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Auteur Fil de discussion: Nos petits partis à 26 SA, comment continuer et surmonter cette épreuve ?  (Lu 5058 fois)
lorane
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« le: 24 Juillet 2015 à 16:42:38 »

Mon pseudonyme est Lorane, et je suis une des aoûtiennes 2015. Cela fait un bout de temps que je ressens le besoin de mettre un mot sur ce fil pour raconter mon histoire et celle de nos petits, mais sans franchir le pas, jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui ça fait presque 3 mois et la douleur est toujours très forte donc je me suis dit qu'il était temps.  J'attendais deux petits garçons (grossesse mono bi), S et T.

Début avril 2015, vers 22 SA, je commençais à m'inquiéter car les petits étaient en dessous de la courbe de croissance et mes artères utérines étaient en mauvais état (il était trop tard pour prendre de l'aspégic nourrisson). De plus un delta de poids entre les deux commençais à apparaître. A part ça, aucune malformation n'était détectée, leurs petits coeurs battaient bien donc je gardais espoir. Pourtant, dès que l'on a su que c'était des jumeaux, je m'étais contrainte à lire toutes les complications qui pouvaient arriver lors d'une grossesse mono/bi et je connaissais les risques. L'échographe nous avait renvoyé vers les urgences du CHU pour un suivi hebdo. Je devais avoir l'intuition ou l'appréhension d'un malheur car je me sentais triste à ce moment là.  Avec le suivi ma tension était haute donc j'ai eu droit à des analyses complémentaires d'urine pour vérifier les protéines mais il n'y avait rien de spécial.  Le 29 avril au soir, comme un signe, nous avions enfin parlé des prénoms au resto avec mon chéri au restaurant. Le 30 avril au matin, je m'étais rendormie sur le canapé car je faisais de fréquentes insomnies.  En me réveillant j'ai senti de fortes douleurs dans le bas ventre, un peu comme des règles douloureuses. J'essaie de ne pas stresser car c'était déjà arrivé une fois sans qu'il n'y ait eu de problème ensuite. Je dis donc à mon chéri qu'il peut partir au travail (moi j'étais arrêtée depuis début avril car trop de fatigue). Mais 5 minutes plus tard je perds beaucoup de sang, je le rappelle et il appelle les urgences. Je m’apprêtais aussi  à appeler le 15 dans la foulée car bizarrement je suis très calme à ce moment là. Les pompiers arrivent très vite et me conduisent au CHU. J'ai très mal mais je supporte car j'ai déjà connu de grosses douleurs physiques auparavant. Au CHU ma gynéco et son équipe sont appelées et là le verdict tombe : les deux petits sont décédés.  Je demande à ce que l'on ménage mon conjoint dans cette annonce car il a suivi l'ambulance en voiture. Il s'agit d'un hématome rétroplacentaire, une grosse poche de sang. Sur le coup on ne me le dit pas, ( j'ai su après qu'on l'avait dit à mon conjoint) mais mon pronostic vital est engagé. Je suppose qu'on ne l'a pas dit pour que je m'accroche. Je demande à mon chéri de préserver ma famille (qui habite loin de nous), car ma grand mère est âgée et elle aussi connu la douleur de perdre 3 enfants, dont un jumeau. Ma tension atteint des sommets et je ne coagule plus correctement (CIVD). On me mets dans une salle d'examen et cette partie là est un peu floue. On me fait des prises de sang, on me branche, on prends ma tension,on me mets des perfs, une sonde et comme je souffre beaucoup, de la morphine. Les médecins veulent me faire accoucher par voie basse, à priori pour préserver mon utérus mais aussi  je pense à posteriori car j'avais perdu trop de sang pour une césarienne.  