Lundi 30 mars 2009 Au matin, j?ai terminé mon bouquin (la deuxième partie étant aussi nulle que la première !! satané club de lecture !!), j?ai préparé le petit déj royal pour tous les 2, j?ai vérifié la valise. Je réveille le papa, lui demande de me prendre en photo une dernière fois avec ce ventre en forme de montgolfière à 9h30 et on est partis pour le rdv en voiture, avec toutes nos valises.
Il fait très beau, j?ai un sourire indécrochable aux lèvres. Thierry aussi. Mais il ne veut pas que je conduise?.quel rabat-joie !
On arrive à la maternité, et on se dirige comme convenu en salle de naissance pour le monito. C?est le premier monito de ma grossesse, je ne sais pas comment ça marche.
Je suis bien en position allongée sur le dos et les rythmes sont ok donc on enregistre tout ça pendant 20 à 30 minutes (j?ai oublié combien de temps !) et tout va bien.
Ma SF me dit qu?elle n?a reçu le SMS que ce matin, me demande si ça s?est accéléré, je lui dis que non c?est c?est erratique, que j?ai peur que le travail n?ait pas vraiment démarré. Elle me propose donc de m?examiner. Je croise tous mes doigts pour qu?elle m?annonce 1 ou 2 !!!
Je la regarde, elle m?examine et elle hoche la tête d?un air ? que je n?arrive pas a interpréter? c?est bien ou c?est pas bien
Et là elle me dit, « tu es a 5 large » !!!! Il est 10h30
« 5 !!! c?est vrai ? » Je regarde mon mari, j?en aurais pleuré tellement je suis contente. Ce qui me ravit le plus, ça n?est pas tant que le travail soit fait à moitié, mais que c?est sur, on va voir nos bébés bientôt, le compte à rebours est lancé?
Bref, comme tout va bien et qu?il n?y a rien de bien génial a faire dans cette salle, on décide d?aller se promener dans le quartier, tout en restant a distance raisonnable de la maternité.
Evidemment le lundi matin les librairies sont fermées, on décide de se poser dans un café pour prendre un deuxième service de petit déj?
Je demande du lait chaud (avec un peu de miel? mais ils n?ont pas de miel) et des tartines beurrées (avec du beurre salé? mais ils n?ont que du beurre doux !!) c?est mon dernier jour de femme enceinte et on contrarie mes envies? ça commence bien !
Le lait chaud fait a peu près passer mon mal de gorge (ça fait 5 jours que j?ai une petite angine, qui en est rendu au stade de la toux + difficulté à respirer?). Il fait un temps superbe, on est en Tshirt en terrasse, c?est la dernière fois avant longtemps, on est très sereins et heureux !
Je demande à Thierry d?aller acheter les journaux du jour pour conserver pour les enfants. On regarde les grands titres? rien de sensationnel, on lit nos horoscopes, ça nous fait rire en se projetant dans l?accouchement !!
Au bout d?un moment, on part se balader, on fait quelques tours près de la maternité. Mon collègue m?appelle pour régler un point pour le boulot, il me demande des nouvelles, je lui dis que je suis à 5 et que je ne pourrais peut etre pas m?occuper des bulletins de paye le lendemain, qu?il va falloir qu?il s?en charge ! On règle le problème et il me souhaite une bonne rencontre.
Mon père, sachant qu?on avait rdv avec la SF le matin même, me demande des nouvelles par mail, je lui réponds de mon téléphone que le col est favorable et que la SF pense que ça va être pour cette semaine? comme quoi je n?ai pas menti mais je ne voulais pas la pression des parents !
On prévient juste par SMS ma s?ur et mon beau frère que c?est pour aujourd?hui et qu?on les tient au courant.
