J'ai le coeur lourd ce soir... Nous venons de fêter l'anniversaire de mon fils, 9 ans déjà, 9 années durant lesquelles il m'a appris à devenir maman, neuf année d'amour avec ce petit d'homme issu de mon amour avec son père... Et ce soir, c'est le mien qui me manque, horriblement... Plus le temps passe et plus c'est dur d'admettre qu'il ne sera plus jamais là, prés de moi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Plus d'un an s'est écoulé depuis qu'il est mort et je n'arrive toujours pas à m'y retrouver... Je me sens bancale, il manque quelque chose d'essentiel à mon bonheur et je n'arrive pas à combler le vide... même mes enfants n'y suffisent pas parfois...
On dit que le temps fait son oeuvre en matière de deuil mais pour moi, le temps creuse ma bléssure... J'ai l'impression de ne pas être normale, pourquoi je souffre autant ? Est-ce qu'un jour je surmonterai ma peine ? Je me sens tellement ridicule de ressasser ça, presque tous les jours...
Je me sens si seule face à ma vie. Encore une fois, tout a basculé et je suis bien en peine de trouver une solution... Tout s'emmêle, tout est lié à ce décés, tout est devenu si compliqué...
Sourire quand on a envie de pleurer... c'est beaucoup mieux comme ça...

Je vien de lire ce fil, et j'ai la gorge serrée. De lire vos récits me renvoie 13 ans en arrière. Et malgre ces 13 années, la douleur est toujours aussi profonde.
Mon papa nous a quitté le 20 avril 1996. Je n'avais pas encore 20 ans, je n'étais pas eencore mariée, et mon frère et moi n'avions pas encore d'enfants.
Aujourd'hui, à nous 2, nous en avons 7, et quand j'y pense, je me dis que mon père serait le plus heureux. Il ADORAIT les enfants. Je le voyais faire avec mes cousins et cousines plus jeunes, il se régalait.
J'avais avec lui des rapports que je n'aurai jamais avec ma mère.
Heureusement, lorsqu'il est parti, j'avais déjà mon mari près de moi.
Moi aussi, pour éviter d'y croire et pour protéger ma mère, je me suis occupée des papiers (pourtant à 1 mois et demi du bac).
Mon frère était en mission à Mururoa quand c'est arrivée, mais ma belle-soeur a été d'un grand soutien. Ma famille également nous a beaucoup soutenu ma mère et moi.
Aujourd'hui, je pense toujours à lui. Mais enfants qui ne l'ont jamais vu en "vrai", connaissent son visage par les photos, savent qu'il est au ciel, et parlent aussi de lui.
Moi aussi, j'ai toujours une anecdote sur lui. J'ai besoin de parler de lui. Je ne sais pas si c'est par peur que les autres l'oubli.

Il me manque beaucoup, et chaque étape de ma vie me replonge dans ma pene.
Depuis, qu'il n'est plus là, je me suis beaucoup endurcie au niveau du caractère et suis beaucoup plus froide.
Mais j'essaie aussi d'être le plus proche possible de mes enfants, car je ne veux plus rien râter de ma vie.

Merci les filles.
Pour l'instant, je suis incapable de faire le tri... Tout est si compliqué... Je dois gérer au jour le jour, attendre et voir venir... Mais bon dieu s'qu'il me manque...

N c'est tout à fait normal et humain que tu ressentes ce grand vide et cette peine.
Au début, je me retenais de pleurer la journée puis me vidais le soir dans mon lit. Je ne voulais pas que ma mère me voit pleurer. Je voulais être forte pour elle et être là pour la soutenir.
Résultat : je me suis pourri intérieurement. Ce que je veux dire par là, c'est que maintenant, je n'arrive plus à faire sortir ma peine naturellement : ce sont les nerfs qui prennent le dessus, et au lieu de pleurer, je craque. C'est pour cela que lorsque ma fille a du chagrin, je lui dit toujours de ne pas se retenir et de faire couler ses larmes. Il n'y a pas de honte à pleurer.
Ta peine, tu l'as, et tu l'auras toujours je pense. Avec le temps, elle va s'aténuer, mais elle sera toujours là puisque, comme tu le dis, on n'a qu'un papa, et personne ne peut le remplacer.
Alors si tu as du chagrin, n'en ai pas honte mais sois en fière, ça prouve que tu as énormément de coeur.

