Anabanana écrit: Sandra, merci pour ton long message, je suis désolée que tu aies traversé une telle épreuve, personne ne devrait vivre pareille chose, mais je vois maintenant que ce n'est pas si rare. Mais ton fils fait partie de toi, de ta famille.
Du coup je comprends que la douleur reste mais devient gérable, et surtout l'existence de nos petits se maintient en nous...
Ces derniers jours la douleur est revenue plus forte. Ils nous manquent terriblement (je me dis qu'ils devraient encore grandir tranquillement dans mon ventre à ce stade... j'avais imaginé ces beaux jours au calme chez moi à prendre soin de moi, soin d'eux, j'essaye d'éviter de penser à ces projections mais c'est plus fort que moi). Je me demande encore comment créer un lien avec eux.
J'arrive à faire des petites choses chaque jour, pour ne pas rester sur le canapé à longueur de temps, mais relativement peu et pourtant je suis épuisée. Mon compagnon gère son boulot et son deuil, j'essaye d'être vigilante à des signes afin qu'il ne finisse pas en burn out.
Oui, personne ne devrait vivre une telle épreuve. On est marqué au fer rouge pour la vie. Depuis, j'ai d'autres enfants, d'autres amours. Mais, si on ne fait pas attention on peut rester bloqué sur ce jour. Il faut que tu te fasses confiance, tu es la seule à sentir dans ta chair ce qui t'aide à aller mieux, ce qui t'apaise. Accroche toi sur tout ce qui t'aide à rester debout... Oui rester debout... Tu n'as que 2 options soit t'effondrer et sombrer ou soit te relever. Quand on perd un enfant une partie de nous s'en aller, voir c'est étend... Il n'y a pas de recette miracle. Une mamange qui perd un ou plusieurs multiples ne fait pas le deuil de la même manière. Tu devras trouver ton propre chemin pour trouver l'apaisement, vivre avec cette souffrance. Il n'y a pas de limitation de durée dans le deuil car c'est une situation contre nature, contre la vie...
Les hommes et les femmes n'ont pas le même rythme dans le deuil. Tu peux aller mieux, lui non ou vice versa. Nous avons eu de nombreux clasch moi et mon mari à cause de cette différence. Cette épreuve peut renforcer votre amour car vous prenez soin l'un et l'autre mais elle peut aussi avoir l'effet inverse. Il faut faire attention à cela... Tu as raison d'être vigilante sur les signes de burn out de ton mari
Anabanana a écrit: Nous sommes dans le Rhône, nos projets pour prendre quelques jours de détente ailleurs en avril sont tombés à l'eau (comme pour plein de monde, j'en suis consciente, vous aussi sans doute ? et puis il y a ceux qui voudraient mais n'ont jamais la possibilité de le faire). Cette période est lourde. Je pense à toutes ces personnes qui ont traversé un deuil l'an dernier pendant le premier confinement, ou en novembre et qui avaient besoin d'être entourées ou de changer d'air et qui n'ont pas pu...
Ana, au début du deuil, je me forçais à courir, courir. Quand je trouvais un endroit tranquille personne à l'horizon. Je me mettais à crier de toute mes forces, sortir ma colère... Sortir sa colère permet de garder les pieds sur terre. Que ce n'est pas un Cauchemar mais bien la réalité, çà s'est produit... Parfois, je me trouvais un pushing ball et je tappais dessus pour exprimer toute l'injustice de la vie. Tu peux trouver à l'infini ce qui t'aide à prendre soin de toi. Nous sommes en confinement mais on peut sortir sur 10 km autour de la maison. C'est une période lourde d'autant plus lourde quand on perd un être cher...
Je te conseille 2 livres qui peuvent t'aider
Double empreinte, le deuil des jumeaux des familles témoignent Auteur Essia Morellon
Les rêves envolés: traverser le deuil d'un tout petit bébé Auteur Suzy Fréchette Piperni
Ils t'aideront à trouver des repères dans le deuil. Tu as raison, perdre un bébé n'est pas rare c'est un sujet tabou dans notre société
Prends soin de toi, douces pensées à tes fils Jasmin et Hyacinthe