Pleins de douces pensées à vous et à ton ange 

Courage pour l'administratif... 
Et pour reprendre tes marques.
Ça doit faire du bien d'être chez soi quand même.

 

 

 

Lyly je suis très triste de te lire,j'ai mois même vécu la même chose que toi ily a 5 mois,
j'ai accouché de mon 1er bébé le 6 février à 24sa+2j et on a réussi à maintenir ses frères jusqu'au 9 février,malheureusement mon 1er bébé Maoro est parti rejoindre les anges 4 jours plus tard ses frères se sont battus comme des petits guerriers et ont fini par rentrer à la maison ce 4 juin,ils n'ont pas eu de soucis de coeur ni de sang dans le cerveau,maintenant ils vont très bien,ils auront 5 mois le 9 juillet et en âge corrigé ils ont 1 mois,tout ça pour te dire de faire confiance à tes bébés les grands prémas sont aussi de très grands battants!!
Ce sera je ne te le cache pas un long parcours mais au final tu ramènera tes bébés chez toi,fait leur confiance 

Mes amies,

Je suis désolé de ne pas avoir pu vous donner des nouvelles plus souvent mais comme je l’ai déjà expliqué, le temps me manque et matériellement ce n’était pas possible car je n’étais pas chez moi. Le peu de messages que j’ai posté ont été envoyés du téléphone de mon mari.

Donc dans mon dernier « long » message du 1er juin je vous disais que j’avais le matin quelques petites contractions provoquées par le celesten.
Dans l’après midi la douleur s’amplifiait, j’en parle donc à une sage femme qui me dit qu’il s’agit sans doute de douleurs ligamentaires mais qu’elle va quand même me poser un monitoring pour vérifier s’il ne s’agit pas de grandes contractions.
Après quelques minutes elle me confirme que les contractions sont assez élevés et surtout rapprochés (toutes les 2 min). Elle m’augmente donc la dose de spasfon censé arrêter les contractions et me dit qu’elle ne tentera pas d’autre traitement vu le petit poids de mes bébés comme ils sont triplés. Je lui explique que vu le terme mes bébés ont un bon poids surtout pour des triplés, elle va donc téléphoné au médecin et revient quelques minutes plus tard avec 4 comprimés. C’est un traitement plus fort avec un comprimé à prendre tout les quarts d’heure. J’en prends un de suite, à ce moment ma sœur qui est venue me rendre visite appelle mon mari pour lui dire de venir au plus vite car j’ai des contractions qu’il n’y a rien d’affolant mais que je veux qu’il soit là.

Un quart d’heure plus tard, la sage femme me donne le 2eme comprimé, regarde le monito et sort de la chambre. A peine 5 min plus tard elle revient une énorme seringue à la main et me la pose en perfusion. Elle m’explique qu’elle a appelé le médecin et qu’il me donne le plus gros traitement pour arrêter les contractions.
Quelques instants plus tard trois médecins arrivent dans ma chambre et vérifient le monito, les contractions semblent se calmer et ils ressortent confiants.
Mais l’espoir est de courte durée, les contractions reviennent de plus belles. Entre temps mon mari arrive et me soutien avec ma sœur parce les contractions sont de plus en plus douloureuses et surtout parce que je suis effondrés à l‘idée que mes amours puissent arriver si tôt.
Les médecins reviennent et m’expliquent qu’ils vont appeler d’autre mater de niveau 3 (je suis à ce moment là hospitalisée à Valenciennes) parce qu’ils n’ont pas la place en réa néonat pour accueillir des triplés. Ils me disent qu’il ne s’agit là que d’une précaution et que dès que les contractions se seront arrêter je reviendrais finir ma grossesse dans cet établissement Cela peut sembler bête mais ça me rassure un peu car je crois ce qu’ils me disent et pense encore que les contractions vont s’arrêter. Ils appellent la mater de Lille, mais eux non plus n’ont plus de place. C’est donc à Arras dans le département voisin que l’on va m’envoyer. Le personnel demande donc à mon mari de regrouper mes affaires car l’ambulance va venir me chercher.

Quelques temps plus tard 5 ou 6 personnes font irruption dans ma chambre et un homme me dit en souriant « alors madame vous êtes prêtes pour faire un tour en hélicoptère ? » je lui demande s’il s’agit d’une blague et il me répond que non. Je prends peur car les transferts en hélicoptère sont pour les cas graves. Je prends conscience à ce moment de l’urgence de ma situation et ne crois toujours pas que je risque d’accouché c’est impossible c’est bien trop tôt.

