Choupie3007
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« le: 26 Octobre 2018 à 18:00:32 » |
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Bonjour à tous, C’est bien la première fois de ma vie que je participe à un forum. Il faut croire que la douleur, la nécessité de se sentir entourée et finalement le besoin d’écrire m’y ont poussée. Alors voilà mon histoire ... je la croyais exceptionnelle mais je me rends compte chaque jour que de nombreux couples vivent la même. Et aussi difficile soit-elle, elle en devient d’une banalité affligeant, révoltante et incompréhensible. Enceinte de jumeaux après une stimulation ovarienne, le 23 septembre dernier, jour de ma 18ème SA, j’ai percé la poche des eaux d’un de mes titous. Jusque là tout se passait bien et l’échographie une semaine plus tôt nous avait montré des bébés en parfaite santé, on nous avait même annoncé que nous attendions un garçon et une fille, le top ! C’est donc extrêmement surprise mais tout en sachant que cela n’augurait rien de bon que nous nous sommes rendus à la maternité en urgence. A ce moment là, nos deux petits bouts allaient bien, pas de contractions, nous sommes rentrés chez nous. Sauf que 24h plus tard, au milieu de la nuit j’ai ressenti les premières contractions. Retour à la maternité... les contractions se sont intensifiées, j’ai eu droit à la péridurale et quelques heures plus tard nous avons perdu notre petit Louis (déjà décédé suite à la rupture de la poche et aux 24h suivantes). Tristesse, choc et incompréhension se sont mêlés car je pensais que la poche percée était celle de la petite fille. Nous avons été extrêmement bien accompagnés par l’equipe médicale. Nous avons souhaité voir notre bébé et cela nous a aidé à comprendre ce qu’il se passait. Lorsque la péridurale s’est dissipée, le travail s’est arrêté. L’espoir de garder notre deuxième bébé est alors apparu. Les médecins redoublaient alors de précautions pour ne pas entretenir de faux espoirs sur l’issue de la grossesse mais malgré tout le miracle était possible. Le principal risque était l’infection. Après quelques jours d’observation, je suis rentrée à la maison, ma santé était bonne. Drôle de période durant laquelle nous avons à la fois pleuré notre petit Louis et espéré maintenir la vie. De quoi devenir schizophrène ! Finalement, au bout d’une semaine, j’ai fait une poussée de température. Je n’ai pas mis longtemps à en comprendre la cause et d’ailleurs de nouvelles contractions sont apparues dans la foulée. Retour à la maternité, tout s’est passé en un éclair, notre petit Jules est arrivé en à peine une heure. J’avais bien attrapé une infection, qui avait déclenché les contractions. Ce fut un nouveau dechiremmment, d’autant plus que contrairement à son frère, Jules est né vivant et a respiré une petite heure avant de s’eteindre. Autre traumatisme aussi... nous attendions en fait 2 petits garçons ! Comme quoi même en 2018, les erreurs de diagnostic sont encore possible. En temps normal nous en aurions peut être rigolé mais là cela a rajouté de la confusion à notre malheur. J’ai espéré pendant une semaine garder notre petite fille, je me suis adressée à mon ventre au féminin et c’est finalement un petit bonhomme qui est né. J’ai eu l’impression de le trahir. Puis, si nous avions un prénom masculin en tête depuis de nombreuses semaines pour Louis, nous avons dû trouver un prénom dans l’urgence pour Jules (2 min chrono). Les quelques heures qui ont suivies ont été difficile autant sur le plan physique (anesthésie générale, curetage, hémorragie, tension dans les chaussettes, pouls au plafond, température qui faisait le yoyo... j’ai bien cru que j’allais y passer aussi), que psychologie (cette fois ci c’etait fini, plus d’espoir possible, avec cette impression d’avoir pris une claque une semaine avant et d’avoir tendu l’autre joue pour se faire gifler encore plus fort). Puis sont venues ces douloureuses questions relatives à la « gestion des corps ». Au fil des jours, si au départ nous avions décidé de confier les corps à la maternité sûrement par facilité, il nous est apparu indispensable finalement que 1) ils soient ensemble et que 2) c’etait la moindre des choses que de les accompagner nous mêmes jusqu’au bout. Nous les avons ainsi inhumés dans le caveau familial (loin géographiquement, mais au plus prêt dans nos cœurs). Et depuis, nous faisons les montagnes russes. Certains jours avec cette impression que cela n’était qu’un cauchemard et que cela n’a pas vraiment existé, et d’autres jours où nous nous efffondrons dans les bras l’un de l’autre par ce que la tristesse est bien là et que ces petits anges sont bien passés dans nos vies pour la marquer à jamais. Comme beaucoup j’imagine, je raconte aujourd’hui mon histoire car depuis un mois j’ai écumé les forums à la recherche de témoignages sur le deuil périnatal en tombant sur de (trop) nombreuses histoires de grossesses simples interrompues trop tôt et en ayant toujours ce sentiment que perdre deux bébés (pas forcément le même jour en plus) n’etait pas tout à fait pareil que d’en perdre un. C’etait une première grossesse. Ma principale peur est qu’il n’y en ai jamais d’autre. Mon cerveau me dit de garder confiance mais c’est comme si l’espoir avait déserté mon cœur. Malgré tout, on relative en écoutant les témoignages de personnes qui ont perdu leurs bébés plus tard, qui ont dû affronter l’epreuve de la neonat pas toujours avec succès ou encore de ces parents qui ont vu souffrir leurs enfants ... c’est dur d’entendre qu’il vaut mieux perdre ses bébés à 4 mois de grossesse qu'à 6 ou 8 mais je crois que c’est vrai. Et nous avons eu la chance de leur donner des prénoms et de les inhumer. A tous les petits anges partis trop tôt, et à leurs parents qui ont vecu l’impensable... Caro
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