Je viens de lire ton histoire Maëlle, quel courage, quelle tenacité! Bravo et surtout bravo pour tes petites merveilles!
Sur le fil du club "je n'ai pas de psy...", Isazou m'a conseillé de mettre mon histoire de grossesse et d'accouchement ici...Alors j'y suis!
Rien de bien dramatique pour moi....
Avec mon chéri, nous avons décidé d'avoir un enfant, on n'en voulait qu'un parce que nous sommes déjà de grands enfants et que ce n'est pas toujours facile de s'occuper de nous, alors de plusieurs enfants en plus.... Premier test-pipi positif en octobre 2005, mais très rapidement, pertes de sang, l'oeuf était mal formé et il est vite mort, mais mon corps ne l'évacuait pas. J'ai essayé l'homéopathie, des cataplasmes d'argile verte (c'est un drainant), rien, alors médicaments plus forts, mal au ventre, mais rien. Donc hôpital et curetage, première anesthésie générale de ma vie, donc angoisses. mais tout va bien. On attend le délai de rigueur, le feu vert du gynéco et hop on s'y remet. Fin mai 2006, je devais faire une visite (je faisais des visites guidées), mal au ventre, l'impression d'avoir un mixer dans le ventre, nausées et l'impression que j'allais me faire dessus en même temps, tenir 1H 30 de visite comme ça debout avec le ventre qui tire, dur dur. Heureusement, je bossais pas l'après-midi. Je pensais que j'avais chopé une gastro, j'en ai jamais eu alors je ne savais pas trop. En même temps cela faisait une semaine que j'aurai du avoir mes règles... Le lendemain, rdv chez le généraliste pour qu'il me donne un truc qui calme, je le préviens que possibilité de grossesse, mais vraiment trop mal. On appelle ensemble le gynéco pour un rdv, il me met en arrêt jusq'au rdv gygy. je vois gygy, je lui explique tout ça, il fait l'écho et me dit "je comprends que vous soyez malade, ils sont deux"... J'ai rigolé, genre c'est pas drôle, vous vous foutez de moi, mais non! Il me montre 2!!! Et il me dit "c'est pour rattraper celui de l'année dernière!"... Chouette! Je montre les échos à mon chéri, qui n'a pas tout de suite compris, faut dire c'est pas clair! On appelle tout le monde, tout le monde mort de rire mais ravi!
MAis voilà, le gygy m'a mise en arrêt de travail tout de suite à 1 mois de grossesse, parce que je faisais 4h de transport en commun par jour, parce que je bossais essentiellement debout, parce qu'ils étaient 2... Me voilà scotché à la maison. Je me dis chouette, 1 an qu'on vit dans cette maison et y a plein de trucs que j'ai pas eu le temps de faire.... MAis non, trop fatiguée...Pas de nausées matinales, mais par contre dès que j'avais faim, il fallait que je mange, sinon les nausées étaient très très fortes, une fois j'ai cru que j'allais tomber dans les pommes... Je m'essouflais très vite. Je stressais pour chaque rdv chez le gygy, j'avais peur qu'il me dise qu'il y avait un problème avec les juniors (on a toujours parlé des enfants en disant les juniors même quand on ne faisait que penser à avoir un enfant, on disait un junior). Et à chaque fois, il avait un grand sourire! On a commencé à réfléchir aux prénoms, à faire les boutiques et les concessionnaires auto (ben ouais 4 + 1 chat dans une 106 3portes, ça le fait pas)...ce que font des futurs parents.
Très vite, j'étais mieux allongée, parce que le ventre me pesait. Il a fallu que je réfléchisse à ce que j'allais faire dans la journée pour ne pas passer mon temps à monter et descendre les marches...Je connaissais le programme télé par coeur, ma journée était rythmée par les émissions.... Je n'arrivais pas à lire (alors que j'adore ça) parce que c'était tout ce qu'il me restait, du coup j'avais pas envie. J'étais enfermée tout le temps. Les quelques fois où je sortais j'en faisais un peu trop du coup, alors il fallait que je trouve un endroit où m'asseoir (dans un supermarché, c'est pas évident!). Je n'ai pas aimé être enceinte... sauf quand j'ai commencé à les sentir bouger, à voir mon ventre faire des bosses à certains endroits... Mais je n'ai jamais réussi à parler à mon ventre.... Mon chéri oui! Il caressait mon ventre, parlait aux juniors, en disant des trucs du genre "vous allez voir votre maman, elle est formidable, je l'aime..." c'était trop mignon!
