Vous êtes toutes adorables
Alors je me lance...
Bon alors le 10 mars vers 2h du matin, contractions de plus en plus régulières et douloureuses puis pour nous donner définitivement le signal du départ la poche des eaux se rompt vers 4h. Voilà nous sommes prêts j'ai atteint 37sa + 4, je suis heureuse de rencontrer mes petits loups à un terme tout à fait correct. Je suis très zen en allant à la maternité, je n'ai pas peur de l'accouchement et j'ai même l'impression que le plus dur est déjà passé : garder mes bébés au chaud le plus longtemps possible.
Accueil très chaleureux au CHU où j'ai été suivie (niveau 3). On me pose la péridurale et très rapidement je suis dilatée à 10. Ma petite Margaux (J1) ne s'engage pas dans le bassin, donc la SF dit qu'on va attendre qu'elle descende. La SF revient me voir toutes les 30 minutes de 7h à 12h environ. Elle a l'air de trouver ça bizarre, elle fait venir la gynéco qui doit m'accoucher. Elles font une écho pour vérifier la position de ma puce parce qu'apparemment quand elles touchent sa tête elles n'arrivent pas vraiment à comprendre comment Margaux se présente. Bref moi toujours zen, surement trop c'est une des question qui me hante aujourd'hui (cela aurait il changé les choses si j'avais ralé, montré du stress ? peut être que j'aurai eu une césa
).
Finalement à midi on décide de m'emmener au bloc pour une voie basse comme prévu. Jeff est avec moi et c'est lui qui me raconte ce qui se passe au bloc car moi j'ai un trou, le flou total.
La gynéco de garde qui a commencé à me faire pousser est appelée en urgence dans le bloc d'à côté, du coup la moitié du staff part avec elle dans la salle voisine et moi je vois un gynéco passer la tête entre mes jambes, il se présente et me dit qu'il va m'accoucher. Ensuite je pousse, je comprend qu'il galère avec Margaux, je sens qu'il utilise des forceps puis j'entends ma puce crier. Personne ne me la montre, elle est tout de suite emmenée aux soins. Ensuite il faut pousser à nouveau pour Arthur. Et là le gynéco "merde le 2eme aussi est en présentation de face". Arthur arrive assez vite, on me permet de le voir et de le toucher du bout des doigts. Pas de bébés dans les bras et encore moins sur le ventre, je rejoins toutes les mamans à qui ce moment manquera toujours.
Ce qui est fou c'est que sur le coup j'ai eu l'impression que c'était un accouchement classique
. Je me retouve seule dans le bloc, on me recoud. Jeff est avec Arthur et Margaux
. Le gynéco vient me voir et m'annonce que Margaux a eu une fracture du crâne à l'extraction. Il ajoute qu'elle a un hématome et qu'il faut faire des examens pour connaître l'étendue de l'hématome. Je n'ai toujours pas vu Margaux. On me l'apporte dans une couveuse elle doit partir dans le CHU voisin pour faire une IRM. Elle a eu une paralysie faciale pendant quelques secondes et il faut voir la taille de l'hématome et savoir s'il comprime des zones du cerveau. Le gynéco est très choqué, c'est la première fois qu'il voit ça. Apparemment c'est 1 accouchement sur 8000, un cas qu'on ne voit que dans les livres quoi ! Il m'annonce qu'il n'y a pas de place dans le service approprié pour Margaux et qu'elle doit donc partir dans une autre ville (on est pourtant à Montpellier dans un niveau 3
). Arthur fait 2390g et là le gygy me dit qu'il est trop petit et qu'il va partir en néonat. Tout s'effondre.
La SF me met Margaux dans les bras avant son départ mais je ne dois pas l'allaiter car elle doit être à jeun pour ses examens. Jeff part avec elle mais il n'y a pas de place dans l'ambulance pour lui, il doit les retrouver sur place. Elle est toute seule, sans son frère, ni son papa ni sa maman j'en ai les tripes retournées.
Finalement la SF me dit qu'Arthur va très bien et qu'il va rester avec moi. Je commence à l'allaiter. Je ne fais que pleurer sur lui le pauvre, quel accueil !
Jeff revient seul quelques heures plus tard. Margaux va finalement avoir une place en néonat au 1er étage et moi je suis transférée avec Arthur au 3e.
Margaux est née à 13h30, le temps de faire ses examens et de retrouver un peu d'énergie je ne la revois qu'à 22h. Elle est en couche dans un berceau chauffant, on ne peut pas la prendre. Je lui parle et elle se met à pleurer en posant ses mains sur ses oreilles comme si elle ne voulait pas m'entendre. Cette image me traumatise encore ma fille semble me dire"maman tu m'as laissée, c'est trop tard maintenant".
Les jours qui suivent sont éprouvants mais les examens de Margaux (radios, électro-encéphalogrammes, tests auditifs et visuels) sont bons. Les médecins ne se prononcent pas sur les séquelles qu'elle pourra avoir, c'est trop tôt pour le savoir et surtout personne ne veut se mouiller. L'hématome se résorbe petit à petit. Je cours d'un étage à l'autre, d'un bébé à l'autre. Je refuse les visites car je ne veux pas présenter un seul de mes bébés (seul les parents vont en néonat). Puis Margaux quitte la néonat pour les soins intensifs où on me propose une chambre pour la rejoindre. Bien évidemment j'accepte immédiatement mais cela signifie qu'Arthur et moi devons "quitter" la maternité et avons alors un statu de visiteur. 3 jours après la naissance si je veux voir ma fille c'est au détriment de ma santé à moi. Le service de soins intensifs est super pour les bébés mais ils ne sont pas là pour s'occuper des mamans et ça je l'ai bien compris. Pas de SF pour les soins, pas de lit médicalisé, pas de services en chambre (lit, repas ....) il faut assurer tout se suite et pas de service pour laisser les bébés quelques heures le temps de dormir entre 2 tétées. Margaux va de mieux en mieux, très rapidement il la débranche de toutes ces machines. Malheureusement elle n'arrive pas à prendre le sein (elle réussira seulement 1 mois + tard).
Je garde de tout cela beaucoup de culpabilité. J'étais avec Arthur, Margaux était toute seule. J'ai l'impression de m'être plus attachée à lui. J'avais lu que c'est souvent comme cela chez les parents de jumeaux, on s'attache moins à celui qui va le plus mal et quand j'avais lu ça j'avais trouvé cela horrible : une mère n'est-elle pas censée protéger plus encore son enfant le plus faible ?. Je m'en veux d'avoir mis une distance entre elle et moi. Même si je sais qu'on fait cela pour se protéger soit même de la perte éventuelle de son enfant, c'est terrible de ressentir ça.
Désolée pour la tartine. Merci à celles qui ont pris le temps de me lire. Je sais que toute cette histoire n'est pas finie. On m'a volé les premiers instants de rencontre avec ma fille et j'ai l'impression que cela nous manquera toujours. Aujourd'hui j'ai l'impression que son père la connait mieux que moi. Je n'ai pas beaucoup de patience avec elle car dans le fond je ne supporte pas de la voir pleurer je trouve qu'elle a déjà assez souffert comme ça.
Aujourd'hui elle a 4 mois et demi et elle est adorable. Elle n'a plus de traitement depuis 3 mois et elle a l'air d'une petite fille tout à fait normale. A priori tout va très bien pour elle, les médecins disent qu'on peut découvrir des séquelles au moment des premiers apprentissages alors on verra mais je suis très optimiste, elle est forte ma petite poupette.