On me perfuse une première fois, on me donne des médicaments pour déclencher l'accouchement et on me place un ballon pour ouvrir le col de manière mécanique. J'ai droit à de nombreuses prises de sang, et comme mes veines ne sont pas visibles et que j'ai une perf de chaque côté, j'ai pu expérimenter les prises de sang un peu partout (main, poignet, pieds...).
Le soir on me remonte dans une chambre côté grossesse pathologique, je crois bien qu'on a autorisé mon chéri à rester et on lui a donné un lit de camp. Toute la nuit les prises de sang et les contrôle de tension se multiplient. Cette nuit là je prends conscience d'être un tombeau pour mes deux bébés, et aussi qu'au cas où je ne survivrais pas, j'ai besoin de voir ma famille. Je demande à mon chéri de demander à ma mère de venir (toute ma famille habite à plus de 5h de route)  Le matin on vient me chercher en urgence, mes plaquettes sont au plus bas. Pour moi tout est un peu flou à cause de la morphine. On me ramène dans la salle d'examen, je dois fournir de gros efforts pour passer du lit au brancard puis du brancard à la salle d'examen. Vers 10h/10h30, le ballon et les cachets ont fini par faire leur oeuvre,  je sens que les soignants sont soulagés car ils n'y croyaient plus. On m'amène en salle d'accouchement où je dois normalement subir une anesthésie générale. Là je prends vraiment conscience de la gravité de mon état, car il y a près d'une quinzaine de soignants autour de moi. Mais les efforts pour les changements de lits font qu'on n'a pas le temps de m'endormir et je sens mon petit S arriver. Je crois qu'on me demande si je veux le voir mais sur le coup je panique et je refuse. On me mets le masque pour m'endormir, et je panique encore plus car j'ai l'impression d'étouffer. Une médecin me demande de regarder vers elle et de penser à un paysage paisible. Mon petit T arrivera 9 minutes après lorsque je suis inconsciente.
 Lorsque je me réveille, je suis dans les vapes. Ma gynéco me dit et me redira que les petits avaient une forme particulière du Syndrome transfuseur/transfusé (STT), et qu'à ce stade ils n'auraient pu rien faire pour eux. De retour en réanimation pendant 2 jours, je suis très surveillée, les soignants se sont montrés très humains. D'ailleurs c'est une constante, tout le personnel a été exemplaire. Ca aide à se sentir encore humain et à garder un peu de dignité alors qu'on a plus l'impression d'être impuissante avec un corps sans force et que quelqu'un d'autre doit nettoyer. Pouvoir boire à nouveau, puis manger un petit peu, sont de vrais soulagements.
Lorsque je suis de retour en chambre, mon conjoint reste dormir avec moi sur le lit de camp. Il a été extraordinairement présent et il l'est encore. Un psychologue, une femme de l’aumônerie, et l'assistante sociale défilent dans la chambre. Lorsque je revois la gynéco, j'ai peur d'être responsable et je lui pose plein de questions. Elle m'assure que je ne dois pas me sentir responsable et que ce qui est arrivé est imprévisible. Que si j'avais été plus loin dans ma grossesse, les bébés auraient eu un risque de mortalité élevé ou de handicap sévère à cause du STT. Ca ne réconforte pas vraiment.

