ça risque de paraître bizarre pour certaines, mais je ne garde pas de mauvais souvenirs de cette période, à quelques exceptions près.
mes loulous sont nés à 31 semaines tout pile. je suis du jura, et à 29 semaines, j'ai senti un écoulement (fissure de la poche). on m'a envoyé à Lyon. Ca, ça m'a fait paniquer. pas de famille ou si peu, des amis qui bossent et qui ne pouvaient pas venir, et juste mon homme qui venait tous les mercredi, et week-end. j'ai beaucoup pleuré
j'ai accouché par césarienne (ça c'était raide),
mais une fois nés, le pédiatre me les a emmené tout de suite que je puisse avoir deux minutes avec eux. le soir même je montais en réa pour les voir. j'étais euphorique.
les trois semaines qui ont suivies, j'étais campée au pied des couveuses de 8 h à 20 h, avec des pauses dans la salle prévue avec les tire laits. je suis restée à Lyon, j'étais hébergée chez des bonnes soeurs
à 10 minutes de marche de l'hôpital (rééduc pour la cicatrice de la césa
)
j'ai vécu en vase clos avec mes loulous, je les touchais, leur parlais, et d'une nature plutôt positive, je savais au fond de moi qu'ils n'auraient pas de séquelles. Je refusais en fait cette éventualité. Ils prenaient 10 ou 20 grammes par jour, parfois 5, c'était dérisoire, mais toujours un immense bonheur d'entendre dire qu'ils grossissaient.
J'ai craqué une fois : louis avait un ictère sévère, et ils allaient entourer la couveuse de cette "lumière bleue", ils devaient le piquer (je sais plus pour quoi) mais toutes ses veines pétaient. Ca a duré une heure ou un peu moins à attendre, il avait 3 jours, j'étais folle d'angoisse.
l'équipe de Lyon a été sensationnelle, pleine d'attention, de soutien, d'écoute et d'accompagnement. Je me souviens encore de leur visage, de certains de leurs conseils. j'étais cocoonée, pour pouvoir cocooner mes petits.
j'espère ne choquer personne, mais je garde en moi une sorte de nostalgie de cette période. C'était juste eux et moi, j'ai prolongé ma grossesse à Lyon, avec eux en dehors de moi. personne ne pouvait les voir, c'était très strict. mais nécessaire, le service comprenait 45 lits.
Ils ont été transférés ensuite à Besançon, et là, j'ai été très déçue. Le personnel passait son temps à boire le café. je plaisante pas, j'y passais mes journées, et je n'ai que rarement vu le personnel. Je disais que je viendrai pour donner le bain, on me sortait la baignoire, et personne n'est jamais venu voir comment je prenais soin d'eux. On est juste venu me dire une fois que "vous devriez arrêter de les toucher, vous les perturbez dans leur sommeil"
elle aussi, je vois encore sa tête, une tête à claque.
et puis retransfert à l'unité kangourou près de chez nous, à lons le saunier : et là, comme à lyon, une période bénie, où j'ai passé dix jours allongée sur mon lit, mon homme à mes côtés, et un petit qui dormait sur chacun de nous.
la prématurité n'était pas attendue, mais, au final, elle n'a jusque là eu aucune séquelle, mes enfants sont des vrais acharnés de la vie, des battants. aujourd'hui, je crois qu'elle représente une force pour eux.
c'est ce que m'avait dit une maman qui venait chercher son bébé à Lyon, alors que je venais voir les miens : "ils sont forts nos enfants, ce sont des battants".
Il faut y croire, la vie et l'espoir que nous avons en nous, c'est à nous de leur insuffler aussi pour qu'ils sentent que nous sommes là, et qu'ils pourront toujours s'appuyer sur nous.
un peu long, mais la prématurité me touche beaucoup, je l'ai dis
à tous ces petits lous et petites louloutes, au fond de leur couveuse, et à leurs parents