Tout au long de la grossesse, on entend parler de DPA ou de terme comme d'un objectif à atteindre mais que rares seront celles qui y arriveront... On oublie de nous rappeler qu'il s'agit d'une date
théorique, et que oui, parfois, il est possible d'atteindre et même de dépasser cette date...
Le terme annoncé était le 8 avril, et je n'imaginais pas atteindre cette date, compte tenu du terme atteint pour tes grandes soeurs... Je pensais que ce serait déjà bien de tenir jusqu'au 23 mars (ce qui correspondait à une grossesse aussi longue que pour C, ta soeur aînée). Surtout que depuis le 14 mars, le gynéco m'assurait que tu pouvais arriver à tout moment, sans se risquer à émettre le moindre pronostic sur la date du jour J...
("on ne fait pas de pronostic pour une 3e grossesse", sic!)
Quand le 23 mars est passé, j'ai gardé en objectif la date du 28 mars : date du rdv fixé le 14 mars dans l'hypothèse (peu vraisemblable pour le gynéco) que tu ne te serais pas encore décidé...
Quand le 28 mars est passé, une nouvelle fois, il m'a fixé un rdv tout en étant persuadé que nous n'atteindrions pas cette nouvelle date du 8 avril...
Quand le 8 avril est passé, j'ai commencé à être un peu lasse et dépitée... (euh, non, soyons honnête, je me suis trouvée dépitée de voir les jours continuer à passer sans que tu te décides à venir faire notre connaissance depuis bien avant le 8 avril...). Le rdv suivant a été fixé le 10 avril, avec une surveillance accrue pour savoir si tu continuais à bien te porter dans ta bulle...
Le 10 avril est passé, tous les examens montraient que tu allais bien, alors autant te laisser continuer bien au chaud... Avec un nouveau rdv pour le 12 avril...
Le 12 avril est passé, à nouveau tous les examens montraient que tu pouvais rester encore quelques jours au chaud dans ta bulle. Au départ, j'ai accepté sans broncher qu'on fixe un nouveau rdv pour le 15 avril, et au bout de quelques minutes (secondes ?
), j'ai littéralement craqué...
Je croyais réussir à rester zen et sereine, puisque tout allait bien pour toi, mais finalement, non, mes nerfs ne supportaient plus ces aller-retours... J'ai pleuré. Sur quoi ?
Sur toi qui préférais rester au chaud ? Sur moi qui ne tenais plus le choc ? Je crois que j'ai surtout pleuré de frustration de ne pas réussir à te laisser choisir tout seul la date de ta venue... J'ai donc demandé à ce que l'équipe médicale donne un coup de pouce à la nature pour que tu arrives plus vite...
Un peu avant 9h30, ce vendredi 12 avril, j'ai donc été installée en salle de naissance pour quelques nouveaux examens, un monito et pour que soit posé un produit pour aider à accélérer ton arrivée... (produit posé vers 9h45 : j'ai appris bien plus tard dans la journée que ce produit qui agit sur 24h a aussi une action à retardement... autrement dit, il se pourrait que rien ne se passe avant demain matin, jusqu'au retrait du support...)
Vers 10h/10h15, je me sens mal, j'ai la tête qui tourne... A la lecture de l'écran de contrôle, il me semble que j'ai dû faire une petite baisse de tension, mais ça n'a pas l'air d'être problématique... Avec ton papa, nous pensons que ça doit sans doute être lié au trop plein d'émotion et de frustration depuis ce matin...
Vers 11h, je quitte la salle de naissance pour être installée dans une chambre (double). On m'annonce que vers 16h, j'aurais un nouveau monito pour voir si le produit commence à agir...
Vers 15h30, j'appelle, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose de nouveau depuis ce matin... En fait, pas grand chose, je commence seulement à sentir quelques contractions (j'en ai depuis quelques jours a priori, mais pas une douleur forte ni gênante...) et encore, si je commence à identifier les contractions, c'est parce que je les ressens dans le dos
. Le monito sera installé un peu plus tôt que prévu: oui, je sens les contractions, mais seulement quand le capteur affiche aux alentours de 65/70...