Après toutes ces occupations futiles, je commence à trouver que les contractions prennent bien tout le bas de l?uterus et que je serais mieux au chaud ou sur mon ballon? on rentre dans la salle de travail. Thierry qui a oublié la valise, repart chercher tout notre attirail dans la voiture pendant que le gynéco arrive. Il discute avec la SF, et la première chose qu?il me dit c?est « c?est génial ce que vous avez fait pour vos bébés, de les mener jusqu?aujourd?hui, c?est un magnifique cadeau pour eux » Je sais qu?il a raison mais je n?y suis pour rien, c?est eux qui ont décidé de se pointer aujourd?hui, et c?est à eux qu?il faut dire merci !
Ça me fait d?autant plus rire que je me doute qu?il était angoissé par le dépassement de terme, et qu?il aurait fallu négocier chaque jour. Il doit être soulagé que les bébés se pointent.
Ma SF a accompagné une autre maman de jumeaux la semaine précédente, elle était à DPA-2 jours. Elle est ravie d?avoir deux exemples de jumeaux à terme pour moucher ceux qui disent que ça n?est pas possible !
Le gynéco me demande s?il peut m?examiner, il est 12h30, je dis ok. Je suis à 7-8. Il est content. Ils font un RCF des bébés + un monito de mes contractions, je ne les sens pas toutes, mais tout a l?air correct. Je n?ai toujours pas de douleurs délirantes. Mais ça va aller crescendo. Ma SF me dira plus tard que lorsque le travail est peu douloureux, c?est souvent la poussée qui est difficile, elle ne se sera pas trompée.
En même temps Samuel a un PC au 97% percentile je me doute que ça ne va pas passer comme une lettre à la poste (ou alors si, mais un jour de grève !!)
Ma SF envoie le gynéco faire un tour et lui dit qu?elle l?appellera dans le feu de l?action. Il décide d?aller reprendre notre place au stand bronzette en terrasse. Bonne idée.
La SF commence à ouvrir les flacons d?homéopathie, elle nous dit qu?il va falloir nous mettre en tenue (ben oui on est en habits de ville?.) alors je mets la chemise que j?avais prévue pour le travail et je me demande combien de temps ça va mettre. Je ne me rends toujours pas bien compte que c?est pour aujourd?hui. Thierry se change aussi. On est prêts.
Vers 14h30, je passe du temps sur le ballon, je prends les contractions la tête enfoncée dans un oreiller sur la table de travail. Et je commence à perdre le fil du temps et de l?espace. Mon mari appelle sa mère pour lui faire le compte-rendu du rdv avec la SF, et lui dit que tout va bien, que le col est favorable et que la SF a dit que ça serait pour cette semaine. Il dit que je vais me reposer (moi qui suis sur le ballon a faire des 8 !!! le salaud
).
Les douleurs s?intensifient et je dois rester immobile a chaque contraction pour la laisser faire son job. Les contractions et moi on est copines, on bosse ensemble !
La SF guide ma respiration pour que je ne bloque pas l?effet des contractions, j?ai du mal à suivre la respiration car avec ma toux et mon angine, j?ai le souffle coupé.
Au bout d?un moment, je décide de monter sur la table car debout je n?ai pas assez de forces dans les jambes pour me tenir correctement. Donc me voilà à 4 pattes sur la table. Je ne bougerai pas de là avant d?avoir vu mon premier garçon.
Je prends toujours toutes les contractions la tête dans l?oreiller les yeux fermés. Je suis complètement dans ma bulle, je ne sais pas qui est où, j?entends les voix de mon mari de ma SF, puis du gynéco mais je ne sais pas ou ils sont. Je suis toute seule avec mon ventre.
J?entends la SF qui rappelle le gynéco, il doit être 15h-15h30.
Elle guide toujours ma respiration, je n?arrive pas à savoir quand je dois pousser ou non. Ça n?est pas du tout évident, car les contractions n?étant pas très fortes, je suis perdue. Je pousse trop ou pas assez, je ne trouve pas le bon rythme.
Mon mari m?encourage, et bientôt je me retrouve entourée d?une vraie équipe de supporters ! Entre mon mari qui me couvre de mots gentils, qui me dit que c?est super ce que je fais (moi je n?en ai pas l?impression !) et ma SF et mon gynéco qui me coachent littéralement pour que je profite de toute la contraction pour pousser plusieurs fois.