Dans l’hélico, les contractions sont de plus en plus forte… J’arrive enfin à Arras seule.. Il doit être 19h30, mon mari qui doit me rejoindre passe par la maison reprendre des affaires (il ne se rend pas compte non plus de l’urgence de la situation, lui non plus ne crois pas à un accouchement imminent) il a plus d’une heure trente de route avant de me rejoindre.

Dès mon arriver les médecins m’installent dans une salle de monitoring ou les contractions sont discontinus et vont de intenses à extrêmement intenses. Je vois un obstétricien, je lui demande si dans l’éventualité ou je devait accoucher ici j’aurai une césarienne et il me dit après avoir fait une écho que vu que mes bébés ont la têtes en bas et qu’il s’agit d’une 1ere grossesse ce sera un accouchement par VB (mais je ne crois tjrs pas que je vais accoucher, il est trop tôt).

Puis je me sens mal, très mal, j’ai chaud, j’en fais part à la sage femme. Elle prend ma température, j’avoisine les 39 de fièvre, le couperet tombe… je sais ce que c’est ce soir que je vais accoucher parce que la fièvre est signe est d’infection et dans ce cas le risque est trop grand pour tenter de garder les bébés.

Je suis terrifier… seule… tout se bouscule dans ma tête c’est trop tôt pour accoucher, bien trop tôt…
Mes bébés sont si petits, si fragiles… Et cette douleur qui m’assomme, ces contractions qui me font souffrir, cette fièvre qui envenime mon corps et ce manque de sommeil… Je suis mal… si mal…

J’ai l’impression que cela fait une éternité que je suis dans cet état de souffrance morale et physique. Puis mon mari arrive. Enfin je ne suis plus seule…je lui explique que nos 3 amours vont arrivés, il a dû mal à comprendre il est tôt… bien trop tôt…

Mon état se dégrade, je suis maintenant nauséeuse, comme si je n’étais pas déjà assez mal. Je ne suis même pas capable de garder le repas que j’avais avalé le midi.
J’ai peur… si peur… Je n’arriverais jamais à mettre au monde mes bébés par voie basse, je suis si mal.

Je demande à l’obstétricien une péridurale pour calmer cette souffrance physique mais il me dit qu’il faut attendre les résultats de ma prise de sang. Alors j’attends dans cet état second et de souffrance… j’attends un long moment en demandant que l’on me fasse cette fichue péridurale. L’obstétricien arrive et m’annonce que je n’aurai pas de péridurale parce que j’ai infection et que cela est trop dangereux vu qu’il pique près de la moelle épinière.

Je suis terrifier mes bébés ne sont pas prêts à sortir de la douce chaleur de mon ventre et je dois les faire sortir par VB sans péridurale… dans l’état dans lequel je suis, je m’en sens incapable.
Je suis terrifier à l’idée que je puisse être incapable de les mettre au monde comme j’ai été incapable de les garder au chaud plus longtemps…

Voilà plus d’heure que mon petit Charly pousse, mais personne ne fait rien pour m’aider… Je reste dans cette salle de monito avec mon mari et seule toute la souffrance du monde nous accompagne. Mais pourquoi personne ne fait rien pour nous aider ?

Il est environ 22h quand on m’installe dans la salle de travail…enfin… je m’en veux terriblement parce que la douleur est insupportable et je veux accoucher pour me libérer de cette souffrance. Quelle mère indigne, je suis prête à « expulser » mes bébés pour me libérer de cette douleur.

Charly pousse, il cherche à sortir mais on me dit que je ne doit rien faire car l’équipe qui doit accueillir mes bébés n’est pas prête. Pendant ce temps une quinzaine de personnes s’affèrent autour de moi. Je demande ce qu’il va se passer pour mes bébés et on m’explique qu’ils vont être emmener dans la salle voisine ou j’entraperçois une couveuse pour recevoir les premiers soins. Puis en attendant que les pédiatres arrivent et que le matériel soit prêt une puéricultrice se présente et me dit que c’est elle qui s’occupera de Charly, puis c’est un homme qui se présente à son tour qui s’occupera d’Elycia et enfin une autre puéricultrice s’occupera d’Eliott. Je trouve cela bien de s’avoir qui sont les personnes qui s’occuperont de mes amours.

Il est 22h30 et l’obsté me dit que dès que Charly cherche à sortir je dois pousser. Je sens que mon 1er petit amour pousse, je l’accompagne et pousse avec lui. La souffrance est indéfinissable, je rassemble toute mes forces malgré l’état horrible dans lequel je suis. Je pousse encore et encore, la douleur est si vive… Il est environ 23h, mais pourquoi mon bébé ne sort-il pas (depuis le début toute l’équipe me dit que ce ne sera pas un accouchement difficile vu le petit poids de mes bébés). Voilà bientôt 30 min que je donne toute la force qui est en moi, mais rien n’y fait, mon bébé ne sort pas…Personne ne me le dit à ce moment là mais mon petit amour arrive en transverse c’est son dos qui arrive en premier pas sa tête.

