J'ai perdu mon père il y a maintenant deux ans et quatre mois... Et oui, je compte les mois qui me séparent de lui...
Je ne suis pas très objective à propos de l'impacte réel que ce décès a eut sur mon couple mais je vais essayer de te décrire ce que j'ai ressenti :
D'abord, comme un coup de massue, puis je me suis vite reprise car j'ai du mettre ma mère à l'abri de toutes les tracasseries administratives... Pendant ce temps, mon mari, qui venait d'être licencié, aurait du reprendre son nouveau boulot le jour de la mort de mon père. Autant dire que ça tombait plutôt mal. Mais bon, on a pas choisi... Mon homme a du s'occuper des enfants et de l'intendance pendant mes longues absences physique mais également psychologique...
Après quelque mois, lorsque les papiers étaient en ordre pour ma mère, j'étais dans un état léthargique ou au contraire en surplus d'activité. Je pleurais souvent, j'étais comme un automate avec mes enfants, je voulais nourrir en me disant qu'il saurait s'en occuper tout seul, je n'arrivais plus à vivre normalement... Je n'étais plus moi car j'avais perdu mon principal point de repère, mon confident, mon meilleur pote, l'homme que j'aimais le plus au monde et personne ne pourrais jamais le remplacer...
Je suis passé par des moments terribles, j'ai éprouvé et cela m'arrive encore des sentiments affreux dont je devrais avoir honte mais qui font parti de mon cheminement.
- J'étais jalouse de ceux qui avait encore leur papa, même mes propres enfants. J'avais des réactions démesurées lorsque les filles refusaient quelque chose à leur père.
- Je ne supportais pas l'idée que d'autre puisse avoir une relation aussi forte avec leur père que j'avais pu en avoir avec le mien.
- J'enviai mon mari parce qu'il avait toujours ses deux parents et je me disais que lorsqu'il perdrait sa mère, il souffrirait autant que moi à cet instant.
- Je ne voulais plus aimer mon mari, j'ai essayer de me détacher volontairement de lui parce que je pensais que si je le perdais aussi, je n'y survivrais pas. Je serais incapable de souffrir autant à nouveaux.
- J'ai mis dix huit mois à m'apercevoir que je faisais une dépression. Grâce à la reprise du travail, la fatigue aidant, j'ai du me rendre à l'évidence, je ne pouvais plus cacher à tout le monde que j'avais mal à en crever. Je me suis fait soigner bon gré mal gré et au bout de deux mois de traitement, j'ai commencé petit à petit à reprendre pied.
Je ne mesure pas les conséquences de cette période de ma vie, je n'ai pas assez de recul je pense, mais j'ai du faire du mal autour de moi et bien sûr en premier lieu à mon mari. J'ai réussi à lui confier certaines choses verbalement mais d'autre sont coincées dans ma tête. J'ai le sentiment que nous vivons cela de façon très personnel et qu'aucune situation n'est comparable donc c'est difficile à comprendre pour ceux qui nous entourent.
Je ne pensais pas en faire une tartine pareil !
Il n'y a pas de solution miracle je suppose, chacun son rythme, chacun son déclic, chacun sa façon de gérer. J'imagine simplement qu'il faut de la patience et de l'amour, beaucoup d'amour pour réussir à surmonter ce genre d'épreuve dans un couple.
Et j'ai le sentiment que l'amour nous fait tenir, trouver des ressources inconnues et inestimables comme tu le dit si bien. Sans amour, on est rien. Mais put*in ce que ça fait souffrir l'amour...
Bon dieu qu'il doit m'aimer mon gros pour avoir supporté tout ça !!!
Voilà, j'ai essayer de te livrer un peu de mon ressenti, le mieux serait que mon homme raconte comment il a vécu tout ça, mais bon, en bon ours qui se respecte, il ne se confiera jamais ici... Dommage...