Ma belle famille et ma maman sont arrivées et s'occupent des formalités pour qu'on puisse organiser une cérémonie à la salle multiconfessionnelle du CHU. Je veux voir mes bébés pour commencer mon deuil, mon conjoint non car il a peur que ça le bloque plus tard pour avoir d'autres enfants. Je demande à ma belle famille et à ma maman si elles peuvent y aller avant moi car j'avais peur d'être choquée. Mais non, ils sont très beaux mon petit S et mon petit T dans leur petit berceau. Ils semblent dormir. T est le jumeau transfuseur donc il est tout petit. S est plus gros et il a un peu plus souffert de l'accouchement forcément. Je suis soulagée car ils ont été traités avec respect. Il y a une association de mamies qui tricotent des petits vêtements en laine pour les prématurés et que je remercie de tout coeur. J'ai pu mettre leurs petits doudous avec eux.

Le jour de la cérémonie, je tiens à peine debout, le médecin me laisse sortir un jour avant pour que je puisse assister aux funérailles et être en famille. Mon père est revenu de vacances juste à temps pour la cérémonie car  je voulais vraiment qu'il soit là. Après la cérémonie il a fallu se résigner à laisser partir ces deux petits cercueils blancs. Depuis nous avons été cherché les urnes. Pour le moment, nous les gardons avec nous. Nous avions acheté une maison en prévision de leur arrivée et nous avons tout de même déménagés. C'est dur de mettre en carton les petits habits achetés pour eux, de voir la pièce qui devait être leur chambre, bref de faire le deuil de tout ce que l'on avait projeté, de faire le deuil de cet avenir.

Nous somme suivis par le psychologue du CHU. Nous avons du soutien de la famille même si elle habite loin. Des personnes de l'association locale des Jumeaux et plus nous aident aussi et je les remercie. Je n'ai pas encore repris le travail, mon objectif est de le faire début septembre. Physiquement je suis apte c'est sûr, mais je pleure encore beaucoup, surtout en en fin de matinée, peut-être parce que c'est là que les petits sont arrivés. Je manque de motivation, j'ai perdu confiance en moi et en la vie pour le moment. Parfois j'ai peur de sombrer, ou de tomber dans la dépression,  (enfin autre ce que celle normale du deuil). Avec mon conjoint, on se soutient dans cette épreuve.

Des aoûtiennes 2015 ont accouchées et je suis sincèrement heureuse pour elles, on a tellement partagé au cours de nos grossesses. En en même temps, je suis en colère contre le sort de nous avoir privé de ce bonheur si attendu, et d'avoir laisser un immense vide à la place.

Pour le moment, je suis sous pilule car je dois voir un spécialiste de la vascularisation et faire des examens complémentaires au mois de septembre. Histoire d'en savoir un peu plus et de pouvoir démarrer une nouvelle grossesse de manière plus sereine par la suite (même si je sais que plus jamais je ne serai vraiment sereine lors de mes grossesses). Et puis il me semble plus sein de faire le deuil de nos petits avant de recommencer.

Pour celle qui ont vécu cela, j'aimerais avoir vos témoignages si vous le souhaitez bien sûr, si la reprise du boulot vous a aidé, au bout de combien de temps vous avez pu vous reconstruire, quelles sont les étapes par lesquelles vous êtes passées, si quelque chose a pu vous aider...

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« Répondre #1 le: 24 Juillet 2015 à 20:38:48 »

Encore un temoignage que j'aurais aimé ne pas lire mais qui me rappelle mon histoire ...
Comme toi nous avons acheté une maison en prévision de l'arrivée de notre petit garçon. Personnellement ce qui m'a aidé c'est de ne pas laisser cette pièce vide. Elle est devenue un bureau. Ce n'était pas facile d'y entrer au début mais mieux que de passer devant une pièce vide...
Nous avions fait une liste de naissance donc nous avons pu tout rendre et pour les habits ils sont chez mes parents. ma mère avait fait tout disparaître avant mon retour de la maternité.
J'ai ensuite eu besoin d'écrire un journal où j'ai date par date retranscrit toutes les étapes importante de cette grossesse. Il n'est toujours pas achevé ... je crois qu'un an après j'ai peur de conclure ... nous avons  également créée une boîte du souvenir où j'ai conservé toutes choses qui ont marqué cette grossesse. Aujourd'hui enceinte de jumeaux j'espère que ça m'aidera à leur parler de leur grand frère.
J'ai pu avoir des photos de mon petit garçon. Je les regarde parfois quand j'ai un coup de moins bien... et nous allons souvent nous recueillir sur sa tombe. Avec mon conjoint ça nous aide beaucoup.
Je vois que tu es suivie par une psychologue personnellement ça m'a beaucoup aidé.
J'ai repris le travail à la fin de mon congé maternité. Je cogitais trop seule à la maison et ça m'a fait du bien de retrouver une vie sociale.
Donne le temps au temps, tu auras de nombreux coup de moins bien, de devras supporter l'incompréhension des gens mais la vie reprendra doucement sa place avec ses moments joyeux aussi !
Au début, lorsque les gens me disais des choses qui me rendais triste, je gardais tout pour moi, attendais d'être seule et pleurais tout ce que je savais. Aujourd'hui je ne cache pas de leur que ça me déplaît !!!
Une pensée pour tes petits anges et un baiser pleins de courage pour vous
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Mes anges


