil bedon).
Je ne sais pas pourquoi ça ne m’a pas frappé. Probablement parce que ça fait partie de l’ordre des choses. Femme enceinte – Valise – Normal (ai-je pensé dans ma tête primitive de mâle simple… mais de futur papa en devenir).
Petite soirée tranquille, au dodo vers 23 heures 45… Moi comme tous les soirs, je parle un peu à mon bébé (en faisant bien attention à ne pas dévoiler que c’est un petit mec).…
En gros, la petite litanie du soir… "
Fais un gros dodo mon bébé, reste bien au chaud avec maman, papa t’aime déjà très fort… mais demain papa a une grosse journée qui commence à 7 heures donc papa va faire un gros dodo d’amour)."
Deux euphitos*es un bisou au bidou, un bisou à ma douce (et oui, un dragon peut être doux parfois).
Yeux fermés, mission accomplie, prêt pour le repos du guerrier…
Maman : « plop » !
Papa : Ronfle…
« Plop ? » se dit le papa en son for intérieur ? « comment ça plop ? »
Maman : « tu vas rire, je crois que je viens de perdre les eaux… »
En fait, le papa, il se retrouve debout… il ne rit pas vraiment… mais en même temps, il a suivi les cours de sophrologie accélérés de la préparation à l’accouchement. Il enclenche donc le mode « NO PANIC ».
En gros, j’ai tordu le cou dans l’œuf à la terreur primale qui a essayé de prendre le contrôle de mon corps… D’une voix douce, j’ai donc branché les instructions que j’avais apprises afin de pouvoir les restituer en mode automatique le cas échéant…
"Alors ma chérie, nous avons tout le temps, tu vas monter à la salle de bain, il n’y a pas de soucis, pendant ce temps, je vais m’habiller, on va tranquillement prendre la valise et aller à l’hopital. Nous sommes juste à coté, j’ai fait le plein, il n’y a pas de neige, de toute façon j’ai les chaines dans le coffre…"
Là je me suis bien rendu compte qu’elle me regardait d’un drole d’air (je pense que ce qui m’a trahi, c’est le coup de la neige au moi de mai)… Mais elle est allée bien sagement se préparer pendant que moi je me suis autorisé quelques instants de panique quand même (un peu comme une soupape, mais bon, à faire uniquement quand la future maman n’est pas en vue)…
Je ne vais pas ici détailler ces quelques secondes (où j’ai essayé de mettre mon caleçon sur la tête, où j’ai mis des chaussettes pas assorties ou j’ai fait un petit pas de danse avec mon nounours et oui je me répétais en boucle –tout va bien, c’est cool, tout va bien, c’est cool).
J’ai pris la valisette (taille XXL, après tout quand on vit avec un baleineau coquet, on assume) Et hop, direction la voiture.
Le trajet entre Jeanne de Flandres et notre ancienne maison a pris exactement 8 minutes. J’ai roulé à 30 à l’heure (et oui, quand je vous dit qu’on habitait pas loin il faut me croire). J’ai tout le temps été très zen (enfin, c’est l’impression que j’ai eue parce qu’en fait, j’étais en mode pilotage automatique… un peu comme si le futur papa totalement déjanté regardait un homme tranquille et rassurant conduire sa femme à l’hopital).
Une sorte de dédoublement de la personnalité… mais celui de nous deux qui était zen et détendu a fermement interdit à l’autre dingo de sauter partout et de fissurer le self contrôle durement acquis au cours des mois précédents… (en fait, j’imagine que les cotés insupportables de la femme enceintes servent à préparer l’homme et à l’entrainer à garder son calme lorsque le grand jour arrive).
Bref, nous arrivons aux urgences.
0h45 "Bonjour, c’est pour une admission…" Comment ça je suis en train de me ronger un doigt ? pas du tout !
Quelques papiers plus tard (c’est fou le coté administratif qu’on nous impose quand on n’arrive pas sur une civière), on fait entrer la future maman en salle d’écho pour voir si tout va bien.
0h55 : « c’est le premier ? ah, alors, il va falloir vous armer de patience… là vous voyez, ce sont les contractions » (cf la machine qui fait ping juste à coté et dont l’utilité vient de m’apparaitre)..