D?ailleurs je le sens bien quand je relâche la poussée alors qu?il reste encore un bout de contraction, ça fait super mal, je sens bien que j?aurais du continuer, car la poussée va dans le sens de la contraction.
Finalement, c?est en forgeant qu?on devient forgeron, et au fil des contractions, je comprends ce que mon corps attend de moi. Ma SF sait trouver exactement les mots qu?il faut pour m?encourager et me dire quoi faire. Elle sait exactement a quel moment j?ai envie d?abandonner la poussée, et alors elle est là pour me dire « ne t?arrête pas, va plus loin que ton souffle », et j?arrive (je ne sais pas comment) à retrouver de la force pour pousser un peu plus loin.
C?est vraiment douloureux, j?ai l?impression qu?on n?y arrivera jamais, alors je repense a tous ces récits d?accouchements que j?ai lu ou la femme disait à un moment donné « désolée les gars, ça fait trop mal, je rentre chez moi me reposer, je reviendrai demain? » là j?aurais bien dit la même chose? mais je n?ose pas, alors je dis « est ce qu?il arrive ? quand est ce qu?il sera là ? on ne va jamais y arriver, ça n?avance pas !! ».
Je dis, non pardon, je hurle à qui veut l?entendre que j?ai mal (je pense que tout le monde s?en doute, mais je préfère que les choses soient claires entre nous tous !). Je dis que je n?y arriverai pas, que c?est trop dur, que ça fait mal.
Ma SF me dit qu?il ne faut pas que j?ai peur, surtout pas peur de la douleur, que la poussée va me soulager, qu?il faut que j?accompagne le bébé jusque dehors.
Et là ma SF me dit « touche si tu veux tu vas sentir ses cheveux ! » il sera là pour le goûter. Et là je me demande à quelle heure elle peut bien goûter, et quelle heure il est?
Bête comme tout je dis « ah bon il a des cheveux !! » et je vérifie par moi-même, Samuel a des cheveux et il est tout tout près de la sortie. Ça me remonte le moral, je dois le faire sortir, il a fait un super boulot avec moi jusqu?à présent, il n?a pas lâché, alors on y va de toutes nos forces.
Je continue les poussées, galvanisée par la proximité de mon fils, et j?arrive à trouver un certain rythme. Je ne pousse pas du tout sur une respiration, mais je pousse de toutes mes forces en soufflant, je dois être rouge écarlate, j?ai l?impression que les vaisseaux de mon visage vont exploser, et que de l?autre côté, entre mes jambes ça va exploser aussi. Mais je me dis tant pis, il est presque là, j?y vais à fond.
Et là j?entends, STOP ne pousse plus !!(faudrait savoir
). Et « slurp », mon fils dégouline hors de moi en un instant. J?ai l?air ébahi, la tête dans l?oreiller. La SF me dit, regarde entre tes jambes, et elle y dépose une petite chose toute visqueuse qui a de grands yeux ouverts comme pour me manger toute entière et la bouche ouverte en c?ur. Il me regarde, il me découvre, je le regarde, je me demande qui peut bien être ce petit enfant qu?on a posé là. Il est très très beau, il est immobile et très attentif, pousse un petit cri rapide et reprend son étude scrupuleuse de mon visage avec ses yeux.
Je me retrouve allongée, avec ce petit garçon sur le ventre, c?est Samuel c?est mon fils qui vient de faire ce chemin avec moi et qui vient poser ses bagages sur moi (à tous les sens du terme, car je suis vite recouverte de méconium et d?un pipi de bienvenue, version tuyau d?arrosage, merci mon fils !!). Il est environ 16h26, l?heure du goûter pour ma SF !!
Je mets du temps à réaliser que c?est lui, qu?il va bien, qu?il est beau, que c?est mon fils, notre fils, et qu?il ne s?en fait pas. Il est super détendu !
Le papa coupe le cordon assez vite (n° 2 attend pour sortir) et se retrouve avec son fils dans les bras en peau a peau pendant tout le reste de l?accouchement. (aujourd?hui encore, Samuel s?endort le plus paisiblement du monde contre son père).
