Ca y est, je prends un peu de temps pour écrire le récit de mon accouchement !
Je vous préviens, ça risque d’être un peu long.
Tout a commencé le dimanche 13 octobre 2013 à 1h52. Je me réveille soudainement, il me semble avoir senti comme l’explosion d’une bulle, là, en bas… et d’ailleurs, ça se confirme assez rapidement, je perds les eaux. Je me contorsionne un peu histoire que ça coule sur le sol plutôt que sur mon matelas tout neuf pour lequel je n’ai toujours pas acheté de protection. Et j’en profite pour réveiller l’Amoureux.
Histoire de ne pas rester comme une c o n n e les fesses hors du lit, je me lève et là, SPLASSSSHHHH !!! L’inondation ! Les chutes du Niagara ! J’en fous partout ! Heureusement que les toilettes ne sont pas loin de la chambre, je manque d’ailleurs de mourir en glissant sur le carrelage des toilettes que je venais d’inonder.
De là, on discute stratégie avec l’Amoureux : « Qu’est-ce qu’on fait ? »
Il est 2h du matin, comment vont réagir les enfants ?
J’appelle la maternité pour connaître les démarches à suivre et qui me confirme que oui, il faut venir maintenant.
Le temps de me caler une serviette entre les jambes (oui, une serviette de toilette, pas une serviette hygiénique) et je file terminer ma valise que je n’avais pas bien avancée. D’ailleurs, les vêtements de bébé étaient encore dans le sèche-linge (j’ai été inspirée).
On appelle une amie qui nous avait proposé de garder les garçons de jour comme de nuit. Elle nous attend. Reste plus qu’à réveiller les petits loups qui sont un peu interloqués mais toujours ravis de partir à l’aventure en pleine nuit

On part, on dépose les enfants chez notre amie et nous voilà à la maternité (ha oui, avec une robe d’été et sans culotte, bha oui, j’ai toujours ma serviette ! ) ?
On me pose un monito, très peu de contraction… L’Amoureux me dit que quand même ce serai bien d’arrêter de perdre les eaux en pleine nuit, et on se demande si c’est plus souvent la nuit que le jour que les femmes perdent les eaux ? (question toujours en suspend).
Il se dit aussi que le 13 octobre c’est une bonne date, d’ailleurs c’est l’inverse de 31 (date de naissance des garçons) et puis 13 ça porte bonheur. Et c’est un nombre premier. Etc..
Comme il ne se passe rien pour mon col (ouvert à 1), l’Amoureux rentre se coucher et je me repose aussi avant la bataille.
Quelques heures plus tard, rien de nouveau sous le soleil, les contractions se font de plus en plus inexistantes. L’Amoureux passe voir les enfants avant de venir à la maternité.
Il ne se passe rien.. C’est peu probable que ce soit pour le 13 finalement, mais bon.. On ne sait jamais.
Mes parents sont prévenus, ça tombe bien, ce jour-là ils partaient dans le nord passer une semaine chez ma grand-mère. Finalement, ils s’arrêteront chez nous pour garder les petits pendant mon passage à la maternité.
L’Amoureux profite donc pour récupérer les enfants le midi, mes parents arrivant pour la fin de la sieste.
Ils passent d’ailleurs me voir à l’hôpital avant d’aller à la maison.
Bref, dimanche.. Rien. On me parle de déclenchement le lendemain si le col est favorable. Je demande un ballon pour faire des exercices. J’ai bien fait, ça me donne de bonnes contractions qui permettent au col de bouger un peu.
Le lendemain matin, le gynéco passe me voir. Le col a bougé un peu, il est pas tip top, mais bon, on peut déclencher, pourquoi pas.. Sans résultat garanti, ça peut très bien se finir en césa. « Cela dit, si vous me dîtes que vous voulez une césarienne, je vous la fait tout de suite ! ». Et ben non.
Cependant, le doute m’assaille. Est-ce que ça vaut vraiment la peine de souffrir toute la journée pour finalement faire une césa en urgence ?? L’Amoureux est plutôt partant pour choisir la césa tout de suite, mais me laisse le choix. Et puis merde, je la veux tellement cette voie basse que je veux tenter quand même. Je ne veux pas m’en vouloir de ne pas avoir essayé.
C’est parti pour le déclenchement, on s’installe en salle de travail, je suis attachée à un monito et à une perfusion dans le creux du bras qui m’empêche de le bouger (on n’a pas trouvé de veine correcte ailleurs !). L’Amoureux a apporté mon ordi pour mettre un peu de musique pour passer le temps et un jeu de cartes.
Alors on passe le temps.
Les contractions commencent à se faire sentir. Pas bien méchantes au début elles deviendront vraiment pénibles 2 ou 3 heures plus tard.
Le staf s’étonne qu’on ait apporté de la musique, il parait que ce n’est pas courant. Bha chai pas, ça fait passer le temps, c’est déjà pas super agréable, si en pluss c’était dans le plus grand silence… Et moi ça me permet de me concentrer sur les chansons plutôt que sur la douleur des contractions. Chacun son truc.
En début d’aprèm, on me propose la péridurale en m’assurant que comme c’est un déclenchement, ça ne va pas du tout ralentir le travail. Parce que bon, j’arrive péniblement à 3 après plusieurs heures de contractions, je ne tiens pas à ce que ce soit encore plus long !
Bon, comme ça n’a aucune incidence, je ne vais pas jouer les héroïnes à souffrir pour rien. C’est parti donc pour la péri. La sage femme est sympa, elle se met devant moi et me parle de Thomas Fersen qu’elle a entendu sur ma play list. « J’aurai jamais cru entendre du Fersen ici ! » C’est mon héros, à elle aussi On discute de son dernier album. Elle me fait oublier la pose de la péri.
Et c’est reparti pour quelques heures d’attente. L’Amoureux va prendre l’air, se chercher un truc à manger. Moi je n’ai droit à rien, pas même un peu d’eau. Et c’est la soif qui est la plus pénible à supporter dans cette affaire.
Plus tard, une étudiante SF vient me proposer un produit miracle pour permettre à mon col de se grouiller un peu. En une heure de temps, je passe de 3 à 8 cm ! Woooo ! Miracle ! Je n’y croyais plus ! Elle vient de repousser un peu pluss la crainte de la césa.
Encore un peu et le col est effacé.
Reste plus que le petit veuille bien descendre.
Et ça, c’est un problème. On me met dans une position adéquate, il descend en effet, mais dès que je reviens sur le dos, je le sens, il remonte. Je me dis qu’il doit y avoir son cordon qui le retient, et ça, ça sent pas bon pour la voie basse.
Le temps passe encore, il va falloir y aller, parce que ça fait trop longtemps que ça dure cette affaire ! Tout le monde y va de sa petite observation manuelle : « Ha oui, il n’est pas vraiment engagé, il est juste au bord… » « bon, qu’est ce qu’on fait ? On tente quand même une poussée ? » « Vas-y madame, pousse pour voir ? » Heuuuu

