Méva
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« Répondre #5 le: 01 Mars 2016 à 07:52:20 » |
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Bonjour Alex'c,
Comme ton histoire me rappelle la mienne sur un bon nombre de points. Tout ce que tu décris, cette peur permanente de perdre ta deuxième puce, ces angoisses qu'il faut chasser à chaque instant pour tenir. Nous sommes passés par là, et avec 2 ans de recul je peux dire qu'il faut tenir garder espoir pour Juline, que la vie n'est pas juste mais elle va se battre et elle va sortir en grande guerrière de ces épreuves. Elle va se battre pour deux. Quelle tragédie pour Coline, elle veille sur sa sœur de là-bas.
Comme toi, j'ai eu une grossesse compliquée. Pour ma part, nous n'osions pas nous projeter dès le départ car les problèmes se sont enchainés très tôt. Ecart de croissance de 25%, STT avec laser, rupture de la membrane entre les 2 bébés, brides amniotiques. Pour couronner le tout, fissure de la poche des eaux, infection à l'endocol, chorioamnitite et pneumonie sont venues provoquer mon accouchement digne d'un mauvais film. Les médecins ne savaient pas ce qui avait fait que mon état s'est vite dégradée depuis quelques jours lors de mon hospitalisation à 24sa. Le jour de mon accouchement tout s'est accéléré. Saturation à 80% malgré assistance respi, l'urgence n'était plus pour les médecins les bébés mais mon état. Les contractions se sont alors déclenchées très rapidement sans que les médecins et autres cardiologues présents ne se soucient de mes bébés. On me faisait alors une écho du cœur car on ne comprenait pas. J'ai eu beau leur dire que cela arrivait mais la priorité n'était pas là. Une gynéco passant par là, a entendu que je criais et est venu m'ausculter et à vu que j'étais en train d'accoucher. Elle a arraché tous les fils qui me reliaient à ces machines, a pris le lit, casser la porte au passage pour me conduire en salle d'accouchement. Là comme toi, j'ai entendu il faut du monde, des pédiatres, mais personne ne nous a prévenu qu'une maman est en train d'accoucher...Direction la VB Pas de monitoring, elle pas au courant de mes problèmes de respi, me dit de pousser, je ne respire que difficilement. Ils prennent un appareil à écho pour voir comment sont positionner les bébés. Je suis alors en mono mono, les 2 dans la même poche avec les cordons emmêlés. Je pousse difficilement, mon loulou sort sans un cri, ils l'emportent. J'entends "il faut se dépêcher pour le deuxième on avait encore un cœur...."; anéantie, je comprends à demi mots ce qui se passe... Je n'ai plus la force de pousser, alors elle va le chercher au fond de mon utérus... Il sort, à nouveau pas un cri, on l'emporte... On sort le placenta et la salle se vide... Sans nouvelles, on reste là, des minutes, de longues minutes; mon mari est à mes côtés depuis le début. Il pleure et me dit qu'ils étaient si petits. On a compris que la situation et grave. La sage femme arrive et me dit "mais vous saviez qu'avec le RCIU, c'était pas possible pour le petit". Arrivé en salle d'accouchement son cœur n'avait pas supporté les contractions. Elle nous l'apporte, il est magnifique, la vie est tellement injuste... On pleure, on l'embrasse... Nous sommes alors toujours sans nouvelle de mon deuxième loulou. Il passe dans le couloir en couveuse, je le vois 2 secondes. On nous explique que cela a été très compliqué de le faire revenir, qu'il faut l'emmener immédiatement en réa.
Mon état a continué à se dégrader, la maternité a préféré me transférer en réa dans un autre hôpital dans les heures qui ont suivi. J'y suis resté 4 jours, avec tous les diagnostiques possibles pour finalement me trouver une pneumonie sans signe habituelle de la maladie ce qui a tout accéléré.
Pendant ces 4 jours, tous les médecins nous ont dressés un tableau noir pour mon loulou vivant. Vivre heure après heure, ne pas se projeter, profiter des moments le plus possibles avec lui ( à 10 km de lui, pas possible). Mon mari a fait l'allée retour sans cesse entre la maternité et mon hôpital, m'a apporté des photos pour tenir.
Ensuite, il a fallu se relever, croire en la vie, croire en notre loulou qui se battait pour deux; laisser de côtés nos peines et nos angoisses pour tenir et ne pas craquer. La peur au ventre que le sort s'acharne.
Les premières semaines ont été horribles, nous nous sommes mis dans une bulle pour traverser tout cela, sans vouloir réfléchir, on voulait être présent avec lui, un point c'est tout, pour profiter. Lui parler sans cesse, poser notre main sur son petit corps d'oisillon tombé du nid. Le couvrir de tout notre amour pour qu'il se batte pour son frère et lui. Chaque sonnerie de téléphone nous faisait une peur bleue. Chaque arrivée à l'accueil, nous avions peur de voir arriver un médecin pour nous faire venir dans son bureau. Les jours ont défilés, très lentement,... Les premiers examens ont montré que le liquide amniotique n'était pas infecté, déjà une première bonne nouvelle, les EEG et ETF étaient bien donc, deuxième bonne nouvelle.
Mon loulou a connu les infections en tout genre, toutes les difficultés du très grand préma... Il s'est battu, il a eu des bas, nous avons eu peur pendant un bon mois et demi. Après les choses se sont simplifiées, on est sorti de la période où les risques vitaux étaient en jeu. Les semaines ont défilées, nous sommes allés le voir tout les jours sans exception, l'encourager; au bout de 127 jours d'hôpital, il est enfin rentré à la maison. En pleine forme, 3Kilos6, très loin de ses 720 g de la naissance (descendu à 580G).
Garde espoir pour Juline, je sais au combien c'est difficile. On n'ose y croire. Vis chaque moment avec lui sans penser, sans te torturer l'esprit...
Bisous à Juline et tendres pensées pour Coline.
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