Bonjour,

Ne sachant plus trop vers qui me tourner pour parler de Théo qui me manque tant et que j'aimerais encore serré dans mes bras pour lui dire : "oh combien je l'aime !!" je me permets de poster ici pour parler avec des mamans qui ont vécu ce grand malheur de perdre un jumeau.

Récit de mon histoire :

4 juin 2012 : début de la grossesse
20 juin 2012 : découverte que j'attends un heureux évènement. Très vite accompagné des maux de grossesse très très important ! Je suis en vacances et profite pour me reposer.
2 août 2012 : découverte que 2 bébés sont cachés dans mon bidon. Grosse surprise car pas de jumeaux dans la famille, pas pris de traitement, etc... Des jumeaux de manière très naturelle
14 août 2012 : confirmation que c'est une mono bi et présentation des risques de STT mais en me précisant que ça n'arrive que très rarement !
18 septembre 2012 : le syndrome est suspecté pour mes enfants alors que nous emmenions le grand frère pour lui montrer les bébés dans le ventre de maman. Écho stressante et on nous a laissé dans le flou...
3 octobre 2012 : rendez vous avec le spécialiste du STT pour voir l'évolution. Le verdict est là STT pour mes bébés. L'avancée est lente mais il faudra opérer donc on ne prend pas de risque je reste à l’hôpital.
4 octobre 2012 : Opération du STT qui se déroule bien et les 2 bébés survivent à l'opération.
13 novembre 2012 : écho de contrôle comme tous les 10jours et on me dit que tout va bien. En rentrant je sens des contractions mais je met ça sur le trajet.
14 novembre 2012 : consultation en urgence car toujours des contractions mais col assez long dc on me renvoit à la maison.
Nuit du 14 au 15 novembre : contractions mais non douloureuses vu que je dors comme un bébé.
15 novembre 2012 : 6h du matin au moment de faire un bisou à mon fils de 2ans pour lui dire au revoir (garder chez son papy pour être au repos complet) je sens que ça coule et je perds du sang bcp de sang. On file aux urgences (à la mater) qui une fois arrivée la bas me transfère dans un hôpital de niveau 3! Mon mari va qd mm bosser car de toute façon il est mis à l'écart toutes les 5minutes. Mais en début d'après midi je lui demande de me rejoindre je me sens seule. Et les nouvelles ne sont pas bonnes. Les contractions se calment vers 15h on me monte en chambre pour me garder probablement jusqu'au bout de la grossesse. Mais vers 17h je ressens à nouveau des contractions, on me donne spasfon (sans effet) donc monito et là les contractions sont là. Il est 19h on me descend et on attend les gynécos ! Le col est alors ouvert à 2doigts à 19h30 avec les inhibiteurs de contractions. Les médecins décident de me laisser accouché naturellement en espérant que le travail se lance rapidement avec très peu de chance de survie pour mes enfants ! Vers 20h le travail se lance vraiment, vers 21h30 on me met la péridurale. Et très rapidement le col s'ouvre entièrement.
A 23h20 Romain est né avec 862g et Théo a suivi à 23h22 avec 890g. Je n'ai pu voir mes enfants, ils étaient sans vie quand ils sont partis, mon mari les as suivi. Je me retrouve alors seule dans cette pièce  froide dans laquelle je suis venue avec mes fils dans le ventre et me voilà couché avec une péridurale importante (car révision utérine) avec comme seul ami mes larmes...

Les enfants ont été réanimés et on ne nous dit rien de plus.

16 novembre 2012 : je découvre ces 2 bébés. Dans une boite avec des câbles partout des bip qui sonnent tout le temps, moi encore fatiguée et assommée par ce qui vient de m'arriver. Je ne sais quoi faire quoi dire j'ai envie de reprendre mes enfants qu'on m'a tiré de mon ventre mais non c'est impossible. Ils sont là et se battent. Faut que je me batte pour eux.

Le 17 novembre 2012 : on nous explique que la respiration est le faible de nos enfants. Je me suis retrouvée face à un médecin pas du tout pro dans ces paroles. Je vis très mal cet entretien je sors en pleurs et inconsolable. Genre de phrase dites : "Fallait réagir plus tôt car là ils n'ont pas eu les piqures de corticoïdes à temps, ça va être dur de les faire vivre" ! Je me sentais largement assez coupable. Et le pire c'est que j'ai consulté le 13 et 14 mais qu'on m'a dit tout va bien !!