« Répondre #2 le: 25 Juillet 2015 à 00:43:48 »

Laurane,
Je suis vraiment très touchée par ton témoignage, ton récit est si prenant et je comprends tellement ta peine, ta douleur..
J'ai perdu également deux petits garçons à 23+4 Sa. Depuis je suis passée par un tas d'étapes toutes bien différentes les unes des autres.
Le denis, je ne voulais et ne pouvais pas y croire, traumatisée aussi de l'accouchement les premiers temps je me sentais pas la, plus vivante si je peux dire.
Ensuite j'ai cherché à comprendre, regardé sur internet partout, comprendre ce qu'il m'était, nous était arrivé.. Après le sentiment de culpabilité a été très présent et puis j'ai été dans la réparation pendant longtemps,  je m'imaginais un tas de scénarios qui auraient pu remplacer celui la si tragique 😔 si dur !
Tout comme toi, j'ai décidé de prendre le congé qui m'était destiné et j'ai pris le temps de vivre toutes ces étapes les unes après les autres, elles sont venues à moi comme ça comme de grosses vagues en pleines figures. Au début tu te noies un peu tu as du mal à relever la tête, tu penses que tu vas couler.. au bout de quelques mois elles sont un peu moins grosses et moins fréquentes mais bien la quand même.. Et puis à force tu bois un peu moins la tasse tu gardes la tête un peu plus hors de l'eau, tu découvres et apprends à vivre avec cela. Pour ma part c'est comme ça que je l'ai vécu et le vis encore aujourd'hui.
Cela fait presque 11 mois que mes petits princes ont pris leur envole, j'ai l'impression que c'était hier, et j'ai repris le travail je me sentais prête à la fin du congé, je commençais déjà depuis quelques semaines à redevenir moi 😊
Par contre j'ai décidé de me lancer dans une reconversion un changement se faisait sentir, je voulais reprendre le travail mais sur les bases neuves, dans autre chose, un autre domaine. Aujourd'hui j'ai eu l'opportunité de commencer cette reconversion et ça se passe bien, mes pensées sont bien occupées malgré qu'elles soient souvent auprès de mes anges, mais j'ai l'impression d'avoir gagné en assurance, je me sens plus sur de moi, je suis moins dans l'affecte et j'ai cette sensation de ne me sentir jamais seule 😊 ce sont des armes qu'ils ont offertes en partant je crois.

Les bas sont encore présents je ne vais pas te mentir mais ils durent moins longtemps et sont moins fréquents avec le temps.
C'est une très bonne chose que vous soyez soudé avec ton compagnon c'est important même si nous ne vivons pas les choses de la même manière.
C'est bien aussi d'aller vous recueillir lorsque vous en ressentez le besoin, de mon côté j'y vais toutes les semaines j'aime y aller je reste un moment dans le calme et je pense, je pense aussi à ces bons et beaux moments de ma grossesse car dans notre cauchemar nous avons de beaux souvenirs partagés avec nos bébés. C'est important de penser à ces bons moments aussi.

Plein de courage à vous dans cette douloureuse et éprouvante épreuve.
Je t'embrasse
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Moussa et Ibrahim, mes petits princes. Vous avez quitté bien trop tôt notre monde pour aller certainement, vous promener, vous amuser et vivre au paradis des petits anges mais aussi dans nos têtes et nos cœurs. Parce qu'en parlant de vous, de nous, je vous fais exister d'une autre manière.
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« Répondre #3 le: 26 Juillet 2015 à 00:22:12 »

Merci de tout cœur Anam et Calvin d'avoir pris le temps de me répondre. J'imagine bien que c'est difficile de reparler de tout ça.
Je me posais la question des photos des petits, je n'en ai pas prises lorsque je suis allée les voir à la chambre mortuaire. Je me suis dit que j'allais laisser leur souvenir évoluer avec le temps. Mais parfois maintenant j'ai peur d'oublier leurs visages. Je pense que je vais finir par demander les photos prises au CHU. Mais je ne sais pas à quelle moment elles ont été prises donc j'appréhende un peu. Anam, je vois que cela t'aide de pouvoir parfois revoir les photos.

