mon petit Thibaud
sandra6172:
Merci Anneth
Concernant ton mari, c'est normal que toi et lui, vous n'ayiez pas le même point de vue. Dans le deuil, les hommes et les femmes n'ont pas le même rythme dans leur cheminement. Il faut lui laisser le temps...le temps d'avancer dans le deuil... Puis lui en reparler plus tard... Car c'est normal, pour toi, de vouloir redonner à nouveau la vie, après avoir vécu le deuil d'un enfant. Cela ne remplace pas celui que tu a perdu mais il peut t'apporter un regain de confiance en la vie et une note positive sur la grossesse... De plus, il peut toujours changé d'avis...
Un papange a écrit un roman autobiographique quand survient la mort d'un jumeau. Je l'ai lu... très émouvant... Ce livre a d'ailleurs été distingué par un prix en Décembre 2011. Sa lecture m'a permis d'avoir le point de vue d'un homme et de mieux comprendre mon mari à défaut de ne pas avoir le sien. Par exemple, tu peux le commander pour le faire lire au tien, comme çà, il comprendra que ses ressentis sont normaux... Voici les références de ce livre, si çà t'intéresse. Courage... Douces pensées à Thibaud
Anneth:
Je rentre tout juste de vacances, moments agréables ... mais ponctués de flash extrêmement douloureux. C'est étrange, en fait c'est quand on passe de super moment en famille, que l'absence de Thibaud se fait le plus ressentir, (pour ma part) ... et du coup j'ai du mal à apprécier à leur juste valeur ces petites bouffées d'oxygène.
Et j'avais l'impression de croiser encore plus de jumeaux, le comble, c'est quand mes enfants étaient sur un manège, à proximité de deux petits garçons jumeaux, et l'un se prénommait Thibaud :-\ .
Mon mari a tendance à me reprocher que je n'arrive pas à passer à autre chose, justement quand on est en vacances, dur dur ... si seulement j'avais la recette.
Merci beaucoup Sandra6172 pour les coordonnées du livre, j'en ai touché 2 mots à mon mari mais il n'est pas intéressé par ce genre de lecture. En revanche, je pense qu'il pourra m'éclairer, je vais me le procurer.
Bises
sandra6172:
En fait, il faut comprendre le mécanisme du deuil, lorsqu'on perd un jumeau, pour pouvoir mieux apprivoiser la souffrance. Tu as un vécu similaire au mien... Tu comprendras mieux ce que je vais te dire...
Quand tes jumeaux sont nés, en l'espace d'un temps très court, tu es devenue maman et mamange. Simultanément, tu vis la naissance d'un enfant et la mort d'un autre enfant. Cela demande un mouvement psychique très important pour le vivre. Encore aujourd'hui, je me demande comment j'ai réussi à traverser ces 2 évènements contradictoires en soi. A ce moment précis, la culpabilité se joue sur 2 plans:
- la culpabilité de ressentir de la joie par rapport à la naissance de Lucas alors que Thibaud est décédé
- la culpabilité de ressentir de la tristesse par rapport à la mort de Thibaud alors Lucas est en vie
La vie nous a obligé à osciller entre les 2 enfants puisque tu es la maman de Lucas et de Thibaud, tu les as portés et chéris tous les 2. Pendant la grossesse, l'attachement s'est fait sur 2 enfants mais pas sur 1 seul enfant. Alors, c'est normal d'avoir pour chaque enfant des ressentis différents parce que chaque enfant est unique et irremplaçable et chaque enfant a un destin différent: la vie et la mort. Tu as le droit de les vivre sans en avoir de la culpabilité. Pour cette raison, il faut se donner le temps de vivre des moments séparés pour vivre la vie en famille avec Lucas et un autre moment pour évacuer sa tristesse et son chagrin avec Thibaud. Cela te permet de vivre ce que tu as à vivre, d'intégrer ces 2 expériences.. Mener les 2 de front n'est pas incompatible en soi...Tu n'as pas le choix malheureusement...
Dans notre société, on nous oblige à refouler les sentiments que l'on estime négatif tel que la tristesse, le chagrin et la colère etc... et de favoriser la joie, le rire, le bonheur etc... Or, tant qu'on n'a pas vécu un deuil, la perte d'un être cher, on ne peut pas comprendre que ce n'est pas possible car nous sommes pas des robots dépourvus de sentiments mais des mamans qui ont perdus un enfant à l'aube de la vie... Pour pouvoir vivre la joie, il faut pouvoir aussi accueillir la tristesse. Dans le cas contraire, le visage est crispé entre les 2. De plus, lorsqu'on refoule ses sentiments, la souffrance réapparait, plus tard, encore plus fort voire amplifiée si entre temps on n'a pas somatisé dans le corps... Ensuite, le deuil est un cheminement personnel, la personne endeuillée avance comme elle peut avec les moyens du bord, en fonction de ses valeurs, de ses croyance et de son vécu. Il n'y a pas de mauvaises manières de faire son deuil, il peut y avoir plusieurs chemins en fonction de chaque Mamange. Après presque 4 ans, après avoir éliminer une à une mes contradictions, je sais que la vie doit se vivre dans l'instant présent, je ne suis plus celle que j'ai été, je ne serai jamais plus, je vis avec...
Ce n'est une recette miracle, mais quelques conseils d'une amie. Douces pensées à Thibaud
Bises
Anneth:
Tes mots m'apaisent ...
merci
Bises
sandra6172:
De rien :)
Je suis en train de lire un livre qui pourrait t'intéresser... Je le finis et je remonte mon fil de discussion
A bientôt
Sandra
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