Le gynéco souhaite regarder la présentation de Benjamin pour préparer la suite, la SF me tâte l?utérus et le gynéco regarde par en bas et affirme « c?est bon c?est une tête ».
Moi j?en doute, mais bon, Benjamin a passé son temps à se retourner d?une écho a l?autre, en siège en céphalique ou en transverse, il a fait la roue cet enfant !
Je fais comprendre à tout le monde, que je ne vais pas rester une minute de plus sur le dos car j?ai mal. Tout le monde comprend que les contractions reprennent. Et me revoilà de nouveau à 4 pattes. Je chouine un peu car je sais quelle douleur m?attend, et je me demande comment je vais faire pour refaire tout ce travail, c?est long ça fait mal. On me propose de me mettre sur le côté, ou debout mais rien ne me convient, je veux revenir à 4 pattes, c?est là où je sens que le travail est le plus efficace.
Mais je suis la première étonnée car au bout de deux poussées, Benjamin est sorti. Et en siège. (comme quoi ça valait le coup de vérifier !!!
)
Il baptise la table à son tour comme son frère et se retrouve dans mes bras. Je suis estomaquée ! Un deuxième petit garçon, qui ne ressemble en rien au premier, qui est tout aussi paisible. Il est un peu plus pale et ses yeux ne sont pas ouverts. Je m?allonge sur le dos et le prend contre moi. La SF le frictionne assez vigoureusement (je comprends maintenant qu?il n?avait pas encore respiré) et il tousse un bon coup, ce qui a pour effet de rassurer tout le monde, on nous laisse un peu tranquille. Son père s?approche avec son frère dans les bras. Il coupe son deuxième cordon de la journée. Je lis la même joie et la même incrédulité dans son regard. On échangera peu de mots au final ce jour là.
A un moment quelqu?un demande quelle heure il peut bien être, il faut bien le noter quelque part, il est 16h36. Benjamin est né.
Et là commence une petite demi-heure pénible où le gynéco a de la chance que je sois sur la table avec mon fils dans les bras, et donc dans l?incapacité de lui décocher un coup de pied !!
Révision utérine (car placenta sorti en puzzle 2000 pièces), perf d?ocyto pour la délivrance car j?ai pas mal saigné, ils craignent que j?ai perdu trop de sang, et la perf était prête au cas où. La SF m?avait prévenue donc pas de surprise.
Après tout ce qu?on a vécu, ça n?est pas forcément plus douloureux, mais j?en ai marre, je veux qu?on me laisse tranquille, alors je suis super chiante, j?arrête pas de dire « mais ça fait mal, arrêtez, laissez moi tranquille maintenant ! ».
Et au final, petite déchirure pour moi, donc petite couture (aïe !!) pour raccommoder tout ça.
Passé ce moment bien pénible, ma SF part pour suivre une autre maman à côté. C?est une autre SF qui vient m?aider pour la mise au sein de mes deux enfants en simultané. Ça y est la vie à 4 va commencer.
On remonte dans notre chambre 2h plus tard. Je suis debout, tout va bien, on va tous bien.
C?est mon deuxième accouchement, et pas un instant je n?ai pensé au premier ce jour-là. Evidemment les deux accouchements avaient tout pour être différents. Toute la journée a été centrée autour de Samuel et Benjamin. Mais en les voyant le soir même j?ai pensé à leur grand frère, bien sûr, à qui ils ressemblent tous les deux. C?est grâce à lui que nous avons pu nous offrir à tous les 4 cet accouchement respectueux et serein. Malgré toutes les angoisses de la grossesse, pas un instant ce jour-là je n?ai pensé que quelque chose pouvait mal tourner, qu?il pouvait y avoir un problème. Cette confiance là ne m?est pas naturelle, elle était spécifique à cette rencontre avec mes enfants. C?est un beau cadeau.
Félicitations si vous avez réussi à me lire jusqu?au bout
suzy et ses mecs