Au delà du deuil, ce que j'ai à gérer découle surtout des conséquences lié à la disparition de mon père.
D'abord au niveau familiale, nous étions "un clan" habitant le même village depuis des générations, mon père faisait un peu office de "gendarme" dans la famille, il était en quelque sorte le patriarche...
Depuis qu'il n'est plus là, la vrai nature de certain, ma mère et mon frère, pour ne pas les citer, a fait surface. Ils se montrent sous leur vrai jour, leurs rancoeurs n'a d'égal que leur mauvaise fois... -- Ma mère avec qui je ne me suis jamais entendu, et pour cause, nous sommes aux antipodes l'une de l'autre, ne cesse de se plaindre, reproche tous les maux de la terre aux autres, a le culot d'affirmer que mon père en a bien profité (alors qu'il a travaillé toute sa vie comme un dingue), me reproche sans cesse ma façon de vivre, d'élever mes enfants... J'en passe et des meilleurs.
- Mon frère, ce blaireau, se prend pour le remplaçant officiel de mon père. Il donne des leçons de bonne conduite à toute la famille, critique ceux qui ne disent pas comme lui, se prend pour le centre du monde et surtout croit pouvoir diriger tout le monde et moi en particulier.
- Et puis il y a le  reste de la famille...
- Mon oncle, frère de ma mère, qui colporte tout et n'importe quoi, qui a des oreilles plus grandes que des paraboles, qui épie les uns et les autres, et qui déforme allégrement les propos de chacun.
- Ma tante, que j'appelle Aimable dans l'intimité de mon logis, qui a passé la porte pendant quinze ans pour une dispute à propos de mon frère, et qui reviens, la bouche en coeur lorsque mon père est sur le point de rendre son dernier souffle. Qui veille sur ma mère, l'emmène en course, va l'aider dans le jardin, passe prendre des nouvelles régulièrement et qui épie les moindres gestes, les moindres mots pour aller faire un rapport détaillé à l'ours avec lequel elle vit. Aimable est très proche de mon frère et l'invite à manger régulièrement, elle cautionne tous ce qu'il fait, le bon comme le moins bon...
- Mon cousin, la bohème, 36 ans, fils unique de Aimable mais pas de l'ours, qui vit au jour le jour, épicurien, gentil mais légèrement immature qui adore sortir avec mon frère parce qu'il picole dur et qu'on se marre mieux quand on est complètement défoncé... Et lorsque l'on se décide à dormir, vers quatre heures du matin, c'est chez ma mère qu'on pose sa valise. Il est bien connu qu'en plus de faire restau à tout heure, la maison de ma mère fait également chambre d'hôtes...
Tout ce petit monde évolue sous mes yeux ébahies puisque j'habite en face de ce qui fut la maison de mon père.
Ceci est un petit florilège de la saga familiale !!!

