oui, tu vois, on ne choisit pas sa famille ni ses collègues, en revanche, se sentir bien des affinités sur un forum, ça n'a rien de virtuel !

 

Sandrine

Ce fil de discussion a été un peu oublié... Sans doute parce que toutes vous avez cheminé dans votre travail de deuil et avez donc moins besoin d'exorciser les choses...

Mon père est décédé le 3 janvier 2008, 4 mois après qu'on lui ai détecté un cancer du larynx.

La veille de son décès, il avait été à l'hôpital pour des examens pour connaître le résultat de ses 4 chimio et on lui avait appris la rémission de son cancer. Le mercredi soir, il était tout heureux de nous l'annoncer. Le jeudi matin, à 6 heures, ma mère appelait pour nous apprendre son décès dans la nuit. Ca a été un véritable choc. Passer de ce moment de joie à ce vide... Aujourd'hui encore je suis en colère parce que les médecins n'ont pas vu à quel point il avait été affaibli et ne l'ont pas gardé à l'hôpital. Celà n'aurait rien changer à son décés, j'en ai conscience, mais il serait mort "décemment" et non pas dans ses WC, avec tout ce côté sordide... 

Les obsèques ont été très difficiles à vivre. Mes enfants sont restés auprès de mes BP (ils avaient 21 mois) et Paul (le papa) qui ne m'a rejoint que la veille de la crémation. Contrairement à mes soeurs, je n'ai pas pu lui dire au revoir et quand on a emmené son cercueil pour la crémation, ça a été un déchirement : on m'arrachait mon père pour toujours. Quant à la dispersion des cendres dans le jardin du souvenir du crématorium... 

Depuis son décès, je pense à mon père tous les jours, mais celà ne fait que quelques mois que je ne pleure plus (systématiquement).

Faire le deuil est d'autant plus difficile que je n'ai l'écoute d'aucun membre de ma famille : j'ai toujours eu des rapports difficiles avec ma mère (et ça ne s'est pas arrangé depuis le décès de mon père : il n'est plus là pour faire tampon...) et refuse de m'en parler (la dernière fois elle m'a traité d'idiote...  ), mes soeurs me parlent de leurs difficultés à faire leur deuil (l'une était alors enceinte de son 2° fils et l'autre en plein préparatifs de mariage), mais moi je n'ai pas le droit d'être triste et de souffrir.

Je n'en parle pas non plus à Paul : je sais que ce la mort de mon père l'a renvoyé face à la réalité de la disparition potentielle de ses propres parents (plus âgés que les miens de 10 ans) et je tiens à l'épargner.

Avoir mes enfants m'a beaucoup aider à ne pas m'apitoyer sur moi-même, ils ne m'en laissaient pas le temps. Ca a quand même été très difficile pendant plus d'un an, car ils me "rejetaient" : je sentais leur affection, mais ils ne voulaient pas que ce soit moi qui m'occupe d'eux (sauf pour bricoler leurs joujoux cassés, ils savaient que leur père ne le savait pas  ).

Aujourd'hui j'ai fait mon (tout) petit chemin, je sais que la route sera encore très longue, la douleur est toujours là, les larmes aussi quelquefois... Mais il y a des choses que je ne parviens toujours pas à faire : utiliser les WC dans lesquel il est décédé  , dormir dans le lit sur lequel son corps a été posé... Je sais que c'est bête, mais je ne passe pas le cap.

Et encore une fois, j'ai écrit un roman... 

Claire, je suis très émue en te lisant.
Je comprends ton chagrin, j'ai perdu mon père (mon alter ego) cela fera 2 ans le 29 octobre. Je pense à lui plusieurs fois par jour, et je ne sanglote "plus que" quelques fois par semaine, le reste du temps j'ai les larmes aux yeux ou juste une immense bouffée d'amour Je crois que cela dépend aussi de ma "consience" de sa mort : parfois c'est une abstraction, d'autres fois la réalité crue et cruelle me prend à la gorge.

Anny Duperrey a dit qu'il fallait faire le deuil de faire le deuil, et j'y crois de plus en plus : il faut apprivoiser l'absence, et dans mon cas, espérer qu'on se reverra dans un "ailleurs" (je suis croyante).