L’obsté me dit qu’ils vont utiliser les forceps et la seule réponse que je lui donne c’est « oh non ». Je sais que cela n’est pas rien pour mon bébé et je vais souffrir d’avantage. Je ne regarde même pas à quoi cela ressemble je ne préfère pas voir avec quel instrument de torture ils vont arracher mon bébé de mon ventre.
On me demande de pousser encore et encore alors que l’on me triture à coup de forceps mais s’en ai trop, la douleur est d’une violence inouïe. Dans un cri de douleur je dis à l’obsté que je n’en peux plus que je vais mourir. Je n’ai plus de force, j’ai si peur de m’évanouir tant la douleur est d’une intensité indescriptible et d’être incapable de mettre mes enfants au monde.
L’obsté me fait une piqûre, à ce moment je crois que c’est pour soulager la douleur mais je le saurai après l’accouchement c’est parce qu’il ma fait une épisiotomie.
Je n’abandonne pourtant pas et donne tout ce que je peux donner, je continue le « travail ». Il est 23h13, mon petit amour Charly, mon premier bébé, fait son entrée dans ce monde, il mesure 30cm et pèse 750g. Je distingue entre les mains d’un pédiatre une petite tête brune et un petit corps à la peau rouge s’éloignait dans la pièce attenante.
Je pose la tête et les épaules sur la table ou je suis allongée puis sens tout de suite un peu de liquide amniotique coulé. Je n’ai pas de répit, l’obsté me demande de pousser, ce que je fais sans savoir où je puise encore la force de pouvoir continuer, on m’ordonne tout de suite d’arrêter. Il est 23h15, ma petite princesse Elycia arrive à son tour elle mesure 29,5 cm et pèse 680g. Je ne vois même pas qu’on l’emmène.
Je me pose à nouveau, une interne en obsté demande à l’obsté si elle peut y aller, il lui fait un signe de la tête et je sens une autre douleur que je ne connaissais pas encore (mon ventre et mon bas ventre ne sont plus rien d’autre que douleur) et je sens plein de liquide amniotique coulé (elle vient de rompre la poche de mon 3eme bébé). On me demande de pousser encore et toujours, il est 23h20 mon petit choupinou Eliott est là, il mesure 33 cm et pèse 780g et il cri, ce sont des petits cris presque inaudibles mais ce sont les cris de la vie.

Après quelques temps on vient nous présenter tout d’abord Elycia, un petit bisou à maman et à papa puis on l’emmène déjà, s’en ai trop papa qui m’a très fortement soutenu pendant l’accouchement craque, lui ce grand pudique des sentiments (et c’est un euphémisme) ne peut s’empêcher de me répéter les yeux remplient de larmes « elle est si petite, elle est si petite ». Puis on nous présente Charly, un petit bisou et on l’emmène et on présente enfin Eliott tout comme son grand frère et sa grande sœur un petit bisou puis on l’emmène.
Papa peut aller leur faire un coucou dans la pièce d’à côté avant que l’on les emmène en réa néonat.

Enfin, enfin je crois à notre bonne étoile, mes bébés sont là, en vie, ils sont magnifiques. Enfin après toutes ces dures épreuves pendant la grossesse et l’accouchement nous avons droit au bonheur. Enfin…

Ils ont emmenés en réa mes 3 amours et on me dit que je dois resté là 2h en observation et faire la « délivrance ». Je ne veux qu’une chose voir mes bébés mais je ne peux pas.

Après 1h d’attente je n’ai tjrs pas fait la délivrance et l’obsté me triture à nouveau, je lui demande d’arrêter. A ce moment j’estime que j’ai suffisamment souffert et que j’ai le droit à un peu de répit. Il m’annonce que je dois avoir une anesthésie générale pour qu’il puisse faire la délivrance de force sinon je risque l’hémorragie. Et j’avoue que je suis soulagé de savoir que je n’aurai pas à souffrir d’avantage.