Mais encore ? Je fais ça comment ? Elle m’explique vaguement, j’essaie vaguement.. Evidemment, ça ne donne rien de bien flagrant.
La gynéco dit, bon ben aller, césa ! Je vais me préparer ! ARRRRG ! Il est 22h30, ça va faire 12h que je suis sur ce lit à la con et le pire scénario se concrétise. L’Amoureux ne le dit qu’à demi-mot, mais je sens bien que ça le gonfle que je n’ai pas choisi la césa tout de suite.
La Sage-femme se laisse pas démonter. Elle m’explique à nouveau le système de poussée et on la refait, moins crispée (référence !). Je ne sais pas d’où j’ai sorti toute cette rage, j’ai puisé toute la puissance des enfers pour le faire descendre ce bébé !
Elle me dit : « C’est super ! Il descend ! Mais dès que vous arrêtez de pousser, il remonte.. » Heureusement, il remonte moins qu’il ne descend. Et on continue, et on continue. La gynéco revient toute apprêtée pour sa césa. « Non ! Il est là ! On voit ses cheveux !! » Ho Putain ! Ce n’est plus des enfers que je tire ma rage mais de Belzébuth lui-même. Je sens sa tête entre mes jambes, il va bien finir par sortir cet enfant !
« Je vais faire une épisio » QUOAA ?? Coupée en plein élan ! « Ho, une toute petite.. » Rhaaa, j’espérais bien l’éviter aussi celle-là… You can’t always get what you want, dit le philosophe.
« Ne poussez plus ! Ne poussez plus ! » Je veux le prendre ! Je veux l’attraper ! La SF lui retire le cordon qui fait deux fois le tour de son cou, ce fameux cordon qui s’est amusé à corser un peu les choses et me met le petit entre les mains. Il est tout chaud ! Je n’en reviens pas, il est 22h54, c’est fini.
« J’ai réussi … » Dis-je totalement hébétée à l’Amoureux. Après deux jours d’attente, les doutes du personnel et de l’Amoureux quant à une voie basse, un travail à faire qui part de zéro, après 12h de déclanchement, je l’ai eu ma voie basse ! Je l’ai arrachée !
Au fait, c’est une fille ou un garçon ? C’est un petit garçon, un beau petit garçon avec des yeux magnifiques qui me regardent déjà avec tant d’insistance.
Un petit Léonard avec qui je noue déjà une relation différente que celle que j’ai pu tricoter avec mes ainés.
L’Amoureux est ravi. « D’accord, tu as bien choisi, tu as bien fait d’insister, c’était un super moment ! » Lui aussi retenait sa respiration à chaque poussée ! Et lui aussi a vu Belzebuth dans ma rage, la preuve, je lui ait fait peur

Ca c’est une sacrée putain de victoire de Canard !
J’en suis super fière !
(Mais putain, après cette journée j’ai l’impression que ma marguerite a subit un g a n g b a n g de f i s t f u c k i n g… Tous ces gens qui m’ont prise pour une grotte de spéléo !!)