Les filles, je suis ravie si j'ai pu améliorer votre moral quelques temps...
Je n'ai pas beaucoup de mérite pourtant....
ALlez, je vous raconte :
Mes filles sont nées en mai, ont fait de la néonat, et je les ai récupérées le 13 juin. Je les ai allaitées dès leur naissance : au début, je tirais mon lait, puis j'ai pu les mettre au sein...
Le retour à la maison a été difficile : mes puces avaient "oubliées" qu'elles avaient des horaires réguliers en pédiatrie.... tout est devenu anarchique. J'allaitais à la demande, mais c'était dur car elles se décallaient beaucoup. Pas trop le temps ni l'envie de dormir la journée, et puis, il y avait Leelou, même si ma maman la prenait souvent avec elle. Evidemment, la nuit, c'était de plus en plus difficile. Je m'endormais en allaitant, la puce aussi, et quand je me réveillais en sursaut, elle se réveillait aussi et redemandais à manger....
Pendant toutes ces semaines (au final, seulement du 13 juin au 7 juillet, mais j'ai eu l'impression que ça durait des mois et des mois...
), lorsque j'arrivais à dormir 2 heures d'affilée, j'étais contente.
Mon moral baissait à vue d'oeil. La seule chose qui me "remontait", c'était de me dire "courage, ça va passer, çà ne pourra aller que de mieux en mieux avec le temps". Mais je me sentais de plus en plus faible. L'allaitement pour lequel j'aimais tant les sensations me décevait : j'avais l'impression de me faire littéralement vampiriser par mes filles. Chaque tètée devenait une torture car je sentais mon énergie qui partait avec mon lait.
Le 7 juillet, je suis tombée malade de fatigue : un genre de gastro, mais avec surtout des vomissements. Et forcément, plus trop de lait. En plus, cela devait correspondre à un pic de croissance, ce qui n'a rien arrangé. Bref, ce jour là, j'étais avachie dans le canapé, à donner un sein, aller aux toilettes, donner un autre sein, retourner aux toilettes.... A peine la seconde avait fini de tèter que je remettais la première, car elle n'avait pas assez. Et puis, je voulais relancer la lactation : il fallait que je les mette plus souvent.
J'ai appelé une amie à moi infirmière, elle m'a apporté du primpéran et me l'a injecté en IV. Au moins, j'allais garder ce que je buvais/mangeais.
Ce jour là, avec le papa, nous avons décidé que nous passerions en mixte au moins pour la nuit. Je donnerais le sein à l'une, et il donnerait le biberon à l'autre. Le lendemain, il est donc allé chercher du lait... et pour la première nuit depuis leur retour à la maison, j'ai dormi presque 5 heures d'affilée.
Après, j'ai repris un peu le dessus... mais avec toujours un brin de culpabilité : par rapport à leur prématurité, mais aussi par rapport à l'allaitement. Car je voyais bien que ça partais en vrille : mes filles ont commencé à faire une confusion sein/tétine, et puis, de moins donner la nuit, ça stimulait moins ma lactation. J'ai quand même pu leur en donner régulièrement jusqu'en octobre. (au final, je suis plutôt contente
)
Avec Leelou aussi c'était difficile. Je souhaitais passer plus de temps avec elle, sortir. Je voyais bien qu'elle s'ennuyait à la maison, mais ses petites soeurs étaient tellement anarchiques au niveau repas, qu'il m'était impossible de prévoir une sortie.... et puis, en fait, le moral n'y était pas...
Début août, je suis allée voir une Sage-femme à domicile pour ma rééducation périnéale. Le premier RDV a été particulier : j'ai pleuré pendant 1 heure. Tout a craqué. Cette SF est tellement ouverte et humaine que je me suis sentie en confiance, et j'ai osé me libérer de toute la tension accumulée. Je lui ai tout dit : comment s'était passée la grossesse, l'arrivée prématurée des filles, l'impression lancinante que c'était de ma faute, la fatigue, l'impression de ne pas y arriver, de ne rien gérer, d'être dépassée par les évênements, cette sensation d'avoir été vampirisée pendant l'allaitement, l'impression de faire du mal à la grande car je ne prends plus assez de temps pour elle, etc.. Etc...
C'est elle qui m'a dit que je n'étais pas Super Woman et que c'était beaucoup mieux ainsi.
C'est elle qui m'a dit qu'il n'y avait pas de honte à se faire aider.
C'est elle qui m'a dit de prendre 2 heures par semaine pour Leelou, hors de la maison.
C'est elle qui m'a dit qu'il n'y avait pas de honte à pleurer.
C'est elle qui m'a dit qu'il était sain pour nos enfants de craquer.
Alors j'ai décidé de m'inviter 1 semaine chez mes BP pour changer d'air. Cela n'a pas été de tout repos, mais au moins je pouvais plus facilement être avec Leelou.
Et puis, j'ai accepté de déléguer.
Et puis, j'ai demandé à ma maman de venir chez moi un après-midi par semaine afin que je puisse être avec Leelou, dehors, pendant 2 heures. (le résultat a été impressionnant
)
Et puis, j'ai expliqué à mes filles que je ne pouvais pas tout faire, que je n'étais pas infaillible, et que certaines fois, j'avais du mal à gérer.
Et puis..... nous étions déjà en septembre, elles mangeaient plus et moins souvent. Je dormais un peu plus aussi.
Et puis... en octobre elles ont fait leurs nuit.
Et puis....
Il y a une autre personne qui m'a aidée : un autre coup de calgon était là, je n'arrivais plus à émerger de mon quotidien, et P'tite Lilli m'a dit : "le prends pas mal Isazou, mais je trouve que ça sent le renfermé"... et elle avait raison. Il y avait trop de toiles d'araignées dans ma tête... alors j'ai décidé de ressortir un peu... et c'est vite allé mieux.
Bon, du coup, je vous ai écrit un roman....
Tout ça pour vous montrer, les filles, que c'est difficile, nous le savons toutes, et nous passons toutes par là. Mais que non, vous n'êtes pas seules, et oui, il y a des solutions pour arranger un peu les choses...
Allez, encore une dose de
à toutes