Et bien Madame, les contractions, il n’y en a pas, votre bébé va bien, il dort, bref, vous avez le temps.
Dans un éclair de lucidité (pensais je à l’époque), j’ai donc demandé si je pouvais rentrer à la maison, si je pouvais faire quelque chose, s’il fallait que je change de travail, si ma formation de demain devait être annulée… tout ça dans une même phrase qui a du donner quelque chose comme « amelagfofrme ? flarond pardeout dejdeind ? hein ? »
L’infirmière (qui était forcément jolie puisque c’est une infirmière) m’a jeté un regard compatissant tout en continuant son examen.
Bref, résultats de l’examen était formel. Pas de soucis pour le moment, on monte aux grossesses patho et on attend tranquillement que l’accouchement se déclenche, ou en tous cas que les contractions arrivent. Dans le cas où rien ne se passe en 24 heures, on le déclenchera…
Argh ? (se mit à penser le fou furrieux qui tapait aux limites de ma raison… 24 heures ? mais comment ça ? 24 heures ? mais je veux voir mon bébé moi).
Bref, ok, ok, on monte aux grossesses patho (en fauteuil roulant me semble t il)… mais dès que la jolie interne (elle aussi était jolie aussi, normal, c’était une interne) eut débranché l’appareil, mon amour se mit à serrer compulsivement ma main de façon régulière en respirant fort…
Tout va bien ma chérie, on va chronométrer, si ça se trouve ce sont des contractions mais bon, ça va prendre un moment, essaye de te reposer (oui, avec le recul je me rends compte que ce n’était pas forcément la chose la plus sensée à dire à ce moment là mais la raison était enfermée à double tour dans la caisse à jouet de notre futur bébé.. du coup… bref)
2H00 : Nous montons donc aux grossesses patho, moi toujours en train de détendre l’atmosphère… sans grand succès toutefois. C’est fou comme une femme est peu réceptive à l’humour lorsqu’elle a des contractions.
Bref, tout ça pour dire qu’au bout d’un long moment (environ 5 minutes), ma compagne me déclare entre deux grognements : « bon, c’est décidé, pour la péridurale c’est OUI »
La péridurale… une magie sans nom autour de ce petit mot.. Sauf que j’ai une peur panique des piqures et que j’ai failli m’évanouir au milieu des femmes enceintes lorsque j’ai assisté à la séance sur la péridurale… (une longue histoire sans intérêt… mais bon, les éléments principaux sont : que j’étais verdâtre, que la sage femme m’a demandé 10 fois si ça allait et que j’ai cru faire un mix entre m’évanouir, pleurer ou m’enfuir le jour ou elle a montré la taille de l’aiguille).
Sans commentaire ou détails supplémentaires d’ailleurs…
Par la suite, j'ai un peu puisé dans la série "j’utilise toutes les ruses et toutes mes ressources pour distraire mon dragon"... J'ai donc décidé de lui refaire en live la séance de sophro à laquelle nous avions assistée quelques temps auparavant..
- Moi : « Souviens toi de ce que la dame t’a dit… pense à quelque chose d’agréable, un bon moment de ta vie… »
- Elle : « si tu continues à me parler, je t’égorge et je te bouffe un œil.. Maintenant tu la ferme et tu vas chercher cette putain de sage femme maintenant. »
NB : J’ai transcrit le coté fleuri du langage de ma douce afin de bien faire partager l’intensité du moment… (en fait pour que ce soit complet, il vous manque ses yeux révulsés, la bave aux levres et les crocs sortis)…
Bref, ni une ni deux, je file au bureau de la sage femme où elle était tranquillement installée avec son collègue (stagiaire) pour étudier le dossier de la version 2009 de l’exorciste qui se trouvait dans la chambre de ma compagne.
Regard condescendant de la sage femme qui m’a tout de suite classé dans la catégorie « papa stressé qui va venir nous les briser toutes les deux minutes parce qu’il ne sait pas gérer son stress et qu’il ne connait rien aux mystères ineffables de l’accouchement.
Bref, j’insiste pour qu’ils viennent rapidement (poliment mais fermement en leur expliquant que « sisi madame, j’ai bien lu tous les livres qui existent et que je sais identifier des contractions et que là, c’est toutes les 3 minutes au bas mot »…
Bref, je fini par réussir à les convaincre d’activer un peu le mouvement.
