Avoir des jumeaux quand on est soi-même jumelle ...

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Eirelav:
Je l'ai déjà dit dans ma présentation : je suis jumelle MZ et j'ai deux fils MZ  de 18 ans (en avril).

Je viens parler de mon expérience car je crois que cela peut aider certains parents qui se posent des questions sur l'importance de différencier ses enfants.
Lorsque j'ai appris que j'attendais deux bébés et a fortiori de même sexe je ne me suis pas posé la question si je devais les habiller pareil, les séparer ou pas à l'école etc ... C'était évident pour moi qu'il faudrait être très attentif à les différencier le plus possible.
Ma soeur et moi avons été habillées de manière identique jusqu'à 12 ans, les gens nous appelaient les jumelles, les jujus. Nous avons été rarement séparées. Notre dépendance a été entretenue par mes parents pas volontairement mais plutôt par facilité sans se poser trop de questions.
Lors de notre enfance nous n'avons pas souffert de cela, au contraire je dirais que c'était rassurant d'avoir quelqu'un toujours avec soi. Je n'étais jamais seule et nos relations n'ont jamais été conflictuelles, aucune compétition entre nous.
Là où cela a été beaucoup plus difficile c'est lorsque la vie nous a amenées à être séparées. Moi j'ai trouvé inconsciemment la solution, je suis passée de mon couple avec ma soeur à un couple avec mon petit copain. Je l'ai rencontré très jeune à 14 ans, me suis mariée à 19, j'ai eu mes fils à 21 ans, un troisième à 26 ans. Par bonheur, nous sommes toujours heureux ensemble après 25 ans.
Je n'ai pour autant pas coupé le cordon avec ma soeur et nous sommes restées très proches mais cela a été difficile et douloureux parfois de se séparer pour de bon.
Nous avons toujours eu conscience qu'il fallait ne pas entretenir à l'âge adulte ce lien très fort qui nous reliait. Il aurait été facile de tomber dans certains excès : vivre l'une à côté de l'autre, partir en vacances systématiquement ensemble, privilégier notre relation à celle de nos couples etc ...
Quand on voit certains jumeaux à l'âge adulte être vêtus pareil ou ne pas pouvoir se passer l'un de l'autre, ce qu'on trouvait mignon au stade d'enfant, devient monstrueux alors. Et je le dis et le redis pour une grande part, c'est aux parents qu'incombe cette responsabilité. On ne peut plus dire aujourd'hui qu'on fait cela pour leur bien. Quand je lis qu'une maman culpabilise de mettre une jupe à l'une et un pantalon à l'autre, j'ai beaucoup de difficulté à entendre cela. Pas en tant que maman (là je peux la comprendre, elle joue à la poupée, c'est mignon et tout et tout) mais en tant que jumelle (là je lui dis ça n'a pas de sens, comment ses filles peuvent-elles souffrir de cela !)

C'est pourquoi lorsque j'ai su que j'attendais des jumeaux, il m'a semblé essentiel de les habituer dès tous petits à faire l'expérience de vivre l'un sans l'autre. Il m'a semblé essentiel de ne pas entretenir la confusion des deux personnes par l'habillement, les surnoms ...
Je crois sincèrement que les parents ont une responsabilité énorme dans le devenir psychologique de leurs enfants par rapport à cette gémellité. Je pense que différencier ses enfants ne pourra avoir aucune conséquence néfaste sur leur vie future bien au contraire. Par contre entretenir la confusion auprès de l'entourage et des enfants eux-mêmes pourra avoir des conséquences terribles sur leur vie sociale et psychologique.
J'ai l'impression que certains parents ont peur de casser ce lien presque magique entre leurs enfants s'ils les différencient trop. Il y a quelque chose de l'ordre du fantasme : c'est merveilleux de voir ces deux êtres si proches, si fusionnels. Je voudrais leur dire que l'avenir de leurs enfants est de construire chacun leur propre vie. Leur bonheur est là et non dans une relation fusionnelle qui ne peut que les enfermer  et être destructrice.   

Ayant une conscience accrue de tout cela j'ai fait en sorte d'élever mes enfants comme s'ils n'étaient pas jumeaux. C'est passé par l'habillement, les jouets bien sûr, mais aussi par le fait de ne presque jamais employer le terme jumeaux en parlant d'eux et jamais jamais en leur parlant. Dès tous petits, j'en emmenais un en course et l'autre restait avec leur papa. Le papa faisait la même chose. Leur gémellité a été tout naturellement très secondaire. Dès que nous avons pu les séparer en classe, nous leur avons proposé et ils l'ont été. Ils n'ont plus voulu par la suite être ensemble en classe, ils n'y ont vu que du bénéfice. Leur complicité est très forte pour autant, j'ai le sentiment qu'elle n'est pas seulement liée au fait qu'ils aient le même âge mais je crois que ce lien qui les unis n'est pas invalidant pour leurs choix de vie futurs.

Voilà si ça peut faire avancer un tout petit peu la réflexion sur ce sujet ...





tefadel:
Merci pour ce témoignage  ;)

Pour l'habillement identique, les cadeaux identiques  et les surnoms "groupé" : les triplés, les jumeaux,les juju, etc... je suis ok, c'est non. On l'a fait spontanément sans ce poser la question. Par contre on a eu du mal a le faire entendre à l'entourage ::)

En revanche , je ne trouve pas spécialement utile de les séparer à l'école , je pense que c'est une force et un réconfort surtout à 3 ans , sans que ce soit pour autant fusionnel. Et je préfèrerais attendre qu'ils en fasse la demande eux-même .

Bon il faut dire que je ne trouve pas spécialement qu'il y est ce lien mythique entre eux, peut être parce qu'ils sont encore petit?

