magnifique plantage -__-
Bref, je sentais les contractions mais c'était pas douloureux. Ils m'ont dit d'augmenter si je ne voulais pas finir par bien les sentir, OK.
Le col se dilatait à gauche, côté des bébés mais mal à droite donc manipulations, massages, etc. Ils ont fini par percer la poche des eaux de Nolam pensant que c'tait Alyona... Je comprenais pas pourquoi ils disaient qu'elle était la plus basse alors que ça a toujours été lui. Du coup j'sais même pas vraiment à qui ils l'ont percée mais plus vraisemblablement à lui.
Donc rdv de base à 14h30, décollement membrane à 15h30, dilatée qu'à 8-9 à 6h du matin le lendemain.. Pas bon, césarienne
On a pourtant passé une super bonne nuit à jouer à cache-cache avec Nolam et le monito tellement il bougeait, idem avec Alyona mais comme elle était dessus c'était plus facile de la retrouver. On délirait par SMS avec mon père, etc. Et d'un coup "césa", moi qui en avais peur... Je suis traumatisée...
L'équipe a été géniale, la grande chef qui m'a ensuite opérée a été en or. Ils ont TOUT tenté au plus naturel pour respecter mes demandes. malheureusement la césa était devenue obligatoire.
Départ pour le bloc, ce que je redoutais est arrivé : baladée dans les couloirs, fatiguée, équipe inconnue, des visages partout, plein de monde...
Stressée au possible. Ils préparent tout puis mettent le champ. On plaisante un peu, je dis ce que je ressens qu'ils font et délire avec mon ami et une infirmière. Cool, j'ai réussis à me détendre !
Là une infirmière veut me refaire une voie dans la main, je lui dis que j'en veux pas car j'en ai déjà une. Ah oui mais il en faut une autre et j'ai pas le choix donc j'arrête de bouger car elle doit la faire d'accord ou pas. Hey, tu vas être aimable toi sinon j'te bombarde à la sortie !
Bon aller, soit. veine pourrie, la voie tient pas. Autre veine : idem. Ok je commence à saturer là. Elle me pique dans le poignet, ça tient pas. Elle repique la main : c'est ok. Moi je suis stressée.
Je sens qu'on me bouscule dans tous les sens, j'ai mal alors que je ne devrais pas. Pourquoi m'écrase-t-on les côtes ? Pourquoi cette lourdeur d'un coup ? Pourquoi plus personne ne parle ? Pourquoi est-ce qu'on me fait d'autres voies dans l'autre main, dans les deux poignets, dans les coudes ? J'ai mal mais on me dit qu'il le faut, que j'arrête un peu de gigoter, que ça urge. Merde, il se passe quoi là ? Je demande, pas de réponse. Je me doute qu'il y a un souci, je me tais, je me laisse piquer partout sans broncher. Je pleure, je vomis, je tremble, je suis fatiguée, je somnole par moment avant de m'éveiller en panique, de crier. J'ai mal dans le haut du corps, j'entends des bribes de conversation qui me font peur "coincé", "vite", "hémorragie", "merde", "on va le perdre". Je panique de plus en plus mais essaie de rester calme. j'ai mal, je prends des coups partout, ils me bougent tellement que même le haut de mon corps bouge, je me laisse aller, je me dis que j'aiderai peut-être si je me laisse faire. Ca me rappelle de très mauvais souvenirs, j'essaie de penser à de belles choses mais j'y arrive pas. J'ai mal, je me sens lourde, molle, j'ai froid, tellement froid, je tremble de plus belle, mes mâchoires claquent, j'ai du mal à me contrôler, je vomis de plus belle, manque de m'étouffer, je me dis que je vais mourir.
On m'apporte Alyona, je la vois à peine tellement je suis mal. Elle part, mon ami doit suivre mais je lui demande de rester, je suis trop mal. Je me sens tellement mal. Où est mon fils ? Pourquoi est-ce que j'entends aucun cri ? POurquoi est-ce qu'on me le montre pas ?
Je vois les visages défaits du personnel et au bout d'un moment, la médecin nous dit qu'il y a eu un souci, que c'est compliqué, que les bébés sont là mais que moi j'vais pas bien et qu'il faut encore pas mal de temps pour me recoudre. Ok, si moi j'vais mal mes bébés vont bien alors, ouf !
