Ce mardi 17octobre j’ai rdv au contrôle du 6ème mois je suis alors a 26sa+2
Le vendredi précédent j‘avais effectué mon écho de contrôle tout était parfait j’ai quand même demandé à la sage femme qui faisait l’écho si elle pouvait regarder mon col car j’avais envie de vérifier elle m’a repondu : « tout est impeccable moi je contrôle juste l’uterus et les bebes. Vous avez rdv quand ? ah mardi ok c’est dans 4 jours vous en faites pas l’obstétricien regardera… je ne lui en veux pas à cette dame…aucun signe ne laissait penser à cette suite.
Week end tranquille puis lundi mon anniversaire ! un petit tour en ville et un bon chocolat chaud pour fêter ça avec mes chouchous : monsieur et mon fiston de 3 ans. Bon je contracte un peu normal me direz vous je marche je marche ça tire un peu quoi on va tous à mon rythme.
Mardi rdv 10h pour ce fameux controle…je ne suis pas tranquille du tout hors je n’ai aucun symptome comment expliquer ce stress ? je vais pas tergiverser …l’obstetricien palit pendant l’examen … « madame vous allez tout de suite vous lever doucement et venir avec moi j’ai besoin de verifier avec une echo parce que la c’est pas possible mince mince mince !! ce sont ses paroles…
Je suis betement le docteur dans les couloirs …bizarrement sans grande surprise… l’echo annonce un col qui ne fait plus que 5mm à 26sa+2 . l’obstetricien me dit « puis sur l.echo on voit le col fermé mais je sais ce que j.ai touché madame et vous êtes ouverte ! donc la c’est clair je vous hospitalise ok ?
Je me retrouve en grossesse patho…j’ose plus me lever ni aller faire pipi ni même me doucher donc je reste au max allongee et je sue comme un phoque à chaque lever pour pipi ayant peur d’accoucher sur place… ils me donnent de suite le lendemain une premiere injection de corticoïdes pour maturer les poumons des bebes « par prevention » comme ils me donnent des cachets sur 48h pour stopper les contractions « par prevention » car je ne contracte pas du tout ou sinon je ne m’en rends pas compte…
Le vendredi apres 3jours de repos visite de l’obstetricien qui est très content : ventre souple pas de contractions pas de fatigue tout roule.. monito excellent.. mais bon avec un col comme ça on maintient on me garde
J’ai eu entre temps la deuxieme injection de corticoides et le traitement anti contraction est terminé. Bizarrement je commence a contracter de maniere anarchique mais pas sympa du genre la vague qui monte et envahit mes reins on est samedi il est 2h du mat . je me dis que je psychote c.est un peu l’effet hopital comme par hasard je contracte.
Dans la journée toujours ces contractions très isolees et anarchiques donc on me redonne le traitement pour stopper. Et la le drame arrive … je me leve pour aller faire pipi bien sur contractions au moindre mouvement.. puis je sens pour etre plutot « soft » une gêne on va rester sobre on va dire une bulle presente entre mes jambes sensation très bizarre je m’affole de ce « corps etranger » je sens la pression monter et le coeur s’emballer tant pis j.appuis sur le bouton pour que l’on vienne.
« vous avez appelé madame ? euh oui dsl de vous deranger j’ai un petit probleme je crois que j.ai un truc bizarre entre les jambes c’est peut etre rien mais faut verifier
La sage femme appelle de suite l.obstetricien de garde on m’envoit donc samedi soir 19h30 en examen.. jambes ecartées je regarde le docteur qui dit à la sage femme « la tu vois bien tu comprends donc ? » comprendre quoi ? pour ma part je comprend que ça sent juste pas bon puis il me confirme ça en me disant solennellement « madame on vous ramene dans votre chambre et je viens vous expliquer » pour moi c.etait si simple de dire « ok vous inquietez pas c.est rien on vous ramene dans votre chambre bonne nuit » donc je sais que concretement ça pue.
Il arrive et me dit « bon…. Concrètement vous avez la poche des eaux qui est la et le col ouvert a 4 ça veut dire que je vous transfere en salle de naissance ça veut pas dire que je vous accouche maintenant simplement j.ai prevenu le Chu (oui je suis dans une maternite de niveau 2) donc on reflechit a comment vous transferer si vous veniez a accoucher car on prend pas en dessous de 33/34 semaines.