Anam Au bout de combien de temps as-tu pu envisager une nouvelle grossesse (moralement et médicalement) ? Je vois que tu as prévu de parler de leur grand frère à tes jumeaux. Je m'avance sans doute mais je m'interroge également sur le moment auquel en parler à notre/nos futurs enfants sans que ce ne soit un traumatisme.
 Les petits habits, et les livres de grossesse avaient également été mis en carton avant que je revienne. Les lits ont pu être rendus. Reste  la plupart des vêtements de grossesse, que je vais mettre de côté, sur le moment sur le coup de la colère j'ai eu envie de tout jeter.

Calvin, j'ai ressenti également ce sentiment de culpabilité ( et si j'avais fait ceci ou cela, j'ai fait ceci, est-ce que ça a pu jouer...), mon conjoint aussi ( il avait peur de m'avoir communiqué le stress du boulot car c'était une période très difficile). Tout le monde, dont les médecins ont beau nous dire que l'on y est pour rien, il est dur de s'en convaincre. Sinon pour la reconversion, je me disais pendant la grossesse qu'un travail un peu plus tourné vers l'humain me conviendrait peut être mieux. Mais je vais déjà voir ce que ça donne à mon retour, j'espère tenir le coup.

Douces pensées à vous et à vos anges. Parler de nos anges leur donne une existence, nous les faisons vivre à travers nous.


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« Répondre #4 le: 26 Juillet 2015 à 00:55:26 »

Dans le service où j'ai accouché,  les photos sont prises rapidement ce que je regrette c'est qu'ils ne prennent pas de photos avec le pyjama et le doudou... il est enveloppé dans un joli drap blanc. Mais je sais que beaucoup d'etablissements font de très jolies choses pour faire que le souvenir soit plus doux.

J'ai eu la même réaction que toi pour les vêtements de grossesse... il y en d'ailleurs que je ne peux pas remettre pour l'actuelle... trop douloureux...

J'ai débuté le suivi psychologique environ 1mois après mon accouchement. Durant tout mon suivi j'étais soulagé d'être indisposé chaque mois (j'ai fait une toxémie gravidique donc pas d'attente nécessaire...) et puis à la reprise du travail j'ai continué quelques séances (je travaille en neonatologie et cotoie donc chaque jour des prematurés). Un jour je me suis rendu compte que, bien que le quotidien soit triste ... on organisait notre vie doucement en y incluant notre petit ange et chaque séance devenait très dur car quelques jours avant je faisais de nombreux cauchemar, j'etais plus triste ... alors j'ai décidé d'arrêter.  Puis un soir où mon chéri me disait qu'il aimerait vraiment avoir de nouveau un enfant avec moi je lui ai dit: " je suis prête". J'ai eu la chance de tomber enceinte ce même mois (5 mois après mon accouchement) ! Et nos bbs espoir se préparent doucement.

Leandru fait partie de notre quotidien. Mon chéri a déjà un grand garçon qui parle de son petit frère avec ses mots, l'inclus dans ses dessins de notre famille donc je pense simplement en parler régulièrement sans attendre d'age précis simplement en essayant de trouver les mots juste. On pense d'ailleurs faire une place à notre ange sur le faire part de naissance.

La culpabilité a été une grande partie de mon travail avec la psychologue... je travaille de nuit et ne voulais pas m'arrêter parce que je me sentais bien, je n'ai pas ressenti les signes annonciateur d'une toxémie, etc. Je me disais tout le temps que quand mon chéri se rendrait compte que tout étais de mz faute il me laisserait seule avec mon chagrin... mais il y a eu énormément de dialogue entre nous et au contraire notre couple est sorti renforcé de cette epreuve.