Et puis le 10 décembre, une amie vient (je suis la marraine de sa fille et elle est la marraine de Ryowen) et toute la journée elle a répété ce serait drôle qu'il faille t'emmener à l'hôpital, ce serait drôle! Ben ouais sauf que je suis sensée accoucher fin janvier....Bref, la journée se passe, elle s'en va. elle m'avait apporté des vêtements. Le soir, je fais le tri, je regarde, je range fonction des tailles... On se couche. A 2H du mat, je me réveille et dis à mon chéri "Hôpital", il me dit "quoi t'as des contractions?" "non j'ai perdu les eaux!" et il soulève la couette mais rien, et d'un coup, je sens que tout coule. En fait, je dormais et dans mon rêve, c'est comme si j'avais entendu le fameux crac avant qu'il n'arrive vraiment....
Mon chéri tout paniqué "qu'est-ce qu'on doit emmener, tu te souviens, tu te souviens?"....Et moi "euh ben je sais pas mais on peut pas laisser les draps comme ça, ça va abîmer le futon!" Bref vous voyez les films où l'homme est en panique et la femme zen? ben c'était ça....J'avais un look d'enfer, pantalon de pyjama (trempé), chaussettes, chaussons, pull à col roulé (faisait très froid), peignoir par dessus (histoire d'absorber le liquide), mon chéri a mis un sac poubelle sur le siège de la voiture....et hop à l'hosto. Une semaine auparavant, on avait visité l'hosto donc on savait où se présenter, heureusement. Examen le fameux "faites pipi là-dedans" alors qu'on a un ventre énorme et qu'on voit pas le flacon....Ryowen avait percé la poche des eaux! Bien pressé lui! On me donne un antibiotique pour lui parce que le col lui n'est pas assez ouvert. Je suis allergique à la pénicilline, c'est con, c'est le premier truc qu'ils donnent. ALors l'infirmière change d'antibio.et on attend. Tout le monde était cool, mon chéri dormait à moitié, moi je pouvais pas j'avais quand même des contractions. Puis j'ai pu passer dans une chambre de travail avant le bloc. Là l'anesthésiste vient "vous êtes allergique?" oui à la pénicilline, je l'ai déjà dit tout à l'heure! "AH!".... Puis la chef anesthésiste "vous êtes all...." OUI, pénicilline, l'ai déjà dit 2 fois! Mon dossier il sert à quoi? Ils me font la péri...pourquoi j'ai envie de vomir, "c'est rien ça fait ça des fois" "ouais mais j'ai rien à vomir, ça fait mal"....Vive la péri, je ne sens plus les contractions, mais je ne sens plus ma jambe droite non plus..."ça fait ça des fois" on me demande de me mettre sur la table étroite à côté, "je ne sens pas ma jambe droite, j'ai un ventre énorme et vous voulez que je me mette toute seule sur ce truc?" bon on m'aide et hop au bloc...mon chéri tout de vert vêtu, top sexy....Plein de monde, ben ouais une équipe par bébé plus 2 élèves. La SF,"vous vous souvenez les cours de respiration" "j'en ai pas fait"! La chef anesthésiste "est-ce que vous êtes allergique?" "OUI A LA PENICILLINE"....et là flotttement, je la vois qui regarde son anesthésiste et les deux regardent l'antibio qu'ils viennent de me donner et le change en 4ème vitesse....ben voyons...c'est pas comme si je vous l'avez pas dit! Bon on y va, la sf m'explique comment respirer et pousser et Ryowen sort. on me le pose sur le ventre, mais loin et de dos, je ne vois pas son visage, je lui carresse à peine le sommet du crâne du bout de doigts et hop on me l'enlève. Pour Aurore, il faut percer la poche et hop on pousse. Là le cordon est trop court pour qu'on me la pose sur le ventre, il la tient par un pied, bienvenue dans un monde de brutes ma chérie. je peux pas la voir on l'emmène tout de suite. Mon mari suit pour les soins. Et moi on me recoud (épisio de 2cm).