Le 18 novembre 2012 : Je demande à sortir de l’hôpital le moral n'est pas ; j'ai besoin d'être avec mon mari de pleurer dans ses bras...

Le 19 novembre 2012 à 14h30 : on m'annonce que Romain supporte plutôt bien la vie extra utérine. Théo quant à lui a une hémorragie cérébrale de stade 4 ! Il ne parlera et ne marchera probablement jamais. On nous conseille fortement de laisser s'envoler ce petit bonhomme.
Nous avions pris cette décision avant même d'avoir des enfants... Si on nous laisse le choix nous laisserions partir notre enfant malades car ce n'est pas une vie pour lui, pour nous, pour ces frères et tt son entourage...
Nous faisons alors baptisés nos JUMEAUX  ds le service de réanimation avec papy, mamies , parrain, marraines, Thomas...
Une fois le baptême terminé nous restons seuls avec mon mari pour faire un câlin (le seul et unique) à mon fils Théo. Au bout d'un moment on dit qu'ils peuvent le débrancher et c'est dans mes bras que ce petit bébé de 672g ce jour là s'éteint. Avec notre bénédiction et après un peu de temps pour vraiment se laisser aller il s'éteint ce 19 novembre 2012 à 21h10!


Aujourd'hui  après ce 1er hiver très long et très mouvementé pour Romain le moral est bas car je me sens seule face à ce deuil. Mon mari ne veut pas en parler et je me sens pas à l'aise pour en parler à mon entourage... Pas trop envie d'un psy... Juste besoin de partager ce que je viens de vivre avec d'autres mamans qui malheureusement on vécu ce cauchemar !! Car j'ai vraiment l'impression que personne ne peut me comprendre à part celles qui l'ont vécu.

Je ne sais comment l'expliquer à mes enfants tout ça et j'ai un rapport bizarre avec Romain qui est bel et bien vivant mais avec qui je me sens maladroite alors que tout le monde me dit que je fais ce qu'il y a de mieux pour lui !

Merci pour vos messages et votre attention après la lecture de ce long message :/

Merci !!! 

Bonjour,
j'imagine votre peine. J'ai vécu une histoire similaire à la votre l'été dernier. Je suis très heureuse de voir louis grandir et s'épanouir. Parcontre, cette grossesse et ce drame à profondément changé ma vie. La tristesse à tout de même pris en otage notre famille même si nous nous battons pour aller de l'avant. 

Laeti, c'est toujours avec beaucoup de peine que je vois l'ouverture d'un nouveau fil dans cette section du forum.

Qu'appelle tu un "rapport bizarrre" avec ton loulou ? Hormis le fait que tu te sents maladroite.

Charly à également eu une hémorragie cérébrale de stade 4 (à cause de l'utilisation des forceps) mais les pédiatres ne nous ont pas laisser le choix. Vu les conséquences trop lourde qu'une telle hémoragie peut engendrer, ils ont décider de ne pas faire d'acharnement thérapeutique et de lui prodiguer un soin de "confort".
Quelque part je suis soulager de ne pas avoir été obligé de faire ce "choix".
C'est une trés belle preuve d'amour que d'avoir le courage de ne pas laisser à son enfant une vie remplit de souffrance.

 

Je pense que cette grossesse est traumatisante et épuisant et qu'elle est contre nature. J'en ai bavé louis a eu à sa naissance qq mois après une hernie. Je ne pouvais dormir du tout pendant des mois. IL hurlait tellement il souffrait. I l se réveillait jusqu'à ses huit mois 3,4 fois par nuit. Je l'ai porté en écharpe, fait dormir avec moi comme je l'allaitais et du jour au lendemain ça s'est arrété. Il ont surement besoin d'être rassuré suite à cette grossesse stressante et angoissante.