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Mamange de Leandru né sans vie à 32sa- 6 août 2014
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« Répondre #5 le: 26 Juillet 2015 à 17:54:56 »

Merci Anam de m'avoir répondu. J'imagine qu'au vu de ton travail en néonatalogie, cela a dû être d'autant plus difficile de reprendre le boulot. Pour le moment, les séances chez le psychologue m'aide, pour le moment nous les faisons en couple.  As-tu repris un suivi depuis le début de ta grossesse ?

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Mes anges


« Répondre #6 le: 26 Juillet 2015 à 21:31:36 »

En ce qui concerne les photos pour nous aussi la clinique en a fait de jolies et je pense rapidement comme Anam. Je pense qu'ils font en sorte que ce soit le plus doux possible même si pas évident .. J'ai pris des photos de nos petits princes avec mon téléphone lorsque quelque temps après l'accouchement (environs 30min si mes souvenirs sont bons), une sage femme nous les a apporté. Bien-sûr nous lui avions dit que nous voulions les voir. Ils étaient vêtus d'un tout petit gilet et un bonnet en laine. J'ai beaucoup regardé les photos aussi les premiers temps après leur départ et puis malgré que celles-ci ai été bien prises elles me rappelaient trop cette dure réalité, la brutalité des faits.. Donc j'ai fait faire un dessin au crayon de leurs visages et haut de leurs petits corps sur lequel j'ai pu faire apparaître leurs doudoux respectifs. Ce doux dessin est tellement représentatif  de cette image que je garde d'eux dans ma tête, il m'a vraiment apaisé car le dessinateur a pris grand soin d'adoucir leurs traits et donc de rendre cette réalité un peu plus douce aussi.

Qu'il est dur ce sentiment de culpabilité... Moi aussi je me suis souvent dis 'mais si...ou si' mais avec des si on changerait toute l'histoire..
Pour la reprise du boulot, je me suis mise la pression rapidement au début de mon congé je n'étais vraiment pas prête à reprendre. Et puis je me suis concentrée sur ce que je vivais à l'intérieur de moi, j'ai pris le temps, mon temps. Et lorsqu'il a fallut prendre des décisions et bien j'étais prête.
Prends ton temps d'encaisser et de vivre cette terrible épreuve. Il y aura des mauvais moments mais il y en aura d'autres meilleurs aussi, le plus important quand on est dans les moins bons est de ce souvenir que les bons ont été la un jour ou quelque jours avant... Donc ils reviendront ☺️

Très douces pensées à nos amours du ciel.
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« Répondre #7 le: 26 Juillet 2015 à 21:47:12 »

Je tiens juste à t'apporter mon soutien dans cette terrible épreuve.....j'avais suivi ton histoire chez les aoutiennes, qui m'a très attristée....
Tendres pensées à toi et tes anges et plein de courage dans ce long parcours....
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« Répondre #8 le: 26 Juillet 2015 à 23:28:20 »

Je n'ai pas de suivi psychologique pour cette grossesse.  Parfois je me dis que ce serait mieux ... je verbalise toutes mes angoisses à mon entourage et ne suis pas toujours très tendre avec eux... mais comme d'habitude ils sont formidable et me soutiennent.
Mon gyneco m'aide beaucoup également. Il m'a suivi pour ma 1e grossesse donc il me connait bien. A l'annonce de la prise de sang positive il m'a vu à 8sa pour voir si tout était ok puis à 12sa découverte de la grossesse gemellaire mono mono il a tout de suite installé un suivi tous les 15 jours parfois hors des heures de consult pour bien prendre le temps pour nous et en entendant mon angoisse il m'a prescrit le passage d'une sage femme pour monito depuis 24sa. Tout ceci m'a beaucoup aidé !