Après le chef pédiatre m'explique tout un tas de trucs mais je suis à l'ouest. mes bébés vont bien mais ils sont préma (34SA +4), ilfaut qu'ils aillent en néonat, sous couveuse le temps de réguler leur température et qu'ils apprennent à manger seuls. OK, mais je peux les voir? pas longtemps et on m'apporte la couveuse où ils sont tous les deux , 1min et hop c'est fini, il faut qu'on les emmène...mais j'ai pas vu leurs yeux, et le premier regard dont tout le monde parle et le peau à peau, ils vont bien ils pourraient faire un petit câlin à leur maman, même 1 min.......mais non. J'ai dit au pédiatre que je voulais les allaiter que je ne voulais pas qu'on les habitue trop au bib et à la tétine. Sa réponse d'un ton méprisant "Ah, vous êtes une convertie!". Et il s'en va... mais??? On m'emmène dans ma chambre! Merde, j'ai pas pensé à les prendre en photo...Regrets aucune photo du jour de leur naissance! On a passé la journée à l'hôpital et j'ai pas pensé à demander à mon chéri d'acheter les journaux du jour pour leur boîte aux souvenirs....
La nuit se passe difficilement je n'ai mal nulle part, mais très envie de faire pipi et à cause de la péri tout un peu paralysé... alors je me lève plusieurs fois, je reste assise sur les toilettes à attendre...puis 3 gouttes miraculeuses finissent par venir. Les infirmières qui passent dans la chambre pour savoir si tout va bien, les bébés qui pleurent pour qu'on les nourrisse, pourquoi ils pleurent comme un chat qu'on égorge?, les bip des infirmières....une bonne nuit quoi! Le matin, j'essaie de faire quelques pas, ça va, rien ne fait mal à part dans le dos, à l'endroit de la péri j'ai un énorme bleu et ça fait mal comme une courbature, alors avoir le dos appuyé contre le lit aie! Je vais remplir la carafe d'eau, pas trop mal, mais je suis épuisée, je n'irai pas voir mes bébés toute seule. Il faut en plus que je prenne un fauteuil roulant et que j'appelle une infirmière pour qu'elle m'emmène les voir. je veux pas déranger. Et puis à quoi ça sert d'aller les voir dans les couveuses, je ne peux rien faire. je me sens étrangère à tout ça. C'est peut-être un rêve, j'ai accouché dans un rêve. Puis mon chéri arrive, il m'emmène les voir, lui c'est où ils sont, ils les a vus, il est déjà papa. Moi je ne sais pas ce que je suis, un truc perdu dans un hôpital. Il faut mettre la charlotte sur la tête, il faut mettre une blouse et on peut les voir. Je ne sais pas à quoi ils ressemblent... Et je vois mes juniors tout petits (Aurore 1,8kg; Ryowen 2,1kg), avec une toute petite couche, une chaussette coupée en guise de bonnets, des fils partout...On m'explique, ça contrôle le coeur, la tension, la pression artérielle, l'oxygénisation du sang et là c'est une sonde gastrique pour les alimenter. Bon rien de bien grave alors, ils respirent tout seuls...On me propose de prendre Ryowen en peau à peau, parce qu'il n'est pas encore sous la lumière bleue...ben d'accord, il était tout mignon, tout frêle, tout fin, tout ramassé sur lui-même, tout doux, tout chaud, tout calme, tout plein de confiance...2min d'un réel bonheur! Et Aurore? "ah non, elle est sous lumière, elle est plus petite, plus fragile..." bon! Et je repars. les infirmières me disent que je reviens quand je veux même la nuit. MAis la nuit j'espère dormir! et je ne reviens pas seule. Je n'y arrive pas. Je me sens détachée d'eux malgré les 2 min passées avec Ryowen. je ne suis pas maman, non! Je n'y suis retournée que le lendemain avec mon chéri, pas le courage d'y aller toute seule. Puis je voulais allaiter et on m'a dit que c'était pas sûr que ça marche, qu'ils étaient faibles...Je ne me suis battue comme j'aurais du le faire, pourtant c'est une maternité pro-allaitement! J'ai du attendre qu'ils ne soient plus en couveuse....Donc une bonne semaine pour finalement avoir Ryowen un peu au sein, il s'est très bien débrouillé, il s'est endormie très vite, mais il a tété. ET Aurore, non elle est trop petite, pas la force....
