Au moment du décès de mon père, je n'ai pas eu la même démarche que toi (OK mes Monstres n'avaient pas 2 ans, j'étais débordée par mon quotidien et le boulot... comment ça je me trouve des excuses ?    ).
Mon travail de deuil a été très long. Ca fait bientôt 6 ans et je peux même dire que, même s'il a beaucoup avancé, il me reste encore un sacré bout de chemin à faire.
Et pourtant, ce n'est pas l'appréhension d'aller voir un psy (je l'ai déjà fait il y a quelques années), ni de me remettre en question (j'ai l'impression de le faire tous les jours  ). C'est juste que je ne prends pas le temps parce que trop de choses à faire et je me connais, quand je m'y résoudrais, c'est que j'aurais atteint ma limite d'endurance / absorption (c'est pareil pour l'ostéo : j'attends toujours d'être coincée complètement) 
Le pire c'est que j'ai de grosses valises à porter en plus du deuil de mon père (problèmes liés à mon enfance et mon grand-père, mère nocive, un comportement à la limite du harcèlement de 2 collègues, ma vie familiale pas toujours facile avec mes Monstres  )

Alors oui, je t'admire, parce que tu es capable de faire / prendre le temps de faire ce qui te semble important pour toi 

Oui, c'est plutôt ça : il est indispensable pour moi de me débarrasser de mes "boulets de souffrance".

Prendre le temps devient une évidence, parce qu'il est hors de question pour moi de me trimballer mes souffrances ; ça pourrit tout le reste .....

Quand je vois l'impact qu'a l'image de mon père sur ma vie de couple, je me dis que heureusement que prendre les choses en main est une évidence.
Si je ne le faisais pas, je pourrirais autre chose dans ma vie ; et je trouverais ça dommage ....

Je me permet d'émettre un doute quant au parasitage ..... 

Un travail de deuil qui n'est pas fait, ou même pas tout-à-fait, parasite forcément sa vie (enfin, à mes yeux hein ...) ; idem pour un travail sur sa petite enfance.
Alors ok, le parasitage a plus ou moins d'impact, est plus ou moins "emmerdant" dans sa vie.
Mais je suis convaincue qu'il existe ; après, chacun gère a sa façon, on est d'accord.

Sans aucune critique négative de ma part, quand je vois dans mon entourage ou ici des personnes qui s'effondrent, ou en tout cas qui souffrent, à chaque date anniversaire du décès de son parent, et ce pendant de longues années, je me dis qu'avoir la volonté de faire tout de suite et "rapidement" son travail de deuil est quand même moins douloureux.

C'était ça que je ne voulais pas : passer des années et des années à souffrir ......
Ca n'empêche pas le manque (ma mère me manque parfois terriblement), mais je vis ce manque en toute sérénité, je peux penser à elle, parler d'elle, avec le sourire, avec tranquilité.
Je peux élever mes enfants dans la sérénité que sa mort ne crée pas de parasitage, même invisible.

Voilà comment je vis la démarche ..... 

Alors ..... 

Je pense que les parasitages sont dus à tout ce qu'on peut ressentir d'inconscient, qui nous fait réagir ou ressentir les choses d'une certaine façon sans qu'on s'en rende compte.
(et "forcément", d'autant plus avec les souffrances ....)

A mes yeux, on a beau être conscient d'une souffrance, le travail qu'on fait en thérapie lui donne une toute autre dimension ; c'est faire venir à la surface des pensées, sensations, ressentis, qu'on ne soupçonnait peut-être même pas.

Quant au deuil, je dirais qu'avoir fait son deuil, c'est ne plus souffrir de la perte de l'autre.

Plus concrètement, je prends en exemple le travail fait suite à la mort de ma mère.
En thérapie, tout le ressenti négatif que j'avais de ma mère est remonté ; il m'a fallut accepter certains ressentis, admettre des choses que je savais un peu mais sans que ce soit clair.
Cela a été difficile, douloureux, mais ça a .... comment dire .... "remis ma mère à sa juste place" ....
(je ne sais pas si c'est compréhensible ce que je dis ?)

Aujourd'hui, j'ai pleinement accepté, digéré, dépassé, la mort de ma mère.
Elle n'est plus là, c'est un fait ; elle me manque parfois (ses "bons" côtés), mais je peux penser à elle sans souffrance, sans pleur, sans tristesse, sans nostalgie ; j'évoque même son image avec le sourire, avec tendresse, dans la tranquilité.

C'est ça pour moi avoir fait son deuil.

Oui, mais c'est là aussi qu'on vit cette sorte de "magie" de la thérapie : le moment où tu prononces un mot, une phrase, et que tu te dis "ah mais oui mais c'est bien sûr !!!!" 

Je rigole mais il y a un peu de ça.

Je peux te donner un exemple si tu veux ; depuis quelques mois, j'étais très "mal à l'aise" vis-à-vis de l'image de mon père (d'ailleurs, j'avais un mal fou à aller le voir ....) ; quand il est décédé, j'ai expliqué à la psy que j'avais une image négative de lui, comme du mépris, mais que ce mot ne convenait pas tout-à-fait.

A force de parler, d'essayer d'expliquer cette image, il m'est venu le mot "dégoût" ; alors un, il faut accepter cette sensation (c'est très très dur d'admettre qu'on puisse ressentir du dégoût pour son propre père qui vient de mourir), et deux, il faut ensuite comprendre pourquoi ce dégoût.

C'est comme ça qu'on avance en thérapie .....
Et le travail de deuil se fera quand j'aurais compris complètement pourquoi du dégoût, quelle image avait mon père, etc ....

Et ensuite, c'est prendre conscience que cette image que j'ai de mon père (durant sa maladie et sa mort, mais aussi avant) fait parasite avec ma vie globale (or cette image pollue l'avis que je donne à mon chéri sur ses choix professionnels).
Le lien est là.

Et des fois, tu ne vois pas du tout où est le rapport entre des "pierres dans la valise" et ce que tu vis ; et en séance, à un moment, le lien se fait.



 

Et pour le vivre en ce moment, j'ai envie de dire aussi que la perte des parents est quelque chose de .... particulier ; perso, je ne pensais pas que me sentir orpheline allait avoir un tel impact .... 

Comme j'ai une tendance naturelle à voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, je me dis que j'aurais eu la chance d'avoir mes parents dans ma vie jusqu'à 44 et 46 ans, ce n'est pas si mal .....

J'ai eu un gros coup d'émotion samedi dernier, en regardant mon fils au rugby, et en me disant : "merde, son grand-père n'aura jamais le bonheur de voir son petit-fils jouer ....." 
Ben oui mais bon, mes enfants ont "quand même" des souvenirs beaux de leurs grands-parents, ils s'en nourriront pour plus tard .....


Quant à moi, je me dis que c'est une étape de vie ; que la souffrance puisse être transformée en force ......

ouais.... merde alors ...

on le sait que tu as un caractère de merde... mais reste comme ça.... ça te va si bien 

mais bon, si tu pouvais réfléchir avant de parler.... ...mdr