marinette
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« Répondre #2750 le: 18 Août 2010 à 22:37:18 » |
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Bon allez, je sors de mon sous-marinage. Déjà, plein de courage à toutes celles qui vivent cette sale période de la néonat. Comment ça va Noëlsurprise? Pour raconter un peu mon histoire : grossesse bi-bi spontanée, avec RCIU détecté sur J2 dès la première echo. Echo toutes les deux semaines par la suite jusqu'à l'accouchement, le RCIU étant particulièrement sévère et harmonieux. Les médecins étaient persuadés que J2 avait une anomalie génétique (avec en plus une artère ombilicale unique, c'était un signe d'appel pour la T 18 ou 13) ou d'autres malformations. Mais ils n'ont jamais rien trouvé. Nous avons a plusieurs reprise refusé l'amnio, refusé de réflechir au foeticide qu'on nous proposait encore d'envisager à 7 mois de grossesse! Je ne sais pas par quel miracle j'ai pu garder ma sérénité face au corps médical qui nous a littéralement matraqué le cerveau avec des discours très alarmants. Et je remerci mon mari qui a été capable d'écouter mon ressenti par rapport à ce bébé plutôt que les discours des médecins. Enfin bref, ayant toujours été très attentive à mon corps, je percevais des signaux de "tout va bien" en provenance de ces petits bébés. Mais un jour, vers 34 SA, j'ai perçu des signaux de "ça va pas, mon placenta ne me nourrit plus". Je ne saurais expliquer comment, pourquoi. Après m'être faite jeter deux fois des urgences et une fois de la maternité en deux jours, je suis allée voir une SF libérale qui m'a prescrit des analyses que je suis allée faire dans un labo. Le soir même les urgences me rappelaient pour une hospit en urgence : 18/11 de tension, 12g/L de protéines dans les urines et des oedèmes (+5 kgs en 3 jours). Une belle prééclampsie quoi. Première injection de cortisone. Le lendemain la protéïnurie est montée à 16g/L. J2 montre des signes de souffrance foetale (diminution liquide amniotique, ralentissement RC) On avance la deuxième piqûre de quelques heures, et le gynéco de garde vient nous expliquer qu'on a le choix entre : - attendre 24h ou au moins un peu que la piqûre fasse effet pour que les bébés soient autonomes en respiration à la naissance, sachant qu'il ne sait pas combien de temps il reste avant les complications - césariser tout de suite avant que la corticothérapie fasse effet en espérant qu'il n'y aura pas de détresse respiratoire. On n'en sait rien, on n'est pas médecin. Qu'est-ce qu'il ferait si c'était sa femme à ma place? Il ouvrirait tout de suite. Ben on y va alors. En fait le bloc est déjà prêt. Mes pépettes naissent, j'entends le gynéco leur souhaiter la bienvenue en les sortant délicatement (mille fois merci pour cette attention), puis elles partent aussitôt dans la salle d'â côté où attend mon mari. On me les amène 10 secondes chacune au bout de 10 minutes environ, toutes deux roses et autonomes, quel soulagement. Puis c'est leur départ immédiat en néonat. Il faut leur poser un catheter central, cette saleté qui compliquera le peau ) peau pendant une semaine, mais qui en même temps les protège. J1 fait 1850g et 41 cm et J2 1230g et 39 cm pour 34+5SA, un beau RCIU. Mais elle est complètement normale, comme je le pressentais. Débutent alors les nombreux allers-retours. Au début, je suis intimidée, je n'ose même pas changer la couche, j'ai peur de les casser. Puis très vite je veux tout faire, et au bout d'une semaine je deviens autonome dans les soins (à tel point que les puer ne passent plus dans la chambre, je laisse les résultats sur le tableau weleda). Je suis tout le temps là-bas, pour les soins ou du peau à peau. Je rate juste les tours de minuit et 3h du matin, elles sont gavées avec mon lait. Ce sont mes 3è et 4è bébés, mais avec elles je mesure chaque progrès. Les sortir de la couveuse pour du peau à peau fut une victoire, les mettre au sein et le voir lécher fut une victoire, la première déglutition fut une victoire, leur mettre body fut une victoire, enlever la sonde de gavage, arrêter les doubles pesées, les passer en berceau, tout fut une victoire. Je ne supportais pas à la maternité d'être réveillée par les bébés des chambres à côté qui pleuraient, je détestais les mamans qui laissaient leur bébé à la nurserie. Un jour, un clown est venu pour faire un spectacle aux filles dans la couveuse, je lui ai dit de partir car elles avaient besoin de calme pour téter. En fait je ne voulais pas qu'il me voie pleurer. Pareil, un après-midi j'arrive pour les soins et une dame jouait de la guitare devant les couveuses en chantant tout doucement une berceuse aux filles, d'une voix magnifique. sans un regard, sans un geste je lui ai tourné le dos pour commencer les soins. Lorsqu'elle est sortie à pas de loups de la chambre, j'ai juste réussi à balbutier un merci entre deux sanglots. Pourtant tout s'est bien passé : les filles sont sorties des soins intensifs au bout de 17 jours, et de la néonat au bout de 21 jours (les 4 derniers jours on était en chambre kangourou). Jamais leur pronostic vital n'a été engagé, nous n'avons pas connu les bradycardies et desaturations, tous leurs voyants étaient au verts. Ma J2 est le plus petit bébé jamais sorti de la néonat de Lorient, à 1700g. J'ai pu les allaiter exclusivement dès le départ, elles ont su téter dès le premier jour. Et pourtant cette épreuve reste pour moi incroyablement difficile, encore aujourd'hui, je vous écris en pleurant. Alors je n'ose imaginer la souffrance vivent les mamans qui ont en plus des difficultés et des stress particuliers, des soucis de santé. Beaucoup de courage à toutes. Ca finit un jour, ça marque à vie. Sinon, j'ai écrit beaucoup pendant ma grossesse et la néonat pour déposer mes doutes, mes angoisses, mes joies et peurs. Je leur donnerai ce témoignage dans un petit carton, avec leur bracelet de naissance, le récit de leur naissance, les petites électrode et ce foutu capteur de sat qui sonne tout le temps, et leur écharpe de portage, et des photos de cette période. Je voudrais démystifier un max pour elles, pour qu'elles puissent s'apaiser après des débuts difficiles dans la vie. Mais en attendant qu'elles comprennent et qu'elles parlent, je ne sais pas trop quoi faire, comment procédez-vous?
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