Bonjour,
Je m'appelle Yasmina et je me retrouve ici aujourd'hui car j'ai perdu mes petites filles le 19 novembre 2010 à 8h15 et 8h17.
L'histoire a donc commencé en juillet, je devais être une avrilette. C'était ma 3eme grossesse alors j'avoue que je n'ai pas spécialement fait attention.
Fin aout, écho de datation : normale, tout va bien.
Fin septembre, 1ère écho : normale, c'est un garçon.
Mi-octobre, écho de contrôle, car petites pertes de sang mais on me dit que tout va bien.
Quelques jours après, nous revenons pour les résultats sanguins de la trisomie 21, on nous annonce un risque de malformation du cerveau ou de la colonne vertébrale au vue des taux élevés...
On refait donc une écho et là surprise: Deux bébés, deux filles, des vrais jumelles !!
4 jours après, mon gynéco me rappelle pour nous envoyer le jour même à Cochin pour une écho de contre expertise en quelque sorte.
Inquiets, nous nous y rendons le coeur plein d'espoir, et contents de revoir nos pépettes.
Le verdict tombe, syndrome transfuseur transfusé, avec une petite sans liquide amniotique et avec trop peu de sans et sa soeur avec trop de liquide et trop de sang. Elles s'échangent du sang entre elles, et si on opère pas, fausse couche dans moins de 3 semaines.
Le jour même nous sommes accueillis à Necker pour une hospitalisation dès le lendemain matin et une intervention prévue dans l'après midi le 27 octobre.
J'ai peur, on peut perdre les deux, ou une... Beaucoup de risque mais c'est le seul espoir.
Mais mes filles ont soif de vivre, et l'intervention se passe bien. Nous rentrons tous deux jours plus tard.
Les écho de contrôle, les analyses, tout montre que la situation progresse et que les filles vont bien.
Le 6 novembre, grosse frayeur, je perds les eaux. On arrive dans la nuit à l'hôpital, sûrs de les perdre. Je pleure, j'ai si peur.
C'est la poche de la grande qui est fissurée, je n'en suis qu'à 19 sa et deux jours après, l'hôpital me renvoie chez moi... encore avec mes deux petites perles.
Je suis hospitalisée à domicile, avec beaucoup de suivi. Le 19 novembre au matin, contractions et prise de conscience, je sais que je vais accoucher, je suis à 21 sa et je sais que mes filles vont s'en aller.
Arrivée à l'hopital, c'est confirmé, le travail a commencé, suite à une infection du placenta.
J'accouche à 8h15 et 8h17 de mes poupées belles comme le jour.
La petite Alyssa est venue la première, mais elle était déjà partie. La grande, Thalya, est arrivée deux minutes plus tard. Son coeur battait
Je suis restée 45 minutes avec mes filles, en peau à peau, à les regarder, les caresser, leur parler. Je ne me souviens pas de tout car la péridurale m'a un peu étourdie mais je les serrais contre moi... Mes petites filles déjà si mal menées par la vie.
La douleur a débuté dès qu'on les a emmené, je ne peux pas décrire les sentiments, mon état... Je ne peux pas me souvenir. Toute l'équipe qui me suivait est passée pour me soutenir, mais c'était trop dur, trop injuste, trop triste. On avait passé toutes les étapes jusqu'ici, pourquoi la vie les persécutait tant
Pour le moment, je ne vais pas essayer de mettre des mots sur ce que je ressens, je ne vais pas essayer de vous expliquer.
Je peux juste dire que je les aime. Je les aime de les avoir porté, de les avoir vu. Je les aime pour tous ces projets que nous avions pour elles, de tous ces rêves qui ne se réaliseront pas. Je les aime d'avoir été si fortes, de s'être battues jusqu'au bout. Je les pleure de tant les aimer, je les pleure parce que j'ai tant d'amour pour elle, et qu'il est en suspend.
Nous allons les enterrer. J'ai préparer tant de choses, tant de lettres, photos, dessins, poèmes, prières, médailles, doudous... Mais rien qui ne saurait leur dire je t'aime là où elles se trouvent et les bercer encore et encore.
J'espère qu'elles ne souffrent pas, comme moi, qu'elles sont ensembles et qu'elles savent que Maman les aime tant et qu'elle regrette tant de ne pas avoir su, ne pas vu et de ne pas avoir pu les retenir encore...
Malgré les mises en garde des médecins, rien ne pouvait nous préparer à vivre ça, cette douleur, ce vide, ce néant. Ne plus être enceinte et ne pas être mère de ces enfants qu'on portait...
Juste un poste pour elles, pour leur dire que je suis là, avec un bout d'elles au fond de moi et que jamais cela ne changera. Un amour immuable, une peine insurmontable et ce gout d'inachevé.
Alyssa et Thalya, mes perles adorées.
Alyssa et Thalya, mon rêve inachevé.
Maman vous aime, pour toujours, mes amours.