Mon ami part. Je crois que je me suis endormie un moment. On m'emmène en salle de réveil, j'ai froid, je tremble mais je suis vivante. J'ai une sensation bizarre. On me fait des soins, j'ai soif, tellement soif.
Un médecin arrive (pédiatre) et m'informe qu'il y a eu un souci lors de l'accouchement. Que Nolam a fait un arrêt cardiaque dans mon ventre, qu'ils l'ont réanimé durant 45 min, son cœur est reparti mais ils doivent l'emmener dans un hôpital spécialisé. J'ai du mal à comprendre. Mon fils est mort mais revit ? 45 min ? Il est mort, c'pas possible que son cerveau ait tenu le coup. Je pleure. Je veux le voir. Je veux mes enfants avec moi. Ils me préviennent que Nolam sera dans un caisson, branché de partout. Effectivement, mon pauvre bébé. Qu'il est beau mon fils, il a l'air tellement paisible, il a de beaux traits, il est vraiment magnifique malgré tous ces tuyaux.
Mon ami ira le voir, moi je suis coincée à l'hosto avec Alyona. Ca me fait mal mais j'peux pas la laisser.
Ils emmènent Nolam, je pleure de plus belle. J'ai trop chaud, envie de vomir, j'ai soif, je me sens mal. On m'amène Alyona qui était en peau à peau avec son père, elle a faim. Première têtée, elle y va franco la mini, je l'ai bien lobotomisée durant ma grossesse ! Le personnel n'en revient pas qu'elle soit si rapide et si goulue avec une telle succion. Tant mieux !
Le temps passe (2pauvres heures en fait), j'en ai marre, ça va mieux, j'ai soif. 10h30, j'ai enfin le droit de boire. Je finis par aller en chambre vers 11h je crois. Je demande à boire, j'ai tellement soif. Alyona est là, toute bouffie, toute rouge, toute gigotante. Quelle différence avec son frère ! Rien à voir. J'avais dit qu'il serait calme et pas elle, ça se voit déjà lol
Les médecins viennent et nous expliquent ce qu'il s'est passé. Je vis un cauchemar dont je ne suis toujours pas sortie. Si j'avais peu de contractions utérines, si mes enfants ne descendaient pas, c'est parce que mon con d'utérus s'est tourné. Le truc qui n'arrive JAMAIS. Quand ils ont ouvert, ils se sont trouvés face au côté de mon utérus, là où il est épais, là où il n'aurait pas dû être. Ils ont donc dû le tourner pour le remettre droit, d'où les manipulations brutales que j'ai senties. ca a été difficile. Nolam était trop bas, coincé, ils n'ont pas réussis à le sortir. Ils ont dû rouvrir plus grand pour tenter de l'attraper mais mon utérus bougeait, bref, ils n'y arrivaient pas. Ils ont donc décidé de sortir Alyona pour la préserver et laisser plus de place pour sortir Nolam. Il paraît qu'elle a crié, j'ai rien entendu.
Sauf que même sans Alyona, ils ont galéré pour sortir Nolam qui était en arrêt cardiaque et faisait une hémorragie (il semblerait qu'à me manipuler, le placenta se soit décollé). Il a donc été perfusé, réanimé 45 minutes puis le cœur reparti, branché pour être maintenu en "vie". Sauf qu'aucune activité cérébrale... je m'en doutais, mon fils est mort dans mon ventre, bloqué par mon utérus qui l'avait accueilli et protégé durant tous ces mois, il est mort à cause de mon corps. Tout va bien à côté de ça, il est en pleine forme, ah ah oui mais mort, au niveau cérébral du moins, donc mort quoiqu'il en soit. 7 minutes pour sortir mon fis, 7 foutues minutes.
On m'autorise à sortir l'après-midi pour aller le voir à l'hôpital. Je sens à peine la douleur, je suis ailleurs. Mon fils est là, branché, caché par tous ces trucs pour qu'il ne se refroidisse pas. Mon pauvre fils, qu'est-ce que je lui ai fait...