Au bout de 15 min je me réveille doucement et j’entends l’anesthésiste dire non sans humour au reste de l’équipe médicale « c’est tout de même dommage d’accoucher de triplés sans péridurale et d’avoir besoin d’une anesthésie pour la délivrance ». Je ne peux pas parler à ce moment là mais je suis d’accord avec elle et cela me fait sourire. Puis lorsque j’ai repris pleinement conscience elle me dit «  madame, je suis désolé,vous ne pouvez pas savoir à quelle point c’est frustrant pour un anesthésiste de voir une femme accouchée de triplés et de ne rien pouvoir faire pour la soulager. En tout cas je peux vous dire que ce soir vous avez forcer l’admiration de toute l’équipe ». Je ressent à cet instant un peu de fierté, j’ai réussi à mettre au monde 3 magnifiques bébés malgré des circonstances très difficiles.

Mon mari et moi attendons avec impatience et chaque fois que l’on demande après nos amours la réponse est la même : « ils sont avec les médecins, dès qu’ils auront fini ils viendront vous voir ».
Puis vers 2h une femme au visage et à la voix douce apparaît dans l’encadrement de la porte, je me souviendrais tjrs de sa longue et épaisse chevelure noir bouclée.

C’est l’une des pédiatres qui s’occupe de nos amours, elle nous dit « je viens vous donner des nouvelles de vos enfants… Eliott et Elycia (le couperet tombe, dans ma tête tout se bouscule pourquoi ne commence-t-elle pas par Charly, il est arriver en premier, elle devrait commencer par lui) sont intubés, ils sont sous 21% d’oxygène, pour Charly, ses poumons ne sont pas assez développés il est sous 100% d’oxygène, et l’accouchement difficile, l’utilisation des forceps ont causés une hémorragie cérébrale avec des dégâts irréversibles pour un bébé de ce terme,il est en bas il vous attends » Nous sommes effondrés, je lui demande s’il n’y a vraiment rien à faire pour le sauvez et elle répond d’un signe négatif de la tête. Nous demandons à voir nos bébés et on nous descends aussitôt à l’étage inférieur.

Nous pénétrons dans le SAS de la réa, je me retrouve projeter dans un monde parallèle cauchemardesque. Qu’est il arrivé à notre vie en 2h à peine, nous basculons de la joie intense de savoir nos 3 bébés en vie à celui la plus profonde tristesse que l’on puisse connaître en ce bas monde.

On nous emmène d’abord voir notre princesse (chacun de nos amours sont dans une chambre individuelle) elle est si minuscule dans cette immense couveuse, elle couverte de tuyau, de capteurs reliés à un tas de machines mais tout ce que je vois c’est une magnifique petite fille, je lui tend mon index où sa main vient s’accrocher à ma phalange. Les médecins nous expliquent ce que sont ces machines mais je ne les entends pas je profite juste de cette échange avec ma fille. Puis quelques minutes à peine s’écoulent on nous emmène faire la connaissance de notre petit Eliott, tout comme avec sa sœur, notre échange est bref, les médecins nous emmènent voir notre petit Charly.

Nous entrons dans cette chambre et à la vue de notre bébé d’amour, nous nous effondrons. Pourquoi ? Voilà ce que nous nous demandons, pourquoi nous enlève-t-on notre amour pourquoi ?
La pédiatre me demande si je veux le prendre, et je le veux tout contre moi. Je sais que ce sont les seuls moments que je pourrais passer avec mon fils, mon premier bébé, et malgré la profonde tristesse et le profond désespoir que je ressens, je ne veux pas passer les seuls instants qu’il m’est donné de passer avec mon amour à être triste. Je ne veux pas que les seules choses que mon bébé connaissent soit la souffrance et la tristesse. Je veux juste lui donner tout l’amour que j’ai pour lui et rien d’autre que de l’amour.
Ils ont donc mis mon magnifique bébé tout contre moi en peau en peau, et tout ce que je ressens c’est de l’apaisement et de l’amour, rien d’autre que de l’apaisement et de l’amour.
Nous sommes si fier de lui, de notre courageux amour qui s’est accroché plus de 3 semaines sans liquide amniotique, il s’est accroché jusqu’au terme qui pouvait sauver son petit frère et sa petite sœur, il s’est accroché jusqu’à ce que je puisse avoir une cure de celesten pour développer les poumons de nos petits « E » et il s’est accroché jusqu’à que nous puissions lui dire au revoir. Il nous a attendu de toute ces forces et nous ne pourrons jamais le remercier assez fort pour ce magnifique cadeau qu’il nous a fait.
Il est allé dans les bras de papa, puis il revenu tout contre moi et c’est le 2 juin à 5h30 que son petit cœur tout contre le mien à cesser de battre accompagner des tendres caresses de papa.


Désolé, j'arrête là je vous donnerais d'autre nouvelles plus tard, l'émotion est trop forte.
Merci infiniment pour votre soutien.