Quelques minutes après, arrivée de la SF et de son collègue (toujours stagiaire depuis la dernière fois parce que c'était le même).
La SF : « Alors madame, il ne faut pas vous affoler comme ça… c’est que le début vous savez »
Mon Dragon, regard noir : « grrrr »
Moi : « … »
Le collègue l’examine… blêmit, la re examine… reblêmit… la sage femme l’examine à son tour.
Madame vous êtes à complète..
En mon for intérieur, j’ai compris qu’ils parlaient d’une crêpe complète, rien à voir avec ma compagne qui, si elle était un peu à plat (comme une crêpe), n’avait rien de commun avec une crêpe… (et oui, je vous ai dit que la folie frappait à la porte de ma raison vacillante)…
"Ca veut dire quoi ?"(ai-je osé demander histoire de calmer mes angoisses)…
Ca veut dire que votre bébé arrive monsieur….
(je pense que c’est à ce moment là que j’ai du déconnecter l’ensemble des mes fonctions neurales sous peine de succomber à une surcharge émotionnelle).
Du reste, je me souviens de la course dans les couloirs (et oui, le monsieur qui est venu chercher le lit courrait dans les couloirs qui défilaient à une vitesse hallucinante).
A un moment, on nous a séparé pour me faire mettre une charlotte ridicule ainsi que des chaussons en papier…
Quand je suis rentré dans la salle.. il y avait un public nombreux (et oui, c’est un CHR)… Sur le coup, j’ai trouvé normal qu’au moins 14 personnes assistent à la naissance de mon fils (après tout, n’était ce pas l’évènement le plus important du monde ?)
Dans la salle il y avait donc :
- Un sage homme qui m’a accueilli « bonjour, je suis Omar et c’est moi qui vais mettre au monde votre enfant ». Si un ange pouvait s’incarner, c’est à Omar qu’il ressemblerait. Maintenant encore, je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il a donné de lui dans ce moment si particulier. Il ne met pas un enfant au monde, il l’accueille, le transmet à ses parents, puis s’efface… Merci à toi donc.
- En plus d’Omar, il y avait la SF et son stagiaire, descendus briefer l’équipe d’accouchement…
- Deux ou trois infirmières pour assister Omar
- L’équipe de l’accueil des urgences descendus voir la dame qui est entrée tout à l’heure (si si, c’est un premier et elle est à complète)…
- Plus quelques étudiant(e)s en médecine qui avaient envie d'assister à un accouchement VB d'un primipar sans péridurale (parce que la péridurale, c'est trop tard
)
Pendant le travail, on m’a donné une mission : monsieur, vous pourriez peut être humidifier un peu madame avec le brumisateur que vous avez dans la main…
Ah oui, le brumisateur… dommage qu’elle ait gardé ses lunettes… mais c’est la dame qui m’a dit de faire ça… pchhhhit pchiiiit (jusqu’à ce que mon dragon me dise d’arrêter parce qu’elle ne voyait plus rien)…
Une dernière poussée… un petit cri de rien du tout… pas un hurlement de nouveau né, plutôt un petit Ouin, juste pour signifier que c’était ok…
Mon fils est né, auréolé de lumière, paisible, les yeux ouverts sur le monde… déjà…
Rien à foutre de couper le cordon (pour moi le geste n’a pas de porté symbolique)… rien à foutre de prendre des photos (non non, n’insistez pas, je veux juste contempler mon fils et rester avec ma femme et mon enfant)…
Je n’ai même pas remarqué que tout le monde nous laissait sur la pointe des pieds pour nous permettre de faire connaissance, enfin…
JDF est une maternité amie des enfants, ça veut dire qu’à la naissance, lorsque tout se passe bien, le moment est très peu médicalisé. Il y a les quelques tests obligatoires (la petite prise de sang, le test d’Asgard – ou autre, j’ai oublié le nom) mais en gros, on vous laisse tranquille…
Heure de naissance : 3h22… Bienvenue au monde mon fils, nous avons la vie pour nous connaitre mais je t’aime déjà.
Quand je suis sorti pour prendre un peu l’air cette nuit du 20 janvier à 4 heure du matin, il faisait nuit noire mais le soleil brillait.
Fédération Jumeaux et Plus