Le choc total j.arrive en salle de naissance je comprend tout et j.angoisse je pleure en voyant le materiel… la sage femme me dit d.appeler peut etre mon conjoint.. que ce serait bien.. je reponds pour lui dire quoi
je veux pas l’affoler moi je vais quand meme pas accoucher maintenant ! « madame dites lui qu’il serait mieux qu’il viennent vous rejoindre svp » bon en 20min il s.est retrouve télescopé a cote de moi plutôt angoissé abasourdi.. enfin comme moi je pense..à ne pas savoir si concrètement j.accouche la ou dans 3 jours. On reste en attente.. ils decident de me poser un cathéter pour eventuellement une peridurale comme ça c.est deja posé toujours par prevention.. puis on regarde mon etat. Ils n.osent pas me transferer à 15min d’ici et préfèrent surveiller voir si je suis « stable ». je reste donc toute la nuit sur la table d’accouchement je contracte pas beaucoup hormis quand j.ai besoin de faire pipi ça me lance c’est horrible, en plus je dois demander le bassin c.est assez difficile .. je regarde les heures defiler tout en sommeillant par tranche de 20min.. le dimanche ça y est 27SA ! toujours en salle d’accouchement il est 8h30 on attends la releve de l.equipe car mon etat est stationnaire donc transfert pas transfert ?? combien de temps vais je rester en salle d’accouchement ! Ils decident de tenter le transfert tout en douceur avec le samu mais surtout il ne faudrait pas rompre la poche dans le camion ! en moins de 30minutes le transfert commence et j’entends seulement « svp madame serrez les cuisses hein retenez vous allez pas accoucher durant le transport svp !! » ils sont gentils mais comment je peux maitriser cela ? la culpabilite monte très vite
J’arrive en salle de naissance directement au Chu avec maternite niveau 3 et tout l’attirail. Et apres examen je n.ai plus du tout de col de toute maniere je n.ai qu’a ouvrir les jambes pour que l.on voit la poche des eaux mais par contre les bebes sont bien bien hauts et continuent leur petite vie donc aucune descente imminente.
Les professionnels super competents me disent : « alors la…on ne sait pas quoi faire madame.. » (très rassurant n.est ce pas ?) bon en gros ils savent quoi faire mais c’est plutot une question de delai : 27SA on laisse on attends de voir les heures suivantes ? on attends des contractions douloureuses ? on attends ou on declenche car vu la configuration on est en train de cogiter pour une question d’heures et non plus de jours..
Moi je refuse toute tentative de declenchement hors de question je ne suis pas prête mes pauvres bebes ont rien demandé eux ! je resisterais plusieurs jours si il le faut. Donc avec monsieur qui a pratiquement suivi le samu bah on patiente… on reçoit les visites de pediatres pour nous expliquer la prematurite on recoit des sages femmes dont une qui repete les controles monitoring.. les bebes vont bien moi je contracte de plus en plus je commence a hurler dans mon coussin je commence a souffler fort ça monte mais je resiste de toute maniere je n’ai plus de col depuis bien des heures donc les contractions peuvent me torturer si les bebes ne sentent rien je peux encore tenir ! chaque heure devient une heure de plus dans mon ventre où les bebes se developpent donc une victoire !
J.ai ce sentiment d.ambivalence car je veux controler mon corps et resister meme plusieurs jours pour eux et en meme temps je crie « pourquoi mon corps me trahit comme ça ! » Ma tete ne veut pas accoucher les bebes ne descendent pas ils n.ont rien demandé c.est simplement ce fichu col qui disparait sans raison ! parce que oui apres de multiples examens je porte les stigmates d’une flopée de prises de sang sur mes bras et resultat : RIEN . a part des bleus sur les deux bras mais aucune infection aucun diabete aucune tension RIEN
j.encaisse les multiples prises de sang, les reprises a 3 fois parce que mes veines ne repondent plus de rien.. les contractions et surtout depuis hier soir : pas de repas et presque pas de boissons donc je me dessèche avec le stress j.ai soif soif je ne pense qu’.a boire.
Je continue a hurler de douleur mais toujours hors de question d.accoucher, les heures defilent l.apres midi et je pleure je suis toujours depuis bientot 24h immobile dans une salle d’accouchement avec toujours ce materiel autour de moi ces instruments… et ce bassin qui va et vient me soulager. J’éprouve de la honte je me sens humiliée et je me dis que si le corps medical n.etaient pas aussi bienveillants et rassurant autour de moi j.aurais vite fait de perdre ma dignité donc j’imagine ce que peuvent ressentir les personnes dependantes quand on sait de quelle manière elles peuvent etre considérées.
Vers 19h la sage femme me dit stop. Il faut arreter de se battre deux heures ne changerons pas grand chose donc on va me declencher avec un produit pour faire descendre les bebes et on pose la peri pour arreter de souffrir. Pour moi c.est l.echec total je pensais bêtement pouvoir tenir plusieurs jours j.avais décidé de garder jusqu’au dernier instant les bebes. Je dis même a mon amoureux : je te préviens on est parents on est ensemble donc si il y a quelques chose ma vie et les bebes sont entre tes mains alors je te le dis sauve les bebes stp promets le ( bon c.est un peu le cliché mais je souffrais je le pensais reellement et j.etais’prete a tout donner pour que les deux bebes vivent) ( et voila je me remet a pleurer..)