Je te serre dans mes bras    et je pense que j'aurais aussi remonté le fil en approchant de la date fatidique et ô combien détestée du 29 octobre 

On doit pouvoir trouver du soutien dans un couple, Claire ; tu devrais chercher du soutien auprès de ton zhom .....

Je sais de quoi tu parles : ma mère a eu de gros soucis de santé l'année dernière, mon père est actuellement hospitalisé, et mon zhom m'a déjà dit que ça le faisait flipper par rapport à sa mère .... Et bien oui, mais quand j'ai besoin, je lui parle quand même de mon inquiétude et ma tristesse .....

 

Claire ton récit est très touchant, et je m'y suis retrouvée en plusieurs points :

- Appel le matin à 05h00 de ma maman, car mon père n'allait pas bien, tout était fini à 06h30 
- Obsèques difficiles aussi, et tout comme toi je n'ai pas réussi ou pas voulu lui dire au revoir  j'ai fais blocage, peut être refuser de l'accepter .....

Il est dommage que tu ne puisses pas en parler à une de tes soeurs, et comme le dit Bambinette, il faut que tu essaies d'en parler à ton homme, c'est important, connait il ton chagrin ? lui as tu parlé de cette dure journée de sa crémation ? tu dois évacuer tout cela.
Le fait de l'avoir écrit, parlé ici, a du te soulager un peu 

Le chemin du deuil est long c'est sur, tu as des moments où tu te sens avancer, tu sens mieux et parfois, il suffit d'une date, d'une image, d'un mot, d'une phrase pour revenir en arrière.
Mais avec le temps tu te sens de plus en plus forte.
Je suis tombée enceinte des enfants 3 mois apres la mort de mon père, c'est vrai qu'avec leur naissance et j'ai eu surtout à m'occuper d'eux mais pas trop de moi, c'est un tort, car on refoule pas mal de choses et quand ca sort ca fait mal 

Pour ce qui est des WC, j'espère que cette image s'effacera.
Papa est mort dans sa chambre, par terre à coté de son lit, j'ai mis plus d'un an avant de pouvoir passer à cet endroit, je bloquais à l'entrée de la chambre, tant qu'au lit où l'équipe médical a déposé son corps, je n'y vais jamais 

Cela va faire 4 ans le 19 octobre, dans moins d'un mois, j'appréhende toujours ce jour, je revis chaque moment de cette journée, heure par heure  tout comme Sandrine à qui je fais de gros bisous en passant 
Mon père me manque encore cruellement, j'ai bien avancé dans mes phases de deuil, j'ai même été aidé pour cela, j'ai fini par accepter son départ ............. mais le 19 octobre je n'ai pas encore pu oublier, les circonstances sont dures

Je te souhaite de tout mon coeur d'avancer dans ton deuil et je t'embrasse bien fort 

Valéo, tout comme Ptite Lilli, c'est bien triste de perdre une maman à ton âge   

Gros bisous grenouille 
Malheureusement tu ne peux rien changer, même avec des "si" 

Ne t'inquiète pas P'tite Lilli, je ne suis pas très loin... 

Mais j'ai été malade la semaine dernière donc dodo trèèèèès tôt et pas trop d'ordinateur 

Paul sait à quel point le décés de Papa m'a affecté et m'affecte encore : je ne cache pas mes larmes quand j'en parle aux enfants (pour eux, je suis triste parce que mon père est mort, mais je suis moins triste parce que je les ai, eux  ). En plus, je ne suis pas d'un naturel très expansif pour tout ce qui touche les sentiments, j'ai toujours eu du mal à les exprimer (sans doute parce qu'on ne m'a pas appris ou empêché de le faire pendant longtemps)...

Pour les WC, je sais que je ne devrais pas rester là-dessus : ça ne me pose aucun problème d'y aller pour accompagner ou essuyer mes enfants, mais moi, je fais un blocage... Un peu comme si je ne voulais pas me dénuder devant mon père par pudeur... (il y a des moments où je me dis que je ne suis pas très "normale"  ).

j'ai pas tout lu, pas plus le temps que ça de poster pour le moment.....
mais je vais pouvoir suivre et raconter plus tard....