Mon conjoint ne se sentait pas parler avec une psychologue donc j'ai fait mon suivi seule.  Nous avons vécu ce deuil ensemble mais pas au même rythme donc je ne sais pas si nous aurions pu faire comme toi. Mon conjoint m'a beaucoup soutenu au début et s' est permis de craquer lorsque moi j'allais "mieux" et les rôles se sont inversés.
Par contre j'abordais avec lui toutes mes séances et nous en reparlions ensemble.
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« Répondre #9 le: 28 Juillet 2015 à 11:30:24 »

Merci Fleur pour ton petit mot, ça me réchauffe le cœur, d'autant plus que je sais que tu as connu cette épreuve.  Merci Anam et Calvin d'avoir répondu à mes questions. En tout cas une constante est là, nos hommes font tout pour nous soutenir, ils restent forts pour nous. Mon chéri désespère parfois à me faire sourire. Je suis dans une phase où j'ai l'impression que tout le monde a peur que je tombe dans la dépression. Je ne veux pas de médicaments, pour moi ce serait comme un échec. Chaque matin est difficile, je pleure toujours beaucoup, et j'ai du mal à m'intéresser à l'aménagement de ma nouvelle maison. Mais bon j'ai de meilleurs moment où j'essaie d'investir dans l'avenir. Je vais voir ma famille quelques jours pour ne pas être seule la journée, je réserve 3 jours en amoureux. Je planifie des leçons de conduite avant la reprise du boulot( j'ai mon permis mais je n'ai plus reconduit depuis 10 ans). Je me renseigne auprès de la RH pour reprendre le travail dans un mois ( il y a priori un délai d'un mois obligatoire...). Bref j'essaie tous les jours d'avancer mais j'ai parfois l'impression de manquer de courage. C'est difficile de reprendre confiance en soi et dans la vie.

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« Répondre #10 le: 29 Juillet 2015 à 21:30:36 »

Je pense que cette phase est incontournable après un tel drame. Les premiers temps aussi je peinais à me lever, pourquoi faire dans quel but.. Si ce n'est pour subir cette énorme tristesse. Je pleurais dès mon réveil aussi.  Mais je t'assure que même si la douleur reste, le temps qui passe aide beaucoup. Tu arrives à te reposer malgré tout ? Tu trouves le sommeil ? C'est tellement normal pour le moment que ne pas réussir et de ne pas avoir l'envie de t'investir dans quoi que ce soit, tu sens qu'il y a des meilleurs moments c'est une bonne chose. Ne te force pas à faire des choses si tu n'en a pas envie et penses que chaque jours est un jour nouveau et sûrement un jour meilleur. De mon côté aujourd'hui je me dis que dans cette histoire le pire est passé, malgré les hauts et les bas toujours présents tu apprendras à vivre avec cette souffrance. Souvent je me suis dit ' je pleure pour mieux sourire '....
Et progressivement c'est le cas. Tu te sens prête à reprendre le travail ?

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« Répondre #11 le: 29 Juillet 2015 à 22:17:35 »

Lorane,

Les paroles de Calvin sont si juste....même si mon histoire est différente sur la forme, tous les matins au réveil ma 1ère pensée était pr mes anges durant des mois et des mois, c'est tellement normal lesclevers difficiles...il faut laisser exprimer tes émotions, effectivement ne pas te forcer, c'est un vrai deuil que tu as à faire...gérer un jour à la fois c'est bien plus facile....
Baisers volants à nos petites étoiles😘😘😘
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« Répondre #12 le: 29 Juillet 2015 à 22:52:36 »