Maud la Drômoise:
bienvenue !!

Ton témoignage est très intéressant, pour le moment, les miens sont encore petits (10 mois), mais avec mon conjoint, nous avons dés le début pris le parti de ne pas les habiller pareil.
 pour les appellations, en dehors de leur prénom, c'est "les garçons" qui revient souvent, mais à mon avis, ce n'est pas gênant. dans mon souvenir, ma mère nous appelait comme ça mes s?urs et moi et nous avions pas mal d'écart (3 et 15 ans).
par contre, c'est vrai que pour l'entourage, c'est tout de suite plus compliqué  ::) ::) ;D ;D
c'est surtout les personnes âgées qui ont du mal ne serait-ce que pour les reconnaitre et pourtant ils sont bien reconnaissables pour des MZ.
pour la scolarité, j'ai encore le temps de voir (si la maternelle existe encore à ce moment là !  :-X >:(), mais je cherche déjà à leur faire côtoyer d'autres enfants, en l'occurrence la fille de ma cousine, elle a 4 mois et à mon sens, ça leur permettra de sortir du schéma "duo inséparable", d'autant plus qu'en étant avec moi non stop à la maison, ça n'ouvre pas des grands horizons !   ;D

enfin, tous ça pour dire que ton expérience peut nous être très précieuse !!

Val (J.Y.R.P.):
je suis d'accord avec ton témoignagecar intéressant du fait que les enfants en question sont grands

Pour la scolarité, il n'y aura pas de séparation car petite école et il n'y a pas plusieurs classes d'un même niveau (plûtôt 2 niveau par classe voir 3). Les miens sont déjà à l'école (toute petite section) et la maitresse n'a pas du tout de souci avec la gémélitté : elle les appelle par leur prénom, quand elle me parle d'eux , elle les identifie bien (P fait ça , R ça....).
Le terme "les jumeaux" est utilisé par les enfants : quand on arrive c'est : ah c'est les "p'tits jumeaux" mais j'ai constaté que c'était les grands de l'école (connaissent ils bienles prénoms ?). Sinon, les enfants de la classe de mes enfatns, c'est bien leur prénom utilisé.

A la maison, nos enfants sotn appelés par leur prénom.
En fait , chez nous on a 4 enfants et non 2 enfants et une paire de jumeaux.
Après, si je développe ma tribu pour la caractériser, je vais dire maman de 4 enfants, une fratrie de 4 garçons puis en dernier je mentionne une grossesse géméllaire (pas des enfants jumeaux).

Il est vrai aussi que je trouve que les mentalités ont changé concernant les jumeaux .

Eirelav:
Citation de: moonshadow le 21 Février 2009 à 09:46:17


En revanche , je ne trouve pas spécialement utile de les séparer à l'école , je pense que c'est une force et un réconfort surtout à 3 ans , sans que ce soit pour autant fusionnel. Et je préfèrerais attendre qu'ils en fasse la demande eux-même .

 


Je pense que les enfants n'auront pas forcément conscience de ce qui est bien pour eux. Je ne voulais pas être séparée de ma soeur, nous l'avons été l'année de notre 6° et avons redemandé à être ensemble en 5 °. Je pense que si toutes petites nous avions été habituées à vivre l'une sans l'autre plus souvent, nous aurions vécu cette séparation bien mieux.
Aujourd'hui, j'aurais aimé que mes parents prennent cette décision. Je crois sincèrement que ce sont les parents les plus angoissés dans l'histoire. Tu dis que c'est un réconfort et une force. Je n'en suis pas certaine. Il est plus facile de s'exclure des autres, on se suffit à soi-même. Ca peut même être source d'angoisse d'être perçus pas les autres comme un bloc, d'être en outre comparés sans cesse, par les copains, la maîtresse. Qui suis-je moi toute seule ?
En étant séparés, ça peut être aussi super chouette de vivre sa petite expérience dans sa classe avec les copains et de partager cela avec son frère ou sa soeur seulement si on en a envie. Ca laisse plus de place à chaque personnalité pour s'épanouir. Je crois vraiment que ça va davantage vers l'autonomie, n'est-ce pas une des raisons de mettre ses petits à l'école vers 2 ou 3 ans ?
Je crois que plus tôt les enfants en font l'expérience moins le traumatisme risque d'exister.
Faut-il laisser un enfant de 2 ou 3 ans choisir ?  Il faut tenter l'expérience en maternelle quand il est plus facilement possible de faire marche arrière si vraiment c'est trop dur pour eux. Cependant si les parents sont angoissés, je crains que les enfants répondent plus au désir de leurs parents qu' à leur propre désir et manifestent le besoin d'être réunis.
C'est pourquoi il faut présenter cela aux enfants comme une super expérience qui leur apportera des choses positives. De la même manière que l'on parle à un enfant unique qui va rentrer en maternelle et qui va se séparer de vous. Ca ne vous viendrait pas à l'idée d'aller à l'école avec lui parce que c'est un réconfort et une force.
Mes fils n'ont pu être séparés qu'en CP car avant il n'y avait pas plusieurs classes donc pas le choix. Lucas était moins désireux que Théo mais je ne lui ai vanté que les avantages d'autant que je ne voyais pas vraiment les inconvénients.
Depuis la seconde, ils ne sont pas dans le même lycée, ont des copains différents, seulement quelques uns en commun. Ils partent en vacances de leur côté quand ils ne partent pas avec nous. Ils sont contents de se retrouver quand ils ne se sont pas vus pendant plusieurs jours mais vivent sans difficultés la séparation.
C'est je pense dès tous petits qu'il faut les préparer à vivre l'un sans l'autre car c'est ce que leur réserve leur vie d'adulte.



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