D'autre part, il y a le conseil municipal, dont je fais partie depuis mars 2008 et dont mon père était le Maire...
En mars 1995, je décidais de me présenter au conseil et mon père avait souhaité m'accompagner dans mon engagement. Je devenait premier adjoint de la commune qui m'avait vu naître, naître ma mère et ma grand mère et bien d'autre avant nous. Mon attachement à ce village est viscérale et va bien au delà de la symbolique, mes aïeux ont été conseillers et même Maire pour l'un d'entre eux, certain figurent sur le monument aux morts en bref, je me sens des racines très profonde ici.
Un an plus tard, le Maire décède, je me retrouve en position de devoir prendre temporairement sa place alors que je n'ai que 23 ans... Je ne m'en sens pas la maturité de continuer jusqu'à la fin du mandat et c'est un autre adjoint (plus jeune que moi, quelle ironie !) qui prend la place. Pendant cinq ans, cahin-caha, nous apprenons et appliquons les lois et les codes de la République qui régissent même le plus petit village de France.
Au élection suivante, je n'habite plus le village, c'est mon père qui prend la tête de la Mairie et pendant sept ans il officie. Je reviens en 2002 et tout naturellement, au élection de 2008, il me demande de faire partie de sa liste. J'accepte avec plaisir cependant, nous avions convenu ensemble que je ne pourrais prendre de place d'adjoint incompatible avec ma charge familiale. Je suis donc conseiller municipal en charge de deux délégations importantes tout de même, qui nécessite certaines connaissances  que les autres membres n'ont pas. Ce n'est pas pour me vanter mais il s'avère que l'équipe constitué autour de mon père, l'est en majorité par des novices. Et c'est bien la que le bas blesse... A la mort de mon père, nous sommes anéanties mais l'engagement pris continue, la commune doit être gérée malgré tout, il est de notre devoir de continuer... Seulement voila, l'engagement de certain vacille, le nouveau maire entend imprimer sa loi, l'ignorance de certain les conduit à n'en faire qu'a leur guise sous couvert du manque d'expérience, les personnalités s'affirment et ne sont pas du tout ce qu'elles avaient affiché face à mon père...

Et aujourd'hui, c'est face à ce désastre que je me retrouve, mon village est en train de perdre son âme, tout le travail des élus qui nous ont précédé est bafoué, la profession de foi que nous avons tous signé est piétinée, les réunions de conseil ressemble plus à des réunions Tuper*are qu'a des réunions sérieuses, la moindre question posée est vécu comme une agression, rien n'est fait sérieusement et selon les lois.
Tout cela va sembler bien futiles à nombre d'entre vous, mais moi, ça me retourne les tripes de savoir que la disparition de mon père à semer le cahot, non seulement dans ma famille mais aussi dans tout un village. C'est complètement c*n de se rendre malade pour ça mais j'ai des convictions que je défend bec et ongle, je ne suis pas prête à faire certaine concessions, je ne fais rien à moitié et j'ai du mal à comprendre que certain fasse, en dilettante, une mission de service public.

Et si vous avez eut le courage de me lire, c'est que vous êtes mûres pour être Psychiatre !!!

Ben oui, le forum est devenu un refuge pour moi, je viens me confier, ça me fait du bien et ça me permet de faire le tri dans mes pensées. Le fait d'écrire m'aide et les éclairages des intervenants me permettent souvent de relativiser.
Ce qui m'énerve c'est la focuserie (comme dit Moon) des gens. Ils ont l'air tout étonné que je leur rentre dans le lard ! Je devrais être effondrée et sans réaction parce que j'ai perdu l'être cher... Mais j'ai 37 ans et il y a bien longtemps que je n'ai plus besoin de sa permission pour faire les choses... La vie, ma vie, continue et j'ai bien l'intention de mener à bien les projets que j'ai fait avant et après sa mort... J'ai besoin de continuer à avancer, je ne veux pas me morfondre... Et pourtant quand je regarde ce qui se passe autour de moi, je me dis que si il était la, il leur bottrait le c*l !
Il me manque parce que personne ne peux parler avec moi aussi librement que nous le faisions, parce que nous ne partagerons plus jamais rien mais en même temps, j'apprends à me passer de lui... et ça fait mal à la gue*le...

Viens vider ton sac ici, ça fait tant de bien, on comprend ce manque, nous aussi, même si, dans mon cas, j'ai eu de longues belles années avec mon père avant qu'il ne décède le 29 octobre dernier 

N, je t'ai lue, et adhère à tes sentiments... ça doit être dur de se sentir seule alors qu'il devrait y avoir une sorte de "communion" d'esprits, d'idées etc. autour du souvenir de ton père

B ises