Je n’arrete pas de prevenir lequipe medicale : je ne veux pas participer à ça donc je serais incapable de pousser je ne vais pas infliger ça a mes bebes c.est trop tôt 27SA ! j.ai maintenant l’impression d.être victime d’un complot et je refuse d’accoucher je les garde au chaud j.ai l.impression de les trahir de mettre leur vie en péril et surtout j.ai l.impression d’abandonner , d’avoir « perdu ».
Lequipe est la..je ne sais plus combien ils sont.. surement 7 ou 8.. c.est un accouchement tres surveillé .. obstétricien internes aide soignant sage femme anesthésiste pediatre… on est pris au piège . Ils me percent la première poche des eaux.. je sens que c’est fini… je pleure je ne peux plus lutter..puis ils me disent de pousser fort s je veux que les bebes vivent à present !il ne faudrait pas qu’ils souffrent de la descente ! moi qui voulait proteger les enfants j.ai tellement honte.. je retourne ma veste et voila que celle qui ne voulait pas accoucher pousse comme une malade et participe a cet abandon j’ai vraiment honte puis j’entends mon petit crier, on dirait une souris j.explose de pleurs mais je ne ressent aucune joie j’ai peur j.ai l.impression de l.avoir condamné. Ils l.emmenent vite et moi je dois doublement trahir mes petits et continuer a pousser. la deuxieme poche des eaux jaillit sur l’interne en face comme un seau d’eau que l’on jette avec mepris sur le sol . la vision le bruit la surprise du personnel medical rajoute un stress immense mon petit deuxieme descend rapidement.. lui aussi arrive vite et pleure.. on dirait un petit chat qui miaule.. ils l’emmenent aussi.. la salle se vide et monsieur part rejoindre nos chers petits.
Je suis seule avec l’obstetricien et une sage femme pour les soins..on nettoie tout autour de moi.. je suis vide . vide de mon corps et vide du coeur je me sens bafouée et trahit par mon propre corps je ne suis plus enceinte c’est fini et je n’ai aucun enfant a serrer dans mes bras.
Sasha est né le premier il pèse 1kg130
Misha est né seulement 2minutes après il pèse 1kg030
Ils respirent seuls donc on les place en couveuse et ils font un détour par la salle de naissance pour « me dire bonjour » a travers les vitres..je n’éprouve aucune fierté et aucune joie ils ont des électrodes des fils partout et partent en reanimation neonatale.
j.occupe une chambre seule au deuxieme etage..mes petits sont au 4ème donc depuis maintenant deux jours je cumule les allers retours.. je veux réussir a les faire vivre alors je tire tout le colostrum que je peux je me motive pour eux tout en etant seule dans ma chambre à entendre les bebes des chambres voisines pleurer.. a avoir un petit coin « bebe » dans ma chambre avec matelas a langer évidemment vide..
on me dit que le parcours sera semé d’embuches.. je refuse d’y croire parce que mes petits respirent seuls depuis la naissance et mis a part quelques apnées ils se portent très bien. Je crois que c’est ce qui me permet de garder la foi… cette grossesse je ne m.en rejouit pas j’ai l’impression d’être passée a coté.. 27SA c’est quoi ? 5 mois et demi enceinte ?
je cauchemarde la nuit, j’angoisse a l’idée que mon téléphone sonne que l’un deux lache la barque.. qu’un microbe viennent envahir leur couveuse.. et je n’entends plus qu’une chose a present : des bip en continu dans ma tête.
Quand je monte les voir je me lave 15fois les mains je me dis que si ils tombent malades ça sera surement ma faute alors je récure je recure….
Les gens autour de nous commencent a savoir et m’envoient leurs « félicitations » quelle horreur pour moi… je n’ai aucun plaisir ressenti mis a part felicitations d’avoir montré que tu n’etais pas capable d’aller au bout ou sinon felicitations maintenant tu va apprendre a vivre au jour le jour avec angoisse. Je ne vois rien de magnifique et d’heureux je n’y arrive pas. Je vois simplement mes bebes survivre et tenter de s’en sortir et moi impuissante a coté disant : allez chouchou respire ressaisis toi stp !
Je ressasse dans ma tete ce fameux retour à la maison..une maison vide de bebes où aucune chambre n.aura eté preparée..j’ai l.impression de les abandonner et comme ci de rien n.etait d’oublier même leur existence en rentrant seule chez moi
Je reve la nuit je vois tout ces gens autour de moi.. la maitresse d’ecole…la boulangere… la voisine.. tous me transpercent du regard et se disent : Elle est plus enceinte ? ou sont les bebes ?
Il faudra tellement de temps pour panser tout ces traumatismes et pour effacer cette culpabilité. Peut être jamais.. seule la santé de mes deux garçons me donnera l’apaisement et la quiétude.. donc chaque heure je croise les doigts pour que l’aventure continu dans le bon sens et je continu a redouter le depart, mon depart seule de la maternité.
