c'est un peu long, je vous copie ici un article que je souhaite vous faire partager:
Les oceans seraient a la veille d'une crise biologique inedite depuis 55 millions d'annees, S.Foucart(
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/06/23/les-oceans-seraient-a-la-veille-d-une-crise-biologique-inedite-depuis-55-millions-d-annees_1539813_3244.html> )
La severite du diagnostic est telle qu'il est difficile d'en imaginer les tenants et les aboutissants. Selon un panel d'une trentaine d'experts, reunis mi-avril a l'universite d'Oxford (Royaume-Uni) dans un colloque interdisciplinaire, la magnitude des bouleversements qui, du fait des activites humaines, affectent les oceans est inedite depuis au moins 55 millions d'annees. Et sans doute beaucoup plus.
Les conclusions du colloque, organise a l'initiative de deux organismes non gouvernementaux - l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l'International Programme on the State of the Ocean (IPSO) - ont ete rendues publiques, mardi 21 juin. Elles feront l'objet d'un rapport agremente de recommandations, qui sera prochainement communique aux Nations unies.
L'objectif du rapport - dont l'integralite n'a pas encore ete rendue publique - n'est pas d'apporter des resultats de recherche inedits ou des observations nouvelles. Il est plutot de synthetiser les travaux recents sur des questions aussi diverses que les changements des parametres chimiques de l'ocean, l'impact des pollutions locales ou globales, de la surpeche, de l'augmentation des temperatures des eaux de surface, etc.
Cette synthese, inedite, offre une photographie globale de l'etat des mers du globe, juge "choquant" par Alex Rogers, directeur scientifique de l'IPSO et professeur de biologie de la conservation a l'universite d'Oxford. Si les tendances actuelles se maintiennent, un effondrement des ecosystemes marins a une large echelle est, selon les auteurs, probable d'ici 2020 a 2050.
En particulier, les eaux de surface de l'Ocean absorbent une part importante des emissions anthropiques de dioxyde de carbone (CO2), ce qui conduit a leur acidification. Celle-ci se produit a une vitesse inedite depuis le maximum thermique du paleocene-eocene, qui, il y a 55 a 56 millions d'annees, a connu une extinction de masse.
Au cours de cette crise biologique, explique Jelle Bijma (Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research) dans une etude de cas annexee au rapport, le cycle du carbone a ete perturbe par l'introduction dans l'atmosphere d'environ 2 milliards de tonnes (Gt) de CO2 par an pendant 5 000 a 10 000 ans - les causes de ce bouleversement sont encore debattues. C'est un taux pres de quinze fois inferieur aux quelque 30 Gt de CO2 emises aujourd'hui, chaque annee, par les activites humaines.
Les rapporteurs constatent qu'un "trio mortel", bien connu, est a l'oeuvre dans les oceans de la planete. Extension des zones anoxiques (privees d'oxygene, souvent par les effluents agricoles), augmentation de la temperature, accroissement de l'acidite de l'ocean : le triptyque qui marque la situation actuelle est analogue a ce qui a prevalu lors de la plupart des cinq precedentes grandes crises biologiques, intervenues au cours des temps geologiques.
Mais les effets sont plus rapides. Les auteurs notent ainsi qu'en 1998, un unique evenement de blanchissement des coraux - vraisemblablement en partie lie a une forte anomalie de temperature - a conduit a une destruction de 16 % des coraux tropicaux mondiaux. Or ces derniers sont un reservoir crucial de la biodiversite marine.
Dans la situation presente, les grandes modifications physico-chimiques de l'Ocean sont aggravees par le fait que la resilience des ecosystemes marins est mise a mal par la surpeche et la pollution globale des mers. La peche a ainsi reduit de 90 % certains stocks de poissons tandis qu'au niveau mondial, 63 % des stocks sont surexploites ou deja serieusement reduits.
Quant aux pollutions, les nouvelles etudes montrent qu'indubitablement les plastiques, les retardateurs de flammes chimiques et les perturbateurs endocriniens se sont fermement installes jusque dans les zones polaires, ou les biologistes les retrouvent dans les organes des animaux de ces regions, pourtant eloignees de toute activite industrielle.
"Lorsque nous considerons les effets cumules de la maniere dont l'humanite agit sur l'Ocean, les implications deviennent bien pires que ce que nous avions realise individuellement, a declare M. Rogers. C'est une situation tres serieuse qui exige une action univoque, a tous les niveaux." L'ampleur des degats observes et le rythme de leur aggravation est, insistent les auteurs, au-dela de tout ce qui avait ete precedemment prevu ou anticipe dans la litterature scientifique.
Le rapport met en avant quelques recommandations-cles : baisse des emissions de dioxyde de carbone, reduction des prelevements sur les stocks de poissons les plus fragiles, reglementation des activites en haute mer et reduction des rejets chroniques de residus chimiques dans les oceans.
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Cinq grandes extinctions
Ordovicien-silurien. Il y a environ 450 millions d'annees (Ma), quelque 60 % de tous les genres biologiques disparaissent.
Devonien. Il y a 370 Ma, 70 % des especes, marines pour l'essentiel, disparaissent.
Permien-trias. Il y a 250 Ma, 90 % des especes disparaissent.
Trias-jurassique. Il y a 200 Ma, environ 50 % de tous les genres biologiques disparaissent.
Cretace-tertiaire. Il y a 65 Ma, la chute d'un asteroide entraine la disparition de pres de 60 % des especes.
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merci de l'avoir lu jusqu'ici
