Claire ton récit est très touchant, et je m'y suis retrouvée en plusieurs points :
- Appel le matin à 05h00 de ma maman, car mon père n'allait pas bien, tout était fini à 06h30
- Obsèques difficiles aussi, et tout comme toi je n'ai pas réussi ou pas voulu lui dire au revoir
j'ai fais blocage, peut être refuser de l'accepter .....
Il est dommage que tu ne puisses pas en parler à une de tes soeurs, et comme le dit Bambinette, il faut que tu essaies d'en parler à ton homme, c'est important, connait il ton chagrin ? lui as tu parlé de cette dure journée de sa crémation ? tu dois évacuer tout cela.
Le fait de l'avoir écrit, parlé ici, a du te soulager un peu
Le chemin du deuil est long c'est sur, tu as des moments où tu te sens avancer, tu sens mieux et parfois, il suffit d'une date, d'une image, d'un mot, d'une phrase pour revenir en arrière.
Mais avec le temps tu te sens de plus en plus forte.
Je suis tombée enceinte des enfants 3 mois apres la mort de mon père, c'est vrai qu'avec leur naissance et j'ai eu surtout à m'occuper d'eux mais pas trop de moi, c'est un tort, car on refoule pas mal de choses et quand ca sort ca fait mal
Pour ce qui est des WC, j'espère que cette image s'effacera.
Papa est mort dans sa chambre, par terre à coté de son lit, j'ai mis plus d'un an avant de pouvoir passer à cet endroit, je bloquais à l'entrée de la chambre, tant qu'au lit où l'équipe médical a déposé son corps, je n'y vais jamais
Cela va faire 4 ans le 19 octobre, dans moins d'un mois, j'appréhende toujours ce jour, je revis chaque moment de cette journée, heure par heure
tout comme Sandrine à qui je fais de gros bisous en passant
Mon père me manque encore cruellement, j'ai bien avancé dans mes phases de deuil, j'ai même été aidé pour cela, j'ai fini par accepter son départ ............. mais le 19 octobre je n'ai pas encore pu oublier, les circonstances sont dures
ton histoire me bouleverse aussi
Oui, des similitudes...
Vers 18 h appel de ma mère, paniquée, me hurlant que mon père a fait un malaise, qu'il est tombé et ne respire plus. Je commence à lui expliquer les gestes de secours, tout en tentant de joindre les pompiers (mais pas même département !!)
Zhom, présent, saute dans sa voiture (moi je ne peux y aller, enceinte de 4 mois je sors d'une hospit pour hémorragie ++) et tout en roulant (il mettra 1 h cause des bouchons) appelle l'hosto où il travaille pour qu'on lui passe le SAMU (car hors département, encore...)
Ma mère, que j'ai au bout du fil, sanglote et supplie mon père de respirer... j'essaie de la calmer, de compter avec elle la fréquence des massages. Je ne rentrerai pas dans les détails, ça a duré longtemps, j'ai entendu les pompiers puis le SAMU (ma mère avait posé le téléphone sans le couper lorsqu'ils l'ont fait sortir de la pièce) etj'ai en vain attendu que le coeur de mon père reparte. J'ai appelé en même temps ma mère sur son portable, elle était choquée, assise au bout du couloir, là où un pompier l'avait mise, elle y est restée jusqu'à ce que zhom arrive et la prenne en charge, après avoir constaté que rien n'avait pu sauver mon père (mais j'avais compris, au téléphone, que c'était fini
:'
Zhom m'a ramené ma mère, qui était toujours en état de choc, et s'en voulait d'avoir "laissé mourir" son mari. Mon deuil a commencé comme ça, en essayant de protéger mes bébés (MAP) et en portant ma mère à bout de bras.
Je n'ai pu aller aux obsèques (immense douleur pour moi, regrets, culpabilité de ne pas l'avoir accompagné jusqu'au bout)... mais j'ai tout de même pu l'embrasser au funérarium.
Je paie l'addition de ce deuil "mal" vécu (au sens où je n'ai pas pu le vivre à 100%) mais comment faire autrement ?