Tapez 33700, un numéro anti-spam sur mobile contre un fléau en plein essor
21 oct. 2008
PARIS (AFP) ? Le lancement par le gouvernement du 33700, premier outil de lutte contre les spams sur les téléphones mobiles, met en lumière un fléau qui prend de l'ampleur: les SMS frauduleux qui incitent à rappeler un numéro surtaxé.
Se distinguant des SMS publicitaires, ils jouent souvent sur la curiosité: "Je n'arrive pas à te joindre, rappelle-moi au 08..." ou encore "Vous avez gagné 5.000 euros, rappelez" tel numéro.
Désormais, quand vous recevrez un tel message, il vous suffira de le signaler en envoyant un SMS au 33700.
Les opérateurs sont alors avertis et pourront prendre des sanctions contre les expéditeurs de ces spams, comme la fermeture des numéros surtaxés, ou transmettre le dossier à la police.
Ce "dispositif anti-arnaque par SMS", dévoilé mardi par le secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel et la Fédération française des télécoms, sera opérationnel à partir du 15 novembre.
Un outil similaire, Signal Spam (
www.signal-spam.fr), existe déjà pour alerter sur les courriers électroniques indésirables reçus par les internautes, qui polluent les boîtes mails à hauteur de 80% à 90% avant les filtres.
En un an, ce dispositif a permis le signalement de 12 millions de messages par plus de 42.000 utilisateurs.
A terme, l'objectif est d'aboutir, "d'ici à la fin du premier semestre 2009", à un "guichet unique" de lutte contre toutes les formes de spams, selon le secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique Eric Besson.
Actuellement, les SMS non sollicités ne représentent qu'une part infime du nombre de messages envoyés en France: selon l'UFC-Que Choisir, ils se chiffreraient à des centaines de milliers sur plus de 20 milliards échangés par an.
"Mais c'est un phénomène qui explose", observe Jérôme Clauzure, délégué général de l'Association français des utilisateurs des télécommunications (Afutt).
Ce fléau est d'autant plus alarmant que les premiers à tomber dans le piège sont "les consommateurs les plus modestes et les plus fragilisés", note-t-il. "Certains perdent parfois des centaines d'euros en appel surtaxés".
Les SMS frauduleux, qui sont envoyés par des "robots", "ont un potentiel financier très largement supérieur" aux spams classiques car "ils permettent de faire de l'argent directement", explique Guillaume Lovet, expert en cybercriminalité au sein de la société Fortinet.
Pour se procurer les numéros de portables, rien de plus simple, assure-t-il: il suffit de "chercher directement sur Google ou encore de pirater les bases de données des sites marchands".
En revanche, les coupables sont très difficiles à localiser, en raison de la "volatilité des sociétés, à la durée de vie de plus en plus brève et souvent implantés en offshore", note Jean-Philippe Bichard, porte-parole en France de la société d'anti-virus Kaspersky Lab.
La seule solution réside donc du côté des opérateurs. Dans certains pays, "ils bloquent les SMS non nominatifs ou dont le contenu se répète", relève-t-il. Même s'il est parfois complexe de détecter ces messages.
En attendant des solutions techniques viables, les utilisateurs "devraient veiller à ne pas laisser traîner leur numéro de portable, à moins qu'ils ne veuillent être réveillés à minuit par des appels ou des SMS obscurs", prévient Ralf Benzmüller, directeur du laboratoire de sécurité de la société G Data.