oh la la, tu sembles vraiment mal, là! Il ne faut pas rester comme ça! Ne laisse pas les autres te dire ce que tu dois faire... sauf les professionnels, hein! Tu es sa maman, tu sais ce qu'il y a de mieux pour lui. Après, si ton enfant pleure, c'est effectivement peut être un problème de RGO. As-tu éliminé toutes les raisons "physiques" qui pourraient expliquer ses pleurs? As-tu repris le travail, afin de t'accorder des moments sans lui et avoir une vraie vie sociale? ça aussi, c'est important.
Mon "jumeau esseulé" n'a pas énormément pleuré sa soeur. Je pense vraiment qu'il a su être très discret dans son malheur. En revanche, chose extraordinaire, il nous a fait une journée de pleurs tous les mois-niversaire de sa naissance pendant une année complète. Le jour de son premier anniversaire, je ne l'avais jamais vu aussi triste...
Me concernant, je me suis faite aider par la psychologue de la maternité pendant presque 1 an. Elle a été ma bouée de sauvetage! Mon mari, lui, bien qu'en parlant régulièrement, n'a jamais voulu aller consulter jusqu'à l'été dernier, où il y a vraiment eu un "trop plein d'émotions". Il n'avait pas qu'Aliénor comme sujet douloureux, certes, mais notre fille restait tout de même un gros poids qu'il lui fallait alléger. Il n'est jamais trop tard pour en parler en famille, en couple, ou avec des professionnels.
BOn courage

Merci à toutes pour vos réponses !!

Lyly mon 1er peau à peau fut très difficile et n'était pas serein. J'oubliais aussi les fils et tout mais ils m’empêchaient de le prendre correctement et qd bon me semblait dans les bras.

Romain a un RGO qui s'améliore heureusement. On a diminué son traitement à juste du gaviscon. Depuis quelques jours on a augmenté ces rations de nourriture et on trouve qu'il pleure moins. Enfin juste après les repas et 2h après mais plus des heures durant. C'est des petites crises de 15/20minutes.

J'ai aussi bcp de mal à créer le lient car le grand me demande bcp d'attention et je ne sais géré ce souci. Je lui explique que je m'occupe de son frère et que j'arrive. Ou qd Romain pleure et que je m'occupe de mon grand j'explique à mon grand que je fais aussi attendre Romain qd je m'occupe de lui (oulà est ce que je suis claire?  ) Mais bon il en profite pour faire pipi ou caca dans un coin en ce moment. ça lui passera mais je fatigue. Dès que ça va mieux il y a autre chose. Faut croire que je ne pensais pas qu'être maman était si fatiguant.

Almaclo : je ne me sent pas capable de reprendre le travail. Je suis en congé mat jusqu'au 4aout et j'ai fait la demande pour mes congés puis congé parental/ AJPP. Je voulais me laisser au moins un an de réflexion sur mon avenir de ce coté là. Je suis caissière dans une entreprise avec qui la grossesse c'est mal passée. Donc pas trop envie de re- travailler avec eux pour le moment.

Lovely : je me trouve énormément dans ton paragraphe sur tout ce qui est lié à l'enterrement. Et j'ai l'impression que les gens oublie vite. Mon fils fait entièrement parti de moi je ne peux l'oublier... Chaque jour je pense à lui à chaque fois que je regarde Romain je vois du Théo dedans.

Les mots manquent souvent dans les décès, j'ai toujours essayé d'être positive car mon aîné et Romain ont besoin d'une maman solide. Mais il y a des périodes où j'ai aussi mes bas.
Ce qui me mine le moral c'est que j'ai un fort attachement à l'allaitement et je me rend bien compte que je n'ai plus assez de lait. Et ça me fend le coeur de devoir arrêter.  Et j'ai l'impression que tout le monde attend que ça ; que j'arrête l'allaitement. Je ne sais trop pourquoi, car je ne laisserais pas plus mon enfant. J'ai toujours dit j'ai voulu des enfants je les assume.
Déjà là je trouve que "j'abandonne" bcp Romain pour faire des activités avec mon grand.

Voilà que je me met de nouveau à étaler mes soucis et faire de gros gros gros pavé.

Olili une grosse pensée à ton ange! Tu sais il  m'a fallu 8mois pour revenir sur le forum des jumeaux. Pas de souci si tu veux en parler en privé. N'hésite surtout pas et j'ai remarqué que pendant ces quelques de gros vide j'ai pleuré dès que j'en avais besoin (hier encore en passant ma serpillère) ben ça fait du bien de ne pas toujours retenir les larmes et dire oui oui qd on dit que ça va alors que non ça va pas

Si mon ainé me demande pourquoi je lui dit simplement que je suis triste. Pour le moment il ne demande pas plus donc ça va.