Bonsoir Lorane,
Je crois que les filles ont déjà su trouver les mots mais je ne me voyais pas ne pas te laisser moi aussi un petit texte de soutien...
Comme toi, j'ai perdu mes filles à 26sa,elles ont vécues pour l'une deux jours, pour l'autre une semaine...😪
Tu pourras lire mon histoire dans le post " perte de mes princesses à 26sa".
Cela fera bientôt 2 an...je ne vais pas te dire que la vie a repris son cour comme avant, mais même si il y a des hauts et des bas,les bas sont moins bas et les hauts un peu plus haut...
Comme toi le matin je pleurais,et toute la journée même...et puis petit à petit j'ai eu envie de refaire des choses,voir du monde,prendre du temps pour moi,pour elles...
J'ai repris le travail un peu plus de 3 mois après leur perte,ça m'a aidé...voir du monde parler d'autre chose,penser à autre chose,se sentir "normale"...
Bien sur elles étaient et sont toujours dans un coin de mon coeur et de ma tête mais je ne vois plus mon histoire avec autant de "peine".
Je peux reussir à parler d'elles sans pleurer,chose qu'il m'était impossible de faire au début...
Encore aujourd'hui,pas une journée ne passe sans que je pense à elle dans la journée...
Je ne vois plus la vie de la même façon, j'ai perdu de mon innocence et je sais maintenant que je suis changée à jamais...
Elles font partie de notre histoire avec mon mari,elles font parties de nous et sont dans nos coeurs à jamais
2 an après le plus difficile pour moi est l'oubli des gens;des paroles blessantes sans le vouloir...mais j'ai appris à me blinder et je prends sur moi...
Tu avanceras dans ton deuil à ton rythme..il n'y a pas de règles ou de mode d'emploi...prends ton temps,écoutes ton coeur...
Deux étoiles veillent sur toi et t'aideront forcément dans les difficultés de la vie...
Je te souhaite que les mois à venir soit un peu plus doux et que tous tes projets se réalisent...
Je profite pour embrasser tes enfants qui je suis sure ont été bien accueilli par au pays des anges par mes filles et tous les autres anges
😘😘😘
Tendres pensées
Tu as tout mon soutien
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Maman de deux merveilleuses princesses nées à 26 SA et qui ont pris leur envol une semaine plus tard à cause du STT et de la grande prématurité
lorane
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« Répondre #13 le: 30 Juillet 2015 à 18:13:08 »

Merci Angels de ton soutien et de ton témoignage, cela me donne de l'espoir pour l'avenir. J'avais peur de devenir blasée ou aigrie par la vie mais dans tous vos témoignages les filles je vois surtout beaucoup d'amour.
J'espère que je serai assez vaillante moralement pour la reprise du boulot. Encore hier soir en visite dans ma famille, j'ai vu un petit chaton de quelques jours qui venait de mourir sans raison particulière. Ça m'a atteint plus que ça ne devrait. J'ai peur d'être prise un jour par surprise et de craquer. Mon employeur à demandé un certificat médical de mon médecin traitant pour une reprise début septembre. Ça a priori c'est bon car mon médecin est d'accord avec moi que la reprise du boulot serait bénéfique. Par contre je vais aussi avoir droit à une visite à la médecine du travail. Je sais que c'est surtout une visite pour juger de mon état psychologique pour savoir si je suis apte. Comme la situation de la boîte n'est pas extra, j'ai intérêt à me montrer suffisamment forte. Je me dis que c'est dans un mois et que j'ai encore le temps d'avancer un peu dans mon deuil.

C'est également en septembre qu'à lieu mon Rdv chez le spécialiste de la vascularisation. Et aujourd'hui trottait dans ma tête la pensée que vu que mes deux artères utérines étaient abîmées peu de temps avant le drame, est-ce qu'elles vont se reconstruire ou rester dans cet état ? Je sais bien qu'il y aura un suivi dès le début lors d'une prochaine grossesse mais ça me trotte dans la tête...
Si les résultats des examens sont encourageants, je pense que ça me donnera de l'espoir pour l'avenir mais dans le cas contraire ?
En lisant le témoignage bouleversant de Soorire, je me disait aussi que la foudre pouvait tomber deux fois au même endroit.

En apprenant la nouvelle grossesse d'une amie, j'ai culpabilisé de ressentir à la fois de le joie pour elle et un sentiment d'injustice.

Je vous aime mes bébés.

Les filles, tendres pensées à vos anges.
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S et T, nos deux anges partis trop tôt à 26 SA, vous nous manquez terriblement.
lorane
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« Répondre #14 le: 01 Août 2015 à 10:45:35 »

Mes bébés,  cela fait 3 mois aujourd'hui que vous avez quitté mon ventre. Moi et votre papa pensons à vous tous le jours. Nous essayons de tenir la promesse que nous vous avons faite, d'être là l'un pour l'autre et de continuer même si c'est difficile. Parfois quand je regarde votre papa ou quand je me vois dans la glace, je revois votre petit visage, vos petites lèvres charnues. Vous nous manquez terriblement.

Tendres baisers de maman et papa.




Une pensée pour tous les anges.
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