Les médecins nous disent qu'ils doivent refaire des tests mais quand je demande s'il a une activité neurologique, on me dit "malheureusement, non". Je réponds machinalement "au moins, il ne souffrira jamais, il est déjà mort". On me reprend "il est vivant" "oui, un légume, pas d'activité cérébrale = mort". Personne ne dit plus rien et moi je pleure. Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça ? 10 min avant on plaisantait à jouer avec lui et le monito, on racontait des bêtises et peu après mon fils était mort.
On repart, le cœur lourd, on a dû prendre la décision de le débrancher le lendemain. Pourvu que son cœur tienne la nuit, je refuse que mon fils meurt seul dans cet hôpital, loin de nous, loin de sa sœur. Puis j'ai besoin d'avoir mes bébés dans mes bras, de vivre un instant ce à quoi je m'attendais depuis tous ces mois, ce sur quoi j'ai tellement dû bosser : une grossesse, gémellaire, ma situation personnelle, la perte de ma chienne, la perte de mes évolutions au boulot, le déménagement, accepter d'être enceinte, de devoir accoucher, mon passé qui m'est revenu en pleine figure, mon acceptation d'une voie basse malgré mes craintes, revivre des horreurs durant l'accouchement, pour apprendre qu mon fils est mort pendant. Je suis morte une seconde fois et cette fois j'ai vraiment perdu une partie de moi.
Le lendemain, notre famille proche est venue. Ils ont apporté Nolam à l'hôpital, tout le monde a pu voir notre beauté. Ses traits étaient encore plus fins que la veille, ils l'avaient bien lavé. Il avait les yeux bleu-vert, les cheveux blonds, le visage d'un ange, vraiment, un vrai canon. Moi qui trouve les bébés moches (dont Al lol la pauvre), lui était vraiment un bébé magnifique. On a passé un peu de temps avec lui puis ils l'ont apporté dans ma chambre. Ils ont débranché tout ce qui était possible pour que je puisse le prendre contre moi avec Alyona. Quelques minutes avec mes deux enfants contre moi. Ca fait tellement mal en fait. J'ai été malade (ils m'avaient shootée), j'avais mal et j'ai pas pu profiter comme je l'aurais souhaité mais j'ai pu sentir mon fils contre moi. Puis il a fallu faire sortir Al, on ne voulait pas qu'elle soit présente pour le départ de son frère. l'"équipe est venue le débrancher, mon ami l'a pris dans ses bras, on le tenait et on a attendu que son cœur cesse de battre. Il ne voulait pas s'arrêter. Si seulement il avait pu tenir aussi bien lors de l'accouchement...
Adieu mon bébé, adieu mon fils, adieu notre vie, notre avenir. j'aurais jamais vu ses mimiques, entendu sa voix, vu ses yeux ouverts, ne le verrai jamais évoluer, grandir avec sa sœur. J'aurais été une maman de jumeaux dans l'imagination seulement. Il me reste ma fille, mon adorable fille mais lui me manque, même si je ne sais pas ce que ça fait, il me manque. A chaque têtée, à chaque change, à chaque bain, à chaqe réveil, à chaque bruit qu'elle fait, j'attends de voir, d'entendre Nolam, j'ai besoin de lui, besoin de m'en occuper, de le sentir, d'avoir mes DEUX enfants. Pas juste Alyona.Je m'ennuie. Tout est venu si vite, ni naturellement. Même moi je suis étonnée. J'ai eu tellement de mal à accepter cette grossesse (la dernière semaine), j'ai tellement mal vécu ces mois, l'accouchement, et tout va si vite avec elle. J'aurais largement pu gérer son frère alors pourquoi la vie me l'a-t-elle pris ?
J'ai mis le temps mais j'ai accepté ces deux enfants, mes deux enfants. Et je ne les aurais jamais. Il ne me restera que quelques souvenirs de Nolam, quelques photos et les souvenirs de la crémation. Une semaine pile après leur naissance. Ca fait mal. Tout s'est bien passé au moins. Mon ami a lu un texte qu'il a écrit lui-même, très touchant. J'ai pu traduire et lire les paroles d'une chansons que je leur faisais écouter quand j'étais enceinte et on a écouté la chanson (en russe). c'était difficile de la lire, de lire ces paroles, de la chanter tout doucement en pleurant, en me disant que c'était la dernière fois que j'étais dans la même pièce que lui, que je lui chantais cette chanson, sans Alyona restée à l'hôpital. Et je continue à la faire écouter à Alyona quand elle a du mal à s'endormir, elle l'apaise toujours autant. Moi je pleure, elle me fait mal. Elle parle des ailes d'un ange, la chanteuse aimerait le revoir, elle le sent mais ne peut le voir, pas fait exprès de leur faire écouter ça. Si j'avais su...