J'ai pu avoir une chambre kangourou, en néo-nat, avec une couveuse à côté, mais donc un seul junior. Ils ont décidé d'installer Aurore, sans me demander, mais je n'aurai pas pu choisir... Du coup, je me suis plus intéressée à Aurore...PAs occupée, intéressée. je tirais mon lait, mais je n'avais pas grand chose, pour qu'ils aient un peu de mon lait...Je leur donnais le biberon des fois...mais je ne sais pas pourquoi je ne demandais ce que je pouvais faire.... Personne ne me l'a dit non plus, personne n'ai venu vers moi, pour savoir pourquoi je ne m'en occupais pas plus... Ryowen était dans une salle à côté et je n'allais que très peu le voir... Petu-être aussi parce qu'on n'arrêtait pas de me dire qu'elle était plus petite, plus faible... je ne sais pas trop. J'étais incapable de réfléchir à ce moment-là! Un jour, j'étais installée sur lefauteuil à côté de la couveuse d'Aurore, et le chef-pédiatre est arrivé avec une nouvelle et il lui faisait faire le tour des bébés. Ils arrivent à notre hauteur, je lui dis bonjour, aucune réponse, il me regarde et dit "Aurore,...Aurore, une préma, rien à signaler" il avait l'air gêné, il me regardait sans cesse, et puis ils passent à côté où il y a Ryowen et une autre petite fille qui partait bientôt. Et je l'entends dire tout un tas de trucs sur Ryowen et sur Aurore, ben pourquoi il pouvait pas le dire devant moi, y a pas de problèmes particuliers alors pourquoi dirent ça loin....Je crois que c'est le même jour, que je m'aperçois que le thermomètre est sous le bras d'Aurore depuis longtemps et je vais demander... Une dame que je voyais pour la première fois me dit "qui êtes vous? vous ne savez pas que vous devez enlever la blouse quand vous quittez un bébé???" Pardon, je suis la mère d'Aurore et je ne touche pas les autres bébés et le thermomètre est sous son bras depuis 15min..... et là c'est moi qui suis partie, je n'ai pas supporté son ton, l'ambiance, rien, je me suis mise à pleurer, je suis sortie de là, j'ai appelé mon chéri. Il est vite venu, à déjeuner avec moi et m'a dit qu'il fallait que je rentre, que je lui manquais et qu'il fallait que je me repose qu'à l'hôpital c'était pas le cas, que les juniors n'avaient pas de problèmes donc on pouvait les laisser sans stress et moi je pouvais rentrer à la maison dormir. Le lendemain, je sortais. Mais j'avais l'impression d'être encore plus détachée d'eux. PAs qu'il me manquait un bout de moi, pas que mes bébés me manquaient, non j'étais détachée. Comme si je n'avais pas de bébés à l'hôpital. j'ai dit tout ça à mon chéri, qu'il fallait qu'il m'accompagne sinon je n'irai pas. Alors il m'accompagnait...Et là, il y a eu une équipe différente, des puéricultrices, des infirmières plus disponibles ou plus à l'écoute, je ne sais pas, mais elles m'ont montré pour le bain, je l'avais vu une fois à 5h du mat, ça aide pas pour apprendre à le faire. POur les soins du visage, des conseils pour le soin, pour quand ils seront à la maison, elles m'ont mises en confiance et j'ai osé poser des questions, demander de l'aide... Mais je n'étais pas encore maman, j'ai eu l'impression de faire ce qu'on attendait de moi mais pas de faire ce que je voulais. Ryowen est rentré à la maison après 15 jours de néonat. J'ai appris à le connaître un peu, c'est mon chéri qui est allé passer ses après-midi à l'hôpital pour s'occuper d'Aurore. Sauf le 31 décembre, parce qu'on nous a dit que finalement elle ne rentrerait peut-être pas le 1er comme prévu. Elle avait beaucoup de problème pour manger, elle régurgitait beaucoup. ALors je suis restée avec elle, les invités du réveillon attendait à la maison. Chéri a fini par venir me chercher. Peut-être que là j'ai commencé à être maman, elle ne rentrait pas à la date prévue, alors je voulais être avec elle le plus longtemps possible. Et finalement elle est bien rentrée le 1er... A la maison, elle n'a jamais régurgité!
En décembre 2007, mon gynéco prenait sa retraite et je suis allée chercher mon dossier. Dedans, j'ai trouvé les compte-rendus d'hospitalisation des juniors. Quelle surprise de me rendre compte que Ryowen a fait une très forte baisse de tension , ils ont du lui donner des médicaments... Personne ne me l'a dit....
Alors voilà, rien de dramatique mais une accumulation de choses et de sentiments existants ou inexsitants qui font que la grossesse n'a pas été l'émerveillement et le bonheur annoncés, et que l'accouchement n'a pas été le plus beau jour de ma vie (non, c'est quand j'ai rencontré mon chéri), et que devenir maman n'est pas inné chez tout le monde, et que l'instinct maternel n'est pas développé chez toutes les femmes....
Mais de voir ses juniors vous regarder en vous faisant un grand sourire et en fonçant vers vous pour se blottir contre vous, ben ça c'est du pur bonheur et même s'ils m'en font voir de toutes les couleurs je les aime... ça y est je suis une maman