Son bouquin sur l'instinct maternel elle l'a écrit en "s'appuyant avant tout sur le comportement des femmes favorisées du XVIIIème, les aristocrates et bourgeoises qui avaient justement tous les moyens de garder leurs enfants à la maison."
Ah ouais, donc la société et les femmes n'ont pas du tout évolué depuis 3 siècles ? et qui a retranscrit le comportement de ces femmes ? Travailler avec des infos de 2nde main sur des questions de ce type, ça me parait léger... et en plus elle se permet de se mettre alors à la hauteur de gens qui étudient notre époque avec de "vrais" éléments scientifiques...
C'est vrai qu'en disant "l'instinct maternel n'existe pas, la preuve au 18e siècle, les femmes laissaient leurs enfants à des nourrices", elle nous sort un de ses arguments les plus nuls... depuis quand le comportement humain est-il si linéaire ? Les pratiques ne sont-elles pas la conjoncture d'éléments multiples ? D'ailleurs, ces femmes avaient-elles ne serait-ce que la possibilité sociale et morale de se demander si elles voulaient faire autrement ?
Je continue à penser que l'ouverture du débat sur le sujet est bonne mais elle néglige l'influence néfaste qu'elle peut avoir : pour le coup elle met la pression sur les mamans peu sûres d'elles dans leurs choix d'allaitement, de maternage proximal...
Leur entourage va bien leur sortir quelques propos de Badinter à l'appui de leurs réflexions toujours subtiles sur l'allaitement et la vache à lait (bon ben là, ce sera la guenon), sur le risque de divorce du au cododo...
Alors qui met la pression sur qui ?
et je continue à me demander où elle a vu que la pression majoritaire était pour l'allaitement en France... j'attends ses sources (vous devez les avoir les filles qui ont le bouquin ! si vous pouviez nous donner les infos à ce sujet ce serait cool)
J'y ai pensé aussi : jeune maman, j'ai souvent du mal à gérer les remarques extérieures (pour en citer quelques unes "quoi, tu donnes le sein pour consoler/endormir ton bébé, mais après il ne va jamais savoir faire autrement !" "quoi, tu dors à ton bébé, mais tu as pas peur qu'ils ne veuillent PLUS JAMAIS dormir seuls?" "quoi, tu le laisses pas pleurer, mais comment tu veux qu'il apprenne ?" "quoi, tu allaites encore à 3 mois, il serait peut-être temps d'arrêter tu ne crois pas ?"
Alors la panoplie de clichés servis sur un plateau par E. Badinter, j'ai un peu peur qu'elle vienne en remettre une couche.... Bah oui, elle est philosophe et EN PLUS elle passe à la télé, elle a forcément raison...
Et moi aussi ça m'intéresse d'avoir des chiffres sur l'allaitement "forcé".
D'après ma SF, c'est plutôt 80% de femmes qui veulent allaiter et que l'on n'aide pas et 20% que l'on encourage un peu trop.
Le message delivré sur les ondes n'est que partiel et flouté. Aujourd'hui le calibrage d'une promo (conséquence de la pression editoriale phenoménale) oblige les ecrivains, phlosophes, ect..à simplifier le message délivré. De toutes façons, si eux ne le font pas, les medias le feront pour eux: J'en veux la preuve que tu as donné ici même «La femme réduite au chimpanzé». Alors, ça, si c'est pas de l'accroche de bons gros journalistes qui tâchent, je ne m'y connais pas.
Je suis d'accord et pas d'accord. D'accord de dire que certains journalistes ne retiennent que le plus sensationnel et pas toujours le plus vrai des propos, dans l'objectif de faire de l'audimat... Néanmoins je doute fortement qu'une féministe et forte tête comme EB, quand elle répond en direct ds des émissions télévisées, ne se laisse manipuler et qu'elle ne soit forcée de simplifier son discours. Soit elle le fait parce que ça l'arrange (ça secoue les gens, quoi de mieux pour faire parler d'elle... et après elle dit "oh mais je n'ai pas dit ça, lisez mon bouquin ! Ben voyons...), soit ce sont bien ses idées qui sont simplistes...
Atrabile, même si je ne suis pas d'accord avec tout ce que tu dis, je lis attentivement chacune de tes interventions en essayant de prendre du recul (dur dur sur un sujet qui soulève tant de passions !), je te remercie d'être sur ce fil et d'enrichir le débat par ton soutien aux propos d'E Badinter. (les autres aussi bien sûr mais c'est pas pareil je suis d'accord avec vous
)
D'ailleurs question, comment s'est passé l'annonce de votre grossesse gémellaire au taf? L'avez vous dit à votre employeur??
Pour moi aussi, ça a commencé par une annonce de grossesse simple. Mon chef a dit "ah". Pas de félicitations ni rien. Puis il a marmonné "Faut jamais enbaucher de femmes..." (j'étais arrivée depuis 9 mois). J'ai pas su réagir sur le moment, je regrette... Ensuite je lui ai dit que j'étais un peu fatiguée en ce moment et que je ne pourrais pas tout faire (c'était à une période où j'enchainais une étude dans des rivières - j'avais de l'eau jusqu'à la taille toute la journée, parfois pas des plus propres
- et les réunions à l'autre bout de la région à 19h le soir). Il m'a dit "ah, je comprends mais ça serait quand même bien que t'y ailles".
J'ai donc continué avec le même rythme, en m'en voulant un peu... ma fatigue s'est accumulée...
Quelques semaines après, je découvre que j'attends des jumeaux. Je retourne le voir et lui apporte cette précision. Ils me dit encore "ah". puis il réfléchit et me dit "mais rassure moi, le congé n'est quand même pas doublé ??". Je dis, "si, en en plus je serais probablement arrêtée plus tôt". Il se jette sur son calendrier pour voir "l'étendue des dégâts". Quand je ressors de son bureau, il fait une tête de 6 pieds de longs, mais heureusement moi je suis trop fière de porter 2 bébés alors j'oublie tout ! Mais je continue sur le même rythme encore, pour prouver que je suis capable. Je fais des siestes dans mon bureau le midi au lieu de manger (de toute façon je ne pouvais rien manger à cause des nausées). Mon chef rentre dans mon bureau un de ces midis et me surprend... il ne me demande même pas si ça va... Deux jours plus tard, j'arrive au boulot après 45 minutes de bus+tram+metro comme tous les matins, je suis épuisée, je sais que j'ai un gros déplacement à faire dans l'après-midi, avec beaucoup de route puis de marche sur place, et que je ne serai pas rentrée avant 21h-22h... j'ai les larmes qui montent... heureusement un collègue me dit "rentre chez toi te reposer, le reste n'est jamais si important que ça". Je l'écoute, je vais chez le médecin qui m'arrête pour 10 jours. Je dors pratiquement 3 jours de suite, puis je commence enfin à récupérer. Quand je retourne au boulot, je n'ai plus du tout la même façon de faire : Je pars plus tôt, je refuse les déplacements en disant que c'est sur "ordre du médecin". Mon chez n'est pas ravi mais ça marche, parce que je tiens bon et que mes collègues m'y encouragent. Mais avec la pression, j'aurais très bien pu céder...
Heureusement mon chez a fini par se faire à l'idée et a lâché le morceau. J'ai pu terminer sereinement mon boulot, mais je suis quand même partie 5 semaines avant le début de mon congé mat, profitant de mes congés + congé patho. Je ne regrette pas du tout, ça m'a permis de tenir en forme jusqu'à la naissance des bébés...
Voilà pour moi (désolée pour le roman !!).