là j'ai la ridicule impression de me faire voler la vedette, me faire voler ma maman.
J'ai eu cette crainte quand, deux mois après l'annonce de la première grossesse de ma BS, on a annoncé que j'attendais des jumeaux (2e grossesse pour moi). J'ai vraiment eu peur que ma BS soit "oubliée" pour son premier bébé, et que l'on se tourne plus facilement, et avec plus de curiosité, vers mes garçons en devenir. Surtout que je suis restée "debout" jusqu'à la fin, et que ça étonnait tout le monde ("une bonne porteuse"
). Mais, en fait, avec un peu d'intelligence et de communication directement avec les intéressés, tout se passe très bien : chacune a ses moments de vedette, et on prenait soin l'une de l'autre, s'échangeant des infos, du matos, des fringues... Finalement, j'ai adoré être enceinte en même temps qu'elle, pouvoir partager ces moments là avec elle, sans lui faire (trop) d'ombre
Sinon, avec ma mère, je suis "navrée" les filles, mais ça allait bien avant les enfants, et c'est encore mieux depuis ! Complicité, partage, bonnes bouffes, sorties...
Par contre, je n'ai pas vraiment de nouvelles de mon père depuis plusieurs années (ou seulement par le biais de ma GM ou de ma tante, qui en ont peu). La dernière fois que je l'ai vu, j'étais enceinte de ma fille. Quand les garçons sont nés, il l'a su par hasard, parce qu'il m'appelait pour des papiers et qu'il est tombé sur ma mère au tel (ils sont divorcés depuis 10 ans et ne se parlent plus) qui lui a dit "Tout va bien : Esteban dort et Titouan est au sein" croyant que c'était mon mari qui appelait.
Quand mon père est parti, j'étais déjà en âge de comprendre que des personnes peuvent ne pas s'aimer toute leur vie. Mais quand, quelques semaines plus tard, il a commencé à nous abandonner (littéralement : il emmenait mes petites soeurs chez lui, et se barrait rejoindre sa copine à 200 bornes de là, en m'appelant pour me dire qu'il ne rentrerait pas et qu'il fallait que j'appelle ma mère pour qu'elle aille chercher les filles chez lui), il s'est ensuivi des périodes de pseudo-discussion, d'insultes, d'incompréhension, de colère, de haine, de désamour, et d'apparente indifférence... Cela a duré environ deux ans. Après quoi j'ai cessé de le haïr, et j'ai essayé de renouer le contact pour comprendre et avancer dans MA vie à moi.
Je n'ai eu de cesse de le relancer pour qu'il vienne, pour que j'aille le voir, pour qu'il donne un peu des nouvelles. Et c'était toujours à moi de faire les démarches. Et lui de pleurer au tél, disant qu'il n'y arrivait pas, qu'il voudrait que ce soit comme avant, mais que c'est trop dur, et gnagnagna...
Bref, il se marie (sans inviter ses filles, pour "ne pas mélanger les histoires"), et finit par nous annoncer l'arrivée prochaine d'un demi-frère.
Vu qu'il n'avait encore jamais vu mes enfants, je lui propose de faire un détour de 500km sur une journée pour aller les lui présenter jusque chez lui : "ben, non, tu comprends, on peux pas te recevoir, S est enceinte, elle se sent pas" et patin couffin.
Ma fille aura trois ans cet été, mes garçons ont eu un an à Noël, il ne les a jamais vu, et ne les connaîtras sans doute jamais. Je ne permettrais pas qu'il les approche et qu'il leur fasse son numéro. Et s'il prend un avocat ? Un enfant est considéré abandonné lorsque les parents n'ont plus de contact avec lui pendant un an. Ce fut plusieurs fois le cas. J'ai aussi des preuves de ma volonté à renouer le contact, et de son désengagement. Il est hors de question qu'il s'approprie un quelconque droit sur mes enfants.
Moralité : j'arrête de culpabiliser. Oui c'est mon père. Non, je peux rien y changer. J'ai tout fait pour ne pas enterrer ce lien qui nous unit, aujourd'hui je l'enterre sans remords, sans regrets, et même sans tristesse parce que je réalise que j'ai perdu mon père il y a bien longtemps, qu'il ne reste qu'un homme que je ne connais plus.
Voilà. Désolée d'avoir pollué votre fil, mais ça fait du bien.