Après 2 heures de monito, le col n'a presque pas bougé : les contractions ne sont pas encore assez régulières pour être vraiment efficaces... On m'informe que j'aurais un nouveau monito vers 22h...
Tes grandes soeurs sont restées chez une copine d'école, une d'entre elles ne veut pas manger et se plaint de maux de ventre...
Nous disons à la maman qui les garde de ne pas insister, S saura bien réclamer à manger quand elle en aura faim...
Ton papa a failli rentré vers 21h45, mais comme je ne me sens pas très bien, il choisit de rester encore un peu avec moi... Bien nous en a pris...
Vers 22h30 (en fait, à 22h20 d'après le dossier que je n'avais normalement pas le droit de lire...), alors que le monito n'est pas encore installé, je perds les eaux. C'est une sensation assez bizarre, parce que je n'ai jamais vécu cette étape de la rupture franche de la poche pour tes soeurs... Le téléphone sonne pour ainsi dire au même moment: S vient de vomir, c'est un peu panique à bord chez la copine...
Nous sommes alors transférés en salle de naissance, je préviens alors la sage femme et l'auxiliaire de puériculture que je souhaite essayer d'accoucher sans péridurale et dans la mesure du possible sans épisio... Ce à quoi il m'est répondu qu'elles feront ce qu'il est possible pour éviter l'épisio...
Le temps passe, nous sommes maintenant le samedi 13 avril (je suis contente, tu n'auras pas à partager la date d'anniversaire de ta cousine
). Les contractions s'accélèrent, elles me font mal un peu plus tôt que la veille... On me fait changer de position : sans péri, c'est plus facile de varier de position pour tenter de mieux supporter les contractions, et de contribuer ainsi à t'aider à descendre...
La sage femme me dit de pousser quand je sens des contractions et même quand je n'en sens pas si je le souhaite, car en étant sur le côté, et en m'étirant, je peux ainsi t'aider dans ton cheminement. Et nous restons ainsi à t'attendre...
Vers 1h/1h15, j'ai tellement mal que je demande à ton papa s'il croit qu'il est encore possible de changer d'avis pour la péri... Mais il n'y a qu'à lui que je pose la question.
Par contre, je commence à m'inquiéter et à demander à l'équipe médicale quand et comment se rendra compte si tu es trop gros pour passer, et ce qu'il se passerait à ce moment là... Je n'aurais pas de réponse...
Vient alors le moment de pousser... Alors que j'ai l'impression de ne plus avoir de force, d'avoir trop mal pour pouvoir continuer... Je n'ai même pas senti que tu avais sorti ta tête
, juste une énorme sensation de brûlure, et je n'en prends conscience que quand la sage femme me demande de pousser encore une fois pour l'épaule... (et une autre énorme sensation de brûlure).
A 1h33, te voilà enfin. Ton papa est vite sollicité pour couper le cordon (je trouve que cela fait tôt, mais je ne peux rien dire...)
L'auxiliaire veut vite t'emmener pour les soins, je demande à ce que tu puisses rester encore un peu sur moi... Je gagne quelles précieuses secondes supplémentaires, mais pas assez à mon goût... La sage femme et l'auxiliaire trouvent que tu es un peu blanc et qu'il est important de vite aller de faire les premiers soins pour que tu récupères des couleurs. Tu pars donc pour les soins accompagnés de ton papa.
Pendant ce temps, la sage femme entreprend de faire sortir le placenta : elle appuie, elle tire, elle me fait mal...
La délivrance aura lieu seulement 17 minutes après ton arrivée...
Elle vérifie que tout le placenta est bien sorti, et qu'il n'y a pas de dégâts... Pas d'épisio, pas de déchirure...
Te voilà enfin parmi nous: toi, mon @loys, petit bonhomme au gabarit impressionnant: 4,160 kg pour 51 cm (au minimum, pas sure que tu étais bien déplié lors de la mesure dimanche matin) et un impressionnant périmètre crânien: 38 cm !!