Voilà... On a été largement entouré par le personnel. J'ai su que j'avais fait une hémorragie importante durant la césarienne, ouverte trop longtemps, manipulations... j'ai perdu 2l de sang, ils s'inquiétaient mais mon corps est fort et a tenu le coup sans transfusion (d'manière ils n'ont jamais eu de voie, toutes on lâché...). J'ai eu plusieurs soucis et comme ils ont fait vite, ils m'ont amoché l'intérieur mais je me suis vite remise, plus qu'une casé simple alors qu'il paraît que j'ai bien bien morflé. Ma cicatrice disparaît déjà et tant mieux, j'veux pas la voir, pas la toucher, elle me rappelle que j'ai perdu mon fils. Une vingtaine de centimètres pour rien. Des douleurs toujours présentes, les abdos ont pris aussi mais sont de retour gentiment. Mon corps a repris son rôle. J'ai perdu environ 11l d'œdèmes
c'était il y a 3 semaines aujourd'hui. J'ai toujours aussi mal. Il me manque toujours autant. Son urne est dans leur chambre en attendant qu'on aille disperser ses cendres. Il est là au moins en attendant. Quand je m'occupe d'Al la nuit, je peux lui parler, le "voir". C'est glauque mais ça me fait du bien finalement (moi qui ne voulais pas les avoir à la maison...).
Maintenant, il va me falloir bosser sur mon accouchement avec la psy. Je continue d'en cauchemarder quasi toutes les nuits. Je revis des bribes et j'ai mal au cœur.
Moi qui suis habituellement si forte, qui supporte plein de choses, je me sens si faible, les gens ne comprennent pas. J'ai du mal à faire bonne figure, j'ai trop mal à l'intérieur.
Heureusement j'ai quasi plus de ventre car je ne supportais pas de le voir. D'avoir l'impression d'être enceinte, d'avoir fait un cauchemar et de ne pas encore avoir accouché. Voir de les sentir bouger...
Les gens ont peur de blesser, de ne pas avoir les bons mots mais rien ne me rendra mon fils, j'ai besoin de revivre, de papoter, de voir du monde, de me prendre ce monde dans la figure pour repartir. Nolam restera dans ma chair et dans mon cœur à vie mais je ne peux pas continuer à pleurer chaque jour, plusieurs fois, à me retenir quand il y a du monde, à ne pas vouloir parler de mon accouchement, de Nolam. Je dois me reprendre, vivre, j'ai ma fille qui est là et a besoin de moi. Mais je ne veux pas qu'on oublie Nolam, je ne veux pas que les gens n'osent pas en parler ou aient peur de dire quelque chose de blessant. Tout l'est, c'est comme ça, ça passera avec le temps. Mais ne pas tenir compte de lui fait plus mal que d'en parler. Me demander combien pesait ma fille à la naissance et ne pas demander pour Nolam, c'est pire. Il est là, pas physiquement, mais il a vécu, il a existé, j'ai accouché de 2 enfants, il a existe, il a eu un acte de naissance.
Maintenant, je dois apprendre à vivre avec un seul enfant, accepter que vous ayez vos enfants (enfin majoritairement), en être heureuse pour vous et me réjouir d'avoir Alyona. Je vais essayer de revenir mais j'avoue ne pas savoir si je tiendrai. je n'aurai plus grand chose à partager avec vous. Je ne connais pas les gestes en double, le double de temps, etc. Al est facile en plus, moi j'dors pas...
J'ai raconté ça comme ça, j'ai certainement oublié des moments, il y en a qui reviennent petit à petit. j'espère réussir à surmonter ça un jour, dans pas trop longtemps, ça fait trop mal.