Flo (et les autres instit'
), quelle serait pour toi la journée et la semaine idéale : répartition des heures ? durée d'enseignements ? quelles matières "priviligier" selon les classes ? sur quoi faudrait-il insister ?
Ces questions ne sont pas faites pour envenimer le débat, j'aimerais vraiment avoir votre avis.
Ben, j'avoue que je ne sais pas trop... l'idéal rejoignant rarement les possibilités socio-économico-culturelles d'un pays ...
Après, il ne s'agit pas de privilégier des matières mais bien d'en alléger certaines, notamment le trio histoire-géo-sciences en cycle 3. Bien trop lourd et complexe, à la portée de trop peu d'élèves.
Je n'ai jamais eu de classe de CP (c'est même le seul niveau que je n'ai jamais pratiqué, sauf en classe unique lors de mon 1er poste donc pas une référence), du coup je vais m'abstenir. Le CE1, c'est une classe lourde: il y a souvent un "bon" groupe d'élèves en train de terminer son apprentissages de la lecture avec, à côté, d'autres qui sont fin prêts pour aller plus loin. C'est vraiment une classe compliquée en terme d'hétérogénéité. On parle d'effectifs allégés dans les classes de CP (encore que, actuellement ...
) ... mais en CE1, des classes de 27 voire plus, c'est une aberration ! Comment peut-on espérer faire avancer ceux qui terminent leur apprentissage de la lecture sans laisser trop souvent en autonomie ceux qui avancent "normalement" (ou inversement) ? Ils sont encore petits et très peu autonomes.
Allègement des programmes comme dit plus haut (+ allègement en français et en maths en CE1)... les gamins finissent d'apprendre à lire, ont des difficultés à passer à l'écrit (normal à cet âge) et on va leur bourrer le crâne avec trop de notions de grammaire (entre autre). Et je ne parle pas de la production d'écrits que je trouve aussi aberrantes: on va aller leur demander de produire du texte quand ils ne sont même pas fichus de produire une phrase-réponse correcte ... On en demande trop, trop vite.
On ne leur apprend pas que la leçon sur et/est (par exemple) , ben faut être capable de s'en servir ailleurs que dans les "exercices à trous"... c'est trop décousu.
En ce moment, quand je fais de la résolution de problèmes, je passe mon temps à leur seriner qu'un problème, c'est avant tout une histoire de compréhension de lecture, bien avant les maths.
Tout est trop cloisonné, ça les empêche de donner du sens, de faire du lien.
On leur demande en cycle 3, d'avoir étudié (en classe) au moins 10 oeuvres complètes en littérature ... mais j'ai des gamins à qui on n'a jamais lu d'hisoires à la maison, qui n'ont jamais de bouquins entre les mains. Sur une oeuvre complète (de cycle 3), ils sont pommés. Rien que le vocabulaire est un problème ... partant de là, faut pas leur demander de comprendre ce qu'ils lisent !
Je crois que le problème des programmes, c'est qu'ils sont trop lourds et ambitieux. Ils sont faits pour le premier tiers d''une classe. Le 2nd tiers essaie de ne pas trop en perdre en chemin. Quant au dernier tiers, ça lui montre juste que l'école c'est difficile, souvent incompréhensible et qu'il rame quoi qu'il arrive...
Je pense qu'il faut être plus modeste pour en perdre le moins possible en route mais en affichant une volonté d'aller plus haut quand la très grande majorité peut suivre. On ne va pas faire l'ascension de l'Everest sans passer par les camps successifs, on ne va pas descendre en apnée sans respecter des palliers. Là, l'effet que ça me fait, c'est qu'on impose l'ascension de l'Everest à tous, même ceux qui n'ont aucune connaissance de la montagne. Et si, en gardant l'Everest en ligne de mire, on commençait par tous atteindre le Mont Blanc sans encombre ? De là, la vue est belle, ça booste pour se donner un challenge plus grand... atteindre l'Everest. Mais pour ça, on doit d'abord nous avoir donné envie de découvrir la vue de là-haut. On doit apprendre que c'est un milieu qui demande des connaissances. On apprend àa chausser les crampons, on apprend à s'encorder ... on apprend par étape. On ne grimpe pas comme ça, en basket, tout juste descendu du train... Et puis on n'est pas seuls. On est bien encadré par des guides compétents. Une cordée c'est pas un guide pour 30 ... question de sécurité. Si, dans le groupe, il y en a qui sont en difficulté, on ne va pas les traîner en bout de cordée jusqu'à ce que mort s'ensuive juste parce qu'il afut ABSOLUMENT arriver au sommet. Non, on doit faire en sorte que toute la cordée soit prête. Sinon, on en fait une 2nde qui pourra progresser à son rythme (en gardant toujours le même objectif, mais sans stress) penadnt que l'autre cordée se lance si elle est prête. Mais pour ça, encore faut-il qu'il y ait un nombre suffisant de guides qualifiés ...
Bref, donner du temps, donner des moyens humains, avoir des palliers à franchir, ne pas balancer tout le monde dans une ascension unique comme ça, sans sécuriser...